La danse et les arts plastiques

Après la deuxième guerre mondiale, c’est aux États-Unis que cette pratique va se développer.

Anna Halprin (1920-2021) a eu au cours de sa longue carrière, une influence considérable dans ce domaine. Admiratrice d’Isadora Ducan et de sa danse libre, elle prônait l’improvisation basée sur l’observation de la nature environnante. À Chicago, elle s’était liée avec tous les exilés européens du Bauhaus, rêvant de faire fusionner toutes les pratiques artistiques. Puis elle s’est installée en Californie avec son mari, architecte paysagiste, elle a fait construire un plateau de danse en plein air, en contrebas de leur maison, sur lequel elle faisait travailler ses élèves selon une méthode bien particulière qu’elle avait inventée : pour qu’ils réent des mouvements sans rapport avec la danse classique, elle leur désignait des tâches à effectuer, courir, ramper, bailler, balayer, grimper … pour obtenir des gestes dansés au plus près des gestes de la vie. Avec sa compagnie, elle aimait investir des lieux banals comme des chantiers, la rue, des parkings.


Anna Halprin
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En 1957 avec Airport hangar, c’est une chorégraphie sur la structure métallique d’un hangar d’aéroport.


Anna Halprin Airport hangar 1957
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Mais sa chorégraphie la plus célèbre est Parades and Changes en 1964, dans laquelle les danseurs se déshabillaient et disposaient sur scène de grands rouleaux de papier de couleur chair, pour dissimuler un peu leur nudité. Ceci lui a valu une amende et une interdiction de rejouer cette pièce aux États-Unis jusqu’en 1995 ! Le film de ce ballet (rejoué en 2006) était présenté en 2020, au musée des Beaux-Arts de Lyon dans l’exposition consacrée au drapé.


Anna Halprin Parades and Changes 1964

Voir performances d’Anna Halprin.

Anna Halprin a contribué à désacraliser la danse en écartant la notion de virtuosité. Elle a accueilli en stage de nombreux artistes et consacré toutes ses dernières années à faire danser les malades du sida, des blancs et des noirs ensemble, des détenus, des personnes âgées etc. Pour elle, la danse est un art-thérapie.


Anna Halprin le souffle de la danse (Bande annonce)

Le Black Mountain College (le Bauhaus américain) était une pépinière de talents. Parmi les enseignants, Merce Cunnigham, chorégraphe majeur du 20e siècle est en recherche permanente avec John Cage le musicien, et ils ont eu, tous deux, des années de complicité avec Robert Rauschenberg. Ils font connaître aux étudiants les pratiques dadaïstes et s’intéressent au hasard comme principe de composition. Comment faire intervenir le hasard pour que chaque représentation soit un évènement particulier et non un spectacle conçu d’avance ?

Variation, en 1966 est une performance expérimentale conçue avec John Cage et Nam June Paik. Sur une scène éclairée par un dispositif vidéo, qui diffuse des images tirées de la télévision, les danseurs évoluent à travers des capteurs sensoriels qui déclenchent des sons, retravaillés en direct par les musiciens. En retour, les danseurs improvisent sur ces sons, et ils en déclenchent d’autres. Une chorégraphie en expansion permanente.


Variations V (1966)

Robert Rauschenberg réalise Pélican en 1963, une performance sur la patinoire de Washington avec deux danseurs en rollers avec un parachute dans le dos qu’il a lui-même chorégraphiée.


Rauschenberg Pélican 1963

On est dans l’expérimentation de procédés nouveaux.

Merce Cunningham a étudié l’art et la danse à Seattle avant d’entrer dans la compagnie de Martha Graham en 1939. Il a enseigné au Black Mountain College et il a créé sa compagnie en 1953. Il était lui-même reconnu comme un danseur virtuose, capable de sauts remarquables.

Quelques-unes de ses chorégraphies avec la collaboration de Rauschenberg :
Minutiae a pour décor un ensemble de panneaux recouverts de BD passées au rouge avec incrustation de tissus et d’objets qui annoncent les “combine painting”.
Les danseurs répercutaient des gestes empruntés aux déambulations des passants qu’ils observaient depuis les fenêtres du studio de danse.


Merce Cunnigham et Robert Rauschenberg Minutiae 1954

En 1958 Merce Cunningham danse avec une chaise, le dossier appuyée à son dos maintenu par une courroie autour de la taille.


