Lorsque en 1947 Peggy Guggenheim ferme sa galerie pour s’installer à Venise, c’est elle qui prend le relais pour représenter les artistes abstraits novateurs.
– Barnett Newman, (1905-1970)
Barnett Newman, moment génétique,1946 huile sur toile 96.5 x 71.0 cm
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Ici nous avons à gauche l’étude préparatoire, qui encore très sensible dans sa matérialité et la variété d’écriture entre les aplats et les graphismes et à droite on voit comment il en a fait quelque chose de beaucoup plus radical, débarrassé du superflu.
– Jackson Pollock, (1912-1956)
Jackson Pollock, Sound in the Grass, shimmering Substance, 1946 huile sur toile 76.3 x 61.6 cm
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Voir un commentaire (MoMA), voir un détail.
Voir également :
– Croaking Movement ou Mouvement Croassant,
Toutes les peintures de Pollock de cette époque, parlent, a-t-il dit, de l’angoisse de la bombe atomique et de la désintégration de la matière.
– Clyfford Still 1904-1980) inspiré par les couleurs des étoffes indiennes,
Clyfford Still, couverture indienne, 1946 huile sur toile 198.8 x 173.7 cm
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Il a dit qu’il avait été inspiré par les couvertures indiennes en laine.
– Marc Rothko qui a abandonné l’inspiration mythologique est devenu complètement abstrait.
En 1946-1947, les membres du Congrès voyageant en Europe sont surpris de la mauvaise représentation des États-Unis à l’étranger (qu’ils attribuèrent à une habile provocation soviétique). “Une des accusations qui est portée contre nous dans ce combat est que nous sommes une nation riche, vaste et puissante, mais une nation qui ne se soucie ni des artistes ni des valeurs spirituelles. Sur le plan politique, on nous accuse de pratiquer une diplomatie du dollar et sur le plan culturel, les films américains sont cités comme les pires exemples de notre matérialisme. Pour réfuter cette propagande, nous avons besoin de tous les moyens de communication possible.”
En 1948, le Congrès vota la mise en place d’un vaste programme culturel, un “plan Marshall” dans le domaine des idées.
Une photo (un dessin) paraît alors dans le New York Times Magazine présentant l’Amérique comme un centre vital, ni à gauche, ni à droite.
Caricature de l’époque qui montre comment l’art abstrait va sauver l’art.
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Mais il fallait un héros pour incarner cet élan nouveau.
Un article de Life sur Pollock fit de lui le héros attendu, car Pollock en 1948 a produit son premier grand dripping (égouttage), numbers,
Jackson Pollock Number 1, 1948 Peinture à l’huile et à l’émail sur toile 172.7 x 264.2 cm
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Il peint sur une toile brute au sol, sur laquelle il projette la peinture à distance à l’aide de bâtons et de boîtes percées. L’idée, dit-il, lui est venue en observant les peintures rituelles d’Indiens à l’aide de sables colorés. Pollock, dans ce premier dripping, à enfoui une silhouette verticale à gauche et des empreintes de ses mains en haut, comme une sorte d’adieu à la figuration. Et Pollock devient la coqueluche des Américains d’avant-garde, et tant pis si, comme le fait remarquer Greenberg, « C’est un ancien communiste, un alcoolique notoire et un grand dépressif !« .
Le photographe germano-américain Hans Namuth va documenter son travail de peintre d’action, avec 500 photographies et deux films.
« Jackson Pollock 51 » by Hans Namuth (1951)
Il incarne par sa posture au travail, l’énergie, la virilité, la spontanéité, valeurs dans lesquelles l’Amérique va se reconnaître.
Quant au discours théorique, c’est Harold Rosenberg, écrivain philosophe critique d’art, qui s’en charge. C’est lui qui a trouvé l’expression “d’action painting” pour évoquer cet art nouveau. Le théâtre où se joue la peinture n’est plus la toile, c’est une arène, dans laquelle se déroule un corps-à-corps entre l’artiste et son travail. Rosenberg affirme la subjectivité de l’artiste, qui exprime dans son action des émotions enfouies qui lui appartiennent, mais trouvent un écho dans la subjectivité du spectateur. Les magazines de mode Life et Harper’s bazaar présentent leurs mannequins devant des toiles de Pollock qui deviennent pour les riches américaines un objet de convoitise.
Les autres artistes rattachés à l’action painting ne travaillent pas tous au sol, mais ont aussi ce rapport violent au geste pictural.
Willem de Kooning (1904 – 1997), d’origine néerlandaise, pratique une forme d’abstraction organique dans laquelle les titres nous invitent à percevoir des chairs,
Willem de Kooning Wind and Windows, 1950 huile sur toile 41,9 x 50,8 cm
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Voir De Kooning peindre pour en découdre.
