L’art contemporain africain


Exposition the color line (2016)
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En 2016 et 2017 successivement, le musée du quai Branly et la Tate Modern de Londres ont fait connaître les artistes afro-américains qui se sont battus pour les droits civiques. The Color Line est une expression qui désigne la ségrégation des noirs depuis la fin de la guerre de Sécession en 1865. Il faudra attendre 1964, pour que la Cour suprême déclare, aux Etat-Unis, la ségrégation inconstitutionnelle et que le précédent Lyndon Johnson signe la loi sur les droits civiques.
L’image qui a servi de l’affiche à l’exposition à la Tate Modern, montre un homme, bras croisés portant un t-shirt avec le S de Superman. C’est une peinture de Barclay Hendrix (1945-2017) représentant Bobby Seale qui, lorsqu’il a été peint en 1969 était en prison pour avoir participé aux émeutes de Chicago en 1968. La toile s’intitule : “icône pour mon Superman” et le sous-titre est “Superman n’a jamais sauvé un noir”.

Aaron Douglas (1899-1979) s’est impliqué dans les années 20-30 dans le mouvement Harlem Renaissance. Il a réalisé des gravures et des peintures évoquant la fin de l’esclavage.


Aaron Douglas Intro bondage (1936) huile sur toile 153 x 153 cm National gallery of art Washington D.C.
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Voir également :
Aspects de la vie nègre : de l’esclavage à la reconstruction (1934) Bibliothèque publique de New York.

Voir d’autres oeuvres d’Aaron Douglas

Emory Douglas né en 1943 réalise des affiches militantes et guerrières pour le mouvement des Black Panther dans les années 60.


Emory Douglas pour Bobby Seale lithographie offset 2011
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Voir d’autres oeuvres de Emory Douglas.

Romare Bearden (1911-1988) faisait des photomontages pour dénoncer les violences urbaines. Né en Caroline du Nord il avait bénéficié de l’enseignement de Georges Groz en exil aux États-Unis depuis 1933.
Ses photomontages ressemblent à ce que l’on a pu voir chez les dadaïstes allemands.


Romare Bearden Mémoire de Pittsburgh (1964) Photographie, tirage gélatino-argentique sur papier, monté sur carton 126,5 × 158 cm Tate modern Londres
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Voir également :
Mystères II (1964) 127 × 158 cm Tate modern Londres


Romare Bearden

Élisabeth Catlett (1915-2012) a été la première femme noire diplômée des Beaux-Arts. Enseignante, elle a été jugée indésirable par les autorités américaines pour sa fréquentation d’artistes communistes. Elle s’est exilée au Mexique en 1962. Ses gravures sont très expressives.


Élisabeth Catlett sans titre (1946)
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Voir d’autres oeuvres d’Elisabeth Catlett (Musée Whitney New York).

Faith Ringgold, née en 1930 à Harlem, où sa mère était couturière. Elle a d’abord, en peinture, exprimé les violences urbaines dans une série intitulée American people en 1966-67.


Faith Ringgold American people Série #20 : Mourir (1967)
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Voir un commentaire (MoMA)
Voir également :
American people Series #9 : Le rêve américain, 1964 huile sur toile 91,4 × 61,1 cm.
American People Series #18 : Le drapeau saigne, 1967 ; Huile sur toile 183 × 244 cm.

Puis, après un voyage en Europe en 1972, elle s’est tournée vers la réalisation de courtepointes (à la fois peintes et assemblées en patchwork) qui ont fait sa célébrité.


Faith Ringgold Dîner chez Gertrude Stein 1991 Peinture sur coton
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Voir également :
Echos de Harlem 1980 Peinture sur coton 227,3 × 204,5 cm.
Nous arrivons en Amérique 1997 Peinture sur coton.
L’anniversaire de Jo Baker 1997 Peinture sur coton 188,6 x 199,4 cm.

Voir d’autres oeuvres de Faith Ringgold.

Robert Colescott (1925-2009) a traité de sujets sociétaux dans un style satirique, inspiré du pop-art et de la bande dessinée. Il a été le premier noir américain à représenter les États-Unis à la Biennale de Venise en 1997. En 1942, il avait participé au conflit en Europe, et avait combattu jusqu’à la fin de la guerre. Diplômé ensuite de l’université de Berkeley, il obtient un doctorat en 1952 ; il était à la fois peintre et enseignant.