Merce Cunningham danse 1958
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Summerspace, Rauschenberg a imaginé de faire fusionner les justaucorps et le fond de scène dans un même esprit pointilliste.


Merce Cunningham, Robert Rauschenberg – Summerspace (rejouée en 2019)

Travelogue en 1977, un festival de couleurs, de bannières patchwork, de chaises et de roues de bicyclette.


Merce Cunningham, Robert Rauschenberg travelogue

En 2000 Merce Cunningham (82 ans) et Rauschenberg (76 ans) se sont retrouvés pour créer Interscape, qui a été présenté à Monaco et à Montpellier-Danse. Une pièce pour 108 musiciens et un violoncelle solo, composé par John Cage (décédé depuis 10 ans). Le décor est une sérigraphie de Rauschenberg sur un rideau de scène transparent.


Interscape (rejouée en 2008)
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Mais Merce Cunningham a aussi collaboré avec Andy Warhol pour Rainforest en 1968 avec des coussins d’argent de Warhol, il a rendu hommage à Marcel Duchamp l’année de sa mort avec Walkaround time, dont le décor était composée de caissons renfermant des pièces détachées du grand verre de Duchamp. En 1978 les décors et costumes de Exchange étaient de Jasper Johns.


Exchange – Merce Cunningham

En 1998 les costumes de Rei Kawakubo pour Scénario, au Palais Garnier, déforme les corps des danseurs. Mais plus encore, Merce Cunningham avait utilisé un logiciel pour créer les mouvements de chaque partie du corps (jambes, bras, têtes) séparément, puis les avait assemblées en studio modifiant considérablement la synchronisation des interprètes.


Merce Cunningham: Scenario

La musique était une sorte de parodie de raga composée par un musicien japonais lorsque les costumes étaient bariolés, puis de la musique occidentale pour violon lorsque les costumes étaient noirs, et enfin un mélange des deux lorsque les costumes étaient rouges. Le tout sur fond de décor blanc clinique. Le spectacle a fait sensation.

En 1999 bipède, au Théâtre de la Ville, les danseurs réels côtoient des danseurs virtuels. Ce sont leurs visages virtuels projetés sur un écran transparent devant les danseurs équipés de capteurs posés sur leur articulation dont leurs gestes avaient été enregistrés et retravaillés par le logiciel life forms.


Merce Cunningham Bipède théâtre de la ville 1999
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Merce Cunningham « Bipède » thépatre de la ville 1999

En 2001 Way Station, le décor a été réalisé par le sculpteur Charles Long dont les grands volumes entre méduses et champignons servent de partenaires et d’abri aux danseurs. Musique exécutée en direct et chorégraphie composée à l’ordinateur.


Merce Cunningham « Way station » 2001
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En 2014 Merce Cunningham pour Dance Works II, a collaboré pour les décors avec Ernesto Neto.

Voir également :


Comment Merce Cunningham a révolutionné la danse

De son côté Rauschenberg a conçu des décors pour la chorégraphe Trisha Brown
Set and reset, en 1983. Les interprètes obéissent à des consignes : sortir, entrer, visible, invisible, et ils évoluent dans un environnement plastique fait d’images projetées sur un prisme qui descend progressivement sur la scène.


Trisha Brown, Robert Rauschenberg « Set and reset » 1983
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It’s a draw, performance dessinée avec son corps et avec du fusain.

Mais comme Anna Alpine, avant d’investir les salles de spectacles, elle préférait les lieux publics, le plein air. Par exemple en 1970 pour Floor of the forest, les danseurs devaient jouer avec des pièces de vêtements suspendues comme sur des cordes à linge.


Trisha Brown, Floor of the forest 1970
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Robert Morris, plasticien sculpteur minimaliste s’est intéressé à la danse car sa femme, Simone Forti, était danseuse. Sa performance la plus célèbre, il l’a réalisée en 1963 avec la danseuse Carolee Schneemann à qui il a fait jouer le rôle de l’Olympia de Manet, blanche devant un panneau blanc, lui ne cessant de se déplacer et de transporter un autre panneau blanc, qui tantôt la masque, tantôt la dévoile.


Robert Morris, Carolee Schneemann Site 1964
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Très minimaliste, une belle façon de réinterpréter les noirs et blancs de Manet.