Willem de Kooning Two Figures in a Landscape, 1967 huile sur toile 122,5 x 154.0 cm
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De Kooning abandonne ses tableaux abstraits pour se consacrer à nouveau au sujet du nu féminin qu’il traite en intégrant ses nouvelles découvertes plastiques, appliquant d’épaisses couches de matières à grands coups de pinceau sur des formats imposants. A partir de 1950 commence sa célèbre série de Woman qui révèle son attachement à Picasso. Ce qui se joue là, c’est une sorte de lutte contre la figuration et la gestualité agressive.
Willem de Kooning – Woman 1 1952 huile et peinture métallique sur toile 192,7 cm × 147,3 cm
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Voir un commentaire (MoMA)
– Woman III 1953
– Woman IV
– Woman IV
– Woman V
– Woman 1949
– Voir le retour à la femme-mère de Willem de Kooning.
Franz Kline (1910-1962), avec ses grands gestes noirs, se défend d’être influencé par la calligraphie japonaise, mais reconnaît sa filiation avec Soulages, la brutalité en plus, et le raffinement en moins.
Franz Kline Corinthian II 1961 huile sur toile 202.2 × 272.4 cm
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Franz Kline – Noir sur blanc
Voir d’autres oeuvres de Franz Kline.
Sam Francis 1923-1994 (californien) il peint au sol (comme Pollock), il projette à distance des taches de couleur dont l’éclat concurrence celui des zones restées blanches.
Selon que son support est mouillé ou non, il obtient des effets différents.
Les autres artistes de cette nouvelle école de New York que l’on appelle aussi des expressionnistes abstraits relèvent ce que Clement Greenberg qualifie de peintres du color field (champ coloré).
Barnett Newman, (1905-1970) dont les parents immigrants juifs avaient fui la Pologne, donne à ses grandes toiles abstraites des titres en référence à l’ancien testament. Sa peinture très radicale serait de l’ordre du monochrome s’il n’y avait ses zip verticaux qui sont devenus sa marque, et qui pour lui, ont un sens métaphysique.
Voir un commentaire (MoMA)
Voir également :
– Onement VI huile sur toile 259.1 x 304.8 cm
– Adam, 1951 (Tate)
– Vir Heroïcus Sublimis, (MoMA) 1950-51, 540 x 240 cm.
Clyfford Still (1904-1980) pratique une abstraction plus matiériste avec des effets de déchirure.
Voir également :
– PH 131 1951 huile sur toile 297.2 x 266.7 cm
– D’autres peintures de Cyfford Still (MET)
Mark Rothko (1903-1970) se concentre désormais sur des formes rectangulaires dont les contours sont floutés et il insiste sur la capacité de sa peinture à provoquer chez les spectateurs toute la gamme des émotions.
Voir un commentaire.
Il ne cache pas l’influence déterminante qu’a eu sur lui l’atelier rouge de Matisse 1911 que le MoMA a acheté en 1949.
– Mark Rothko, peintre en devenir
Morris Louis (1912-1962) laisse couler ses couleurs avec des jeux de superpositions fluides.
Morris Louis Saf Dalet, 1959 acrylique sur toile 249.6 x 342.9 cm
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Voir également
– Alpha Pi (MET)
– D’autres oeuvres de Morris Louis
Robert Motherwell (1915-1991) entreprend sa grande série intitulée élégie à la République espagnole qui comprendra au final 117 toiles en alternant rythmes verticaux et formes ovoïdes, il crée une sorte de marche funèbre noire qui vient occulter par endroits des zones colorées.
Robert Motherwell Elégie à la République espagnole, 1957-61 huile sur toile 213.36 x 276.23 cm
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Tous ces peintres ont adopté de très grands formats.
Clément Greenberg développe, à partir de leur travail, une théorie devenue célèbre sous le nom de “théorie moderniste”. Il insiste sur le fait que cette peinture est l’aboutissement de toute l’histoire de l’art moderne qui tendait vers son essence : l’art pour l’art, sans lien avec un sujet, un récit, un art qui se concentre sur les spécificités du support, des pigments de couleur et sur leur mode d’application. Cette approche exclusivement formaliste est en contradiction avec ce qu’il défendait dans sa période trotskiste, mais elle satisfait pleinement les exigences de l’Amérique des années 50, un art apolitique (ni de droite ni de gauche), nouveau, puissant, universel donc exportable à l’international. De plus, ces peintures sont extrêmement décoratives et les galeristes n’ont aucun mal à convaincre les collectionneurs fortunés qu’elles occuperaient merveilleusement leurs murs.
