Mary Cassatt (1844-1926) est américaine, née en Pennsylvanie, elle est venue vivre à Paris en 1874. Comme elle a un dessin très assuré, des cadrages intéressants, elle a été très soutenue par Edgar Degas notamment.
Mary Cassat, la petite fille dans un fauteuil bleu 1878 huile sur toile 89,5 × 129,8 cm National Gallery of Art Washington
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La petite fille dans un fauteuil bleu (1878) a été exposée à la 4eme exposition des impressionnistes en 1879 et a été remarquée pour la profusion du tissu bleu qui domine la composition.
A partir de 1882, elle a peint de nombreux portraits de jeunes enfants avec leur mère, alors qu’elle restera toute sa vie célibataire sans enfant. Elle travaille comme Degas, tantôt à l’huile tantôt au pastel.
Alexandre Cassat et son fils Robert 1886. Alexandre est le frère de Mary. L’enfant au chapeau de paille date de la même année.
En 1890, elle a visité une exposition d’estampes japonaises et s’est impliquée dans la technique de la pointe sèche et aquatinte, technique de gravure difficile qui lui a valu l’admiration de ses confrères.
Mère et enfant 1903 c’est une gravure à la pointe sèche, dans laquelle on perçoit l’influence japonaise.
Mary Cassat, Mère et enfant 1903 gravure, 100 × 66 cm, Metropolitan Museum of Art New York
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De même, à l’huile cette fois, la toilette de l’enfant (1893) présente un cadrage japonisant.
Mary Cassat, La toilette de l’enfant, 1893 Huile sur toile, 100 × 66 cm, Art Institute, Chicago.
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Voir également :
– Un commentaire sur l’oeuvre de Mary cassat..
Paul Cézanne, n’a cessé lui aussi de dessiner et de peindre son fils Paul, qui est né en 1872 de sa liaison avec Hortense Fiquet, l’un des modèles de l’Académie Suisse , qui allait devenir ensuite madame Cézanne.
Paul Cézanne, femme allaitant son enfant 1872 Huile sur toile, 22 × 22 cm, Collection particulière
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Femme allaitant son enfant (1872) c’est Hortense à 21 ans avec le petit Paul. Enfant caché au père de Cézanne, mais aimé de ses parents malgré une vie ponctuée de hauts et de bas …. Une centaine de dessins et plusieurs peintures montrent “le fils de l’artiste”, (c’est toujours le titre) passant de l’enfance à l’âge adulte.
Paul Cézanne, portraits du fils de l’artiste 1875 et 1877 Huile sur toile
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Voir également :
– Portrait du fils de l’artiste 1881-1882 huile sur toile 35 x 38 cm musée de l’orangerie.
– Portrait du fils de l’artiste 1885 huile sur toile 26 x 20,3 cm Centre des arts de l’Arkansas
– Portrait du fils de l’artiste 1885-1890 huile sur toile National Gallery of Art, Washington.
On le voit passer de l’adolescence à l’âge adulte. Tableaux provenant de la collection privée de l’artiste.
Henri Matisse a eu trois enfants :
Marguerite née en 1894, dont la mère Caroline, était l’un de ses modèles, elle a été représentée plusieurs fois.
Henri Matisse, Marguerite 1906 Huile sur toile, 65 × 54 cm, Musée Picasso Paris
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Marguerite (1906) elle a 12 ans, son visage est stylisé à l’extrême avec des yeux expressifs cependant.
Portrait de Marguerite (1906) et Marguerite lisant en 1907 sont traités dans un style plus « fauviste » avec une pâte plus épaisse et des touches apparentes.
Henri Matisse, Marguerite au chat noir 1910 Huile sur toile, 94 × 64 cm, Centre Pompidou Paris
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Marguerite au chat noir (1910) à 16 ans, est à nouveau stylisée, avec un jeu de couleurs douces, qui rappelle les premiers essais de la danse réalisée e, 1909.
En 1898, Matisse a épousé Amélie, dont il a eu deux enfants : Jean et Pierre. Seul pierre enfant a eu droit à un portrait, stylisé, là encore avec un regard bien dirigé vers le peintre.
Henri Matisse, la leçon de piano 1916 Huile sur toile, 2,45 × 2,15 m, MoMA New York
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Dans la leçon de piano (1916), c’est Pierre, à qui son père imposait, contre son gré, ces leçons, qui est au piano, dans une composition très géométrique, avec un jeu de lumière triangulaire qui lui mange une partie de son visage, et qui rappelle en écho, le triangle du métronome, du verre qui est à gauche.
Henri Matisse, la leçon de musique 1917 Huile sur toile, 2,45 x 2,01 m, Fondation Barnes
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C’est lui aussi dans la leçon de musique, plus légère et plus figurative, où l’on voit les trois enfants, Marguerite, qui surveille le jeune Pierre au piano et jean l’ainé à gauche en bas. La maman est en train de coudre dans le jardin.