Parmi les chorégraphes contemporains héritiers de cet esprit de performance, au plus près de la vie, on trouve, Jérôme Bel né en 1964. Formé à Angers, il a dansé dans la compagnie de Preljocaj, assisté Decouflé à Albertville, avant de choisir une forme de danse anti-spectaculaire, proche des arts plastiques et du théâtre. Il dit : “J’organise la subjectivité du spectateur” (il ne lui désigne rien, mais il crée des situations dont chacun va s’emparer en fonction de sa subjectivité). Les danseurs portent leurs propres vêtements. Sa première chorégraphie en 1994, nom donné par l’auteur, montre des danseurs/performeurs qui se comportent comme des objets parmi les objets, sans affect, sans émotion, il crée un sentiment d’inquiétante étrangeté …


Jérôme Bel Nom donné par l’auteur
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Voir une interview de Jérôme Bel à propos de son spectacle, nom donné par l’auteur.

The show must go on, (l’une de ses pièces très connues) est comme un karaoké chorégraphique : les performeurs font exactement ce que disent les chansons populaires que l’on entend, et le spectateur peut éprouver un décalage entre ce qu’il entend et qu’il perçoit. 20 performeurs, 19 chansons et un DJ.


The show must go on – Jérôme Bel

3 – L’héritage expressionniste
la danse comme questionnement existentiel

Héritière de la danse expressionniste allemande, Pina Bausch (1940-2009) a réalisé plus de 40 chorégraphies et a placé la danse à la croisée des arts, entre théâtre, performance et installation. Élève de Kurt Jooss (La table verte de 1932 qui était une caricature de la société des Nations). Elle part ensuite à New York, puis elle a créé en 1973 le Tanztheater de Wuppertal, qui devint l’une des plus grandes compagnies de danse contemporaine.
Ses chorégraphies sont dominées par un questionnement sur l’humain où les corps sont poussés à la limite de l’épuisement, à travers des décors souvent spectaculaires, et elle a bouleversé le monde de la danse.
En 1975 avec son sacre du printemps, elle “revisite”, le ballet composé en 1913 par Igor Stravinsky et chorégraphié par Nijinsky pour les ballets russes.
L’histoire est inspirée par un rite païen russe. Des jeunes filles dansent, insouciantes, mais pour que le renouvellement des saisons puisse se faire, ici le printemps, il va falloir, parmi elles, désigner une victime qui est habillée de rouge, et dont la mort seule permettra l’avènement du printemps. Chez Pina Bausch, la scène est couverte de tourbe qui entrave le mouvement des danseuses, vêtues de robes à bretelles légères, et peu à peu salies. Les hommes portent des pantalons de voile noir, et tous paraissent vulnérables, dans ce combat entre la vie et la mort, la souffrance est partagé, universelle.


Pina Bausch le sacre du printemps (Opéra de Paris 2017)

Chez Nijinsky, le conte russe apparaît clairement dans les costumes, le monde des hommes, qui exige le sacrifice, s’oppose à celui des femmes. Ce qui avait choqué les spectateurs en 1913, c’était les pieds en dedans interdits en danse classique et les dos voûtés.

Il y avait eu aussi en 1959 Le Sacre du printemps de Maurice Béjart très spectaculaire avec ses effets de groupe. En 2013 celui d’Angel Preljocaj, plus sobre et tendu émotionnellement.

Toujours en quête d’émotion humaine universelle, Pina Bausch avec Kontakthof en 1978, explore les rapports de séduction entre hommes et femmes, avec ce qu’ils impliquent de peur, d’espoir, de déception, d’ardeur.

En 1982 Nelken (les œillets). Les fleurs sont plantées sur la scène à perte de vue. Les danseurs avancent avec précaution, ils installent leurs chaises. Des rencontres, des couples, des séparations, des rapports de domination et de soumission, une vision à la fois onirique et réaliste du monde des hommes et des femmes. Un immense défouloir de rêves. On passe du collectif au singulier. Mais à un moment trois maîtres chiens en uniforme viennent contrôler les passeports. (Les œillets sont la fleur de la fierté ouvrière dans l’excès RDA, ou promesse d’amour et de fertilité pendant la Renaissance.)


Tanztheater Wuppertal Pina Bausch – Nelken

Parmi les héritiers contemporains de Pina Bausch on peut évoquer Maguy Marin née en 1951 toulousaine formée à Bruxelles chez Béjart, et elle a aujourd’hui sa troupe en banlieue de Lyon.

En 1981 May B. s’inspire de l’univers de Samuel Beckett. Les danseurs, avec leurs maquillages crayeux montrent une humanité inquiète et en plein désarroi.