Dès 1950, de Kooning, Pollock et Gorki occupent le pavillon américain à la Biennale de Venise. En 1951, Peggy Guggenheim fait exposer Pollock au musée Correr de Venise. En 1952, ils sont tous exposés au MoMA, l’élection d’Eisenhower en 1952 accélère le mouvement : les fonds de la CIA financent discrètement des expositions la presse encense cet art d’avant-garde, jusqu’à lors moqué. Parallèlement, les galeries se sont débarrassées de tous les peintres qui n’étaient pas dans la ligne de l’expressionnisme abstrait, provoquant même le suicide de l’un d’eux.
En 1959 est inauguré le musée Solomon Guggenheim construit par Franck Lloyd Wright.
La Fondation Solomon Guggenheim
de l’architecte Franck Lloyd Wright ,1943-1959
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Issu d’une famille qui s’est enrichie dans l’exploitation minière, Solomon Guggenheim (l’oncle de Peggy) avait d’abord ouvert en 1939 un musée de la peinture abstraite à Manhattan qui avait exposé Kandinsky, Mondrian, Delaunay, Fernand Léger mais aussi Picasso, Chagall, Modigliani.
En 1943 il est rentré en contact avec Franck Lloyd Wright pour concevoir un bâtiment à l’architecture novatrice, ne ressemblant à aucun autre au monde.
Wright a saisi l’occasion d’expérimenter son style organique dans l’environnement urbain (il avait magnifiquement réussi en 1934 la maison sur la cascade pour un particulier voir une vidéo). 15 ans et 700 croquis plus tard, est né le musée Solomon Guggenheim que l’architecte qualifiait de « temple pour l’esprit« .
L’objectif est que les visiteurs se rendent par ascenseur au sommet du bâtiment, puis descendent progressivement en pente douce en admirant en dernier l’atrium en bas. La rotonde ouverte permet de voir plusieurs niveaux simultanément.
Au sein du plan orthogonal de Manhattan, le musée fait contraste avec sa coquille en spirale évoquant un nautile. Verrière toile d’araignée, extérieur comme la peau d’une orange découpée.
L’architecte est décédé 6 mois avant l’ouverture, le 21 octobre 1959. 21 artistes ont protesté, affirmant que les visiteurs ne viendraient que pour l’architecture. L’accrochage des toiles est difficile compte tenu de la concavité des parois.
Ce musée est essentiel parce qu’il est à l’origine de l’idée que, pour un architecte, concevoir un musée c’est en faire aussi une œuvre d’art , un geste architectural fort et novateur
En 1997 la Fondation Guggenheim s’implante à Bilbao dans un bâtiment destiné par Franck Guéry.
Léo Castelli (1907- 1999) ouvre en 1957 sa galerie à New York. Il sera un agent essentiel du triomphe de l’art américain. Né à Trieste (alors dans l’empire austro-hongrois), il était arrivé en France en 1935 fuyant l’antisémitisme avec sa jeune et riche épouse et Iléana Sonnabend et avait ouvert une première galerie, la galerie Drouin, place Vendôme.
A New York, il va gérer sa galerie en agent dynamique du marché.
Il assure le soutien financier des artistes, il mobilise ses réseaux culturels, médiatiques et mondains, il est un proche des directeurs des musées et des critiques influents, il est familier des collectionneurs et crée un réseau international de galeries satellites : 12 en Europe et 18 en Amérique du Nord.
C’est lui qui assure le lancement des précurseurs du Pop art :
Jasper Johns (né en 1930) dès 1950
Jasper Johns Target with Four Faces, 1955 Encaustique sur papier journal et toile sur toile surmontée
par quatre faces en plâtre teinté dans un coffret en bois à façade rabattable 85.3 x 66 x 7.6 cm)
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Jasper Johns: Mind/Mirror Whitney Museum
Voir d’autres oeuvres de Jasper Johns
Robert Rauschenberg (1925-2008)
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Voir d’autres oeuvres de Robert Rauschenberg.
et de Cy Twombly (1928-2011)
Cy Twombly, Academy, 1955 Peinture d’intérieur à base d’huile, crayon, crayon de couleur et pastel sur toile 191.1 x 241 cm
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Voir un commentaire (MoMA)
et qui plus tard orchestra la succession accélérée des mouvements artistiques américains : Pop Art, minimalart, art conceptuel.
C’est ainsi qu’en 1964 Robert Rauschenberg obtient le grand prix de la Biennale de Venise, qui depuis sa création avait toujours été attribué à un artiste français. Une bombe, un choc en Europe !
Aussitôt, le MoMA prend acte de ces nouvelles tendances artistiques, en proposant une exposition intitulée “L’art d’assemblage” qui situe Rauschenberg et Johns dans une continuité historique après Dada (et Schwitter par exemple.)
