Un art pour tout le monde

Autre moment de violence en 2015 lorsque Anish Kapoor a investi Versailles.

Sculpteur minimaliste qui travaille sur des oppositions de contraires (intérieur / extérieur, concave / convexe, terre / ciel etc.)


Anish Kapoor – Shooting into the Corner (2015) Versailles
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Shooting into the corner dans la salle du jeu de paume. Il a installé un canon qui tire dans un coin des morceaux de cire rouge. Tirer à boulet rouge. Rappel des violences de toutes les révolutions.

Dans les jardins il avait réalisé ceci :


Anish Kapoor – Dirty Corner (2015) Versailles
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Anish Kapoor – Dirty Corner (2015), il aurait parlé de « vagin de la reine qui prend le pouvoir » dans une interview au JDD, (il s’en est défendu par la suite, déclarant au Figaro du 8 juin : « Je ne suis pas sûr d’avoir dit cela, ni de l’avoir dit de cette manière« ) provoquant la colère de sites d’extrême droite.
L’oeuvre a été vandalisée.

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Gilbert et George disent qu’ils souhaitent que leur art s’adresse à tous car ils trouvent que l’art moderne a trop souvent confisqué l’art au grand public en le réservant à une élite qui en comprend le sens. Les thèmes qu’ils traitent sont accessibles au grand public, mais une explication préalable est nécessaire pour apprécier toute la portée de leur travail.

Les nouveaux commanditaires

Il existe une procédure originale (les nouveaux commanditaires) de commande publique.
Une tentative de démocratie participative.
Créé par la Fondation de France, en 1993, L’idée est que des personnes privées, ou une collectivité peuvent avoir envie de commander une oeuvre d’art. Alors un médiateur aide à définir la demande et propose 2 ou 3 artistes qui vont proposer des projets. Le commanditaire privé choisira l’artiste. L’artiste sera rémunéré par la fondation de France, et la fabrication de l’oeuvre sera à la charge du commanditaire.
Exemple de ce type de réalisation :


Gloria Friedman – Le carré rouge (1997) Route de Santenoge, 52160 Villars-Santenoge
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Gloria Friedman le carré rouge. En 1996, au sud du plateau de Langre, un propriétaire voulait construire un abri sur son terrain pour accueillir des gens. Il a fait appel à Gloria Friedman qui lui a proposé une peinture dans le paysage. L’abri est conçu pour six personnes, le sol est en terre battue. Immersion dans paysage. Depuis son ouverture l’abri est loué par clientèle locale et internationale.
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Pierre Malphette Les optiques limousines (2013)

Le réseau des fermes ouvertes en Périgord qui est à l’origine de la commande, pour la promotion de leur association.

Série de portraits par Yan Pei Ming au restaurant de université de Bourgogne (qui avait été fréquenté par Yan Pei Ming lors de son arrivée à Dijon), le personnel peut affirmer son identité Dijon.
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Cette procédure permet de faire appel à des artistes connus mais aussi à de jeunes artistes d’avoir des commandes.

Démarches d’artistes qui investissent l’espace public sans passer par une commande publique

Christo qui barre la rue Visconti en 1962 avec un mur de barriques de pétrole, pour protester contre la construction du mur de Berlin.

Nicolas Iriburu coloration en vert des eaux à Venise pour sensibiliser les habitants sur la pollution des eaux.

Fred Forest (artiste sociologue) louait des espaces de presse qu’il laissait en blanc pour que les gens s’expriment librement.
Il a également organisé en à 1973 Sao Paulo une manifestation avec des pancartes blanches pour protester l’envahissement des publicités.


Barbara Kruger – Bus scolaire (2012) Californie
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Barbara Kruger Bus scolaire avec des inscriptions montrant l’importance de l’art.
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Jenny Holzer – To die of love is beautiful but it’s stupid (2017)
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Jenny Holzer utilise des lettres pour faire passer ses messages. To die of love is beautiful but it’s stupid (mourir d’amour c’est beau mais c’est stupide) ou ici à propos de la religion (à Sienne).
Voir également :
La liberté de choisir.
Messages assez forts dans l’espace public.


