De la Nature Morte au parti-pris des choses

Que ce soit sous l’arrangement codifié du genre « nature morte » ou sous des formes plus libres, la représentation des objets n’est jamais neutre. Entre méditation philosophique et ode à la vie, entre être et avoir, elle est un bon observatoire de notre société d’abondance ou de sa condamnation.
Enfin l’observation par les grands artistes de la vie simple des choses qui nous entourent a produit des chefs d’œuvre qui nous conduisent à trouver l’appellation anglaise de « still life » plus juste que celle de « nature morte ».
Intervenante : Agnès Ghenassia


J’ai emprunté au recueil de Francis Ponge le titre de “parti pris des choses” qui me semble juste pour désigner l’attention que les artistes portent aux “choses” qui nous entourent et qui n’entrent pas nécessairement dans la catégorie convenue de la “nature morte”.
C’est pourquoi l’exposition qui se tient actuellement au Louvre s’intitule : ”les choses, une histoire de la nature morte”.

Commençons par un rapide balayage historique.
L’histoire de l’art fait naître ce genre en Grèce antique, même si l’archéologie a révélé que cela remonte à des temps plus anciens. Pline l’Ancien raconte que Piraïkos, un peintre grec du 3e siècle avant Jésus-Christ, était connu pour peindre des “choses humbles”, des “provisions de cuisine”, qu’il vendait fort cher. Ses sujets ont été copiés et repris par de nombreux artistes, pour orner les villas des riches propriétaires.


Fresque Herculanum, pêches et carafe d’eau (Vers 50 av JC)
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C’est ainsi que dans les ruines d’Herculanum, on a trouvé de nombreuses fresques représentant des choses simples comme : “pêche et carafe d’eau”.
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Mais en même temps, à Pompéi, cette mosaïque du 1er siècle est un véritable Mémento Mori, (souviens toi que tu dois mourir).


Memento mori Pompéi, mosaïque 47 x 41,5 cm (1ier siècle av JC)
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En effet, le crâne repose sur un papillon (image de l’âme selon Ovide, le “papillon funèbre”) qui est lui-même posé sur une roue, (la roue du destin). Au-dessus, un fil à plomb met à égalité à gauche les emblèmes royaux (un sceptre, un diadème et un manteau pourpre) et à droite les attributs d’un mendiant (un bâton, une besace et des haillons). Cette mosaïque décorait la table d’un triclinium d’un jardin dans une demeure.

Voir la nature morte dans l’Antiquité.

On a donc déjà avec ces deux exemples antiques, les deux constantes du genre “nature morte” : les plaisirs de la vie et les vanités.
Au Moyen-Age, la religion chrétienne, en sonnant le glas du monde épicurien, a condamné la nature morte à une longue absence. Ce n’est que peu à peu, au 16e siècle, qu’elle va devenir un genre à part entière.
Exemple médiéval :


Arma Christi Livret de dévotion en ivoire, 1330 Londres, Victoria and Albert Museum
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Ce petit livret de dévotion en ivoire (1330-1340) polychromé et doré, trouvé à Cologne, présente des “Arma Christi” : les trois clous, le marteau, les tenailles, le bandeau des yeux, les 30 deniers reçus par Judas pour sa trahison, les traces des pas ensanglantés et à droite la tunique du Christ, les dés avec lesquels les soldats la tirèrent au sort, le fouet de la flagellation, l’échelle, la lance et la fenêtre ouverte sur l’éternité (le tombeau vide).

Tout a changé au XVIème siècle. Le Caravage corbeille de fruits (1593).


Le Caravage corbeille de fruits 1593 huile sur toile 46 × 64,5 cm Pinacothèque Milan
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C’est l’une des premières natures mortes autonomes. Le nom n’existait pas encore à l’époque. Le peintre montre le caractère éphémère des fruits, avec des pommes légèrement piquées et des feuillages qui commencent à flétrir. Voir un commentaire.

