Gérard Garouste
Sommaire : Gérard Garouste
Gérard Garouste né en 1946
Il a aujourd’hui une renommée internationale. Ses débuts ont été difficiles, il était perçu comme aveugle à la modernité.
Il a publié en 2009 l’intranquille une autobiographie, qui nous donne des clés pour comprendre son art.
Il n’a pas digéré son enfance, il est issu d’une famille petite bourgeoise, inculte, pleine de certitudes et de préjugés. Son père possédait des magasins de meubles et durant la guerre, récupéra les biens des juifs déportés. Il était violent raciste et fier de l’être. Le père n’a jamais regretté son passé. Il fait une scolarité catastrophique, replié sur lui même. A l’age de 10 ans son père l’emmène voir un neurologue, qui lui conseille de le mettre en pension. Il est placé en pensionnat, avec d’autres adolescents de parents fortunés, à l’école du Montcel à Jouy-en-Josas, où il rencontre Patrick Modiano et Jean-Michel Ribes, Francis Charhon, devenus amis indéfectibles et qui deviendront célèbres… Il était heureux loin de sa famille. Il s’est fait exclure du pensionnat à l’âge de 17 ans.
Voir des citations de Gérard Garouste de son livre.
Il suit ensuite les cours des beaux arts à Paris, il dit n’y avoir rien appris. Contexte de la fin de l’histoire de la peinture avec Duchamp, l’art conceptuel Buren, Viallat. Il se marie avec Elisabeth, qu’il a rencontré au lycée et qui est designer. Elle a travaillé avec Stark. Elle est issue d’une famille juive d’origine polonaise. Pendant ces années difficiles son seul refuge fut chez son oncle tailleur de pierre en Bourgogne, qui accueillait des enfants de la DASS.
A la fin de cette période, il est dépressif, qualifié de bipolaire par les médecins. Pendant 10 ans il va avoir peur d’être fou. Il a régulièrement des crises de délire, lors des émotions fortes.
Voir Gatrouste délires et dépressions.
Le classique et l’indien 1972. Mythe personnel. Un duo indissociable entre un homme formaté à la vie sociale, qui accepte les règles, et l’Indien le sauvage, la folie, l’incontrôlable, l’intuitif, le rebelle. Il a la même idée que Friedrich Nietzsche, dans Naissance de la Tragédie, qui explore les polarités de ces deux sensibilités contraires. Il se sent selon les moments comme le classique ou comme l’indien. Ces deux personnages ont besoin l’un de l’autre.
En 1977, il présente au Palace Le Classique et l’Indien, spectacle dont il est l’auteur, le metteur en scène et le décorateur. Le spectacle a été rejoué en 2011 au théâtre du rond point.
Adhara 1981. Il fait des peintures pour décorer une boite de nuit le Palace. Il utilise des techniques anciennes. Au début, il a été catalogué comme décorateur.
L’année 1982 marque le début de sa reconnaissance internationale avec une exposition à New York, à la Holly Solomon Gallery. D’autres suivront, chez Leo Castelli et Sperone et à l’exposition Zeitgeist à Berlin où il est le seul artiste français invité.
Gérard Garouste – Orion le Classique Orion l’Indien (1981) 250 x 295,5 cm Centre Pompidou Paris
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Voir également : Personnage d’Orion. Ces personnages sont dans la nuit guidés par un chien.
Peinture qui peut ressembler la peinture maniériste.
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Gérard Garouste – Orthos et le classique (1981-82) Fusain sur papier 256 x 295 cm (Centre Pompidou Paris)
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Grands dessins au fusain d’Orthos le classique. Un chien à deux têtes qui regarde à la fois vers le passé et vers l’avenir. Voir un commentaire.
Voir un commentaire sur le classique et l’Indien.
Il admire beaucoup Le Tintoret. Dans son désir de revenir aux bases classiques de la peinture. Il prépare lui même ses toiles et ses pigments.
Orion et Cédalion thème traité également par Poussin.
Orion a la figure du commandeur avec un soleil gravé sur la poitrine. Il se cherche au niveau du style. Torsion des personnages déhanchement (maniérisme).
