Cours du 2 juin 2014

L’art informel (2)

Sommaire : Antoni Tapies, Alberto Burri,
Le groupe CoBrA : Asger Jorn, Pierre Alechinsky, Karel Appel.


Dubuffet a travaillé dans deux registres d’une part des jeux de matière et d’autre part du côté de l’art brut (pratiques primitives, art naïf).
Apres la guerre les artistes ont rejeté ce qui était réaliste, assimilé a l’art nazi, qui s’inspirait clairement du classicisme.

Antoni Tàpies 1923-2012
Tàpies est une grande figure de l’art catalan, issu d’un milieu aisé et cultivé. Né le 12 décembre 1923 à Barcelone, d’un père avocat et d’une mère issue d’une grande famille de libraires et éditeurs catalans, Antoni Tàpies s’intéresse très tôt à la peinture mais se lance, dans un premier temps, dans des études de droit. En 1942, après une crise de tachycardie au cours de laquelle il se croit mort, il est sujet à des hallucinations, des illuminations. C’est au terme de cette expérience douloureuse, solitaire et initiatique qu’il décide de se tourner définitivement vers l’art.
Parallèlement à ses études de droit, qu’il terminera en 1948, Antoni Tàpies commence alors par s’inscrire – quelques mois seulement – à l’académie Nolasc Valls, et s’essaie à la fréquentation des grands maîtres du passé (en travaillant le dessin et la peinture et en copiant notamment, à la peinture à l’huile, les œuvres de Van Gogh et Picasso), mais aussi des maîtres contemporains (il rencontre Miró en 1949, découvre l’œuvre de Paul Klee). Homme d’une grande culture et artiste radicalement autodidacte, il approfondit de plus ses connaissances en musique (Wagner), littérature (Dostoïevski) et philosophie (Nietzsche), et se passionne pour l’art oriental et la calligraphie, qui marqueront fortement certaines de ses toiles futures.


Antoni Tàpies – Autoportrait (1945) Fondation A. Tapies
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Autoportrait 1945
Il est très actif au sein du groupe dau al set (le de sur le sept), en opposition au franquisme. Le groupe est proche des mouvements dadaïstes et Surréalistes et dont l’âme est le poète catalan Joan Brossa. En 1949, il rencontre Joan Miró, qui l’influencera énormément, à l’instar de Paul Klee pendant sa première période surréaliste.


Antoni Tàpies – Zoom (1946) 65 x 54 cm Fondation A. Tapies Barcelone
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Zoom (1946) voir un commentaire.
Au début, il est proche des surréalistes.


Antoni Tàpies – Parafaragamus (1949) 89 x 116 cm Fondation A. Tapies Barcelone
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Parafaragamus 1949 (inspiré par Miro). Tàpies représente un élément floral, non de l’extérieur, mais bien de l’intérieur, en décrivant le monde intérieur de la fleur d’une manière fantastique qui va au-delà de toute restriction visuelle.
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Il rencontre Miro a Barcelone.
Il vient a Paris avec une bourse, il rencontre de nombreux artistes. Il prend conscience du retard et de l’isolement culturel de l’Espagne franquiste.


Antoni Tàpies – Asia (1951) Musée d’art moderne de Sao Paulo
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Asia 1951 plus stylisé et plus radical que ce qu’il faisait auparavant. Les personnages disparaissent au profit de la recherche de matière (colle, sable, plâtre, poudre d’argile, poudre de marbre).
1954, il réalise des murs de peinture


Antoni Tàpies – Blanc et rose (1954)
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 » Le tableau devait être une chose, un objet investi par l’artiste d’une énergie mentale, d’une sorte de charge électrique qui, touchée par un spectateur à la sensibilité appropriée, déclenche des émotions déterminées. » (Antoni Tàpies)


Antoni Tàpies – Blanc avec des touches rouges (1959)
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Blanc avec des touches de rouge, (1959).


Antoni Tàpies – Gris et peinture verte Tate galerie Londres (1957)
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Antoni Tàpies – Gris et peinture verte Tate galerie Londres (1957). Voir un commentaire.

Il inaugure ensuite un cycle avec impression de mur en face de portes.

Les murs affirment la frontalité de la toile, Tapiès veut dire mur en catalan Il représente des murs avec griffures, des blessures, « tous les murs portent témoignage du martyre de notre peuple« .


Antoni Tàpies – Porte métallique et violon
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Porte métallique et violon 2 m de haut. Voir un commentaire.
La croix est un signe récurent dans sa pratique, elle signifie résistance, croix pour dire le mystère, l’inconnue, l’association de deux T Tapies et Theresa sa femme. La croix n’a pas de signification religieuse pour Tàpies.


Antoni Tàpies – Ecriture sur le mur (1971) 270 x 200 cm Fondation Beyerler Bâle
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A. Tapies en 1967 parle des murs (archives INA)


Antoni Tàpies – Porte rouge (1965) 195 x 130 cm
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Porte rouge 65

Composition ultramarime 1958 proche de Soulages. Matière très épaisse. La croix n’est pas une croix chrétienne.


Antoni Tàpies – Grande peinture (1958) 199,3 x 261,6 cm Solomon R. Guggenheim Museum, New York
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Grande peinture 1958 Guggenheim. Voir un commentaire.
Il réalise le pavillon de l’Espagne lors de la 45éme biennale de Venise, il reçoit un prix en 1958.
L’art de Tàpies est marqué par un engagement dans le réel, par une violence de l’expression et de la matière. Les lacérations, entailles, griffures qui déchirent son œuvre disent la violence des deux guerres – civile et mondiale – antérieures, mais aussi l’oppression du franquisme, tout particulièrement en Catalogne. L’artiste s’engage en effet très rapidement pour la cause catalane. « À un certain moment, j’étais réellement très politisé par la situation de notre pays et l’oppression terrible que connaissait la Catalogne. Ces corps humains dans ma peinture, mutilés ou attachés à des cordes, c’était une forme de protestation pour dénoncer cette violence. Malheureusement l’injustice et le malheur sont universels, et cette thématique a vite dépassé le cadre local où je l’avais connue. C’est pourquoi j’ai continué dans cette voie ».