Robert Colescott Coton (1989) acrylique sur toile 213,7 x 183,2 cm
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Voir également :
La connaissance du passé est la clé de l’avenir : quelques réflexions après coup sur la découverte
Les demoiselles d’Alabama : vestidas acrylique sur toile . Il a fait de nombreuses citations de l’art occidental, ici les demoiselles d’Avignon.

Voir d’autres oeuvres de Robert Colescott.

Ellen Gallagher est née en 1965 à Rhode Island, de mère irlandaise et de père capverdien. Elle s’est fait connaître avec la série intitulée Pomp Bang 2003 dans laquelle elle s’insurge contre la volonté de certaines femmes noires de chercher à éclaircir leur peau avec des crèmes de dépigmentation et défriser leurs cheveux au risque de perdre leur identité. Aussi, elle a juxtaposé des images publicitaires vantant ces produits de dépigmentation et de défrisage et des perruques jaunes de sa fabrication.


Ellen Gallagher Pomp Bang, Publicités et pâte à modeler, 2003.
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Ellen Gallagher’s artwork DeLuxe

Elle évidait aussi les yeux de ses personnages pour gommer les individualités. Drôle et plein de fantaisie, grande inventivité dans les perruques..

David Hammons né en 1943 à Springfield dans l’Illinois. Il est le cadet d’une famille nombreuse de 10 enfants. Il a fait des études d’art à Los Angeles. Sa notoriété s’est d’abord fondée sur ses body print de 1965 à 1975, ses empreintes de corps. Il les associe parfois au drapeau américain, parfois à d’autres textiles.


David Hammons série body print Prière ​​pour l’Amérique 1969 Sérigraphie et pigment sur papier 153,7 × 76,2 cm MoMA NY
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Voir un commentaire (MoMA)

Voir également :
L’Amérique la belle (1968).

Il les complète aussi avec des éléments de collage.
Voir exposition David Hammons : Body Prints, 1968–1979


David Hammons Sans titre (L’étreinte), 1975 pigment, huile, graphite et fusain sur papier, photo
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En 1975, il a installé son atelier dans une rue animée de Harlem, d’où il tire son inspiration.

En 1976 par exemple il utilise les cheveux crépus pour ses premières installations : dreadlocks série


David Hammons Sans titre 1991
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Une gerbe de cheveux crêpus fixés sur des éléments métalliques.

Pendant l’hiver 1983, il s’installe parmi les vendeurs de rue anonymes à Harlem, pour proposer des boules de neige classées par taille, à 1 dollar pièce. C’est une performance intitulée bliz-art-ball.
En 1992, il apporte une pierre en forme de tête à un coiffeur de Harlem, en lui demandant une coupe. Cette performance Harlem barber shop a été filmée.

Voir un commentaire sur David Hammons.


David Hammons Sans titre panier de basket 2000 Cristal, laiton, verre givré, ampoules, luminaires et quincaillerie 137,2 x 152,4 x 40,6 cm
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L’œuvre de Hammond est à la fois discrète et subversive. Le regard qu’il porte sur la réalité quotidienne des Afro-Américains est ironique et militant, mais jamais illustratif, c’est ce qui le distingue de beaucoup d’autres. Il est apprécié en Europe depuis la Documenta de Kassel en 1992, et a participé à de nombreuses expositions et fait partie aujourd’hui de la collection Pinault et de la collection Vuitton.


Exposition « Art/Afrique » 2017
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Pendant l’été 2017 la Fondation Vuitton à présenté une exposition intitulée Art/Afrique avec 33 artistes africains qui y étaient exposés.
Le long des murs de l’entrée, étaient présentés des dessins très agrandis de William Kentridge né en Afrique du Sud au temps de l’apartheid, diplômé de Sciences Po et des Beaux-Arts, homme de théâtre. Voir dessin 1 et dessin 2. Parmi les artistes qui n’ont pas encore été présentés il y avait :

John Goba, né en 1944 en Sierra Leone dans une tribu ou sa grand-mère jouait un rôle important dans une société secrète de femmes, (Bondo society) associant les vivants, les morts et les dieux. Les sculptures d’assemblage de John Goba s’inspirent de ces croyances. Il utilise des épines de porc-épic pour renforcer leur caractère magique.


John Goba The Misselinius Mask Head (2015) Sculpture en bois, textile et épines de porc-épic, 186 x 150 cm
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Voir d’autres oeuvres de John Goba.