– La famille 1911 huile sur toile 143 x 194 cm musée de l’Ermitage St Pétersbourg. Les trois enfants sont à nouveau présents.
Henri Matisse, Leçon de piano 1923 Huile sur toile, 85 × 70 cm
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Tableaux surchargés d’éléments décoratifs, les personnages sont presque engloutis dans le décors.
L’impression générale, dans ces tableaux, est que la famille est sous contrôle…
Picasso, dans ses périodes bleues et roses a beaucoup montré des enfants, de façon “sentimentale” (c’est son expression).
Pablo Picasso, l’enfant à la colombe 1901-1903 Huile sur toile, 70 × 90 cm, Collection particulière
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Voir également :
– Desemparats (Maternité, Mère et enfant au fichu, Motherhood) 1903, pastel sur papier, 47,5 x 41 cm Musée Picasso Barcelone.
– Acrobate et jeune arlequin, 1905, gouache sur carton, 105 x 76 cm, collection privée.
– Mère et enfant 1905 gouache 90 x 71 cm.
Enfants des rues, enfants de saltimbanques,
Puis, tout change en 1906, pendant la période dite de Gosol, préoccupé de primitivisme, des silhouettes de jeunes garçons nus, des frères.
Pablo Picasso, Les adolescents 1906 Huile sur toile 157 x 117 cm musée de l’orangerie
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Voir également :
– deux frères (1906) Gouache sur carton, 80 x 59 cm musée Picasso Paris.
L’idée est de représenter ici des enfants arquetypaux, hors du temps.
En 1921, Picasso devient père, avec la naissance de Paulo. Période néo-classique, vacances à la mer avec Paul, le fils d’Olga.
Pablo Picasso, mère et enfant à la mer, 1921 Huile sur toile, 142.9 × 172.7 cm, Collection particulière
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Les corps ont la majesté de l’antique, mais les gestes de l’enfant sont bien observés.
Paul grandit, il se déguise en Arlequin, dessine …
Puis vient Maya, la fille de Marie Thérèse et en 1935, voir Pablo Picasso et Maya, à la clinique du Belvédère, Boulogne-Billancourt, 6 septembre 1935.
Pablo Picasso, Maya, 1938 Huile sur toile, 142.9 × 172.7 cm, Collection particulière
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Maya apparaît avec sa poupée, jouant avec un bateau.
Pablo Picasso, Maya à la poupée et au cheval 1938, Huile sur toile, 142.9 × 172.7 cm, Collection particulière
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Voir également :
– Maya à la poupée 1938 huile sur toile 73 x 60 cm musée Picasso Paris
– Maya à la poupée 1939
– Maya avec un bateau 1939 huile sur toile 93 x 73 cm
De 1939 à 1943 elle fait l’objet de nombreux dessins plein de délicatesse.
Voir également :
– Portrait de Maya 1943. Dessins très figuratifs, très observés.
Quand Picasso dessine Maya, tout son amour s’exprime au Musée Picasso
Maya et Pablo le père et la fille en dessin.
Après la guerre, vient Paloma, la fille de Françoise Gilot, puis son frère Claude.
Pablo Picasso, Portrait de Paloma 1952 Crayon crayon 66 × 50,2 cm
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Picasso les observe dessinant sous le regard de leur mère, accroupis dans le jeu, et chaque scène fait l’objet d’une invention plastique différente.
Pablo Picasso, Françoise Paloma et Claude en train de peindre 1954 huile sur toile 116 x 89 cm. Musée Picasso, Paris
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Voir également :
– Enfant jouant avec un camion 1953 huile sur toile musée Picasso Paris
– Mère et enfant jouant 1954 huile sur contreplaqué 73 × 91.5 cm musée Picasso Paris
– Le repas des enfants 1953 huile sur toile 98 × 130 cm musée Picasso Paris
– Picasso avec Paloma et Claude
– La famille 1970 huile sur toile musée Picasso Paris
Chaque scène fait l’objet d’une invention plastique différente.
Otto Dix, jeune ouvrier 1920, est un expressionniste allemand très éprouvé par la guerre de 1914-1918, il peint ici le sort de l’enfance dans les quartiers pauvres.
En 1923, il a épousé Martha, dont il a eu 3 enfants :
Nelly née en 1923, Ursus né en 1927 et Yann né en 1928.
Otto Dix, Nelly dans les fleurs 1924 huile sur toile 81 × 55.5cm musée Folkwang Essen
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Voir également :
– Nelly aux jouets (1925) Huile et détrempe sur bois, 54 × 39,5 cm Fondation Otto Dix
En regardant comment il a peint et dessiné ses enfants, on comprend pourquoi Dix est reconnu comme le fondateur de la “Nouvelle Objectivité”. Il ne fait pas de sentiments, il accuse les caractères presque caricaturaux, il est objectif malgré tout. Voir par exemple, la Naissance de Ursus (1927), portrait très réaliste.
Otto Dix, La famille de l’artiste 1927 huile sur bois, Städel Museum, Francfort-sur-le-Main.
