La biennale de Venise 2022

Felipe Baeza, né en 1987 au Mexique, il vit à New York, réalise des peintures très texturées, de grands formats rêvant de corps en mutation, mi-humains, mi-végétaux qu’il appelle des “corps fugitifs”.


Felipe Baeza, Wayward Insoumis, 2021 encre, graphite, ficelle, acrylique et papier découpé collage sur papier 168 x 122 cm
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D’autres oeuvres de Felipe Baeza.
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Violeta Parra (1917-1967 Chili), auteur compositeur interprète, elle a créé dans les années 60 « des chansons qui se peignent« , travaillant sur tissus avec des points de laine brodés assez épais.
“El circo” (1961) montre un groupe qui chante et danse.


Violetta Parra El circo (1961)
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Voir le détail des broderies.

Combat naval” (1964) montre les luttes du Chili pendant la guerre du Pacifique au 19e siècle avec le héros national Arturo Prat, brandissant le drapeau alors que sur navire l’Esmeralda coule.


Violetta Parra combat naval (1964)
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Delcy Morelos (née en 1967 en Colombie), nous fait traverser un labyrinthe géométrique de masse de terre mélangée à du foin, de la farine de manioc, de la poudre de cacao, des clous de girofle et de la cannelle, rappelant que l’humus et l’humain ont la même racine.


Delcy Morelos Venise 2022

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Plus loin

Sandra Vasquez de la Horra (née en 1967 et qui vit à Berlin), a vécu pendant 17 ans sous le régime de Pinochet, avant de choisir Berlin dans les années 90. Elle a conçu tout un dispositif dans lequel on peut pénétrer avec des personnages porteurs de messages de liberté et d’émancipation, et des aquarelles et cire sur papier plié, plissé, figurant des corps allongés.


Sandra Vasquez de la Horra Venise 2022
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Elle montre également des papiers plissés peints avec de l’aquarelle et de la cire, qui figurent des corps allongés.

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D’autres oeuvres de Sandra Vasquez de la Horra.
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Noah Davis (1983-2015) peintre afro-américain, influencé, disait il, par Marlène Dumas et Luc Tuymans.

Isis” montre sa femme Karon, dans un costume doré avec deux grandes ailes déployées.


Noah Davis Isis, 2009 Huile et acrylique sur lin 121,9 × 121,9 cm
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Le conducteur (2014), dans un environnement bleuté, un homme en smoking seul juché sur une chaise, dirige un orchestre invisible.

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D’autres oeuvres de Noah Davis.

Solange Pessoa (née en 1961 au Brésil), présente sur un grand mur des peintures noires sur fond blanc, qu’elle appelle les “Sonhiferas” (2020-2021). Ils montrent des créatures en pleine métamorphose humains/animaux/végétaux ramenées à de simples signes.


Solange Pessoa Sonhiferas Venise 2022
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De détail des oeuvres de Solange Pessoa.
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Igshaan Adams (né en 1982 en Afrique du Sud), a grandi au Cap dans un environnement très pauvre. Il présente une immense tapisserie, qui est comme une vue aérienne sur un paysage zébré de zones blanches, les “lignes de désir”, qui dit-il, sont des chemins utilisés pendant l’apartheid pour relier clandestinement les communautés que le gouvernement voulait séparer.


Igshaan Adams les lignes du désir 2022 tapisserie
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De près, on découvre que sont assemblés dans ce tissage, de la ficelle, des fragments de bois, de plastiques, de perles, de coquillages. De la récupération à une très grande échelle !

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Tau Lewis née en 1993 au Canada, transforme les chutes de cuir, de couvertures, de différentes sortes de textiles en masques magiques de visages monumentaux qui s’inspirent de certains masques Yoruba, qu’elle appelle « le tribunal des géants divins« .


Tau Lewis, Angelus Mortem (2021) Fourrure recyclée, cuir, nylon enduit et armature en acier 312,4 x 287,1 x 121,9 cm
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Vena Cava, Fourrure recyclée, cuir, nylon enduit et armature en acier 2021 308.6 x 213.3 x 109.2cm
D’autres oeuvres de Tau Lewis.
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Capsule temporelle
la seduzione del cyborg (la séduction du cyborg)

Une “capsule temporelle” évoque la séduction du cyborg, du corps machine, (géométrique, articiel, métallique) déjà chez les artistes russes dans les années vingt. On découvre par exemple que le couple Lavina Schulz et Walter Holdt en 1924 avaient conçu des costumes pleins d’inventivité, de type Decouflé à la même époque que le ballet triadique d’Oscar Schlemmer.