Au 17e siècle, ce sera une constante de montrer dans d’opulentes compositions de fruits et de fleurs, la fragilité du vivant.
Balthasar Van der Ast (1593-1657)


Balthasar Van der Ast fruits et coquillages 1623 huile sur toile 37 × 65 cm palais des beaux arts de Lille
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Lubin Baugin, le dessert au gaufrettes (1631). Chez les peintres français, la composition est plus sobre (influence du mouvement janséniste).


Lubin Baugin, le dessert de gaufrettes 1631 huile sur toile 37 × 65 cm palais des beaux arts de Lille
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Avec une grande sobriété, il ne parle lui aussi que de la fragilité des choses : les gaufrettes sont friables, l’assiette est en équilibre instable au bord de la table, le verre de cristal est fragile.
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Chardin, la brioche (1763). C’est le premier, au 18e siècle qui s’attache à la beauté des choses sans arrière-plan symbolique, avec sensualité dans le traitement des matières.


Jean Baptiste Siméon Chardin, la brioche 1763 huile sur toile 47 × 56 cm Musée du Louvre Paris
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Les impressionnistes ont peint des natures mortes sans mise en scène, sans théâtralité, alors que l’art académique considérait ces peintures dans la hiérarchie des genres comme moins nobles.

Edouard Manet, bottes d’asperges (1863).


Manet, bottes d’asperges 1863 huile sur toile 46 × 55 cm Musée Wallraf-Richartz Cologne
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Claude Monet, nature morte avec melon (1872)


Claude Monet, nature morte avec melon 1872, huile sur toile 53 × 72 cm Musée Calouste-Gulbenkian Lisbonne
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Auguste Renoir chou-fleur et Grenade (1890).


Auguste Renoir, chou-fleur et grenade 1890 huile sur toile 35 × 46,5 cm Musée Muzeum Kolekcji Varsovie
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Paul Cézanne a fait de la nature morte son terrain d’expérimentation favori. Voir nature morte au panier (1888).

C’est avec les natures mortes que s’est jouée l’ouverture cubiste de Picasso et de Braque.


Pablo Picasso, nature morte à la chaise cannée 1912 Huile sur toile, 29 x 37 cm, Musée national Picasso-Paris
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Pour la première fois, Picasso a utilisé des fragments de matériaux hétérogènes (papiers, objets, etc.). Cet acte en apparence élémentaire est l’invention cubiste qui a le plus marqué l’art du XXe siècle.
Les expérimentations cubistes se sont faites principalement avec des natures mortes.

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Henri Matisse aussi, d’une autre façon, a réinventé le genre.


Henri Matisse, Pommes 1916, Huile sur toile, 89 x 117 cm, Art Institute of Chicago
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Les surréalistes ont joué avec :

René Magritte ceci n’est pas une pomme (1964).

Giorgio de Chirico l’incertitude du poète (1913).


Giorgio de Chirico, l’incertitude du poète 1913, Huile sur toile, 106 x 94 cm, Tate Modern Londres
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Les Pop artistes américains se sont vautrés dans les objets de consommation qu’ils ont exaltés de façon spectaculaire dans de très grands formats.
Tom Wesselmann Still Life numéro 35 (1963).


Tom Wesselmann – Still life n°35 (1963) huile et collage sur toile 304,80 x 487,68 cm
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Alors que les Nouveaux réalistes français “présentent” des choses au lieu de les représenter.

Daniel Spoerri, tableau piège 1972. Il met à la verticale les reliefs d’un repas.

Arman, avec ses accumulations.


Arman, accumulation de brocs émaillés 1962
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… et les contemporains, dans la tradition élargie de la nature morte, s’expriment par des installations comme Subodh Gupta Very hungry God (2006), des photos, des vidéos, des performances, une autre manière de faire parler les objets.