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La famille de l’artiste avec Otto, Martha, Nelly et Ursus.
– Martha Dix avec son fils dans les bras (1928) (c’est Yann) peinture à l’huile sur contreplaqué.
Paul Klee incitait les peintres à regarder les dessins d’enfants pour y trouver l’expression de l’art le plus pur (C’était également ce que préconisaient les surréalistes pour retrouver de l’énergie dans la création).
Avec Lily, il a eu un fils, Félix né en 1907 mais, ce qui est singulier, c’est sa traduction pleine d’humour de traduire l’enfance dans sa peinture.
Paul Klee, mère et enfant 1913 gouache papier carton 10 × 11 cm collection particulière
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Voir également :
– Jumeaux (1930)
– Miroir des parents en 1933 (aquarelle sur mouchoir sur carton)
– Mère et enfant (1928) aquarelle sur carton
Paul Klee, méchante maman 1930 aquarelle sur papier marouflé sur carton, collection particulière
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Parmi les contemporains, Gerhard Richter, qui peint à partir de ses collections de photographies, a célébré dans son travail son amour pour ses enfants. Ainsi la fille née de son premier mariage, Betty, le visage couché à l’horizontal mais les yeux fixés sur nous (son père la photographie), Betty (1977) est peinte de façon hyper réaliste et elle a alors 12 ans.
Betty (1988), tourne le dos et le traitement de la peinture est légèrement flouté, affirmant à l’instantanéité du mouvement (elle a 22 ans).
Plus tard avec Sabine Moritz, il a eu un fils Théo, qu’il a peint en 1995 dans les bras de sa mère, avec un effet de flou très prononcé qui contribue à dire le caractère intime de ces images.
Gerhard Richter, S. avec son enfant, 1995 huile sur toile 102 cm x 72 cm
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Voir également :
– S. et son enfant 1995 huile sur toile 41 cm x 36 cm
– S. et son enfant 1995 huile sur toile 36 cm x 41 cm
– Un commentaire (fondation Beyeler).
Voir l’amour maternel dans l’art.
Nous quittons maintenant les domaines des enfants d’artistes, pour aborder celui des enfants pris comme modèle au service de démarches plus singulières.
2 – Des enfants ambigus
Balthus parfois appelé Balthasar Kłossowski de Rola (1908-2017), disait avoir tout appris de Piero della Francesca. Il a aimé faire poser de toutes jeunes filles dans des positions parfois ambiguës, évoquant l’idée de l’innocence perdue.
Balthus, les enfants Blanchard 1937 Huile sur toile, 125 x 130 cm Musée national Picasso-Paris
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Le dessin légèrement géométrisé et figé, qui renvoie en effet à la peinture de Piero della Francesca, crée une ambiance mystérieuse et légèrement inquiétante (ne pas savoir pourquoi ils sont dans de telles positions).
Balthus, Thérèse rêvant, 1937 Huile sur toile, 125 x 130 cm The Metropolitan Museum of Art New York
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Voir un commentaire.
Voir également :
– Thérèse sur une banquette, 1939 huile sur toile 72,7 x 91,9 cm.
– Thérèse rêvant 1938 Huile sur carton sur bois, 100,3 x 81,3 cm The Metropolitan Museum of Art, New York
– La chambre, 1943 huile sur toile
Paula Rego (1935-2022) née à Lisbonne, elle a vécu et travaillé à Londres. Son travail est à la fois réaliste et fantastique fait référence tantôt aux contes traditionnels de son enfance au Portugal, tantôt à des éléments autobiographiques et à son engagement féministe. Les scènes qu’elle raconte se déroulent le plus souvent dans des contextes domestiques, mais chez elle le quotidien est toujours un peu dérangeant, et parfois cruel.
Paula Rego dans le jardin 1986 Huile sur toile, 125 x 130 cm The Metropolitan Museum of Art New York
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On trouve des figures de petite fille soignées, par exemple dans sa série de toiles intitulée “petite fille avec chien” (1986) qui manipulent l’animal comme une poupée à laquelle on fait subir toutes sortes de jeux et de misères.
Voir les contes cruels de Paula Rego.
Paula Rego la famille 1988 Acrylique sur toile, 213.4 × 213.4 cm
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Dans la famille (1988) un homme est assis sur un lit, sa femme semble l’aider à retirer sa veste. Une fille, à l’air sévère, le regarde tout en tirant sur son pantalon, alors qu’une autre fillette se tient, les mains jointes, près d’une fenêtre. Est-ce qu’elles aident un malade ? Cette année-là, le mari de Paula, Victor Willing, est décédé après avoir été longuement malade d’une sclérose en plaques.
L’artiste dit qu’après avoir été une enfant obéissante et effrayée, elle est devenue une épouse obéissante et soumise à un mari agressif, qui lui faisait peur. Là, on sent de la rage.
La petite meurtrière 1987
La fille du policier (1987)