Stelarc – Extra hear (2006)
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« L’extra hear » (projet conçu en 1996 et réalisé en 2006), l’oreille qu’il a fait implanter sur son bras et différente : cette fois il s’agit d’une technologie insérée dans le corps.
Les chirurgiens lui ont inséré dans le bras une structure en biopolymère qui s’est progressivement recouverte de la peau de l’artiste. Stelarc veut y insérer un micro miniature connecté à Internet qui enregistrerait les bruits ambiants, et une sorte de GPS qui permettrait aux internautes de le suivre dans ses déplacements. Hélas à la suite d’une infection il a dû y renoncer. Du coup il a créé une grande sculpture (le moulage a grandi de son bras) sur laquelle il s’est allongé… et dans certains lieux d’art apparemment lui demande de rejouer « les suspensions » en même temps !
Stelarc – Pink body (1996)
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Dans Pink body (1996) son corps est connecté à l’Internet qu’il utilise comme un système nerveux externe.
Du coup le « corps involontaire » c’est quand l’ordinateur se substitue au cerveau pour programmer les mouvements de l’homme. Stelarc décontracte ses muscles d’un côté, et se laisse « agir » par la machine.
Stelarc – Artiste : Mécanique du corps – Le corps obsolète
Stelarc – Split body (1996)
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Il y a aussi split body ou des personnes à distance peuvent piloter la moitié supérieure de son corps, connectée à une interface, qui en lui envoyant du courant électrique, contracte ses muscles.
« Je ne vois pas le corps comme le site de la psyché ou de l’inscription sociale qui présuppose une sorte de moi, mais comme un appareil biologique qu’on peut re-designer. »
On le voit son imaginaire est issu de la cyberculture exemple le personnage de Wolverine dessiné par l’illustrateur Barry Winstore-Smith est un mutant auquel on a injecté le métal le plus résistant de tout l’univers.
Stelarc – Protetic head (2003)
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En 2003 il réalise Protetic head, c’est une numérisation en 3D de la tête de Stelarc, qui est programmée de façon suffisamment fine, pour pouvoir entretenir une conversation dans un jeu de questions-réponses. Ses yeux sa bouche s’animent mais aussi les expressions de son visage. Stelarc en fait la démonstration à Glasgow, Londres, et Toronto. A noter : l’avatar détecte la présence d’un utilisateur, et peut lancer lui-même la conversation. (il détecte la couleur des vêtements par exemple).
Stelarc – Walking head (2003)
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Walking head (tête marchande) est un robot de 2 mètres de diamètre muni de 6 pattes autonomes. Un écran d’ordinateur est monté verticalement sur un châssis, et montre l’image d’une tête humaine. L’écran est capable de pivoter. Le robot est muni d’un détecteur d’ultrasons et la présence d’une personne en face de lui déclenche une réaction chorégraphique générée par la sélection de mouvements préprogrammées.
Stelarc – Blender
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Blender (sa dernière œuvre) est le mixage dans un blender (mixeur industriel) de la graisse de son torse (après liposuccion) avec d’autres matières organiques. Elle est montrée sous forme d’installation.
Stelarc considère que le corps humain est obsolète, et envisage un avenir dans lequel le corps biologique est mêlé à des composants robotiques ou électroniques. C’est un expérimentateur inlassable. Parallèlement il est directeur du laboratoire d’anatomies alternatives à l’université de Curtin en Australie occidentale.
Eduardo Kac né en 1962 et brésilien il a fait des études à Chicago et il est considéré comme le pionnier du bio art.
Eduardo Kac – Telepresence Gardment (1996)
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En 1996 il a porté à Chicago un vêtement de téléprésence (Telepresence gardment) pendant qu’à Saint-Pétersbourg d’autres personnes contrôlaient ses déplacements.
Ainsi équipé avec cette cagoule opaque, il avait l’air d’un cyborg au mouvement malaisé. La cagoule était équipée à gauche d’une caméra et à droite d’un récepteur audio. « La distance physique est à la fois effacée et réaffirmée par les nouvelles technologies. La question est de savoir comment les technologies de communication affectent nos façon d’acquérir ou de créer du savoir. »
Eduardo Kac – Time capsule (1997)
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En 1997 avec « Time capsule » il a implanté dans sa jambe un microcircuit qui a inscrit son identité dans une base de données d’identification des animaux perdus !
Eduardo Kac – Alba (2000)
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En 2000 il est surtout connue pour Alba, un lapin albinos fluorescent (vert) parce qu’on lui a ajouté des gènes de méduse. Voir un commentaire.
