Anna Eva Bergman Deux formes noires, 1952, huile sur toile, 130 x 97 cm, Fondation Hartung-Bergman
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Elle réalise alors des peintures très épurées, ainsi que les débuts d’utilisation d’une feuille de métal qu’elle recouvre de peinture pour ensuite gratter et trouver par endroit le métal.
Voir également :
– Montagnes bizarres, n° 98-1950 huile sur toile 61 x 46 cm
– Composition 1951 Détrempe à la caséine, détrempe à l’œuf, résine et feuille d’or sur plaque 101 x 203 cm.
– D’autres oeuvres
Exposées en Norvège, ses toiles abstraites ne sont pas appréciées par le public, encore trop attaché à la figuration.
Voir également :
– Les eaux fortes.
Elle part les montrer en Allemagne, où elles ont du succès et un ami lui conseille de retourner à Paris.
Hartung dira : “Nous brûlions inconsciemment tous deux de nous revoir”.
En 1952, le musée d’art moderne expose les sculptures de Julio Gonzalez il y a foule le dernier jour et là … rencontre non préméditée entre Anna et Hans et deuxième coup de foudre.
Dès 1952, Soulages lui permet d’exposer au salon de Mai (où elle présentera ses œuvres pendant 10 ans), tandis que Hartung est de plus en plus célèbre en Europe.
Hans Hartung et Anna-Eva Bergman se marieront pour la seconde fois en 1957 après avoir divorcé chacun de leur côté.
Anna Eva Bergman Bateau, 1957, tempéra et feuille de métal sur toile, 50.4 X 65 cm, Fondation Hartung-Bergman
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Sa technique est beaucoup plus assurée. Sur la feuille de métal, elle applique plusieurs glacis, qu’elle frotte ensuite pour laisser apparaître par endroits le métal.
Anna Eva Bergman Petite montagne, 1957, huile et feuille de métal sur papier, 30 x 34 cm
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Voir également :
– Décollage : L’œuvre « No 6 – 1957 Fjell », huile et feuille de métal sur toile, huile et feuille de métal sur toile.
Anna Eva Bergman Miroir d’or sur fond bleu, 1959, tempéra et feuille de métal sur toile, 38 x 55 cm
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– Pierre argentée 1954, huile et tôle sur toile, 81 x 100 cm
– Les estampes de Anna Eva Bergman
C’est une peinture silencieuse, méditative, sobre et forte, pas du tout gestuelle.
Voir une biographie plus complète.
Le couple emménage dans un appartement à Paris rue Cels dans le 14e arrondissement. Anna Eva au travail.
Hartung s’initie à la gravure dans l’atelier d’un professionnel pour réaliser des eaux fortes. Il est exposé à New York au Guggenheim, à Bruxelles à Sao Paulo (en même temps que Victor Vasarely) et à la première documenta de Kassel.
En 1959 le couple emménage dans une maison cubiste des années 20 de la rue Gauguet 14e qu’ils ont fait surélever pour avoir chacun un atelier, Hans en haut et Anna en bas près de la cuisine… Leurs formats s’agrandissent. Le couple a pu embaucher une jeune bibliothécaire archiviste norvégienne.
Hans Hartung T1961-H4, peinture vinylique et pastel sur toile, 92 x 150 cm
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– Les oeuvres de Hans Hartung réalisées entre 1950-1959
Anna Eva Bergman Grand horizon bleu, 1969, vinyle et tôle sur toile, 200 x 300 cm
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– Les lithographies de Anna Eva Bergman
Anna-Eva Bergman – Vies lumineuses, une biographie par Thomas Schlesser
En 1960, dans le pavillon français de la Biennale de Venise, Hans expose 50 toiles et reçoit le grand prix international de peinture, ex éco avec Jean Fautrier.
Une véritable rupture s’opère dans son travail: il cesse d’agrandir des dessins préalables et intervient directement sur la toile avec des outils de plus en plus diversifiés, pour gratter, ou abraser par endroits les surfaces de peinture.
