Plages et baigneurs dans l’art moderne et contemporain

David Hockney (né en 1937), a quitté l’Angleterre en 1964 pour Los Angeles, où il a entamé sa fameuse série des piscines. C’est là, à l’université de Californie, qu’il a rencontré le compagnon de sa vie Peter Schlesinger, avec qui il a tout partagé jusqu’en 1972. Les piscines, c’est une revue de construction de piscines qui a déclenché son idée. Elles vont lui permettre d’incarner le rêve Californien.


David Hockney, The little splash 1966, acrylique sur toile 180 cm × 180 cm
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La première, the little splash, (1966) est rectangulaire, mais pas totalement géométrique la piscine est courbe, le toit de la Villa est incliné.

La deuxième de Splash (180 x 180 cm) est carrée et Hockney a peint la marge blanche tout autour, en référence aux photos Polaroid (toutes nouvelles). Elle s’est vendu à Londres 24,4 million d’euros. Voir un commentaire.

La troisième, a bigger splash (1967) acrylique sur toile 2,40 x 2,43 cm appartient à la Tate galerie. Rouleau à l’acrylique, structure géométrique digne de Mondrian, deux palmiers et un fauteuil de producteur pour rappeler qu’Hollywood n’est pas loin. (Détails du fauteuil avec les reflets dans la baie vitrée).

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Puis il y en a eu beaucoup d’autres avec et sans personnage (le modèle c’est toujours Peter Schlesinger, jusqu’en 1972 (après la rupture des deux amants).


David Hockney, Portrait d’un artiste 1972, acrylique sur toile 213 x 305 cm
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Portrait d’un artiste, piscine avec deux personnages, 1972. L’artiste nage et Peter l’observe pensivement. S’est vendue 77 millions d’euros à New York chez Christie’s (a détrôné Jeff Koons).
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Voir d’autres piscines de David Hockney.

Hockney a également repris ce thème de la nage dans des assemblages de photos Polaroid.
Nathan Swimming (1982).

Léon Kossoff (1926-2019) est un peintre et graveur anglais, qui lui aussi s’est intéressé aux piscines, mais de façon très différente, ce sont des piscines couvertes grouillantes de monde.


Léon Kossoff, Children’s Swimming Pool 11, 1969, huile sur bois 152 x 205 cm
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Voir également :
Children’s Swimming Pool, Autumn Afternoon 1971 (Tate) huile sur bois 178,5 × 224 cm, Tate Londres.
Children’s Swimming Pool, 12 o’clock, Sunday Morning huile sur bois 182.9 x 213.4 cm.
Piscine 1960 charbon de bois et huile sur papier 35 x 49,5 cm

Jacques Monory (1924-2018) de la même génération, a montré lui aussi les baigneuses dans des espaces saturés.


Jacques Monory, USA 76 plage, 1976, sérigraphie 38 x 28 cm
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Plage (1976), voir un détail en camaïeu bleu.

Voir également :
– Dans la série “toxique” en technicolor Toxique n°12, L’Apocalypse, (1982), huile sur toile, 150 x 230 cm, Musée d’Art Moderne, Fukuoka, Japon. Il porte un regard caustique sur l’entassement des corps.

Martial Raysse (né en 1936) a introduit des scènes de plage au musée.


Martial Raysse, Souviens-toi de Tahiti, 1963, sérigraphie sur toile, parasol, photos, ballon Louisiana Museum of Modern Art, Humlebaek
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Une vision idyllique de bord de mer. Souviens-toi de Tahiti, associe photos, peintures et objets (parasol et le ballon) et aussi soudain l’été dernier titre du film de Mankiewicz en 1959 (photographie peinture acrylique, chapeau de paille et serviette éponge, un monde joyeusement coloré).

Trois photographes célèbres ont consacré de longues années au thème des plages.

Martin Parr, photographe anglais né en 1952, est connu pour le regard caustique qu’il porte sur ses compatriotes de la classe moyenne, et plus généralement sur les gens. Sa série de plages l’a fait voyager dans de nombreux pays :


Martin Parr, Brésil, 2008, photographie
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La plage est pour lui « un extraordinaire espace d’exploration sociologique« .
Voir également :
dans le Kent 1986
Au bord du lac de Garde 1999
A Nice en 2015
Il a même photographié la plage artificielle de Miyazaki au Japon là où Mariko Mori en 1995 s’était installée sur le sable habillée en sirène …

Massimo Vitali (né en 1944) est italien. Il est connu pour ses séries de plage en très grand format, lui aussi a parcouru de nombreux pays. Contrairement à Martin Parr, il ne cherche pas des postures pittoresques des gens, mais la vision générale, le plus souvent en vue plongeante, et les lieux géographiques singuliers occupés par les baigneurs.