En 2004, Umwelt, laisse entrevoir des gens occupés à des activités quotidiennes banales, mais ils sont masqués régulièrement par des panneaux noirs coulissants, un vent se lève de plus en plus violent. On découvre peu à peu que la scène devant eux, se couvre de déchets. Métaphore de l’humanité inconsciente des désordres qu’elle génère.


Magy Marin, Umwelt

Alain Platel né en 1956 belge, mêle dans ses pièces des danseurs, des comédiens, des circassiens et des chanteurs lyriques. Il emprunte à la fois au hip-hop et aux arts martiaux. VSPRS en 2006 met en scène les vêpres de Monteverdi dans un décor de montagnes de sous-vêtements blancs. Vespère en flamand, un surprenant métissage musical, car les vêpres de Monteverdi ont subi un entrelacement subtile d’autres musiques étrangères à son temps et à son style musique tzigane, jazz, etc.

4 – De nombreuses collaborations entre chorégraphes et plasticiens

Roland Petit / Brassaï « le rendez-vous«  1945

Lucinda Childs / Sol Lewitt « danses«  1979

Karole Armitage / Jeff Koons 1989

Angelin Preljocaj / Enki Bilal « Roméo et Juliette«  1990

Angelin Preljocaj / Fabrice Hubert « les quatres saisons » 2005 avec ses POF, Prototypes d’objets en fonctionnement

Dominique Bagouet Christian Boltanski « le saut de l’ange » 1993

Carolyn Carlson Olivier Debré « signes«  1997, chorégraphie très épurée.

Frédéric Flamant / Zaha Hadid « Metapolis » 2000

Frédéric Flamand / Jean Nouvel « Body work«  2001

Carolyn Carlson / Rothko 2013

Wayne McGregor / Olafur Eliasson « Tree of codes«  2017

5 – Des chorégraphie inspirées par l’histoire de l’art

Blanca Li franco-espagnol né en 1964 le jardin des délices en 2009.


Blanca Li le jardin des délices
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William Forsythe, Alignigung, le titre est une combinaison du verbe aligner en français et (Vereinigung) unification en allemand.
Ballet fait d’une sculpture vivante en permanente métamorphose, sans jamais que les danseurs se décrochent l’un de l’autre (ils sont enchevêtrés). Sa référence, c’est Tiepolo et l’impression d’apesanteur de ses corps dessinés et peints.


William Forsythe Alignigung

Tino Sehgal né en 1976 à Londres de père pakistanais et de mère allemande, vit à Berlin. Il a fait des études d’économie politique, puis d’art conceptuel et de danse. Il produit ses “situations construites” dans les musées et les galeries. Kiss, en 2007 se compose de deux danseurs qui se touchent et s’embrassent de telle façon qu’ils reproduisent le baiser de Rodin, le baiser de Klimt, celui de Jeff Koons et de la Cicciolina etc. il l’a présenté en 2010 au Guggenheim de New York avec une autre performance intitulée this progress.
En 2016 il était invité à la fois à l’Opéra de Paris et au Palais de Tokyo où on avait également découvert aussi ses dessins.

6 – Des plasticiens devenus chorégraphes

José Montalvo et Dominique Hervieu, elle est danseuse, il est vidéaste de formation, tous deux dirigent de Centre chorégraphique de Créteil, avec la volonté d’ouvrir la danse à tous les publics, y compris aux jeunes des quartiers défavorisés.
Leurs spectacles sont empreints de poésie car ils mêlent les danseurs en chair et en os à des images oniriques.
Exemple : paradis en 2000

La Bossa Fataka 2008 œuvre collage (le titre envoie à un fragment du poème Karawan d’Hugo Ball (au cabaret Voltaire), avec des animaux plus grands que nature et des interprètes intrépides.


José Montalvo et Dominique Hervieu La Bossa Fataka
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Jan Fabre, né en 1958 est Flamand. C’est un touche-à-tout très doué et qui pratique le dessin, la sculpture, l’installation, le théâtre et la danse. Pour ses chorégraphies, il est autodidacte, mais il sait s’entourer d’excellents danseurs et les pousser à interpréter ses fantasmes les plus baroques.

Le pouvoir des folies théâtrales en 1987 très érotique, s’accompagnait des détails les plus sensuels de l’histoire de la peinture.


Jan Fabre, Le pouvoir des folies théâtrales 1987
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L’histoire des larmes en 2005 à Avignon un chevalier du désespoir, une femme mère le rang en rocher et un chien.


