C’est une figure majeure du mouvement pop art des années 1960 et de l’hyperréalisme, et un des peintres britanniques les plus influents du XXe siècle.
Une oeuvre très autobiographique et en même temps très ancrée dans l’histoire de la peinture et pleine de rebondissements.
Utilisant des couleurs acidulées et attirantes, David Hockney peint des portraits et des paysages où se mêlent peinture et photographie.

Intervenante : Agnès Ghenassia

David Hockney né en 1937, à Bradford, est aujourd’hui, avec Damien Hirst, l’artiste anglais vivant le plus coté sur le marché de l’art.
Né à Bradford dans une famille très modeste, il est le quatrième enfant d’une fratrie de cinq. On détecte vite ses dons et sa passion pour le dessin, et parallèlement à une scolarité classique, qu’il mène jusqu’au bout, il suit dès l’âge de 13 ans l’enseignement d’un professeur de dessin des Beaux-Arts, avant d’entrer à 16 ans aux Beaux-Arts de Bradford. Ses parents le soutiennent dans sa vocation, son père lui a appris très tôt à se moquer du qu’en-dira-t-on, sa mère est plus traditionaliste, mais elle va s’adapter à la personnalité de son fils. Le premier style qu’il va pratiquer à Bradford, peut-être qualifié de réalisme social il peint à l’huile.

Bradford, 1954 – 1960

– 1954 fish and chip shop une scène populaire dans un magasin.

En 1954, il réalise deux autoportraits :

C’est un mélange de peinture et collage sur papier journal montre qu’il est brun et myope.
Voir également :
– Autre autoportrait 1954.

My father est un portrait de son père (presque Cézannien) et c’est le premier tableau qu’il vendra à 19 ans. Il rentrera chez lui en disant “j’ai vendu papa !”

Voir également

– Builder nude 1957 huile sur panneau 120 x 192 cm

Londres, Royal College of Art 1959 – 1963

En 1957, il est admis sur dossier au Royal College of art de Londres, mais il doit d’abord faire deux ans de service militaire. Comme il est objecteur de conscience, comme son père, on l’envoie comme aide-soignant dans différents hôpitaux.
À Londres, il découvre rapidement que la peinture figurative qu’il pratique est considérée comme obsolète. Il faut être moderne ! Il découvre à la Tate gallery, les abstraits américains (de Pollock à Sam Francis), mais il va surtout retenir le style graffiti de Dubuffet, un peu naïf, (qui inspirera Doll boy) et de Francis Bacon le courage d’afficher dans son art, la question de l’homosexualité … une tendance qui le préoccupe, car officiellement en Angleterre c’est alors un délit, passible d’amende et de peines de prison.

La mode est à l’abstraction, et il désespère de trouver sa place jusqu’à ce qu’un ami lui dise “Ce que tu devrais peindre, c’est ce qui compte pour toi. Tu es nécessairement contemporain”.
L’un de ses camarades d’école, Adrian, est un homosexuel décomplexé, il lui conseille de lire le poète américain Walt Whitman et le poète grec Constantin Cavafy dont il aimera tout de suite l’humour. Il glisse dans ses tableaux des phrases de Whitman comme “We two boys together clinging” (nous deux garçons accrochés ensemble), associées à des graffitis lus sur la porte des toilettes. Voir le poème de Whitman qui l’a inspiré.

Voir un commentaire.

et il emprunte aussi à Whitman, le code qui consiste à remplacer par des chiffres les lettres de l’alphabet. Ainsi 4.8. = D.H. (David Hockney), et. 23.23. = W.W. (Walter Whitman).
Voir Adhésive 1960.