Il faut maintenant évoquer le rôle de Gertrude Vanderbilt Whitney. Collectionneuse et artiste elle-même, elle s’était installée dans un studio dont elle avait fait une école et un lieu d’exposition qui était devenu le Whitney Museum exclusivement consacré à l’art américain. Elle a proposé sa collection au MET, qui l’a refusée.
En 1966 elle fait appel à Marcel Breuer, architecte issu du Bauhaus, pour construire un grand musée dans le style international brutaliste en béton et granit sur Madison Avenue.
Devant le succès grandissant de ce musée il a fallu voir plus grand encore, et Renzo Piano (l’un des deux architectes du Centre Pompidou) a construit le nouveau Whitney inauguré en 2015 entre l’Hudson et la High Line.
Il est entièrement consacré à l’art américain des 20e et 21e siècle. Des espaces spacieux et lumineux, avec de vastes baies qui ouvrent à chaque étage sur les terrasses et qui fluidifient la circulation.
L’ancien musée de Marcel Breuer abrite depuis la flick collection (Rembrandt, Vermeer, Van Dyck, …) puis en 2025 deviendra le siège de Sotheby’s la maison de vente aux enchères.
Revenons aux années 60 en France, alors que le Pop Art américain occupe le devant de la scène, le critique Pierre Restany rassemble les artistes Arman, Spoerri, Martial Raysse, Tinguely, Raymond Hains etc. sous l’étiquette de “nouveaux réalistes” et rédige un manifeste : “La peinture de chevalet est morte, et elle est remplacée par la passionnante aventure du réel perçu en soi, c’est la réalité sociologique qui est assignée à comparaitre”. Restany veut faire connaître ces artistes à New York, la galerie Sydney Janis qui avait ouvert à 1948 propose de les exposer en 1962 sous le titre “The News realists”. Elle expose 2 colères d’Arman et des œuvres de Daniel Spoerri mais en les confrontant avec des Américains Rauschenberg, Andy Warhol et Oldenbourg.
Pour la critique américaine, le pop art sort gagnant de cette confrontation, et en prenant le titre de « nouveaux réalistes » à Restany. Celui-ci est furieux.
En 1964 Andy Warhol expose à la Stable Gallery uniquement une accumulation de boîtes de Brio, des boîtes de lessive de la marque Brio en contreplaqué sérigraphié à l’acrylique à l’imitation de ce produit en supermarché.
Le philosophe Arthur Danto, invité, fut révolté par cette exposition et publia un article intitulé “Est-ce de l’art ce qui est considéré comme tel par la société ?”. En effet désormais c’est le marché de l’art qui décidera de ce qui est l’art.
Le philosophe Georges Dickie invente le concept suivant : ”Est art ce que la société dit être de l’art”. On assista à l’apparition sur la scène internationale d’artistes américains cooptés en deux ans seulement, système qui s’amplifiera dans les années 70 par la création de grandes foires internationales : la Foire de Bâle en 1970, la FIAC… Il y avait déjà la biennale de Sao Paulo dès 1951, la Documenta de Kassel dès 1955, Art Cologne en 1957. Dans le comité de sélection des artistes, la galerie Castelli et la galerie Templon imposent leurs lois.
Années 70 : l’expression «art d’avant-garde» est remplacée par celle d’ «art contemporain»
L’art que l’on désigne désormais sous le nom d’art contemporain est le moyen pour les nouvelles fortunes de se faire connaître, d’entrer dans les réseaux des financiers sans l’obstacle des idées, des religions, des origines sociales ou nationales.
Ainsi s’est effacé le dernier lien entre l’art et le discours politique de gauche. L’expression art d’avant garde était une expression de gauche attachée au mouvement de l’avant garde Russe.
Comment New York vola l’idée d’art moderne
Les institutions françaises ont accueilli tous les mouvements américains : art minimal, l’art conceptuel, Land Art, Body art, en acceptant l’idée que le temps de la peinture était révolu. En 1977, la première exposition au Centre Pompidou s’intitulait : “Paris New York”..
En 1981, Jack Lang, ministre de la Culture créa les FRAC dans toutes les régions chargées d’acheter et de promouvoir les artistes de leur choix mais inventa en même temps le corps des ”inspecteurs de la création” qui désignait les directeurs des FRAC qui tous adoubèrent l’art américain conceptuel.
New York, avec un mercantilisme décomplexé, exerce un pouvoir hégémonique sur le marché mondial de l’art.
En 1990, le professeur américain Joseph Nye invente le concept de soft power, manière douce d’exercer le pouvoir par la persuasion sans coercition.