1 – La table est servie

La plupart des natures mortes se présentent comme un assemblage d’objets, souvent symboliques, sur un plan de table.
Ici la Princesse Néfertiabet, devant son repas,


La princesse Nefertiabet devant son repas, 2500 av. JC calcaire peint 37,7 x 52,5 cm musée du Louvre
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C’est une stèle qui date de 2500 ans avant Jésus-Christ, sous le règne de Khéops, en Égypte. On sait que les morts devaient être munis pour leur voyage vers l’au-delà de toutes sortes de provisions.

Jan Davidsz de Heem, « fruits et riche vaisselle sur une table« , (1640). Peintre à Anvers, l’artiste montre toute l’opulence de la ville flamande au 17e siècle.

Matisse s’est mesuré à cette toile pour en donner sa version en 1915 dans une grande composition lumineuse, où le chaos s’organise avec des rythmes géométriques noirs verticaux. Cette toile a été peinte dans le contexte de la Première Guerre mondiale, et Matisse culpabilisait d’être maintenu dans le civil.


Henri Matisse, nature morte d’après Jan Davidsz de Heem, 1915 Huile sur toile. 180,9 x 220,8 cm The Museum of Modern Art, New York
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Jacques Linard, « les cinq sens et les quatre éléments » (1627).


Jacques Linard, les cinq sens et les quatre éléments 1627 Huile sur toile 105 x 126 cm Louvre Paris
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On y voit des fruits, mais aussi des fleurs, un miroir, des cartes à jouer, un luth, une partition, des légumes, un pilon, une boîte de copeaux (le toucher), un réchaud, un soufflet pour l’air et un oiseau de paradis qui s’échappe : tout cela est juxtaposé sur deux plans horizontaux, avec une échappée sur la fenêtre.
Il y a là la volonté de rendre vivante la nature morte.

De même Salvador Dali 1956 « nature morte vivante », libère les objets du plan de la table.


Salvador Dali, nature morte vivante 1956 Huile sur toile 125 × 160 cm Salvador Dalí Museum, St. Petersburg (Floride)
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Tout est en lévitation, Dali évoque même à gauche la structure de l’ADN (sur le pied de la balustrade) et (voir un détail qui montre l’eau qui s’échappe de la bouteille). Voir un commentaire.

Une autre tradition pour rendre vivante les choses inanimées consistait à introduire des animaux par exemple :
Jacob Van Es (peintre flamand 1596-1666) « nature morte à l’écureuil« .
Le peintre associe à sa nature morte un perroquet et un écureuil, qui semblent apprécier le festin. En fait, rien ici n’est uniquement fait pour évoquer la gourmandise : pour les bons chrétiens, le raisin évoque le sang du Christ, la noix symbolise la Trinité (coque/fruit/cerneau), le homard la résurrection du Christ. Les animaux gourmands eux sont dans le pur plaisir des sens.

De même chez Georg Flegel (1566-1638 peintre flamand) « nature morte aux fruits secs, souris et perroquet » (1630-1635).


Georg Flegel, Nature Morte aux Fruits secs, Souris et Perroquet. Vers l630-35. Huile sur Bois. Alte Pinakothek – Munich
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que l’on peut aussi interpréter comme une invitation à profiter des choses de la vie avant qu’il n’en reste plus rien. Voir un commentaire.

L’artiste contemporain Gilles Barbier, dans une série de 1992 intitulée « habiter la peinture », s’est amusé à construire des maquettes d’architecture qu’il insère ici dans le tableau de Flegel.


Gilles Barbier, habiter la peinture 1992
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Paul Cézanne, « le panier de pommes » (1890).


Paul Cézanne, le panier de pommes 1890 huile sur toile 65 x 80 cm Art Institute of Chicago
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Il crée un effet d’instabilité en renversant les fruits sur la table, en basculant la table vers l’avant, en peignant une bouteille penchée, ce que l’Américain Georges Segal en 1981 a matérialisé avec du tissu et des objets plâtrés et colorés avec Cézanne still life pour rendre hommage à Cézanne.

