Les fleurs dans l’art moderne et contemporain


Louis Letsch chrysanthèmes
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et chez Émil Carlsen chrysanthèmes ( danois).

Les impressionnistes français les ont aimés pour leurs couleurs,


Auguste Renoir bouquet de chrysanthèmes 1884 huile sur toile 81.5 x 65.5 cm musée des beaux arts de Rouen
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– Claude Monet Chrysanthèmes 1878 Huile sur toile 54,3 x 65,2 cm
– Claude Monet parterre de chrysanthèmes 1897 huile sur toile 81 x 100 cm
– Paul Cézanne chrysanthèmes 1898


Edgar Degas Femme aux chrysanthèmes 1865 huile sur toile 73,7 x 92,7 cm MeT New York
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– Gabriel Argy-Rousseau. Vase « Chrysanthèmes ». Epoque Art Nouveau
– Alphonse Mucha Chrysanthème
– Établissements GALLÉ (1904-1936) – Chrysanthèmes du Japon Vase en obus fuselé.

Voir le chrysanthème en peinture.

Deux autres fleurs ont une histoire sociale bien particulière.

Le bleuet qui a presque disparu aujourd’hui. De la famille des centaurées, il est lié à la figure du Centaure Chiron, qui fut précepteur d’Héraclès/Hercule. Celui-ci devenu grand, a blessé involontairement le centaure avec une de ses flèches empoisonnées par le sang de l’Hydre de Lerne. Chiron soigna sa blessure avec un remède à base de bleuet, d’où la constellation du Centaure, et la réputation du bleuet comme antidote.
Au moyen âge on voit le centaure associé au bleuet.

Au cours de l’affaire Dreyfus le bleuet, porté à la boutonnière, était un signe de ralliement des antidreyfusards.


Vincent Van Gogh le garçon au bleuet 1890 huile sur toile 39 x 30,5 cm collection particulière
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Van Gogh le garçon au bleuet. (La fleur est associée comme le coquelicot aux champs de blé.)
L’Art Nouveau.
– Vase Daum, décoré de bleuets bleus vifs, sculptés à la roue et d’un pied floral en argent.
– Vase Daum en verre gravé à l’acide et émaillé à décor de bleuets.
Et, en 1916, on a remplacé les pantalons rouges de nos soldats par des pantalons bleus, plus discrets. D’où l’appellation des bleuets désignant les soldats français.

Dans les années 20, un bouquet de bleuets de Moïse Kisling.


Moïse Kisling les bleuets 1928 huile sur toile 65 x 46 cm
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Le Bleuet de France reste associé aujourd’hui aux cérémonies commémoratives de la Grande Guerre.

Le bleuet en peinture.

Le Coquelicot et le pavot
Les propriétés somnifères du pavot sont connues depuis l’Antiquité. Chez Ovide, Morphée, fils d’Hypnos et de Nyx, (la nuit) est le messager des Dieux et il apparaît dans le sommeil des rois sous forme de fantasmes. Sa vocation est d’endormir les mortels.


Évelyne de Morgan Nyx et Hypnos distribuant les fleurs de pavot sur les hommes 1848 huile sur toile 65 x 46 cm
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Il existe une vierge coquelicot Paolo Veneziano Madone aux coquelicots du 14e siècle.


Paolo Veneziano Madone aux coquelicots 1325 détrempe sur bois 98 x 184 cm
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Le coquelicot dans la main de l’enfant, annonce le sang versé par le Christ lors de la crucifixion.

On le trouve aussi sur les estampes japonaises.
Coquelicot et moineau 1833.
Fleurs de pavot 1913.

Les champs de coquelicots, si spectaculaires, ont beaucoup inspiré les impressionnistes. Claude Monet en a peint de nombreux, sous toutes les lumières,


Claude Monet champs de coquelicots 1873 huile sur toile 60,9 x 121,9 cm
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Voir également :
Les coquelicots de Monet.

mais aussi Mary Cassatt, la cueillette des coquelicots 1875

– Van Gogh, champ de coquelicots 1889 huile sur toile 91 x 71 cm.

Gustav Klimt en a donné une version radicalement frontalisée


Gustave Kilmt Champ de coquelicots, 1907 huile sur toile 110,0 × 110,0 cm galerie du Belvedere Vienne
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Seule, la partie supérieure de la toile, en perspective, situe ce tapis floral en tant que paysage. Voir un commentaire.

Van Gogh et Odilon-Redon ont peint des coquelicots dans un vase. Une fille avec coquelicots en 1898 et en 1910 une belle toile intitulée coquelicots bleus.

Edward Munch une femme aux coquelicots.


Edward Munch femme aux coquelicots, 1918 huile sur toile 100 × 75 cm musée d’Oslo
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Et pendant la guerre de 14-18, le coquelicot est la fleur évoquant le sang versé par les soldats britanniques, celle qui préside à toutes les cérémonies commémoratives en Angleterre. Vous vous souvenez peut-être de l’installation participative de Paul Cummins à la tour de la Tour de Londres en hommage aux anciens combattants, avec des milliers de coquelicots artificiels, en 2014.

Par ailleurs Georgia O’Keeffe a consacré plusieurs toiles à des pavots en gros plan.

