Joana Vasconcelos naît en exil à Paris en 1971 mais ses parents reviennent au Portugal après la Révolution des Œillets d’avril 1974.
Dès le milieu des années 2000, elle acquiert une reconnaissance internationale, d’autant plus remarquable que son travail va à l’encontre des tendances de l’art contemporain dans le refus généralisé du matériel et de la beauté. Elle dit « utiliser tous les codes du design, de la mode, du luxe et les déguiser avec les matériaux du quotidien » et « penser son travail comme une manufacture de la poésie (…), avec l’esprit du voyage, le goût pour la recherche et la découverte. »
Elle vit et travaille à Lisbonne. Elle a été découverte à la Biennale de Venise en 2005.
Lustre composé de 25 000 tampons hygiéniques.
C’était une œuvre magistrale qui concentre en une seule vision, le monde de l’apparence et le monde de l’intime, le monde de ce qui s’expose et que de ce qui ne se montre pas
Elle va produire assez régulièrement des détournements inattendus. L’essentiel de son travail consiste à donner à des techniques féminines, le statut d’oeuvre d’art contemporaine
En 2001 elle expose Pantelmina #1, qui est un boudin de laine réalisé au crochet et lui donne le titre d’un médicament vermifuge.
En 2002 elle réalise blup.
Elle fait le contraste entre le motif imprimé et la partie réalisée à la main. Excroissance de laine colorée avec une prolifération des couleurs pimpantes. Opposant plan au volume.
Joana Vasconcelos – Cœur indépendant (2004) couverts en plastique translucide, fer peint, chaîne en métal, moteur
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En 2004 elle se fait remarquer avec cœur indépendant. Cœur indépendant s’inspire directement des bijoux traditionnels portugais, qu’on appelle les cœurs de Viana.
Les matériaux utilisés par l’artiste sont des cuillères et des fourchettes en plastique fondues. Envoie l’image que la fiancée risque d’être rapidement contenu dans les tâches ménagères.
En 2004 elle a commencé à faire ses premières Valkyries. (Les Valkyries, dans la mythologie nordique, sont des vierges guerrières, des divinités mineures qui servaient Odin, maître des dieux. Les Valkyries, revêtues d’une armure, volaient, dirigeaient les batailles, distribuaient la mort parmi les guerriers et emmenaient l’âme des héros).
Exposée à la Grande Praça au MGM Macao. S’inspirant de l’histoire de Macao en tant qu’ancienne colonie portugaise, de la position de la ville en Asie et de son héritage portugais.
Les Valkyries sont des sculptures molles faites de crochets, de boudins de tissu de passementerie, qui sont autant de clin d’œil kitsch à l’art baroque portugais.
Joana Vasconcelos explique la fabrication de la Valkyrie Rán #1
Voir d’autres valkyries.
Voir un entretien avec Joana Vasconelos
Joana Vasconcelos – La Pareja, (2005) Lavabos en céramique 95 x 155 x 76 cm
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En 2005 elle a commencé à recouvrir de dentelle différents objets, ce qui semble complètement incongru dans le champ artistique.
Voir également des détails.
En 2006 elle a habillé des animaux. Ce sont des animaux de céramique qui ont été réalisés dans les années 1850 par l’artiste portugais Rafael Bordalo Pinheiro. Les dentelles sont faites par les femmes des îles des Açores qu’elle collectionne également.
« Mon amour du crochet est liée à la libération de la femme. Au Portugal les femmes ont fait du crochet beaucoup plus longtemps que dans les autres pays d’Europe. Après 74 à la fin de la dictature les femmes ont choisi brusquement de cesser cette activité. Les Dentelles ont été gardé dans les tiroirs dans une relation amour-haine violente. On refuse de les utiliser, mais aussi de s’en séparer » (Joana Vasconcelos)
Voir interview de Joana Vasconcelos.
En 2007 elle réalise une deuxième Valkyrie, Valkyrie #7. Invention très délirante où elle mêle des textiles qu’elle a rapporté de ses différents voyages. Elle mêle l’ancien le moderne le précieux et le banal.
En 2008-2009 elle a une carte blanche de François Pinault pour habiller le palais le Palazzo Grassi et l’intitulé de l’installation est « contamination ». C’est joyeux exubérant, un peu grotesque, une prolifération de tissus.
Elle a été invitée au château de Versailles en 2012.
Conflit avec la commissaire de l’exposition parce qu’elle voulait installer son lustre dans la galerie des glaces..
Grosse théière pour signaler que c’est le Portugal qu’il a introduit le thé en Europe.
Dans la galerie des glaces Marilyn c’est une paire d’escarpins géants réalisée entièrement avec des casseroles à riz en inox. La séductrice et la cuisinière, deux stéréotypes.
Dans la salle des batailles on peut photographier Jeanne d’Arc avec un manteau de passementerie sur sa tête. La Valkyrie royale, c’est l’envahissement du féminin dans un monde d’hommes, au milieu de ces scènes de bataille.
Le Dauphin et La Dauphine représentent deux énormes langoustes en céramique. Elles paraissent attendre l’arrivée des monarques dans l’Antichambre du Grand Couvert, où le repas royal sera servi.
Dans la chambre de la reine le Lilicoptère s’inspire de l’esthétique riche, glamour et audacieuse de la royauté de la fin de l’Ancien Régime pour suggérer une métamorphose de la machine à l’animal ; un retour à l’origine et à l’inspiration qui a motivé la réalisation du rêve de voler. Évoque également le carrosse de Marie-Antoinette.
Voir Joana Vasconcelos à Versailles (site de l’artiste).
Joana Vasconcelos à Versailles
En 2013 elle a été chargée de représenter le Portugal à la Biennale de Venise. Elle a fait venir à Venise une vieille navette fluviale de Lisbonne. Pendant longtemps cette navette fluviale était le seul lien entre les habitants des banlieues et Lisbonne. Elle a demandé à des artisans céramistes de recouvrir l’extérieur du bateau de céramiques azulejos, représentant une vue de Lisbonne au 18e siècle.
À l’intérieur du bateau elle a réalisé une installation textile avec un intérieur en liège, dont le Portugal est le premier producteur mondial. On devait se sentir comme dans le ventre de la baleine.
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Ce qui l’intéresse c’est d’être à la fois décoratrice et conceptuelle.
A Athènes, elle a réalisé ceci, avec 168 vieux téléphones, pour faire allusion aux conditions de travail des gens qui sont dans des centres d’appel géants.
Joana Vasconcelos – Ni Te Tengo, Ni Te Olvido, (2017) Urinoirs en céramique, crochet fait à la main en coton 40 x 58 x 30 cm
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Voir d’autres œuvres de Joana Vasconcelos (site de l’artiste)
Prochaines expositions :
– Hôtel des arts de Toulon (13 juillet au 18 novembre 2018)
– Guggenheim de Bilbao (29 juin au 11 novembre 2018)
– Musée de Strasbourg (5 octobre 2018 au 17 février 2019)