Issu d’un milieu modeste, d’une famille de fermiers, il a appris les métiers de charpentier et de mécanicien. A exercé différents métiers, à 26 ans il s’installe à Los Angeles. Il crée des œuvres avec des matériaux de récupération. Il remets en question le sacré, le sexe, etc. Il met en évidence les aspects les plus sordides de la société.
Edward Kienholz – Incident Little eagle 156.8 x 124.5 x 50.8 cm (1958)
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Une de ses premières œuvres, Incident Little eagle (1956)
Edward Kienholz – John Doe (1959)
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John Doe 1959, mannequin accroché sur un landau. John Doe (1959), est à la fois une critique et un regard humoristique sur l’anonymat de l’individu dans la société commerciale de l’Amérique. En éclaboussant la tête et le torse d’un mannequin de peinture dans une voiture d’enfant, Kienholz a créé un choc, il donne une image repoussante, sur la façon dont les valeurs contemporaines et les conditions sociales influent sur l’individu.
Edward Kienholz – Roxy’s (1960-61)
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En 1962 Kienholz présentait son premier «tableau», ou assemblage de l’environnement, Roxy.
Il reconstitue Roxy’s qui était le nom d’une célèbre maison close à La Vegas dans les années 1940.
Il reconstitue l’ambiance du lieu. Les prostituées sont réalisées avec des fragments de mannequins, on y trouve des squelettes d’animaux. Lieu très angoissant très inquiétant. Surréaliste côté rétro. Personnage sur machine à coudre. La scène du Roxy’s se passe en 1943; la date est précisée par le calendrier, les magazines, la mode des vêtements, les chansons du juke-box et par le portrait « appel-aux-armes-du-Général-Mac-Arthur ». Bien que l’on considère souvent l’oeuvre de Kienholz comme une critique de la société, il est intéressant de remarquer que la tonalité morale de Roxy’s est celle d’une réflexion neutre sur notre temps. « On ne peut avoir de maisons closes sans clients qui paient ». Lors du vernissage de l’exposition, Kienholz avait insisté pour que les personnes invitées viennent en tenue de soirée. Il tenait à ce que l’assistance se conduise de manière impeccable.
Edward Kienholz – The illegal operation (1962)
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1962 the illegal operation. Loi sur les avortements clandestins. L’opération illégale est une explosion de désespoir d’une incroyable violence. Cette oeuvre exprime l’extrême angoisse qui entoure l’avortement pratiqué dans le secret. Souvent pratiqué de manière peu scrupuleuse, sans prendre les mesures d’hygiène qui s’imposent, Avant d’être légalisé, l’avortement a causé de nombreux décès de femme, laissé des séquelles irréversibles à d’autres, et a toujours été vécu de manière traumatisante.
Achetée récemment pour 1 million de dollars par le County Museum of Art de Los Angeles (LACMA).
Edward Kienholz – L’attente (1963) 203,2 × 406,4 × 213,4 cm Whitney Museum of American Art, New York
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L’attente 1963 solitude de la vieillesse. Pas de tête remplacée par un globe, collier avec des bocaux qui contiennent des souvenirs.
Edward Kienholz – Back seat dodge’38 1964
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Back seat dodge’38 1964
Souvenirs d’adolescent de l’artiste. « Le siège arrière d’une Dodge 38 », ici, est évoquée l’expérience de millions d’adolescents américains tourmentés par des appétits sexuels d’adultes, dans une société exigeant virginité et mariage. L’intérieur de la voiture se reflète dans le rétroviseur, transformant de nouveau le spectateur en voyeur, en participant actif. Il faut noter que la plupart des spectateurs lisent ce tableau comme s’il se composait de deux personnages. En réalité, une forme masculine (en grillage de poulailler) recouvre une forme féminine dont on ne voit qu’une partie du corps (en plâtre moulé); mais les deux se fondent en une seule tête. Les vêtements et les divers accessoires datent du début des années 40, du temps de la jeunesse de Kienholz. La radio en marche ajoute au caractère direct de l’oeuvre et la resitue dans le temps.
Exposition de 1961 Edward Kienholz à la Ferus Gallery. Extrait de l’émission de télévision Histoire d’un artiste , 1962, réalisé par William Kronick. Sous licence par Warner Bros Entertainment,
The Beanery Bar de Los Angeles (1965)
L’alcool supprimait les barrières sociales. Tous les mannequins habillés ont des têtes comme des montres le temps est arrêté.
Edward Kienholz – The state hospital (1966) Stockholm
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The state hospital 1966 Stockholm.