Mythologie des fleurs le coquelicot et le pavot

Les fleurs des pop artistes
On sait que le pop art a cessé de regarder le réel pour se concentrer sur les images du réel, (images publicitaires, images de BD). Ainsi les flowers d’Andy Warhol en 1964, simplifiées par la sérigraphie et le traitement de la couleur, sont des archétypes de fleurs, un modèle universel de fleurs au pouvoir séducteur incontestable.


Andy Warhol – Flowers (1964)
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Fleurs rouges…. stylisation des fleurs.

Tom Wesselmann associait des roses et des oranges à la sexualité féminine, avec des indices on ne peut plus explicites : La bouche ouverte a le même rouge que la rose épanouie, l’orange dialogue avec le sein. L’artiste amplifie à l’extrême les codes utilisés par les annonceurs publicitaires.


Tom Wesselmann Bedroom painting n° 2 1968 huile sur toile 100 × 75 cm musée d’Oslo
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Voir également bed room painting n°31.

Wallace Ting (1929-2010), artiste chinois qui s’est installé à New York, où il avait rejoint les POP artistes. Il a peint à l’acrylique avec des couleurs presque fluorescentes, des pommes et des fleurs dans les années 90. Là encore ce sont des images archétypales décoratives de femmes et de fleurs.


Wallace Ting chaussette jaune 1985 lithographie 90 x 60 cm
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Voir Wallace Ting Le voleur de fleurs


Walasse Ting , le Voleur de fleurs au Musée Cernuschi (octobre 2016 – Janvier 2017)

Takashi Murakami né en 1962, japonais converti à la production de masse d’images et de produits dérivés dans ses ateliers de Tokyo et de Brooklyn, a inondé le marché avec ses fleurs kawaii souriantes comme des smileys, qu’il associe parfois à son Mister Dob (version mutante de Mickey) dans l’univers anthropomorphique.


Takashi Murakami fleurs
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Voir également :
Des smileys de Takashi Murakami

Et, phénomène intéressant à remarquer, plusieurs ex pop-artistes avec l’âge, se tournent à présent vers le jardin et les fleurs observées cette fois.

Alex Katz né en 1927 à Brooklyn, est connu pour ses portraits façon Pop Art inspiré de sa compagne Ada, dans un style très épuré. Depuis 1997 donc 70 ans, il s’intéresse aux fleurs.


Alex Katz Forsythia 1997 huile sur toile 160 x 502 cm
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Ada avec des fleurs.
Grand admirateur de Monet et de Matisse, il a rendu hommage à sa manière aux nymphéas de Monet en 2009 dans une série de toiles qui reprennent l’idée des reflets dans l’eau et de la vue plongeante, sans les couleurs ni la touche de Monet bien sûr.


Alex Katz – « Les Nymphéas » de Claude Monet

Depuis 2018, il peint des fleurs d’après nature sur le motif avec une grande simplicité.

Jim Dine né en 1935. C’est un artiste américain, assimilé au pop-art, qui est très connu pour ses séries de cœurs, et de robes de chambre très stylisées. Depuis des années 2000, il multiplie des expérimentations plastiques sur le thème des plantes et des fleurs du jardin. Il associe le monotype et le fusain, le fusain et le pastel, la gravure et l’aquarelle dans ce qu’il appelle des « Botanical drawing ».


Jim Dine fleurs sauvages de New York 2013 huile sur toile 99,0 x 130,8 cm
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Voir d’autres fleurs de Jim Dine.

Ellsworth Kelly (1923-2015) sculpteur et peintre minimaliste, il a en parallèle, toujours dessiné des fleurs, au point que le Centre Pompidou, en 2002 avait présenté une exposition de ses dessins confrontés à ceux de Matisse (expo dessins et plantes Matisse Kelly).


Ellsworth Kelly fleurs
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Voir d’autres dessins de Ellsworth Kelly. Il a toujours dessiné des fleurs avec une ligne claire en les observant. Il disait : « Que c’était une leçon de dessin sans cesse renouvelée. »

Henri Cartier-Bresson, Matisse dessinant une fleur, 1943.


Henri Matisse fleur
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Enfin Damien Hirst, né en 1965, ex enfant terrible de la scène artistique britannique, a profité du confinement de 2019-2020 pour se consacrer à la peinture de ses cerisiers en fleurs de très grand format. Il n’est pas inspiré par un voyage au Japon, ni par les arbres en fleurs peints par Van Gogh, sa démarche consiste à nous surprendre par un effet très figuratif à distance, et très abstrait vue de près. (La fondation Cartier lui avait donné carte blanche).


Damien Hirst fait exploser ses cerisiers en fleurs à la Fondation Cartier

En effet, de près, ce sont de grosses taches de peinture superposées, parfois réalisées directement avec le tube de couleur écrasé sur la toile. Entre pointillisme et action painting, réalisés à l’échelle murale. “Ces cerisiers en fleurs sont tape à l’œil, désordonnés fragiles, mais grâce à eux je suis revenu avec enthousiasme à la spontanéité du geste pictural.”

Voir également : La flore dans l’art.

Conclusion la fleur apparaît pour le peintre comme un sujet extrêmement ouvert qui prête à de nombreuses variations, même pour l’artiste d’aujourd’hui qui prend modèle sur catalogue d’images et non plus sur le réel. Car on peut tout dire avec des fleurs célébrer le renouveau, le caractère éphémère de la vie, la sensualité, l’opulence. Enfin il est flagrant que les peintres en fin de parcours revienne sur ce sujet, qui nous est à la fois si proche et si familier.