Simon Hantai réalise des Tabulas 1980 il peint sur des draps préalablement pliés, grille bleue. Très grands formats.
La beauté vient des imperfections et des effets du hasard.
Beaucoup d’artistes du groupe Support-Surface ont utilisé des techniques de pliage et de peinture, comme Jean Pierre Arnal , Noël Dolla
Claude Viallat – Sans titre (1996) acrylique sur bâche, 290 x 424 cm
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Claude Viallat se sert de bâches de récupération. Il se sert pleinement du support qu’il utilise, à chaque couture, il change la couleur, ou change le contraste, ou la forme. C’est un dialogue entre le matériau et le travail de l’artiste, qui n’est jamais complètement répétitif.
François Rouan découpe des toiles et ensuite les tisse ensemble. Patchworks de peintures qui donnent de l’épaisseur à la planéité du tableau. Il a arraché la grille à sa planéité en se souvenant de l’origine textile de l’art du tissage.
Piste n°5 La grille comme le châssis du tableau
Le groupe Support-Surface s’était au début fixé comme objectif de décomposer les éléments constitutifs d’un tableau, quelques-un d’entre eux se sont emparés du châssis.
Daniel Dezeuse châssis en 1967 (centre Pompidou), en a fait sa spécialité.
Il a également imaginé des châssis roulants qui se déploient sur tout le mur.
Sigmar Polke – Cristaux de souffle (1997) Technique mixte sur tissu synthétique – 280 x 350 cm
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Sigmar Polke cristaux de souffle 1997. Il utilise un support à base de résines, qui donne une certaine transparence, et la grille du châssis apparaît derrière la peinture.
Voir également
– Gangster (1988)
– The fastest gun in the west (2002). La grille sert le propos de son travail.
Sigmar Polke – Les fugitifs (1992) Technique mixte sur tissu synthétique – 225 x 300 cm
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A partir d’une photo de presse agrandie. Sur un fond jaune translucide, les silhouettes pixélisées sont soulignées par un cerne vert peint au revers avec une bombe aérosol. Comme dans beaucoup de ses œuvres, Polke peint sur un textile imprimé. Dans le cas présent, c‘est un voile enduit de résine qui laisse apercevoir l‘ombre du châssis.
Dans la partie inférieure, les rayures imprimées horizontalement rappellent les fils barbelés sécurisant la zone que traversent les fugitifs.
Avec Axial Age (2005 2007), il présente sept grandes toiles de l’antiquité avant Jésus Christ. Il y installe des personnages empruntés à une gravure du XVIIIème.
Piste n°6 La grille comme symbole de l’enfermement
Polke frontière américano-mexicaine (1984). A partir d’une photo de presse. Les personnages sont représentés à travers un grillage.
Mona Hatoum – Light sentence (1992)
Light sentence (1992) : Ensemble de 36 cages grillagées au milieu desquelles une lampe monte et descend. Les ombres montantes donnent des impressions particulières. Produit le sentiment de l’attente (l’ampoule se déplace lentement).
Elle voulait évoquer l’expérience de l’exil, être dans un espace ouvert et fermé, et être dans l’attente.
Voir également :
– Cellules 2012 huit structures en tiges d’acier qui renferment des formes organiques en verre de soufflé. Pulsion de la vie dans des conditions carcérales.
– Hotspot 2006 acier inox, les pays sont dessinés avec des néons. La terre embrasée par une lumière rouge, comme un signal d’alarme.
Piste n°7 La grille comme règle du jeu que l’artiste se définit
Gerhard Richter à côté de ses photos-peintures, il a réalisé des nuanciers. Il veut revisiter la peinture sous tous ses aspects, et traiter tous les genres.
Pour lui : « Les nuanciers sont en opposition avec les efforts des néo constructivistes comme Albers« .
Il part des quatre couleurs fondamentales combinées de manière aléatoire.
Voir :
– 256 couleurs (1970)
– 1 024 couleurs (1973)
– 4 900 couleurs (1981)
Recherche de la neutralité absolue et la négation du style.
Bernard Frize Il cultive la neutralité de la peinture et il s’est également fixé des règles.
Bernard Frize – « Suite segond » (1980) Laque, alkyde uréthane sur toile 21 x 65 cm
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Dan « Suite segond », il s’agit de prélever les pellicules de peinture sèche à la surface de pots laissés ouverts et de les coller à même la toile de façon à la recouvrir entièrement. Plus de pinceau, plus de peintre ; la peinture offre sa peau, les pots leur forme, et l’artiste ne s’autorise que le seul agencement de ces « formes de peinture » sur la toile.
Choix fait au départ d’un geste suivant une règle précise.
La règle peut être aussi un geste de peindre, comme : Segmenté (2015). De temps à autre, il y a l’intervention du hasard.
Djeff – Vitruve (2017). Évocation de l’homme de Vitruve (inscrit à la fois dans un carré et un cercle). Le carré (doré) et le cercle (argenté) sont recouverts de couvertures de survie. Message humaniste.
Esthétique minimaliste, le matériau porte la signification. C’est une énigme à résoudre pour le spectateur, et en même temps un propos qui renvoie à l’actualité.
La grille dans les arts premiers
Cartes à bâtonnets de navigation polynésienne des îles Marshall (bois fibres et coquillages) Elles signalent la direction des courants, les îles sont représentées par des coquillages.
Grand masque KAVAT nouvelle Bretagne
Masque planche du Burkina Fasso damier
Bouclier de cérémonie du Zaïre
Des tissus africains reproduisent cette trame Le Bogolan de l’artisanat malien
Au Moyen Age les damiers apparaissaient sous la forme de l’échiquier.
Mosaïque de San Savino mosaïque polychrome du XIIe siècle, représentant le Temps qui tourne éternellement, retenu en vain par les hommes. Ici, le joueur d’Échecs illustre l’une des vertus cardinales : la prudence.
Dans le enluminures du Moyen-Age : Lancelot du lac fait porter un échiquier magique à la Reine Guenièvre.
Dans l’architecture médiévale ou de la Renaissance, on trouve parfois des dessins de grilles, sur la façade comme le Château des Réaux.