Picasso, « pains, compotier et fruits sur une table », dans sa période cézannienne, géométrise tous les ingrédients : le tissu, les fruits, la table (penchée).


Picasso, Pains, compotier et fruits sur une table 1909 huile sur toile 163.7 × 132.1 cm Kunstmuseum Bâle
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Pierre Bonnard, « coin de table » 1935 nous en donne une vue en plongée, écrasant les volumes sur le plan de la table qui se confond avec la verticalité du plan du tableau.

Dorothea Tanning « some roses and their Phantoms » 1952 reprend la tradition des tables servies en peignant méticuleusement une nappe blanche, sur laquelle elle pose d’énigmatiques roses, et un étrange scarabée qui semble croisé avec une fleur … tout un monde surréaliste en état de métamorphose.

Erró, « foodscape » (1964).


Erró, foodscape, 1964 peinture glycéro sur sur toile 200 x 300 cm musée d’art moderne de Stockholm
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Sur le plan d’une table, dont on ne voit pas les bords, une accumulation absurde de produits alimentaires de toutes sortes. Satire évidente de la société de consommation, mais aussi souvenir des grandes tables de repas de la peinture flamande.
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Daniel Spoerri, le petit-déjeuner de kichta (d’origine roumaine, il a rejoint les Nouveaux Réalistes en France).


Daniel Spoerri, le petit-déjeuner de Kichka, 1960 tableau piège
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Il a collé sur la table les objets du repas et fixé à la perpendiculaire du mur chaise et table. Une nature morte “ready made” !
En 1963, il a fixé ainsi les restes d’un repas hongrois, y compris les assiettes sales, dans ce qu’il appelle ses tableaux pièges.

Spoerri connaissait il cette scène du film de Buster Keaton the scarecrow (l’épouvantail) en 1920 ? Dans une cuisine où les choses ont pris le pouvoir, deux ouvriers agricoles font descendre du plafond tout le nécessaire pour manger grâce à un système coulissant. Pour faire la vaisselle, ils plaquent au mur ce qui doit être lavé à la verticale, après avoir envoyé par une trappe les restes périssables directement aux cochons, puis font disparaître à nouveau la table et les couverts par le haut.


Buster Keaton – L’Épouvantail (extrait)

Gilles Barbier « le festin II » (2014). C’est une table servie pour un gargantuesque festin, dont le gigantisme est renforcé par la présence ça et là de petites maquettes d’architecture de l’artiste, comme des nichoirs.

Miquel Barceló, « le grand dîner espagnol » (1985).


Miquel Barceló, le grand dîner espagnol 1985 technique mixte sur toile Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía, Madrid
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C’est de la peinture très “matiériste » qui donne à voir tout simplement la fabrication d’une paella.
Dans sa toute récente exposition chez Thaddaeus Ropac à Pantin, Barceló est revenu à ce thème des tables de repas, avec une technique qu’il appelle ses “grisailles”, une légère couche de blanc apporte la lumière sur tous les objets en même temps floute l’ensemble, lui ajoutant un caractère un peu fantomatique.


Miquel Barceló Grisailles

Chaque fois, on aperçoit sous la table un chien (c’était le sien récemment disparu) dit-il.
Dans Nature morte avec gâteau d’anniversaire (on distingue un peu mieux le chien). L’artiste évoque l’idée d’un “sandwich de choses lumineuses entre deux tranches de ténèbres”. Son attention porte à la fois à ce qu’il y a sur la table (souvenirs des natures mortes flamandes) et sous la table.
Voir d’autres grisailles.

La vie ondoyante 2022 il a trouvé l’expression chez Montaigne.

2 – Des ustensiles de cuisine

C’était pour le peintre une manière de révéler son talent dans le rendu des matières, des brillances.

Cornélis Jacobsz Delff peintre néerlandais du siècle d’or s’était spécialisé dans ce sujet.