Voir également :
– Les oeuvres de Hans Hartung réalisées entre 1960-1969
Hans Hartung T1966-K40, 1966, peinture vinylique sur toile, 38 x 61 cm, Fondation Hartung Bergman
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Il a maintenant un meilleur confort matériel et affectif pour travailler. Il expérimente pour ses fonds, la pulvérisation avec l’aérosol, le spray, ou un équipement de carrossier à air comprimé. Par ailleurs, il emploie des couleurs industrielles acryliques ou vinyliques faciles à diluer et qui sèchent rapidement. Il obtient ainsi des effets de halos, de nuées. C’est une période très intéressante de son travail.
Les superpositions de couleurs lui permettent ensuite de gratter la surface, d’enlever de la matière, pour obtenir des effets d’incision. En 1962 il réalise ainsi 300 tableaux, mais seulement une dizaine de petits formats sur papier. En 1963, il a une grande rétrospective à Zurich, Vienne, Düsseldorf, Bruxelles et Amsterdam. Il voyage. En 1964 ils seront pour la première fois à New York avec Anna Eva. Il s’initie à la céramique.
En 1969 Hartung bénéficie d’une rétrospective au Musée d’Art moderne à Paris inaugurée par André Malraux. Cette exposition circule ensuite à Québec et à Montréal.
Anna Eva expose à Oslo, à Turin, et en 1969 représente la Norvège à la Biennale de Sao Paulo. Elle est décorée chevalière de l’ordre national du Mérite en France.
Anna Eva Bergman Montagne de Norvège, 1966 Technique mixte et collage sur toile 22 x 35 cm
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Voir également :
– Plateau, 1966
– Montagne, 1966 Aquarelle et feuillage métallique sur papier 32 x 50 cm
Anna Eva Bergman composition n°5, 1965 Tempera et feuille de métal sur panneau de bois
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Sa peinture renvoie toujours à ses souvenirs des paysages du nord en jouant sur des éclats de lumière sur des surfaces métallisées et sur la peinture.
– Hiver, horizon du nord, 1966 peinture vinylique et feuille de métal sur bois
Les oeuvres de Anna Eva Bergman en 1967 en 1968, en 1970, en 1974.
Mais l’activité artistique de Hartung se réduit, car il se consacre pleinement à la conception de sa maison atelier qu’ils vont se faire construire sur les hauteurs d’Antibes, dont il à réalisé les plans et la maquette. Avec Anna Eva ils ont acheté un grand terrain planté d’oliviers. (C’est ce lieu qui est aujourd’hui la fondation Hartung Bergman). Il l’a pensé pour sa santé, comme il ne peut ni marcher ni courir, la piscine lui permet des exercices réguliers. Pour son travail et celui d’Anna, il y a deux grands ateliers distincts pour le stockage des travaux, mais aussi pour les assistants, car désormais il va avoir besoin d’aide pour préparer ses toiles et ses outils. Des moustiquaires qui disparaissent dans les murs, il se préoccupe de faire lui-même le catalogue raisonné de toute son œuvre.
Enfin, il aurait aimé la Provence, mais Anna Eva ne supportait pas le mistral, et ils souhaitent tous deux être à la fois isolés et proches de secours médicaux si nécessaire.
En 1971, la Fondation Maeght présente une exposition Hartung grand format (1961-1971) photos de Hartung et Aimé Maeght.
Hans Hartung T1971-R29, 1971, Acrylique sur toile, 154 x 250 cm, Fondation Hartung Bergman
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Les toiles de Hans atteignent désormais 250 cm et font la synthèse de toutes les trouvailles techniques des années précédentes, avec des couleurs parfois très éclatantes. S’y ajoutent toute sortes d’inventions par exemple, l’usage de pinceau à poils multiples multi pinceaux qui font simultanément des traces et parallèles et d’un balai de branches de genêts.
Hans Hartung T1973-E44 T1973-E45 T1973-E46 T1973-E47, 1973 acrylique sur toile, 130 x 230 cm, Fondation Hartung Bergman
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Voir également :
– P1973-C38, 1973 Acrylique sur carton baryté marouflé sur toile 74,6 × 104 cm.
– P1973-C38, 1973 Acrylique sur toile 102,5 x 130 cm.
