Cours du 18 mai 2015

Arte Povera (2)

Sommaire : Luciano Fabro, Giovanni Anselmo, Giulio Paolini, Alighiero e Boetti, Claudio Parmiggiani, Gilberto Zorio, Pier Paolo Calzolari

Ces artistes s’expriment surtout à, travers des installations, et ils ont popularisé ce mode d’expression.


L’énergie des matériaux: arte povera et minimal art à Hôtel de Gallifet Aix en Provence 2014

Luciano Fabro (1936 – 2007).

Il a produit des sculptures, des environnements, des écrits théoriques. Il utilise le bronze, le verre, le tissu, l’onyx, le marbre.


Luciano Fabro – Miroir transparent (1965) 205 x 95 cm Collection du Fonds régional d’art contemporain de Bourgogne (France)
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1965 miroir transparent. Composée pour moitié d’une surface réfléchissante et pour moitié d’une vitre transparente
L’idée de la transparence traversée du regard, et du retour sur soi. Voir un commentaire.


Luciano Fabro – In cubo (1966)
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Il s’agit d’un cube de toile à cinq faces, le côté ouvert étant posé sur le sol. Réalisé selon les mesures de l’artiste, il peut se percevoir de l’extérieur comme une œuvre minimale. Forme neutre qui prend son sens lorsque l’on est à l’intérieur. Symbolise le repli sur soi, on est visible ou invisible pour les autres.

Cube miroir (1967). Il synthétise les deux oeuvres précédentes. Un acteur est placé à l’intérieur du cube recouvert de miroirs, son image est reproduite a l’infini.


Luciano Fabro – Cube de verre (1967) 200 x 200x 200 cm installé en 1973 au Castello de Rivoli à Turin
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Le dispositif reprend l’apparence générale d’une salle de spectacle, cependant, l’objet offert au regard est un grand cube fait de miroirs, placé au centre de rangées de chaises entourant respectivement chacun de ses côtés, faisant ainsi office de plateau. Une fois installés, les spectateurs font face à leur propre reflet sur l’une ou l’autre des faces du cube aux proportions humaines. En outre, celles-ci sont coulissantes afin que l’on puisse pénétrer en son sein, et que l’on en découvre les six faces internes elles aussi couvertes de miroirs. Enfin, l’ensemble est équipé d’un système de sonorisation qui permet une diffusion externe des paroles prononcées à l’intérieur. Si le public ne peut entendre les propos qu’au travers d’une diffusion sonorisée par la voie de micros et haut-parleurs, l’acteur, lui, n’a aucun accès aux événements extérieurs.

Les spectateur qui vient en général voir le spectacle d’un autre se retrouve face au spectacle de lui-même.


Luciano Fabro – Lo spirato (La mort) 1967 197 x 80 x 32 cm installé en 1973 au Castello de Rivoli à Turin
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Lo spirato est un gisant en marbre, un corps sous un linceul en train de disparaître au niveau du torse. Allégorie du Temps, le voile a gardé l’empreinte, c’est-à-dire le volume du corps. L’œuvre entre dans la lignée de la sculpture religieuse – Fait penser au christ voilé de Guiseppe Sanmartino (chapelle Sansevero de Naples) – tout en étant traitée avec une manière très personnelle.
Il s’est fait photographié, allongé. Il a plâtré son corps avec les plis du drap.
Comme si le corps avait été aspiré par la matière.

En 1969, il mime sur scène la lecture d’un jésuite qui retrace la décomposition du corps humain.


Luciano Fabro – Tamerlan (1968)
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Tamerlan. Masque de bronze dont l’empreinte a été exécutée «sur le vif» en gardant les deux tubes qui permettent au modèle de respirer. Il a doré ensuite le masque à la feuille.

Conçu pour décorer une fontaine du Bernin, à Rome, Io (1978) est une cavité ovoïde dont l’intérieur porte l’empreinte du corps de l’artiste, en position fœtale, et l’intérieur fut dorée pour donner une plus forte impression d’espace. L’œuf repose sur un lit en pâte à pain – une ‘matière vivante’ évitant le traditionnel aspect morbide des fontaines.


Luciano Fabro – Iconographie (1975) Museum Van Hedendaagse Kunst, Gand
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Grande table rectangulaire recouverte d’une nappe blanche et sur laquelle sont disposées de larges coupes en cristal remplies d’eau et contenant des morceaux de verre gravés du nom de personnalités poursuivies pour leurs idées, telles qu’Olympe de Gouges, Malcolm X, Pasolini… « Je n’ai jamais rien conçu qui fut moins sublimé, plus lourdement chargé de sens et cependant si frivole quant à la forme« , déclare Fabro à propos de cette œuvre.
Idée d’un martyre.