Cornelis Jacobsz Delff, nature morte aux ustensiles de cuisine, 1638 huile sur toile 79 x 125 cm musée des beaux arts de Strasbourg
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Jacob Willemsz Delff, même nationalité même époque, nature morte aux ustensiles, 1640

Martin Dichtl était Allemand. nature morte aux ustensiles 1690

Sébastien Stoskopff alsacien, la corbeille de verre (1620) fait preuve d’une dextérité éblouissante.


Sébastien Stoskopff, la corbeille de verres, 1620-1640 huile sur toile 52 x 63 cm musée des beaux arts de Strasbourg
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Avec Chardin au 18e siècle,


Jean Baptiste Siméon Chardin Ustensiles de cuisine, chaudron, poêlon et œufs, 1733 huile sur toile 17 x 21 cm musée du Louvre
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le traitement pictural est à la fois plus sobre et plus sensuel.

Erich Wegner (1899-1980) comptoir d’auberge (nature morte) 1927.


Erich Wegner, comptoir d’auberge, nature morte, 1927 toile sur contreplaqué
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En gros plan, sur un comptoir de bistrot, on voit des saucisses en conserve, des rollmops (rouleaux de hareng) et des objets aseptisés, presque cliniques dans le traitement. L’artiste allemand s’inscrit dans le courant de la Nouvelle Objectivité qui porte un regard à la fois objectif et critique sur les choses et sur la société moderne.

Les objets rassemblés par Paul Klee, dans sa nature morte (1940) par contre, sont peu objectifs mais plein de poésie.

Dans les années 50, en Italie Giorgio Morandi a multiplié les natures mortes aux tons doux, aux couleurs mates, réunissant des objets de forme simple serrés les uns contre les autres.


Giorgio Morandi, natura morta 1953 Huile sur toile 35,5 x 45,5 cm Collection particulière
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Dans les années 60, on renonce à représenter les choses et on choisi de les présenter. Par exemple : Arman en 1962 dans sa série des accumulations, compacte aussi des objets, mais de vrais objets (en général récupérés dans les brocantes), rejouant avec ironie les multiples d’Andy Warhol.


Arman, accumulation de brocs émaillés, 1962
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En 1991, sa sculpture comme dans l’évier est en porcelaine.

Martha Rosler artiste américaine née en 1943 féministe tourne un film de 6 minutes intitulé « sémiotique of the kitchen ».


Martha Rosler – Semiotics of the Kitchen 1975

Parodiant une émission culinaire, le visage grave, elle présente tour à tour chaque outil et ustensile de cuisine, avant d’en proposer un usage très violent : C’est ”un lexique de colère et de frustration” dit l’artiste. Une façon de mettre en scène l’asservissement des femmes dans leur cuisine.

John Grün en 1983 photographie avec egg beaters, des ustensiles de cuisine un peu vieillots.

Jean-Daniel Pollet les sublime en photographie dans sa série intitulée Dieu c’est quoi en 1994.


Michael Lonsdale dans « Dieu sait quoi » (1994) de Jean-Daniel Pollet

Subodh Gupta artiste indien, réalise en 2006 avec des ustensiles de cuisine neufs un grand crâne intitulé Very hungry God.
Ces objets étincelants abondent sur les marchés indiens et sont présents dans toutes les familles de la classe moyenne.
La même année, il a peint à l’huile sur toile, une série de gros plans intitulés « Idol Thief » (voleur d’idole).


Subodh Gupta, Idol Thief 7 (voleur d’idole 7), 2006 huile sur toile 167 x 228 cm
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Voir également :
Subodh Gupta, Idol Thief II
Subodh Gupta, Idol Thief I
Tous mesurent 167 x 228 cm, prouvant que les savoir-faire techniques des artistes contemporains sont toujours là !
En ce moment, Bon Marché, il a installé au dernier étage une sorte de hutte en suspension soutenue par des centaines de fils entièrement constituée d’ustensiles ménagers (qu’il appelle effet Proust).


Sangam par Subodh Gupta au Bon Marché Rive Gauche

Voir également : Subodh Gupta au Bon Marché