Gérard Garouste – La barque et le pêcheur, le pantalon rouge (1984)
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La barque et le pécheur, le pantalon rouge est proche de Delacroix, c’est un magnifique exemple de la remise à jour de la ‘peinture historique’ menée par Gérard Garouste, dans les années 1980. Garouste admire les grands maîtres, tels que Tintoret, Le Gréco et Delacroix, mais ne se contente pas simplement de les copier. Il prolonge plutôt l’histoire de la peinture classique en lui apportant une modernité singulière, créant ainsi son propre vocabulaire pictural. « Il y a d’abord une cohérence très classique et j’enfreins ensuite la règle à l’intérieur d’une notion classique, sans jamais toucher à ce qui serait hors des normes de la peinture à l’huile, en jouant avec toutes les ficelles de la peinture classique du XVIIIe siècle et de son vocabulaire ; les empâtements, les profondeurs, les passages, les embus » (Gérard Garouste, cité dans A. Gagbert, Gérard Garouste, Paris, 1996,
Mais les vraies questions de ce tableau sont : Comment peindre un nu ? Comment peindre un tissu ? Comment peindre un paysage ?
L’homme à la veste verte 1984. Un peu cotonneux.
Le défi du soleil commande publique parc de saint Cloud. Destinée au départ aux jardins du palais royal.
Hors du calme série exposée à la Galerie Liliane & Michel Durand-Dessert.
Au milieu des années 80, l’artiste produit une série de tableaux inspirée par la Divine Comédie de Dante. (Extrait de Dante : Hors du calme dans l’air qui tremble, en un lieu où la lumière n’est plus). Garouste abandonne sa figuration maniériste et un peu cotonneuse pour une figuration très allusive, frolant l’abstraction.
Dans la traversée de l’enfer, Virgile guide les pas de Dante au cours d’une initiation à la connaissance. Savoirs et symboles s’y mêlent, appartenant à différents registres – la politique, la famille, la mythologie, la philosophie, l’amour -, et tissent un réseau de sens très dense. L’écrivain passe d’une sphère à une autre, du singulier à l’universel, suggère, signale mais ne fixe pas. Le sens y affleure, toujours sur le mode allusif, masquant en profondeur d’autres niveaux de lecture. Il n’y a pas de voie unique et pas de temps linéaire. Avec son langage foisonnant d’images, l’Enfer est un tremplin pour l’imagination de l’artiste.
Gérard Garouste – Phlegyas, Dante et Virgile (1986) Huile et vernis sur toile 200 x 235 cm
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Sur un bateau, Phlegyas, fait passer Dante et Virgile sur la rivière le Styx. Formes indistinctes. Voir un commentaire.
La découverte de l’œuvre de Dante est pour lui déterminante. « Avant Dante, dira t-il, je cherchais un sujet, après Dante je l’ai trouvé pour toujours. » C’est la quête de sens. La peinture est désormais un outil de travail au service de cette quête.
Cette lecture va l’ouvrir à un grand désir d’apprendre, et lui a donné le sens qu’il cherchait à son oeuvre et à sa vie. Idée d’une errance a travers ses coups de cœur.
Manto (1986), 235 x 200 cm Collection particulière, voir un commentaire, voir également Inferno Dante et Virgile.
Il restitue une ambiance, avec des ombres qui errent, qui n’ont presque pas d’identité.
Simultanément il commence en 1987, une nouvelle série, les Indiennes.
Les indiennes sont une série de grandes peintures sur toile de lin brutes pas disposées sur un châssis. Peinture à l’acrylique, très grand format, très théâtrale et très décorative.
Gérard Garouste – Indienne (1988) 215 X 497 cm, Collection particulière de l’artiste
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Mélange de couleurs et de non couleur. Grand succès toiles très décoratives. Période que l’on ne montre plus.
Installation à la fondation Cartier Jouy en Josas, et au CAPC de Bordeaux.
Gérard Garouste – Rideau de scène du théâtre du Chatelet (1989)
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Rideau de scène du théâtre du Chatelet. Très apprécié va bien avec la musique.
C’est également un sculpteur proche de la peinture avec des effets d’aile au dessus.
Il aborde ensuite une figuration plus radicale. En 1994 commande pour le palais de justice de Lyon. Il réalise 35 panneaux muraux dans la salle des pas perdus.
Il mêle peinture sur faïence et éléments de fer forgés.
Gérard Garouste – Vitrail principal ND de la terre et du ciel (1997) ND de Talant
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Vitraux Notre Dame de Talant (1997). Vitrail principal ND de la terre et du ciel. Il est dans la tradition des vitraux. Baies présentation des quarante-cinq vitraux réalisés par Gérard Garouste, en 1996-1997, pour Notre-Dame de Talant, dans l’agglomération dijonnaise. Autre vitrail.
