C’est dans ce contexte que Lászlò Moholy-Nagy a réalisé son modulateur espace lumière.
Marcel Duchamp nu descendant un escalier
Marcel Duchamp nu descendant un escalier échec en France. Oeuvre qui a assuré la notoriété de Duchamp à New York.
Après avoir abandonné la peinture, Marcel Duchamp se lance dans la fabrication de ready made.
Marcel Duchamp – Ready made (1913) tabouret roue de bicyclette, oeuvre qui peut être considérée comme cinétique.
Très vite, il est allé plus loin, et il réalise en 1920 Rotative plaque de verre (1920). C’est une hélice à trois plaques de verre mue par un moteur, qui fait apparaître un motif un peu hypnotique.
Cinq ans plus tard, il réalise Rotative demi sphère qui donne le spectacle d’une spirale en rotation (tantôt convexe, tantôt concave).
Il crée également un avatar, un personnage féminin, Rrose Sélavy Il écrit « Rrose Sélavy et moi esquivons les ecchymoses des Esquimaux aux mots exquis« .
Si il a cherché à resserrer les liens entre science et art, il introduit systématiquement quelque chose de personnel et de drôle.
Anemic cinema Film réalisé en 1926 avec Man Ray
Film réalisé image par image sur des disques de carton.
Il a poursuivi cette idée en 1935, en réalisant des Rotoreliefs, posés sur des lecteurs de disques 78 tours. Ils ont été présentés sur un stand du concours Lépine (sans aucun succès).
Man Ray obstruction accumulation de cintres, ce sont les ancêtres des mobiles.
Alexander Calder abandonne la sculpture figurative à partir des années 30 pour faire des choses plus légères qui sont devenues des mobiles.
Tous ces pionniers expérimentateurs qu’ils soient Italiens, russes ou dadaïstes ont ouvert la voie à l’art cinétique.
En 1955, Victor Vasarely réussit à convaincre Denise René de faire dans sa galerie, une exposition sur le mouvement pour faire connaître toutes ces nouvelles initiatives.
Les artistes présentés dans cette exposition étaient à la fois les pionniers comme Duchamp, et Calder, et de nouveaux artistes jeunes et méconnus comme Jean Tinguely, Soto, Agam …
Duchamp présente ses rotoreliefs,
Tinguely présente Méta-Malévitch, (hommage à Malévitch), et une machine à peindre.
Yaagov Agam présentait Blanc noir rythmé le spectateur pouvait déplacer les pièces du tableau (Denise rené montre comment manipuler les pièces).
Certaines oeuvres jouaient sur des effets rétiniens.
Raphael Soto – Metamorphose (1954). Deux plaques de plexiglas perforées décalées et en se déplaçant devant l’oeuvre le spectateur a une impression de mouvement.
Même principe avec Spirale (1955).
Chassis en acier avec une peinture sur verre, qui s’ouvre comme un livre. Selon la place du spectateur, les visions sont différentes.
A l’occasion de cette exposition, Vasarely a rédigé un manifeste jaune, qui énonce les principes de l’art cinétique dont les fondements sont : couleur, lumière, mouvement et temps. C’était en même temps un manifeste social. Il écrivait : « L’art de demain sera trésor commun ou ne sera pas. » On y trouve l’idée d’impliquer le spectateur, par le regard, le déplacement ou par la manipulation sans aucun près requis particulier.
Voir un article sur Les pionniers de l’art optique et cinétique
On distingue chez ces artistes deux postures : Ceux qui croient au progrès technologique et ceux au contraire, qui doutent.
– Ceux qui croient au progrès technologique.
Ils utilisent des matériaux modernes, et les mouvements maîtrisés. De nombreux artistes se retrouvent dans le GRAV groupe de recherche d’art visuel. L’objectif est mettre en commun leurs recherches expérimentales, en rapport avec les découvertes techniques et industrielles, et de toucher un large public avec des oeuvres à caractère ludique.
Garcia Rossi, sphère et demi sphère en mouvement.
Il a réalisé également des boites de lumière manipulables par le spectateur.
Horacio Garcia Rossi – Boîte à lumière instable
Il a également créé des écritures lumineuses changeantes.
Voir dossier sur Horacio Garcia Rossi.
Julio le Parc utilise des lamelles de plexiglas, que le spectateur doit traverser. Il a également fait des recherches sur les murs lumineux et des espaces à pénétrer.
Voir également : Cellule avec miroirs courbes et lumière en mouvement– 1963-2005
Francisco Sobrino structure permutationnelle. Modules en plexiglas emboîtés, le spectateur peut lui même réaliser d’autres configurations.
Dans la cadre de la Biennale de Paris de 1963, le GRAV a réalisé un labyrinthe collectif. Parcours ludique où le spectateur était amené à intervenir sur les oeuvres.