Lawrence Lemaona né en 1982, en Afrique du Sud, où il vit toujours (c’est une démocratie depuis 1994), mais son travail est assez conceptuel (il est en même temps maître de conférence à l’Université de Johannesburg). Il brode des slogans et des textes satiriques sur des pièces de tissu de tradition Kanga, qui avaient eux-mêmes une fonction symbolique.


Lawrence Lemaona demo crazy (2017)
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Voir d’autres oeuvres de Lawrence Lemaona.

Omar BA né en 1977 au Sénégal, lui aussi formé aux Beaux-Arts, mais à Genève, il vit entre Genève et Dakar. Très prisé par les collectionneurs, son travail est montré dans 4 galeries à Genève, Milan, Londres, Paris et Bruxelles (chez Templon).
Techniquement, il mêle la peinture acrylique, la peinture à l’huile, l’encre de Chine et le stylo Bic les formats sont de l’ordre de 200 x 150 cm.


Omar Ba Plaidoyer d’une jeunesse (2018) acrylique, crayon, encre de chine,stylo sur carton 200 X 150 cm
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Voir également :
I am not toy 2021
Try to keep the rest 2019 huile, gouache, acrylique, crayon, encre de chine,stylo sur toile 200 X 150 cm
Superman et la Constitution 2021 Acrylique, crayon, huile, encre de chine et stylo sur carton 250 x 150 cm


Omar Ba | Vision partagée Musée des beaux arts de Montreal

Voir d’autres oeuvres d’Omar Ba (site de l’artiste)

Lynette Yiadom Boakye est née en 1977 à Londres de parents originaires du Ghana. Elle est aussi très appréciée et achetée par Vuitton ou Pinault. Elle a étudié à la Royal Academy of Art à une époque dit-elle “où choisir la peinture pourrait aller jusqu’à la honte !”. Elle peint sans modèle pour « peindre vraiment » dit-elle, « penser à la couleur, au mouvement, à la lumière« . Elle réalise souvent une toile par jour. Ses portraits de groupe ou d’individus qu’elle appelle des “suggestions de personnes”, semblent saisis sur le vif alors qu’ils sont entièrement le fruit de son imagination.


Lynette Yiadom Boakye “Amaranthine” (2018) huile sur toile Collection particulière
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En 2020 elle a eu une exposition personnelle à la Tate Britain qui ensuite a circulé à Stockholm, Düsseldorf et au Luxembourg.

Elle dit que son peintre préféré est Manet, et on comprend bien sa filiation dans sa manière de peindre.

Voir d’autres oeuvres de Lynette Yiadom-Boakye.

Zanele Muholi née en 1972 à Durban est une militante de la condition lesbienne en Afrique du Sud. Elle s’engage en tant que journaliste pour dénoncer les violences commises contre la communauté gay, notamment le “viol correctif” (pratique qui consiste à violer les femmes lesbiennes dans le but de les guérir de leur homosexualité). Photographe, elle se métamorphose à l’aide de parures l’improvisées, croisant les tenues traditionnelles zouloues et la Statue de la Liberté (2016), visage levé, regard à l’infini coiffure Afro évoquant le diadème.


Zanele Muholi Ntozakhe II, (Parktown), 2016 Photographie 110,0 x 81,8 cm
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Plusieurs de ses portraits portent le nom de « Bester” 2015 et ce sont des hommages à sa mère disparue en 2009, qui était employée de maison. D’où la coiffe d’éponges en inox en gants ménagers ou la parure de pinces à linge. D’autres ont une signification comme Bhekezakhe, où son buste est entouré de serflexs blancs, (utilisés par les forces de l’ordre pour empêcher les criminels de se débattre ou de fuir).

Voir d’autres photographies de Zanele Muholi.


Biennale de Venise 2019
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En 2019, à la biennale de Venise, les artistes africains étaient nombreux et nous avons aimé les peintures de :

Michael Armitage né au Kenya en 1984, il vit à Londres mais retourne fréquemment dans son pays natal où il fait des croquis de scènes urbaines, qu’il réutilise ensuite pour des peintures de grand format aux harmonies colorées séduisantes. Il montre des scènes dynamiques, parfois violentes qui se déroulent entre africains. (L’artiste a travaillé à partir d’images de rassemblements politiques à Nairobie en 2018). Son support est très africain lui aussi. Il peint à l’huile sur du lubugo un tissu d’écorces traditionnel ougandais, battu pendant plusieurs jours pour créer une surface une fois tendue présente des trous.