Guérilla girls- Inégalités hommes-femmes
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Guérilla girls. Groupe féministe américain qui dénonce les inégalités hommes-femmes.
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Banksy – Le père de Steeve Jobs était un réfugié syrien (2015) Calais
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Banksy le père de Jobs était un réfugié syrien.
Voir également :
Brexit.

Les réseaux sociaux relayent rapidement aujourd’hui les artistes comme l’a fait JR, à la Belle de Mai à Marseille, en travaillant avec la population du quartier en demandant aux habitants d’apporter leurs photos de famille.

Il peut également interpeller tout Paris en intervenant au Panthéon durant les travaux de réfection.


JR – Le Panthéon (2014) Paris
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JR Le Panthéon. Il représente le peuple qui rentre dans le Panthéon.
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Des oeuvres participatives, interactives, immersives


Joël Hubaut – La place rouge à Deauville (1996)
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Joël Hubaut – La place rouge à Deauville. Ludique événementiel.
L’annonce est passée par voie de presse : celle d’un rendez – vous ludique et participatif, qui sous forme de calembour visuel travaille dans le champ de codes sociaux.

Comme les pénétrables de Soto, des sculptures qui n’ont d’intérêt que si les gens les traversent.

Quand James Turell crée des espaces de lumière coloré, fait vivre au spectateur une émotion


Olafur Eliason – The weather project (2003) Tate Londres
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Olafur Eliason – The weather project (2003). Il reconstitue une aurore boréale. Les espaces paraissent immenses, les spectateurs sont enthousiastes (2 000 000 de visiteurs).
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Le public est friand d’émotions fortes ressenties collectivement.

C’est également ce que fait Yayoi Kusama (avec moins de réussite) dans Infiniteus (miroir de l’infini).

C’est aussi le cas avec :


Pipilotti Rist – Pixel forest Luma Arles (2018)

Elle nous fait pénétrer dans une sorte de forêt lumineuse réalisée avec beaucoup de minutie, avec les bruits de la forêt.

La Villette au delà des limites, avec une cascade de lumières.

Toutes ces oeuvres immersives, accessibles à tout le monde, procurent des émotions sensorielles immédiates, mais qui ne laissent pas de longues traces.

Lynn Hughes perversely interactive. La projection vidéo commence par l’image d’une femme avec le dos tourné. Au fur et à mesure que le participant apprend à réduire son stress et son niveau de transpiration, la femme à l’écran se retourne progressivement et avance vers le participant.
Expérience sans doute un peu infantilisante pour les spectateurs.

L’art c‘est cher, acheter de l’art est inaccessible … pas toujours

C’est l’anglais Will Ramsay qui eut l’idée, à la fin des années 90, de créer un rendez-vous annuel permettant aux galeristes internationaux et aux amateurs d’art de se rencontrer. AAF= Affordable Art Fair (Foire d’Art Abordable).

Voir les affiches de la campagne de publicité.

En 1958, lorsqu’on a créé pour André Malraux, le premier ministère de la culture on n’a pas osé l’appeler ministère de l’art. L’ambition cependant, était d’assurer le lien entre art et la société. Pour Malraux, l’art c’est ce qui relie les hommes autour d’un phénomène solitaire, magique, par sa fonction éclairante et libératoire.
Aujourd’hui, on constate que le mot Culture, (proche du mot loisir dans les médias) est devenu une obligation pédagogique. Le travail de popularisation de l’art est fait, mais on constate que la réception sans formation préalable de l’art contemporain reste difficile, lorsqu’elle heurte des sensibilités politiques, ou religieuses. L’incompréhension suscite souvent l’agressivité, d’où l’importance de l’éducation artistique. Restent les oeuvres ludiques, de street art, qui sont peut être infantilisantes, mais décoratives, et les installations immersives qui permettent des émotions éphémères.
Lorsqu’un artiste provoque le public par des oeuvres délibérément provocantes, il recueille en général la polémique, mais cette polémique lui sert de publicité. De plus en plus d’artistes proposent des choses qui font polémique.
Hannah Arendt dans la crise de la culture prédisait que l’art pour tous se serait la dégradation jusqu’à la destruction de l’art au profit des objets culturels. « Le résultat est non pas, bien sûr, une culture de masse qui, à proprement parler, n’existe pas, mais un loisir de masse, qui se nourrit des objets culturels du monde« .

L’art est-il pour tous ?