Ce travail lui a donné une envie d’une figuration plus précise. Il a rencontré le rabbin Ouaknin. Il apprend l’hébreu. Avec le rabbin, il analyse les jeux interprétatifs des textes anciens. En hébreu un même mot a plusieurs significations. Il découvre que les choix de la religion chrétienne sont sclérosants,
Il illustre le texte de la Haggada.
Il réalise ensuite un ensemble de toiles liées à cette première découverte des textes hébraïques.
Série Tal la rosée à la Galerie Liliane & Michel Durand-Dessert (2001 – 2002).
Korban (veut dire sacrifice en hébreu), renvoie à une scène de la Tora qui raconte que lorsque quelqu’un était guéri de la lèpre, (la lèpre était la maladie due à la médisance), sa guérison se par l’usage de deux oiseaux, l’un était sacrifié, et l’autre imprégné du sang du premier était relâché. Idée de savoir renoncer à certaines traditions, d’aller vers l’avenir, le futur en n’oubliant pas l’enseignement des choses du passé. Il s’amuse à illustrer au pied de la la lettre cette légende.
Beaucoup de puits dans cette exposition.
Le mot puits en hébreu est lié au verbe qui signifie interpréter. Le puits est une image de la pensée qui descend en profondeur. Le puits était également le lieu où on jetait les hérétiques durant l’inquisition.
Gérard Garouste – La rosée hommage à Cervantes (1997) Peinture sur toile en 3 parties et et relief en fer forgé de 9 m X 14 m
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1996 commande d’une oeuvre pour la BNF. Dans l’espace des chercheurs, il réalise un très grand triptyque 14 m sur 9 avec du fer forgé. Il représente l’arbre de la connaissance, géré comme des enluminures médiévales. Il y a à la fois des thèmes bibliques, des thèmes liés à Dante, et d’autre liés à Cervantès et Don Quichotte. Le titre : La rosée hommage à Cervantes.
En 1987 – 1988 il réalise une série de peintures sur Don Quichotte. Il a trouvé dans le texte de Cervantès une mine de réflexions, fourmillement de sens. Il en a tiré des illustrations au pied de la lettre.
Le vol du grison. Désir de montrer la folie de Don Quichotte il a inventé des torsions du corps avec des formes improbables.
Le chevalier de la blanche lune. Grande inventivité.
Livre Don Quichotte, fruit d’une collaboration avec Diane de Sellier en 1998 illustré par 150 gouaches. Il a retrouvé dans ce thème le classique et l’indien. Thème du double. Il se sent comme un peintre anachronique et il s’identifie à Cervantès. Cervantès avait des affinité avec le peuple juif, et dans son roman on trouve des critiques voilées de l’inquisition. Grande inventivité sous un aspect naïf.
Voir entretien avec G. Garouste.
Il réalise en 2001 pour la fondation Cartier ellipse. Il a beaucoup emprunté à Goya. Voir un commentaire.
Kezive la ville mensonge 2002 Série d’huiles sur toile relatant l’histoire biblique de Juda et Tamar. Rencontre de Juda avec sa belle fille déguisée en prostituée. Le vieillard et la prostituée. En chaque tableau s’ouvre une pluralité de lectures et d’imaginaires. Il utilise des anamorphoses, personnage au prise avec son inconscient.
Cela donne à Garouste l’occasion de parler de désir, de généalogie, de sexualité, de tromperie…
L’antipode (1999 – 2000)La prostituée aux anamorphoses 1999/00. Huile sur toile, 89x116cm.
Il utilise des anamorphoses, comme Holbein dans les ambassadeurs.
L’anamorphose cherche à dire le subconscient.
Portraits (2004)
Il réalise des portraits figuratifs de son entourage. Il réalise des portraits car ceux-ci font partie de la tradition de la peinture.
Il veut aller au bout de la figuration, il dit : Je veux que le message psychologique soit très clair et très visible et presque me débarrasser des effets de style
Portrait de Daniel Templon son galeriste avec le porte bouteille de Duchamp.
Elisabeth, son épouse (2004) créatrice de meubles, bras et jambes disloquées.
Auto portrait. Pieds retournés mains très allongées, dimension poétique.
Gérard Garouste – Tour de passe passe (autoportrait) (2002) Huile sur toile. 130 x 97 cm
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« Tour de passe-passe (autoportrait) », 2002 – huile sur toile – « L’anamorphose est la clef de cet autoportrait. Elle pose la question de la ressemblance à travers le réel déformé… Elle crée un “entre-deux” du visible qui nous renvoie à l’inconscient. Ce tour de passe-passe est un jeu où l’inconscient devient un prestidigitateur qui manipule la vérité de l’identité. »