Great Joy (1993) 280 cm de large, montre ce bonheur commandé par le régime. Il y a dans la répétition du motif (désormais ce sera toujours lui, son portrait) l’idée qu’en Chine, la valeur des individus n’est que dans le rassemblement, dans la quantité.
« Quand j’étais petit, il fallait faire la guerre pour tout. Nous portions toujours les mêmes habits et nous participions à des activités collectives. »
Gweong gweong (1993) montre que le nombre est une force militaire comparable à celle des avions de chasse.
Sans titre (1994) faisait l’affiche de l’exposition à la fondation Cartier qui s’intitulait joliment « l’ombre du fou rire« , (de novembre 2012 à mars 2013).
The massacre at Chios (1994) pour évoquer le massacre de ses amis , il se peint dans des attitudes des personnages du massacre de Chios de Delacroix.
The execution (1995) s’inspire de l’exécution de l’empereur Maximilien par Manet.
Il est aussi tous les personnages de la liberté guidant le peuple.
Everybody connect to everybody (1997) a été exposé à la biennale de Venise en 1999 et a fait connaître l’artiste. C’est une longue chaîne humaine dont les maillons sont le corps de l’artiste recroquevillé, la tête hilare … qui en dit long sur le sentiment de déshumanisation.
Présentation de Sky (1997) par Grazia Quaroni, 2013
Sky (1997), c’est une chevauchée de grues. Cette toile est liée au décès accidentel de son père. Les grues se dirigent vers le paradis … et volent ici vers l’ouest.
Voir d’autres oeuvres.
La seule fois où le visage fait une mimique pour s’interdire de rire, c’est dans Memory 3, une tête scalpée dans laquelle nage Mao.
… alors que dans memory 4, c’est rempli de petits livres rouges.
Pour la biennale de Venise de 1999, il avait transposé en sculpture son personnage hilare, et tous ces corps étaient rangés géométriquement comme des guerriers de terre cuite du tombeau de l’empereur Qin.
Marat (2002), rappelle que l’art officiel fait disparaître les personnages gênants de l’histoire politique chinoise.
« Je me considère comme un artiste vulgaire . Cette vulgarité est plutôt bien accueillie par la grand public, car, lui non plus n’aime pas les choses élégantes. Je ne fais que m’adapter au goût populaire. »
Mas Xinglan (2007) C’est un labyrinthe de gens qui ne communiquent pas entre eux. Un homme surveille l’ensemble avec des jumelles. L’artiste a représenté sa mère au centre.
Bystander (2001) Un chinois hilare se noie devant un navire de touristes qui se saluent gaiement au passage.
Voir un commentaire sur son oeuvre.
Wang Jin (1962).
Wang Jin est né en 1962 est de la même génération que Yue Minjun, il vit et travaille à Pékin.
A ses débuts, il ne présentait pas ce visage policé qu’on lui voit aujourd’hui.
Diplômé de l’académie des beaux art de Pékin en 1987, avec une spécialité en peinture traditionnelle chinoise, il a enseigné pendant trois ans à l’institut d’art de la ville. Déçu, il a démissionné pour devenir un artiste indépendant. Il s’est très vite fait remarquer en occident par ses actions menées dans l’espace public.
Le triptyque red flag (1994). Il a jeté dans le Red Flag Canal 25 kg de pigment rouge pour transformer l’eau en un fleuve de sang, une grosse blessure sur 4 km. Car ce canal a été creusé au cours de la révolution culturelle et à l’époque il avait été le symbole du soutient enthousiasme du peuple à la nouvelle politique. « En fait en Chine, quand on dit que quelque chose est rouge, cela signifie que c’est réussi, recherché. » Si Wan Jin réalise cette action publique, et spectaculaire, c’est qu’il constate depuis quelques années une amnésie collective. Plus personne n’exerce ses facultés critiques. Il a aussi peint en rouge une voie ferrée.
To marry a mule (1995) Une mule déguisée en mariée traditionnelle chinoise. Cette performance cocasse lui a été inspirée par huit tentatives infructueuses pour obtenir un visa pour aller rejoindre sa femme aux États-Unis, un cauchemar bureaucratique qui l’a conduit à demander le divorce.
Lorsque Wang Jin a cessé de faire des performances, il a matérialisé la transformation de la Chine en réalisant des copies de robes de l’opéra de Pékin dans du PVC brodé avec du fil de pêche. Cette série de robes assez extraordinaire s’intitule « Chinese Dream« . Voir également et aussi.
Au cours de la décennie suivante, il a réalisé des photos et des sculptures.
Un fusil en forme de de colonne vertébrale, sans commentaire.
Voir d’autres oeuvres de Wang Jin
Wan Jin est présent dans les expositions internationales en Asie, Aux États-Unis et en Europe.
Zeng Fanzhi (1964). Il est né en 1964, il vit et travaille à Pékin, il est actuellement l’artiste le plus côté en Chine.
Il est peintre, et il même dans son travail l’histoire de la Chine et son histoire personnelle.
Lorsqu’il était étudiant (aux beaux arts de Pékin), il habitait très près de l’hôpital et, raconte-t-il, il s’y rendais souvent pour profiter des toilettes (qu’il n’avait pas chez lui).
Homme mélancolique (1992) montre un talent proche de celui des expressionnistes allemands.
L’influence du pop art se fait sentir dans Fly, où il s’agit sans doute de lui et d’Andy Warhol, derrière un parterre de fleurs très « pop ».
La série hôpital réalisée de 1992 à 1995 même l’univers hospitalier à l’iconographie chrétienne, et à la boucherie. C’est Francis Bacon caricaturé avec un réalisme humoristique. Les têtes et les mains sont grossies, mais les postures très bien observées. En même temps, c’est une sorte de carnage, qui renvoie à celui de la place Tian’amnen … avec discrétion.
A partir de 1996, il commence la série Mask. Il raconte, que venant de sa province et arrivant à Pékin, il avait eu l’impression que tout le monde portait un masque tant les attitudes dans la grande ville lui semblaient policées, uniformisées, standardisées. Désormais tous ses personnages porteront un masque devant leur visage, et tous le même. De plus le foulard rouge rappelle celui des gardes rouges, même s’il est parfois remplacé par une cravate rouge.
Last supper (2001), c’est encore la Cène de Léonard de Vinci revisitée. Ce sont des adolescents chinois, tous masqués, répartis autour de leur chef (qui porte des barrettes sur son uniforme). Tous mangent des pastèques, qui associées au rouge, crée un motif assez sanguinolent. Judas se différencie par son coude sur la table et par sa cravate jaune.
« La Chine dit l’artiste, c’est une société dans laquelle personne ne peut vivre sans masque. »
Depuis ces dernières années, Zeng Fanzhi a tourné cette page et aborde d’autres thèmes, avec un tout autre style. Il crée d’immense paysages impénétrables dont le premier plan semble envahi par les ronces et les branchages, et parfois il y loge Karl Marx, ou le lièvre de Durer, ou notre Marianne nationale, le portrait de Léonard de Vinci, d’Andy Warhol, ou Bacon.
Voir d’autres oeuvres de Zeng Fanzhi (Exposition au Musée d’Art Moderne Paris – Dec. 2013)
Lorsqu’il consacre un triptyque à Mao, c’est pour le faire progressivement s’estomper, avec une technique très particulière … ou en le peignant en surimpression devant la cité interdite.
Tiananmen (2004) 215 x 330 cm
Voir l’exposition Zeng Fanzhi au musée d’art moderne de la ville de paris en 2014.