Antoni Tàpies – Le grand triangle marron (1963) Huile et sable sur toile marouflée sur contre-plaqué parqueté 195 x 170 cm Centre Pompidou Paris
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Le grand triangle marron 1963 Pompidou. Voir un détail. La couleur brune est pour lui associée au monde franciscain avec un accès a l’intériorité.
Certaines oeuvres intègrent des objets.


Antoni Tàpies – A.T. (2010) 97 x 130 cm
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A T C’est un collage sur un fond figurant une plage dont le medium reprend la couleur et la texture, négligemment abandonnés deux morceaux de tissus bruns encadrent les initiales A T hâtivement tracées dans le sable humide et surmontant quelques signes illisibles. Antoni Tapiès nous parle donc ici de lui, de la fragilité de la vie, de sa fin prochaine ; mais en parlant de lui, il s’adresse à nous et nous interpelle sur notre propre fragilité et sur notre propre fin.


Antoni Tàpies – Rouge
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Des graffitis, des lettres, des prises de notes sont progressivement intégrés aux oeuvres.

Il crée un réseau de symboles très personnel.


Antoni Tàpies – Ocre, marron et blanc au quatre (1972)
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Chiffres 4
Il réalise de grands formats qui en imposent par leur présence. Il est moins silencieux que Soulages.


Antoni Tàpies – L’esprit catalan (1971)
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Antoni Tàpies – L’esprit catalan 1971. A propos de cette oeuvre, Jacques Dupin a écrit : « Elle nous concerne tous, il s’agit de l’oppression, l’exhalation des quatre barres rouges sur fond de soleil, les empreintes de mains sanglantes, les mots de la révolte grafittés sur les murs, nous parlent de prisons, de tortures, et d’exécutions et appellent un plus vaste soulèvement de tout un peuple et d’un territoire. » (Voir le livre Matière d’infini).
Antoni Tàpies – corps de matière et tâches oranges.
La nature de la matière et des couleurs, évoquent souvent un corps. Voir Matière en forme de pied


Hommage à Tàpies, Catalan, peintre et sculpteur au musée de Céret


Antoni Tàpies – Le chapeau renversé (1966) Peinture à la colle et poussière de marbre sur toile marouflée sur bois 97,6 x 162,3 cm Centre Pompidou
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1966 le chapeau renversé Centre Pompidou.


Antoni Tàpies – Orange et beige
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Orange et beige. Voir un commentaire.


Antoni Tàpies – Mocador Iligat (1972)
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1972 toiles avec toiles collée.


Antoni Tàpies – Ocre et noir et la toile collée/Ocre i negre amb tela encolada, (1972)
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Linges maintenus par cordages. Voir un commentaire.


Antoni Tàpies – Mirada y mano
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Antoni Tàpies – Mirada y mano. Empreintes de mains
Torax (1978)


Antoni Tapiès par ina
A l’occasion de la rétrospective TAPIES à la galerie nationale du Jeu de Paume, rencontre avec l’artiste dans son atelier (extrait de France2)


Antoni Tàpies – Variations II : Chaise et pied, 75 x 108 cm (1983)
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Antoni Tàpies – Variations II : Chaise et pied, 75 x 108 cm (1983)


Antoni Tàpies – Ambroisie (1989) 200 x 600 cm Musée Guggenheim Bilbao
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Antoni Tàpies – Série latex (1999)
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Série latex 1999.


Antoni Tàpies – Capçal (2010) 130 x 162 cm
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Sur la toile brute est peint frontalement un canapé. Y gisent quelques vestiges difficiles identifier : débris de corps ou vêtements ? Seul un pied qui dépasse à gauche est reconnaissable. . Voir un commentaire.


Antoni Tàpies – Corps ligoté (2010) Technique mixte et collage sur bois Collection particulière Milan
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Corps ligoté. Voir un commentaire.
Antoni Tàpies – Desperate 2002 eveil
À partir des années 1970, influencé par le Pop-art, il intègre dans ses œuvres des matériaux plus volumineux, tels que des pièces de mobilier comme : Armoire 1973, Baignoire, Fauteuil, Lit en terre chamotée (mélange d’argile et de céramique pillée).
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Il ne s’agit en rien d’un retour au réalisme mais bien, selon l’artiste, d’une tentative pour revenir à ce point « où les choses cessent d’être les choses, tout en devenant amorphes en raison de la transparence et de la fluidité dynamique dont parle le Zen… ou de ce grain de poussière qui contient tout l’Univers ».


Antoni Tàpies – Fondation Tàpies Barcelone
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Nuages et chaises au dessus de sa fondation à Barcelone.

A travers son oeuvre, ressort l’idée de souffrance, de lacération entailles biffures. Des champs de batailles où les blessures se multiplient a l’infini. Les murs de Tàpies sont des murs métaphysiques, ils évoquent à la fois, la terre, la destruction, les cataclysmes, la méditation intérieure, la contemplation cosmique.
Il dit « qu’il doit à la méditation orientale, sa fascination pour la matière qui lui permet d’atteindre des états mentaux particuliers ».

Voir d’autres oeuvres d’Antoni Tàpies.

Encore d’autres peintures d’Antoni Tàpies.

Voir une exposition Tàpies au Musée National d’Art de Catalogne