Lors d’une fin de soirée arrosée à l’école, l’un des élèves fait une démonstration de Cha-cha-cha qui le fascine, et le tableau s’intitule “le cha-cha-cha dansé aux petites heures du 24 mars 1961”. le cha-cha-cha dansé aux petites heures du 24 mars 1961

Un nouvel élève, Marck, américain et homosexuel apporte des magazines remplis de jeunes hommes blonds et musclés en slip. David rêve de venir à New York.
En juillet 1961, à tout juste 24 ans, après avoir vendu quelques toiles et gravures, il s’envole pour New York avec Adrian, où Marck les accueille pour les vacances. Ils font la tournée des bars gays, des restaurants végétariens, des musées ! C’est cet été là que les trois garçons, après avoir vu une publicité pour le blond Clairol, se sont transformés en trois grands blond peroxydés.. David a le sentiment de s’affirmer comme homosexuel et de se réinventer. De retour au Royal College à Londres, il ose sous le titre “le brossage de dents début de soirée” …

Il peint tête-bêche deux figures en remplaçant leurs pénis par des tubes de dentifrice Colgate. Parce qu’aux Etats-Unis, l’hygiène buccale était une obsession américaine. Obscène et drôle !

Tête égyptienne disparaissant dans un nuage descendant huile sur toile 50 x 40cm.

Dans « mariage of style » 1962, un homme blanc épouse une femme noire qui est une statue égyptienne dessinée au Pergamon museum de Berlin est.

L’homme c’est Jeff Goodman, avec lequel David a visité Berlin, alors que son couple était en train de se briser. C’est pourquoi il l’a ironiquement marié avec cette statue. Voir un commentaire (Tate)

En 1962, il participe à l’exposition des jeunes contemporains de Londres, avec 4 oeuvres rassemblées sur le sous le titre “démonstration de versatilité » , en effet dans des styles très différents. On y trouve :
– “Grande procession de dignitaires en style semi égyptien” 1961 huile sur toile 213.4 x 365.6 cm est composée de figures inspirées par les antiquités égyptiennes du Metropolitan Museum et par le poème de Cavafy “En attendant les barbares”.
– « Flight to Italy Swiss landscape » 1962 huile sur toile 182,9 x 182,9 cm Stiftung Museum Kunstpalast Düsseldorf.
– « Tea painting in an illusionistic style 1962, huile sur toile 232.5 × 83 cm Tate gallery Londres. Trompe l’œil de volumes.
– Figure in a flat style 1962 huile sur deux toiles avec bois 226 x 86.5 cm collection particulière. Il est complètement dans l’abstraction.

Sont exposés aussi un ensemble de gravures qu’il a réalisé dans l’atelier de gravure de l’école, en donnant sa propre version de la série de gravures de William Hogarth 18e siècle sur la carrière d’un libertin (la déchéance d’un jeune homme débarquant dans une grande ville et tombant dans le vice).

David Hockney lui, raconte de façon ludique, son aventure new-yorkaise. Cette série de gravure a été achetée par le MoMA ! Voir les détails (Tate Gallery)

Le second mariage 1963 est un mélange de peinture à l’huile, de gouache et de collage sur toile découpée suggérant un cube.

Il commence alors à faire poser des amis pour les peindre dans des scènes intimes.

– Domestic scene Notting Hill, ce sont ses amis Ossie Clark (étudiant en stylisme) et Mo Mac Dermott qui ont posé pour lui.

– Domestic scène Los Angeles est composée à partir de photos d’hommes du magazine gay physique pictorial.
– De même que deux hommes dans la douche 1963 huile sur toile.
On voit bien quelles sont ses préoccupations à cet époque.

Le Sunday times l’envoie, aux frais du journal, pour faire un reportage de croquis en Égypte.
Il est très déçu par Alexandrie.

Une vision plus contemporaine de l’Egypte.

Voir également :
– The Sphinx and une pyramid
– Grande pyramide de Gizeh avec tête brisée de Thèbes 1963 huile sur toile collection particulière.