Plus précisément il avait présenté Alba comme le fruit de son travail avec l’aide de chercheurs de l’INRA à Jouy-en-Josas. Depuis l’INRA a démenti publiquement affirmant que c’est eux qui avait conçu Alba dans le cadre de leurs recherches et qu’Eduardo Kac leur avait demandé l’autorisation de la présenter dans le contexte d’une de ses expositions ceci a créé une polémique…
Voyons comment la question du posthumain a été traitée toujours dans les années 90 par les sculpteurs masculins (comme chez les femmes Patricia Piccinini).
Charles Ray est né en 1953 à Chicago. Il a présenté en 1993 un groupe sculpté « Family romance ».
Charles Ray – Family romance (1993)
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Ses personnages ressemblent à des mannequins de vitrine à cette différence près qu’il sont sexués. Ils ressemblent à une famille : père, mère, 2 enfants, à cette différence près qu’ils ont tous la même taille, une taille d’enfant.
Ils se donnent la main, mais sont totalement inexpressifs et le spectateur est libre d’interpréter tous ces décalages. Là est-ce le résultat d’une manipulation génétique ou bien l’artiste veut-il matérialiser le pouvoir excessif que les enfants exercent sur leurs parents ?
La plupart des sculptures de Charles Ray offrent ainsi des possibilités d’interprétation diverses.
Certains ont pu voir, il y a 4 ans, à la pointe de la douane à Venise son enfant à la grenouille, nu, qui semblait présenter sa bestiole au Grand Canal.
Charles Ray – Enfant à la grenouille (2013)
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Jake et Dinos Chapman sont deux frères né en 1962 et 1966 en Angleterre dans les années 1990 ils ont choqué en présentant des mannequins féminins de fillette, désarticulés, démembrés, accolés les uns aux autres pour composer des « corps monstrueux ».
Jake et Dinos Chapman – Mannequins
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Nues, mais chaussées de baskets elles apparaissent comme des aberrations biologiques à côté desquelles les poupées de Hans Bellmer semblaient infiniment plus érotiques que monstrueuses.
Jake et Dinos Chapman – Zygotic accélération
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Dans un de ces groupes intitulé « Zygotic accélération », les visages des fillettes sont défigurés par des sexes et des orifices. Là encore de quoi nous parlent ces artistes ? Connaissant la suite de leur travail, qui s’attache à faire l’inventaire du mal, et de toutes les formes de violence que les hommes exercent sur d’autres hommes, on peut émettre l’hypothèse qu’il s’agissait d’évoquer les agressions sexuelles subies par les enfants.
Bernard Lallemand est né en 1947 à Villeneuve-Saint-Georges. Enseignant à l’École des beaux-arts de Rouen, il mène à travers son travail plastique une réflexion sur le corps humain, ses représentations et son instrumentalisation, et sur les rapports ambivalents qu’entretiennent l’organique et le technologique. Lui aussi utilise des mannequins de vitrine, dont il relie les orifices par une tuyauterie, laissant penser que le corps est ainsi capable de se suffire en autarcie, recyclant ses sécrétions… et incapable par contre, de communiquer avec les autres. Le titre de cette série est explicite « Une vie de rêve » !
Bernard Lallemand – Une vie de rêve
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Par ailleurs son travail n’est pas toujours aussi figuratif.
Bernard Lallemand – Néocortex 2
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« Néocortex 2 » se présente comme une photo de revue médicale. Mais malgré le titre, il ne faut pas chercher de quelle zone du cerveau il s’agit puisque en fait, c’est un réseau routier, avec l’idée que la voiture s’est emparée, en quelque sorte, de notre cerveau.
Pour finir sur ses note optimiste, voici deux photographes:
Antony Aziz né aux Etats-Unis en 1958 et Sammy Cucher, péruvien né en 1961, signent ensemble leurs travaux sous le nom de Aziz + Cucher, depuis leur rencontre en 1990 à l’Institut d’Art de San Francisco. Pionniers en matière d’image numérique ils se sont fait remarquer en 1994-95 par les grands portraits de la série Dystopia qui ont été manipulés numériquement pour boucher les orifices du visage : yeux, bouche, narines, oreilles, qui sont recouvert de peau.
Aziz & Cucher – Série Dystopia, (1995)
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Conclusion sur le « post humain » vu par les artistes :
Des monstres, des clones, des androgynes, des ajouts de prothèses, tels sont les corps proposés par l’imagination des artistes. On oscille entre le fétichisme technologique et le nihilisme sexuel. Mais constatons que la majorité de ces pratiques datent des années 90 alors que les recherches biomoléculaires étaient débutantes et généraient toutes sortes d’interrogations.
Parmi les œuvre les plus récentes on a vu l’idée du corps soumis à internet (chez Stelarc par exemple) et celle de l’humain métissé, du croisement entre les ethnies (chez Orlan) et entre les êtres vivants (Marion Laval-Jeantet) et l’apparition d’artistes chercheurs, au croisement des deux domaines scientifique et artistique.