Luciano Fabro – Série des pieds (1975)
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Fabro conçut une quinzaine de Pieds (1968-72), des sculptures en deux parties : un lourd pied – en verre, en marbre ou en bronze – surmonté d’une tige enroulée dans du tissu et apparaissant comme beaucoup plus légère. Selon le regard qu’on leur porte, les Pieds peuvent être vus comme des détails de statues antiques ou comme des arbres.

Série des cartes d’Italie. une déclinaison dans différents matériaux, et selon des installations variées, du motif de la carte de l’Italie.


Luciano Fabro – Italia d’oro (1968) 91.5 cm Bronze doré
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Italia d’oro, carte suspendue à l’envers.

Latin lover (1971). Carte découpée dans du verre et enserrée dans des feuilles de plomb.

Selon les matériaux il dit des choses différentes.

Réalisé en peau, suspension murale.

Dans l’espace deux cartes qui se mêlent entre deux immeubles.

Voir Poétique et rhétorique de la carte dans l’art contemporain


Luciano Fabro – Demeter (1987) (113.67 cm x 202.57 cm x 78.74 cm); Collection SFMOMA San Francisco Museum of Modern Art
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Dans la mythologie grecque, Déméter est la déesse de l’agriculture et des moissons.
1987 Demeter pierre avec câble d’acier. Ressemble à une bouche.


Luciano Fabro – « Sisyphe » (1994) (113.67 cm x 202.57 cm x 78.74 cm); Collection SFMOMA San Francisco Museum of Modern Art
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Un cylindre massif de marbre gravé imprime indéfiniment sur un tapis de farine la figure d’un Sisyphe que l’artiste voit comme un satyre damné qui, nu et impudique, exhibe son désir et sa volonté à la face des dieux. Rappelle le travail de Penone.
Voir un commentaire.

Giovanni Anselmo né en 1934 il vit et travaille à Turin.
Il est né en 1934 à Borgofranco d’Ivrea en Italie. Il ne suit pas d’enseignement artistique académique mais se met à la peinture à l’huile, spontanément, durant plusieurs années. A partir de 1967, il participe aux expositions des artistes de l’Arte Povera, dont il devient rapidement l’un des chefs de file.

Depuis un lever de soleil au sommet du Stromboli le 16 août 1965, où il a installé, depuis, un atelier, Giovanni Anselmo s’est engagé dans une réflexion permanente à propos de l’ordre des choses, des cycles de la nature, de la gravitation, des champs d’énergie qui impulsent tout mouvement, du rapport existentiel entre l’homme et la nature au sein du cosmos. Il visualise l’énergie dans des installations de matériaux placés en relations d’équilibre et de forte tension entre des forces opposées.

Son oeuvre la plus célèbre


Giovanni Anselmo – Sans titre. La structure qui mange (1968) Granit, laitue fraîche, cuivre 70 x 23 x 37 cm Centre Pompidou Paris
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Sans titre 1968. La structure qui mange. Bloc de granit sur laquelle est accroché une laitue fraîche, coincée entre deux blocs de granit. Contraste entre le granit et la laitue fraîche. La laitue est la garante de l’équilibre de l’oeuvre, le fil de cuivre se relâche lorsque la laitue se flétrit et le bloc de marbre tombe. Un tas de sable à été disposé à la base, lors du remplacement de la laitue par de la viande fraîche. Voir un commentaire.

En 1968 torsion. Une barre de fer cylindrique appuyée au mur dans un tissu, équilibre précaire qui peut se défaire à tout moment. On voit la trace que le corps laisse derrière lui. On se rapproche beaucoup du Minimal Art. Avec un minimum de moyen, Anselmo donne à voir l’accumulation de l’énergie d’un corps, thème de la trace, de l’empreinte, du passage du corps.


Giovanni Anselmo – Direction (1967) Granit, boussole composée d’une aiguille aimantée, d’une punaise, d’une plaque de verre 16 x 220 x 101 cm Poids : 300 kg Centre Pompidou Paris
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Direction 1967 bloc triangulaire en granit dans lequel est incrusté une boussole, qui impose la position du bloc de granit. Réflexion sur le fait qu’un certain nombre d’espaces culturels s’organisent suivant une orientation particulière. Voir un commentaire.

Respiro, créée en 1969 : une éponge absorbe les variations de longueur infime de deux barres de métal de 4 m entre lesquelles elle est placée, mettant à jour les différents flux d’énergie du monde et rendant sensible les lois invisibles de la physique et du temps. L’éponge respire, car le fer rétrécit au froid et s’allonge à la chaleur.