Michael Armitage Mkokoteni, 2019 Huile sur toile d’écorce de Lubugo 220 × 170 cm
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Voir également :
– Ses croquis préparatoires de couleur sepia. croquis 1 et croquis 2
D’autres oeuvres de Michael Armitage
Ses oeuvres exposées à la biennale de Venise en 2019.

Voir d’autres oeuvres de Michael Armitage

Njideka Akunyili Crosby née en 1989 au Nigeria, elle vit à Los Angeles et peint de grandes scènes d’intérieur, douces, calmes, très composées géométriquement. Sa technique mêle la peinture, le collage et les transferts photographiques. Les images transférées sont issues de la culture nigériane se sont des publicités, ou des coupures de journaux. Arrivée aux États-Unis à l’âge de 16 ans, diplômée de l’Académie des Arts de Pennsylvanie, puis de l’Université de York. Elle associe dans ses tableaux un récit personnel à d’autres composantes culturelles liées à ses origines.


Njideka Akunyili Crosby The Thing Around Her Neck (2011) Fusain, acrylique, crayon de couleur, dentelle, collage et transferts sur papier 213,4 × 213,4 cm
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Njideka Akunyili Crosby on painting cultural collision

Voir d’autres oeuvres de Njideka Akunyili Crosby

Otobong Nkanga née en 1974 au Nigeria vit et travaille à Anvers. Elle s’intéresse aux liens que l’Occident a tissé avec l’Afrique pour la commercialisation des matières premières. Sa longue veine de verre de Murano de 26 m de marbre blanc, qui évoque une rivière dont les eaux sont troublées par la pollution chimique, car le verre peu à peu de prends une couleur noirâtre.


Otobong Nkanga Venise 2019

Exposition Ex Africa 2021
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L’été dernier (c’était en 2021) le musée du quai Branly présentait une grande exposition intitulée ex Africa. Le titre est emprunté à une phrase de Pline “Ex Africa semper aliquid novi” (toujours l’Afrique apporte quelque chose de nouveau). Le commissaire d’exposition Philippe Dagen, y associait des artistes occidentaux puisant leur inspiration dans l’ Afrique, et des artistes africains faisant référence à l’art occidental. Parmi ceux que nous n’avons pas déjà évoqué il y avait notamment :

Pathy Tshindele (né en 1976 au Congo), dont la série intitulée « It’s My Kings » présente six portraits représentant de grands chefs d’Etat internationaux habillés comme les rois Kubas. Ces oeuvres dénoncent le rôle néfaste des superpuissances mondiales. Voir représentation de David Cameron, Xi jinping, V. Poutine et Nicolas Sarkosy.
L’artiste est le fils d’un haut fonctionnaire de la culture, il a étudié l’art aux beaux-arts de Kinshasa puis aux Arts Déco de Strasbourg.

Dans une autre série sans titre il ironise sur la bêtise de la vanité des puissants (2016).


Pathy Tshindele sans titre (2016)
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Voir d’autres oeuvres de Pathy Tshindele.

Léonce Raphaël Agbodjelou, né en 1965 au Bénin a présenté en 2012, une série photographique intitulée les demoiselles du Porto-Novo. C’est une jeune africaine à la poitrine nue, masquée avec des masques traditionnels vaudou, (hommage à Picasso est à ses Demoiselles d’Avignon) qu’il présente en triptyque, dans l’espace de la maison familiale.


Léonce Raphaël Agbodjelou les demoiselle de Porto-Novo (2012) Tirages chromogènes 150 x 100 cm
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Ainsi à droite, la photo du grand-père, au centre celle du pasteur à la tête de l’église du Christianisme Céleste (majoritaire au Bénin), à gauche un téléviseur. Entre tradition et modernité héritage et violence, perte d’un être cher, ordre moral imposé par les colons.

Voir d’autres photographies de Léonce Raphaël Agbodjelou.

Romuald Hazoumé né en 1962 à Porto-Novo (Bénin) crée des masques à partir de bidons de plastique. Il présentait son installation “no return” (2019) qui était faite de 5000 semelles de tongs récupérées sur les plages du Bénin disposées en écaille (cf spirale de Jetty).