Jan Fabre, L’histoire des larmes 2005 Avignon
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Mount Olympus en 2017, 24 heures de danse-performance évoquant avec démesure la mythologie grecque.


Jan Fabre « Mount Olympus » 2017

Josef Nadj né en 1957 dans l’ex-Yougoslavie (la Serbie aujourd’hui), il a étudié à l’université de Budapest le jeu d’acteur, après avoir fait les beaux-arts et un cursus en l’histoire de l’art et en musique. Il a créé sa compagnie en 1986, le théâtre JEL (= signe en hongrois). On se souvient de sa performance avec Miguel Barcelo paso doble en 2015.


Josef Nadj, Miguel Barcelo Paso doble
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Le cri du caméléon 1995 est une chorégraphie burlesque qui met en scène des danseurs proches de l’univers de Magritte.

Entracte en 2008 met en scène 4 danseurs et 4 musiciens, avec des blocs de glace qui fondent et de nombreux éléments plastiques (par exemple les pieds de la danseuse trempés d’encre rouge).

Les corbeaux en 2010, c’est une performance-peinture pour laquelle il affirme : “Je suis à la fois l’observateur, le pinceau, la peinture et le danseur.”


Josef Nadj, les corbeaux 2010
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Christian Rizzo né en 1965 à Cannes. Il a fait les Beaux-Arts à la villa Arson à Nice avant de bifurquer vers la danse. Il crée des spectacles, il danse, compose des bandes-son et parfois des costumes, et depuis 2015 il dirige le centre chorégraphique National de Montpellier.
En 1999 100 % polyester objet dansant à définir, il a fait danser des robes animées seules sur scène avec une soufflerie et des projecteurs.


Christian Rizzo, 100% polyester 1999

Depuis, il a les moyens de monter des pièces spectaculaires, dont tous les critiques soulignent l’efficacité plastique, et visuelle.
exemple une maison en 2014. Les danseurs évoluent sous un toit de néon, qui métaphorise l’abri, la protection même dans les moments douloureux de la vie, et qui descend progressivement.


Christian Rizzo Une maison, Opéra de Lille

En 2004, Ni fleurs ni Ford Mustang, crée pour le Ballet National de Lyon. Il démarre les corps avec la lumière, et les danseurs disparaissent presque au profit de la danse.


Christian Rizzo, Ni fleurs ni ford Mustang
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Voir un extrait du spectacle.

En 2020 B.C. janvier 1545 Fontainebleau, entre danse, sculpture et espace pictural.
La scène abrite de grandes sculptures noires suspendues au-dessus d’un sol couvert de photophores contenant des bougies allumées. Deux personnages, une danseuse et une figure masquée d’une tête de lapin (c’est le chorégraphe lui-même). Le titre de la pièce fait référence à un récit historique l’artiste Benvenuto Cellini devait livrer 2 sculptures à François 1er et n’ayant pas eu le temps de faire la seconde, il a eu l’idée de créer une installation lumineuse à la bougie autour de la première, une performance avant l’heure dit Rizzo.


Christian Rizzo « b.c, janvier 1545, fontainebleau

Le spectacle se joue entre danse sculpture et espace pictural.

Clément Cogitore né en 1983 à Colmar. Il a fait ses études aux arts déco de Strasbourg puis au studio du Fresnoy et il réalise des photos, des films documentaires, et des installations.
Depuis 2018 enseigne aux Beaux-Arts de Paris. En 2017, il a réalisé un court-métrage de 6 minutes mettant en scène un passage des Indes galantes de Rameau, un opéra baroque dansé par les danseurs de krump, une danse née dans le ghetto noir de Los Angeles après les émeutes de 1995.


Les Indes galantes Clément Cogitore 2017

Ces deux mondes apparemment antagonistes sont réunis par la danse et la musique d’une manière assez spectaculaire. Le directeur de l’Opéra de Paris lui a proposé de mettre en scène ce travail, avec la collaboration de la chorégraphe Bintou Dembélé. La première a eu lieu en septembre 2019 et ce spectacle a reçu de nombreux prix.
Très emblématique de la tendance actuelle au métissage culturel !

Le mot de la fin de Merce Cunningham : “La danse ne nous donne rien en retour, ni manuscrit à vendre, ni peinture à mettre sur les murs ni poème à imprimer, rien que cette sensation unique de se sentir vivant”.

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