Il a une première exposition personnelle à la galerie Kasmin de Londres. Le marchand d’art lui offre un contrat de 600 livres par an en échange d’une exclusivité. David est le seul artiste figuratif de sa galerie.
En 1963, à l’été de ses 26 ans, il est retourné à New York, il a rencontré Andy Warhol, qui lui a présenté Henry Geldzahler, conservateur de l’art contemporain au Metropolitan Museum, avec lequel il a noué une complicité immédiate et durable.
Voir David Hockney en 1963

Le rêve américain, à partir de 1964

L’année suivante en 1964, c’est le départ pour la Californie à Los Angeles. Mais d’abord, il a un poste d’enseignant en dessin à l’université de l’Iowa (il s’est acheté de grosses lunettes à monture noire pour paraître plus âgé) puis dans le Colorado à Boulder, et enfin à l’UCLA. Los Angeles sera à la hauteur de ses rêves, tout l’émerveille, le plaisir sans culpabilité, la chaleur, l’espace, la lumière, le mariage de la modernité et de la nature. Il a adopté la peinture acrylique, il a loué à Venice un studio-atelier.

Toujours ce thème des hommes dans douche.
Voir également :
– Man about to take a shower 1964 Acrylique sur toile 167 x 167 cm
– Man in Shower in Beverly Hills 1964 Acrylique sur toile 167 x 167 cm
Avec des modèles pris sur les magasines.

Voir David Hockney en 1964

Il est toujours embarrassé par cette idée que la mode est toujours à l’abstraction et que lui est figuratif, et il cherche à modifier son style.

Portrait surrounded by artistic devices 1965 tente de mêler abstraction et figuration avec un empilement de cylindres au premier plan. Pour lui c’est un hommage à Cézanne.
Voir un commentaire.

Voir également :
– Rocky Mountain and tired Indians 1965.
Ce sont les peintures de ses deux premières années américaines. Ensuite à l’UCLA, David rencontre en 1965 dans le cours avancé de peinture qu’il avait en charge, Peter Schlesinger, un étudiant de 18 ans (lui en a 29), avec lequel il noue une relation passionnée, qui va durer 6 ans. Dans sa peinture c’est le temps des piscines.

Nick Wilder qui deviendra son premier galeriste Californien, dans la piscine devant sa maison.
Voir également :
– California. Il dit avoir emprunté ici la stylisation de l’eau l’Houroupe de Dubuffet.
– Two boys in the pool 1965
et de nombreuses vues de Peter de dos, Peter sortant de la piscine de Nick (la stylisation de l’eau a changé)..

Hockney adopte peu à peu un format carré, qui est celui des toutes nouvelles photo Polaroid, dont il garde aussi les marges blanches. Sa nouvelle stylisation de l’eau à un tel succès, qu’on lui demande de peindre le fond de la piscine de l’hôtel Roosevelt de Los Angeles. David Hockney peignant la piscine du Roosevelt Hôtel.

Une petite interruption, dans ses travaux, pour illustrer une nouvelle traduction des poèmes de Cavafy illustrations pour 14 poèmes de Cavafy. Dessin avec une ligne claire très épurée, (dessin « Ingresque »).

Puis, le splash 1966 (la gerbe d’eau) associe, sans figure humaine, la rigueur de l’architecture et le geste expressionniste de la gerbe d’eau.

Plus épuré encore sans les montagnes au loin et avec un toit plat “a bigger splash” 1967, la plus célèbre de ses toiles de 1966 construite avec la rigueur de Mondrian.
L’équilibre qu’il cherchait entre figuration et abstraction est ici parfaitement maîtrisé. Contraste avec la gerbe d’eau au premier plan. Il dit “L’éclaboussement lui-même a été peint avec de petits pinceaux et à petits traits. J’aime l’idée de peindre cette chose qui ne dure que 2 secondes parce qu’il me faut 2 semaines pour peindre un événement qui ne dure que 2 secondes”. Voir un commentaire.

Voir les piscines de David Hockney.