De 1956 à 1989, 37 assistants de 9 nationalités différentes ont travaillé avec lui, dans l’atelier et dans l’archivage. L’un d’eux raconte : “Lorsqu’il atteignait une forme de virtuosité, il changeait d’outil afin de raviver la fraîcheur et l’étonnement de l’acte de peindre. Au début des années 80, il aimait peindre le soir, quand il y avait plus de paysage à travers les grandes baies vitrées, quand l’atelier devenait une sorte de bulle de musique (Bach, Vivaldi) intensément éclairé par des tubes de néon. Jusqu’en 1985, il a utilisé de grands balais de branches de genêts coupées dans le jardin. Il les trempait dans des bacs de peinture noire puis les appliquait sur des fonds uni que nous avions préalablement préparés et sur lesquels Hartung pulvérisait au pistolet différentes couleurs, créant des dégradés ou des effets de glacis qui produisaient des plans successifs d’une grande subtilité. Quand il agissait sur la toile, nous devions la maintenir à deux par-derrière avec une plaque d’isorel pour éviter qu’elles ne soient crevées« .
Voir les oeuvres réalisées dans les années 80.
Voir d’autres oeuvres de Hans Hartung.
Les échanges entre les deux artistes sont toujours très fructueux.
Les peintures sur feuille de métal d’Anna Eva sont épurées et toujours inspirées par les paysages du Nord.
Anna Eva Bergman N°37-1973 Multihorizon ciel rouge, acrylique et feuille de métal sur toile, 195 x 97 cm musée d’Art moderne de la Ville de Paris
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Voir également :
– Vague baroque, 1973, acrylique, pâte à modeler et feuille de métal sur bois 97 x 130 cm
– Fjord noir,1973, acrylique et feuille de métal sur toile, 60 x 81 cm
En décembre 1986 à 82 ans, il est victime d’un AVC qui réduit sa mobilité. Il revient dans l’atelier en mars 1987 après des semaines de coma. Son moral est très affecté pendant l’été 87, par le décès d’Anna Eva, mais il se remet au travail, affirmant que deux choses seulement l’allègent : la piscine et la peinture.
Voir les peintures de Hans Hartung des années 80.
Avec une sorte de tyrolienne, il projette un crépi sur la toile. Depuis 1986 il a expérimenté une sulfateuse, un bidon en métal muni d’un tuyau flexible et d’une buse utilisé normalement pour traiter les vignes. Coulures, éclaboussures, gouttes.
Cette technique renouvelle complètement son travail.
Voir également :
– T1989- K35, 1989 Acrylique sur toile. 100 x 162 cm
– T1989 U27 1989 Acrylique sur toile.
– Voir d’autres oeuvres de Hans Hartung de 1989.
Des toiles de 3 m par 5 m parfois. Mais son autonomie s’amenuise peu à peu, il ne peut certains jours se déplacer lui-même qu’en fauteuil roulant. La dernière année en 1989 il a réalisé pourtant 360 toiles, déclarant : “le plaisir de vivre se confond en moi avec le plaisir de peindre il m’est impossible de s’arrêter”. Visite de Pierre Soulages chez Hans Hartung.
Présentation de quelques expositions :
En 2016
Présentation de l’exposition « Hartung et les peintres lyriques » Fonds Hélène & Édouard Leclerc 2016
En 2019 :
Exposition Hartung musée d’art moderne de la ville de Paris 2019
Certains critiques d’art n’ont pas apprécié cette ultime étape de l’œuvre caractérisée par le lâcher prise. D’autres ont salué au contraire l’incroyable fraîcheur acquise à la fin.
Ce que l’on note à la lumière de tout ce parcours, c’est qu’après des années de tension pour se faire une place en France, tout en résistant à l’idée d’appartenir à un groupe, à une école, un style catalogué, des années de tensions identitaires et affectives, Hartung, indifférent aux modes, a trouvé enfin un total épanouissement dans ce qui le rendait heureux : expérimenter à l’infini les possibilités de la peinture abstraite. Un art libre finalement, guidé seulement par « sa lumière mentale« , qui nous laisse savourer à la fois la littéralité de la peinture et éprouver des émotions infiniment personnelles.
Quant à Anna Eva, elle a été victime du machisme de l’époque, celui du marché de l’art, mais aussi celui de son compagnon.
La preuve c’est seulement maintenant qu’on redécouvre la subtile beauté de sa peinture en 2021 belle rétrospective au Museo Reina Sofia à Madrid.