Massimo Vitali Caligari 1995 photographie
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Voir également :
A Marseille , voir un commentaire.
d’autres plages de Massimo VItali.

La troisième photographe est Rincke Dijkstra (née en 1959 au Pays-Bas), qui s’est fait connaître en 1993 avec une série de photos montrant des adolescentes devant la mer. Son protocole est très particulier, elle travaille en studio à la chambre noire et en utilisant un flash. La mer est un décor.


Rincke Dijkstra Kolobrzeg, Pologne 26 juillet 1992 photographie
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Tout donc est artificiel délibérément. La première jeune fille a posé dans l’attitude de la Vénus de Botticelli, les autres étaient libres de choisir leur pose car, le propos de l’artiste, qu’elle a confirmé par la suite, c’est de révéler la fragilité des corps dans les âges de transition.
Voir également :
Hilton Head Island, (2000)
Coney Island, NY, USA, (1993)
Beachportrait, (2016)
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Et la peinture d’aujourd’hui ?

Philippe Cognée (né en 1957) est ce peintre qui travaille en mélangeant ses pigments à de la cire puis floute le motif en le chauffant au fer à repasser.

Ses toiles, chauffées puis écrasées, posent la question de l’épuisement de l’image et de la condition humaine dans son rapport à l’environnement. Le peintre restitue aussi toute l’ambiguïté d’un visible en mouvement permanent.

Ses premières séries exploitent les images de son album familial : les vacances à la plage en famille avec ses deux fils désignés par leurs prénoms dans les titres. L’effet de flou évoque ici le tremblement lié à la chaleur.


Philippe Cognée, Plage, Peinture à l’encaustique sur toile marouflée sur bois
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Voir également :
Portrait de Guillaume et Thomas, (1996) Peinture à l’encaustique sur toile marouflée sur bois, 85 x 61 cm
Portrait de Guillaume et Thomas, (1997) Peinture à l’encaustique sur toile marouflée sur bois
Foule sur la plage, (2015) Peinture à l’encaustique sur toile marouflée sur bois, 22 x 33 cm


Philippe Cognée au musée de Grenoble, explique sa démarche (2012)

Marc Desgrandchamps (né en 1960), situe presque toujours son sujet à la plage. À ses débuts, ses baigneuses au corps très stylisé, étaient traitées en aplats et pouvaient presque évoquer Malevitch.


Marc Degrandchamps, Sans titre, huile sur toile
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Mais très vite, il a travaillé les transparences et les effets de surimpression, les cadrages, pour donner à ses personnages le caractère de silhouettes fugitives, presque des apparitions, dans la mémoire, dans lesquelles, l’espace de la plage joue aussi un grand rôle.


Marc Degrandchamps, Sans titre, 2007, huile sur toile 162.56 x 129.54 cm
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Voir également :
Sans titre, (2005) huile sur toile.
Sans titre, (2006) huile sur toile.

Voir d’autres oeuvres de Marc Desgrandchamps.

La plage et aussi le lieu où, intimement, on prend conscience de notre corps vieilli, mais comme on a toujours aimé la plage … justement on continue à la fréquenter mais on s’expose désormais avec pudeur.

Ron Mueck né en 1958, traduit magnifiquement le couple âgé sur la plage.


Ron Mueck, Couple under an umbrella, 2013, différents matériaux, 300 x 400 x 500 cm
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Couple géant, surdimensionné, et pourtant saisi de façon si intimiste sous son parasol. Elle le regarde, lui d’une main lui caresse le bras, jette un œil vers nous qui le regardons. Rêveur, indifférent. C’est un vieux couple, dans toute sa fragilité mais aussi sa complicité.

Voir exposition fondation Cartier de 2013.

… et pour finir le pavillon de la Lituanie à Venise en 2019. C’était une performance-opéra jouée et chantée par des baigneurs allongés sur une plage artificielle, et leur livret n’annonçait rien de réjouissant sur l’avenir de nos plages.


Sun and sea pavillon lithuanien Biennale de Venise 2019

Toutes ces pratiques artistiques, révèlent l’immense potentiel de ce thème, plages et baigneuses, qui soulève des questions éternelles (Cézanne), mais aussi sociétales (Martin Parr), intimes, écologistes, sans parler de la réinvention permanente du corps dont Picasso a fait la brillante démonstration.