On retrouve les contemporains, en sortant de cette capsule temporelle, avec :

Elias Simé (né en 1968 en Éthiopie), qui lui aussi, dans un très grand format, montre une vue aérienne sur un paysage très ordonné géométriquement


Elias Simé, red leaves Pièce murale tridimensionnelle avec fils électriques tissés et autres composants sur panneaux de bois 205,7 x 602 x 17,8 cm
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et dont on découvre en s’approchant qu’il est entièrement recouvert de fils électriques colorés. Rien n’est peint, l’idée que le travail des hommes est partout visible, dans la nature même.
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D’autres oeuvres d’Elias Simé.
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Louise Bonnet (née en 1970 en Suisse vit à Los Angeles) peint de grands formats des corps en mutation.
Elle présente Pisser Triptych (2021-2022), qui a été peint pour la Biennale, et j’ai découvert qu’elle était sous contrat avec la puissante galerie Gagosian, où l’on peut voir d’autres travaux, qui apparemment, plaisent à Los Angeles.


Louise Bonnet, Pisser Triptych 213 x 721 cm
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Détails de son oeuvre.
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Raphaella Vogel (née en 1988 en Allemagne), montre un étrange équipage. Un groupe de girafes blanches qui mène comme un aristocrate, un très grand pénis affligé de nombreuses maladies : cancer de la prostate et des testicules, verrues génitales… Cette sculpture maladive est tirée par des girafes qui ne semblent pas elles-mêmes en pleine forme.


Raphaella Vogel, Capacité et nécessité, 2022 Élastomère polyuréthane, acier, laiton, modèle anatomique
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Sandra Mujinga (née en 1989 au Congo) nous fait traverser une salle baignée de lumière verte, où l’on rencontre des humanoïdes munis de trompes et de tentacules entièrement réalisées avec des tissus recyclés.


Sandra Mujinga installation Venise 2022
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Marguerite Humeau (née en 1986 en France vit à Londres), elle crée des sculptures biomorphiques entre robot et fossile, ingénierie biomédicale et archéologie. Ici des sculptures plutôt marines, sinueuses, évoquant un monde de science-fiction. Cette artiste a été lauréate du Prix Marcel Duchamp et elle collabore avec des chercheurs en zoologie et en biologie pour créer ses formes.


Marguerite Humeau, migrations 2022
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D’autres oeuvres de Marguerite Humeau.
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Zhenya Machneva (née en 1988 en Russie), crée sur un métier à tisser manuel des hommes-machines. Le père de l’artiste a travaillé pendant 40 ans dans une usine d’équipements téléphoniques à Leningrad. L’acier sur lequel s’est construite la fortune économique de la Russie, se transforme ici en humble artisanat.


Zhenya Machneva, Echo, 2021
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Geumhyung Jeong (née en 1980 Séoul Corée du Sud), est chorégraphe et performeuse. Elle bricole des êtres artificiels, comme des jouets humbles et fragiles, accompagné de petites vidéos sur lesquelles on la voit jouer et interagir avec ses petites machines.


2022 Venice Biennale – GEUMHYUNG JEONG

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Tishan Hsu (né en 1951 aux États-Unis), a commencé dans les années 80 à examiner l’implication de la technologie et de l’intelligence artificielle sur la condition humaine. Il a une formation d’architecte.
A l’origine de ces travaux se trouve la question des effets de la technologie – qu’elle soit déformante, de surveillance ou vivifiante – sur l’être humain. Ici son dispositif suggère que les nouvelles technologies pourront générer la vie humaine. (Apparition d’un visage, lits d’hôpitaux, etc.


Tishan Hsu, Watching 3, 2022 jet d’encre durci aux UV silicone sur bois 182,9 x 121,9 x 10,2 cm
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Enfin, on sort dans un espace végétalisé créé par l’artiste

Precious Okoyomon (née en 1993 à Londres, vit à New York), d’origine nigérienne qui a mis en scène des sculptures composées de matériaux vivants végétaux avec un petit cours d’eau et des plantations. Son installation s’intitule “Pour voir la terre avant la fin du monde” (2022), titre emprunté à un poème d’Ed Roberson. Mais son espace végétalisé n’a rien d’innocent, c’est un champ de Kudzu et de canne à sucre. Le kudzu est une vigne d’Asie qui a été transplantée et dégradée dans le Mississippi par la culture du coton, et la canne à sucre est aussi une plante saturée d’histoire négrière.
Ce qu’elle a planté a du sens historiquement.


Precious Okoyomon, installation « Pour voir la terre avant la fin du monde » Venise 2022
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Autre vue de l’installation.
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Les artistes de Venise sur Instagram

Conclusion : La Biennale est une formidable vitrine pour les artistes confirmés et un tremplin international pour les plus jeunes ; pour les États, c’est l’occasion de mettre en avant leur scène artistique.
On a vu nettement, dans cette 59e édition (la Biennale existe depuis 1895 !) la volonté actuelle de réhabiliter les minorités, de montrer la vitalité créative des anciens, exclus de la scène artistique, et la formidable énergie créative des femmes aussi.
Enfin l’idée des cellules temporelles de Cécilia Alemani a permis non seulement de découvrir quantité de femmes oubliées de l’histoire de l’art mais aussi de voir en germe dans la première moitié du 20e siècle la plupart des questionnements d’aujourd’hui (genre, indépendance, rejet du patriarcat, voloté d’émancipation, inquiétudes sur le devenir d’ l’humanité).


Venise 2022
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