Le 19 avril 1966, ils ont également imaginé une journée dans la rue.
Nicolas Schöffer artiste d’origine hongroise après un doctorat en droit et des cours de peinture aux beaux art de Budapest s’installe à Paris en 1936.
En 1955, au parc de St Cloud, il réalise sa première sculpture multimédias interactive.
Nicolas Schöffer
En 1963 il imagine une tour pour le quartier de la Défense. Le projet est abandonné à la mort de G. Pompidou.
La ville de Liège lui avait également commandé une tour construite en 1961, désactivée en 1970, puis réactivée en 2016.
– Ceux qui doutent du progrès.
Ils mettent en péril le mouvement rationaliste en préférant les matériaux rouillés, avec des mouvements plus chaotiques. Ils font des recherches en terme de poésie, d’utopie, de doute, qui incluent la possibilité d’un échec.
Takis – L’impossible un homme dans l’espace (1959). Le magnétisme joue un rôle important dans de nombreux travaux. Takis plaça un homme en lévitation dans les airs. L’homme en question, le poète sud-africain Sinclair Beiles, a été maintenu en place par une force magnétique. La performance fait écho à l’esprit positif des années soixante, tout comme le Manifeste magnétique. «L’impossible, un homme dans l’espace» a eu lieu le 29 novembre 1960 dans la galerie Iris Clert. Deux ans auparavant, Yves Klein y exposait son « vide ». Quelques mois après la performance de Takis, Youri Gagarine serait le premier homme dans l’espace.
Dans la performance imaginée par Takis, Sinclair Beiles a lu son célèbre manifeste magnétique: “Je suis une sculpture …Il y en a d’autres sculptures comme moi. La principale différence est qu’elles ne peuvent pas parler … Je voudrais voir que toutes les bombes nucléaires sur la terre transformées en sculptures …”. On le voit ensuite “lancé dans l’air” momentanément flottant grâce à la force du champ magnétique créé par un aimant qui s’attache à sa ceinture… puis retomber brutalement.
Jean Tinguely est un amateur de matériaux de récupération. Il réalise en 1954 une sculpture en fil de fer, actionnée par un petit moteur qu’il appelle moulin a prières.
Jean Tinguely – Moulin à prières III, (1954)
bois, montants métalliques, fil de fer, 50 x 40 x 30 cm.
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)
Jean Tinguely – Moulin à prières III, (1954). Il a été inspiré par la pratique d’un malade mental Heinrich Anton Müller, qui entre 1914 et 1917 fabriquait des machines avec des rouages et du bois en les remplissant de déchets divers.
Il a fait ensuite une séries d’oeuvre en hommage aux artistes russes.
Jean Tinguely – Meta Kandinsky (1958)
Il a participé en 1958 à la galerie Iris Clert à l’exposition collective avec Yves Klein, intitulée « Vitesse pure et stabilité monochrome« . A cette occasion, il avait mis en mouvement avec des moteurs des disques IKB bleu.
Il a ensuite perfectionné ses machines à peindre dont la plus célèbre est la Méta-Matic n°17. Le clou de la première biennale de Paris en 1959.
Cette machine a produit 40 000 dessins abstraits tous différents. La machine fonctionnait avec un moteur à essence, les gaz d’échappement étaient recueillis dans un ballon qui se gonflait lentement, pour se vider ensuite à l’air libre mélangé avec un parfum de muguet vaporisé.
Cette machine a depuis été acquise par le musée de Stockholm qui possédait la méta matic n°8, dont ils vendaient les dessins, c’est grâce à ces revenus ils ont pu acheter la n°17.
Voir un commentaire sur les machines à peindre.
En 1960 il est invité au MoMA pour lequel il réalise « Hommage à New York« .
Ce projet est une collaboration avec, l’ingénieur Billy Klüver. Ce projet, met en scène l’autodestruction d’une machine dans le jardin de sculptures du Museum of Modern Art (MOMA) de New York. Passant de la récupération de matériaux dans les dépotoirs du New Jersey à la conception de circuits électriques destinés à surchauffer et à flancher, Klüver et Tinguely repoussent les frontières habituelles de l’art et de la technologie en jouant avec la vie et la mort d’une machine. Au cours de cette performance historique de désintégration mécanique, l’échec délibérée de la machine révèle l’une de ses fonctions les plus séduisantes : sa capacité à se détruire (ou à s’éliminer) elle-même en 27 minutes.
Jean Tinguely – Hommage à New York
Impression de bric a brac. Note ironique envers cette société américaine qui se voyait parfaite.
Toutes les sculptures de Tinguely ne parlent que de la fragilité des choses, la mort programmée de tout vivant.
Jean Tinguely – Hannibal (1963), machine en forme de carcasse d’animal.