L’oeuvre en mouvement

L’oeuvre en mouvement

Sommaire : Les pionniers, l’art cinétique, les années 60 , l’op art, les années 70 – 90

Cours d’Agnès Ghenassia

En sculpture le mouvement virtuel, la figuration du mouvement existe depuis longtemps. Ceci contredit l’idée que la sculpture est quelque chose de lourd et d’inerte.


Le Bernin – Daphné et Apollon (1622 – 1625) Villa Borghèse Rome
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Le Bernin Apollon et Daphné taillé dans un bloc de marbre, traduit avec beaucoup de légèreté le moment de la transformation de Daphné en laurier.

Les pionniers de l’art en mouvement

Rodin représente ses personnages dans des poses improbables pour donner vie à ses sculptures, comme les femmes damnées. Comme Degas à la même époque avec ses modèles.


Alberto Giacometti – L’homme qui marche sous la pluie (1948) Fondation Beyeler
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

L’homme qui marche de Giacometti en 1948 bronze peint. Il traduit l’idée de mouvement d’une manière particulièrement subtile très dépouillée et très évocatrice.

Pour aborder la question du mouvement réel, il faut revenir au début du XXème siècle, avec le futurisme en Italie et le constructivisme en Russie.

Le futurisme italien


Umberto Boccioni – L’homme qui marche (1913) Bronze 118 cm MoMA New York
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Umberto Boccioni, il l’appelle : « forme unique de la continuité de l’espace« . Il tente de montrer la matière en mouvement, l’interpénétration du corps et de l’espace, son énergie, sa force. Forme d’expression différente de celle de Giacometti.
Cette oeuvre évoque également une statue ancienne : la Victoire de Samothrace, balayée par le vent.
Les futuristes ont le culte du mouvement et de la vitesse. Dans le manifeste futuriste de Marinetti en 1909, on retrouvait ces mots « une automobile rugissante qui semble courir sur la mitraille est plus belle que la victoire de Samothrace« .

Les peintres qui étaient dans ce courant ne partageaient pas tous l’agressivité de Marinelli, mais tous tentaient d’exprimer le mouvement.

Umberto Boccioni – Dynamisme d’un cycliste (1913) 70 × 95 cm Collection Peggy Guggenheim Venise.

Il met en avant le dynamisme du cycliste.

Voir un commentaire.


Giacomo Balla – Fillette courant sur un balcon (1912) huile sur toile 125 × 125 cm Museo del Novecento Milan
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Giacomo Balla fillette courant sur un balcon. Technique plus pointilliste idée d’exploiter la persistance rétinienne et de monter le déplacement ce cette fillette sur le balcon.
Voir un commentaire.

A cette époque, les artistes sont inspirés par les chronophotographies de Marey et de Muybridge.

Giacomo Balla peut également représenter le mouvement de façon abstraite dans Vitesse abstraite (1913), huile sur toile, 50 × 65,5 cm.

De manière presque naïve, ces artistes italiens ont également abordés le mouvement réel.


Gino Severini – Danseuse articulée (1915)
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

L’objectif est de faire entrer le mouvement réel dans le tableau, qui est né pour « immobiliser » une situation, un événement, un moment.
La « danseuse » de Severini est en fait « articulée », elle est constituée d’éléments en carton reliés entre eux par des ficelles, à la manière d’une marionnette dans laquelle en tirant la ficelle on met en mouvement bras et jambes.

Fortunato Depero Complexe plastique motobruitiste à lumières colorées (1910) Carnegie Museum of Art Pittsburg. Articulation de pièces de métal associées à un petit soufflet. Le spectateur était amené à actionner le soufflet pour faire bouger les pièces mobiles. Volonté de faire table rase du vieux monde, et de créer un nouveau rapport entre l’art et le public.

Le suprématisme russe

Casimir Malévitch réalise en 1915 l’exposition 0,10, Voir la Photo (très célèbre !) de la salle d’exposition.
Lorsque Malévitch parlait de ses compositions abstraites, il parlait du vol libre des formes dans l’espace, de leur poids, de leur vitesse, de la direction de leur mouvement (alors qu’il s’agissait de peinture).

Les constructivistes russes à partir de 1919-1920, pensent en terme de matériaux et très vite d’utilité sociale de l’art.


Alexandre Rodtchenko – Construction spatiale suspendue n•11 / carré dans un carré, (1920-1921), bois, 90 x 80 x 85 cm, Zurich, courtesy Galery
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Alexandre Rodtchenko, Construction spatiale suspendue n•11 / carré dans un carré, (1920-1921). Suivant la position du spectateur l’aspect de l’oeuvre change.

Naum Gabo réalise en 1920 une construction cinétique. Il s’agit d’un fil de métal actionné par un moteur qui crée l’illusion de spirale verticale. Gabo parlait de « vague verticale« . Effet d’optique actionné par un moteur. Dans le manifeste réaliste qu’il publie avec Prevner ils évoquaient l’idée de concevoir des oeuvres d’art conjuguant mouvement, espace, et lumière en tant qu’incarnation de l’esprit moderne. Ces artiste voulaient créer une forme d’art qui exploite les matériaux de la modernité.


Vladimir Tatline – Monument à l’internationale (1920)
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Vladimir Tatline monument à l’internationale (1920) pour la commémoration de la troisième internationale. Construction en bois d’une maquette d’un bâtiment plus ambitieux (avec une spirale, symbole de la révolution permanente) de trois volumes simples avec cube, pyramide, cylindre autoportés sur différents niveaux tout en conservant un même axe. Ce monument ne fut jamais réalisé. Subsistent des dessins, des maquettes, des documents photographiques.
Voir un commentaire.

Les idées constructivistes vont être importées au Bauhaus entre 1921 et 1924.