Romuald Hazoumé No return (2019)
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Voir Romuald Hazoumé à Nantes


Musée d’Art Moderne de Paris the power of my hands 2021
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En même temps, la Musée d’Art Moderne de Paris exposait “the power of my hands” (commissaire d’exposition une spécialiste basée en Angola), qui réunissait des femmes utilisant des techniques traditionnellement féminines. Parmi elles :

Portia Zvavahera née en 1985 au Zimbabwe où elle vit toujours était présente par deux grandes peintures collage réalisées en 2019 à la suite d’un cauchemar dans lequel elle a vu sa fille morte.


Portia Zvavahera Arise Spirit Within (2019) Encre d’impression à base d’huile et barre d’huile sur toile 189,5 x 203 cm
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L’enfant c’est la silhouette blanche. Le vêtement de la mère mêle des éléments de dentelle à la peinture à l’huile sur toile (voir un détail).


Portia Zvavahera Rebirth from the Dark Womb (2019) Encre d’impression à base d’huile et barre d’huile sur toile 189 x 128 cm
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Dans l’autre, l’enfant, l’enfant, tête en bas, est entouré de lignes rayonnantes envoyant disant l’artiste, à l’Évangile selon saint Marc dans lequel Jésus ressuscite un enfant parmi les morts.
Grande inventivité plastique.

Voir d’autres oeuvres de Portia Zvavahera.

Ana Silva, née en Angola en 1969 elle vit et travaille à Lisbonne. Son œuvre intitulée “O fardo” est constituée de sacs en plastique, en raphia ou en nylon sur lesquels elle a brodé des scènes évoquant la transmission intergénérationnelle entre femmes.


Ana Silva O fardo (2020)
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Des broderies d’une grande délicatesse. Le titre vient du nom attribué aux sacs de tissus plastiques qui servent à transporter les vêtements que l’Occident jette et déverse par tonnes en Afrique, tuant l’activité textile sur le continent. Elle y a brodé des figures de filles et de femmes vêtues de robes colorées, créant de la beauté sur une matière médiocre et dénonçant la surconsommation qui détruit la production locale.
Voir également :
O fardo (détail)

Elle a consacré une autre série, intitulée “Agua” à l’évocation de la pénurie d’eau potable en Angola, qui oblige les femmes et les enfants à faire des kilomètres pour s’approvisionner.


Ana Silva Agua 020 (2020)
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Voir un détail.
D’autres oeuvres d’Ana Silva.

Billie Zangewa née en 1973 au Malawi vit entre Johannesburg et Londres. Elle assemble des chutes de soie brillantes et colorées pour représenter des scènes autobiographiques, des moments de vie quotidienne, entièrement réalisés en soie brodée.


Billie Zangewa In my solitude (2018)
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Billie Zangewa présente sa nouvelle exposition de soie brodée « Soldier of Love »

Voir également :
D’autres oeuvres de Billie Zangewa (galerie Templon).

Et dans un genre bien différent la plus jeune de tous.

Stacey Gillian Abe est née en 1990 en Ouganda, présentait en vidéo une performance intitulée “How would you like your vaginas ?” dans laquelle l’artiste s’affairait à balayer (et à jeter aux toilettes) des sexes féminins en argile jonchant le sol. Parce que dans la culture de son pays, il est strictement interdit d’évoquer et de représenter les parties intimes du corps féminin.


Stacey Gillian Abe How would you like your vaginas ? (2017)
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Elle a réalisé également d’autres films vidéo.

Voir d’autres oeuvres de Stacey Gillian Abe.

Depuis les magiciens de la terre, les artistes africains sont passés de l’artisanat exotique, à des pratiques parfaitement conscientes des enjeux de l’art d’aujourd’hui, soutenu par l’institution, fondations, musées, collectionneurs. Beaucoup de ces artistes adaptent leur travail aux attentes du marché de l’art occidental. Même si l’Afrique est dotée d’écoles, de galeries de foires, elle compte encore peu d’acheteurs, c’est pourquoi beaucoup de jeunes ont choisi de vivre à l’étranger.
Mais le continent africain est immense et varié. Beaucoup d’états connaissent des tensions ethniques, les dictatures militaires, des crises sanitaires, et la vitalité de ces nombreux artistes, dans ce contexte instable, est d’autant plus remarquable.

Voir l’exposition lumières d’Afriques