Intérieur 2 personnages sur des lits. Les têtes sont remplacées par des bocaux avec des poissons rouges. Glauque et triste. The State Hospital – L’hôpital d’état, est un établissement psychiatrique où Kienholz a travaillé en 1948 a servi de modèle. Horrifié par le sadisme des gardiens, l’indifférence des docteurs et le traitement particulièrement inhumain des malades, Kienholz a rétrospectivement construit cet hôpital comme un réquisitoire violent contre de tels lieux.
Edward Kienholz – The birthday (1968)
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The birthday 1968.
Femme seule, jaillissement de la vie, ou spasmes de sa souffrance. Le cri est la bulle qui sort de sa bouche. Kienholz essaie dans ce tableau de représenter le moment précis où commence la vie. La femme gît, écrasée par la peur et la douleur, épouvantée par toutes les histoires de vieilles femmes qu’elle a entendu raconter depuis son enfance. Ce qui devrait être épanouissement heureux devient désespoir, angoisse. La bulle de plastique, c’est le hurlement strident qu’elle pousse, et les flèches, en plastique aussi, expriment les spasmes de sa souffrance. Le mari a envoyé une carte (visible) pour expliquer son absence. La femme est absolument seule. Cependant, ce mal, qui la ravage, va être source de régénérescence, pour elle et pour l’humanité.
Edward Kienholz – The eleventh hour final 1968
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The eleventh hour final 1968. Un salon chaque soir vers 23 h durant la guerre du Vietnam, décompte du nombre de morts à la télévision.
Le point focal est un téléviseur coulé dans le béton qui rappelle une pierre tombale, dresse la liste des morts et des blessés, le «Eleventh Hour finale» a été le programme de nouvelles de fin de soirée à la télévision américaine.
Edward Kienholz – The portable war memorial monument (1968) Musée Ludwig Cologne
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The portable war memorial monument 1968 Musée Ludwig Cologne.
A gauche les moyens de propagande, photo des marines qui plantent le drapeau dans le trou d’une table. Ils sont devant un tableau noir où son inscrits les noms des pays indépendants qui ne le sont plus. Le spectateur réconforté se dirige vers la droite où se trouve une pierre tombale.
Réponse de Kienholz à une critique parue dans Artforum durant l’été 1969: « Je tiens à préciser avant tout que je ne veux nullement insulter ce pays – l’Amérique – car je l’aime, je pense, autant que vous. J’ai cependant le droit de vouloir le changer, et à ma façon. Ma méthode – celle de tout artiste – est un système de mises au point et de points de vue. Pour ce qui est de cette oeuvre, elle se lit comme un livre: de gauche à droite. À gauche il y a les moyens de propagande: l’Oncle Sam de la première guerre mondiale, Kate Smith chantant « Dieu bénisse l’Amérique » et « Les marines au Mont Suribachi ».
Les » marines » se tiennent debout en face d’un tableau noir en forme de tombe où s’inscrivent à la craie les noms des quelques 475 pays indépendants qui ont existé mais qui n’existent plus. Par exemple: Akkad. Aujourd’hui je ne sais plus où trouver Akkad. Vous non plus je pense. Un jour, il y a longtemps, un homme a dit à un autre homme: « n’approche pas d’Akkad sinon je vais prendre un fusil, une lance, un roc, une massue et je te foutrai en l’air ». La terre n’a pas changé de dimension, mais les frontières tracées par l’homme changent sans cesse à grand frais humains. Et la raison en est bien discutable.
La section suivante, « travail habituel », se compose de tables et d’un vrai distributeur automatique de vrais « cokes ». L’horloge marque notre heure exacte. Aucun détail n’inquiète jusqu’au moment où le spectateur remarque que sur la dernière pierre tombale, représentant l’avenir, vierge par conséquent, est crucifié une forme humaine. Poussant plus loin sa recherche, plein de confiance et de cokes (en main), le spectateur remarque que les mains du petit personnage sont brûlées: détail symbolique, prémonitoire qui met en lumière la responsabilité de l’humanité en matière nucléaire. Sur la pierre tombale figure, outre les noms, une croix retournée. On y lit: monument commémoratif ambulant, rappelant la victoire… – là, sur le tableau noir, un petit carré vide – de l’année 19.. – un autre petit carré vide. Chacun pourra ainsi ajouter Sa date avec un morceau de craie offert gracieusement (…)
Je pense que la combativité est naturelle, nécessaire même. Mais je la voudrais véhiculée, canalisée par une pensée maîtresse d’elle-même et responsable.
La plus riche et la plus puissante nation du monde ne peut jamais l’emporter dans un combat singulier (bien sûr ILS ont gagné, ILS étaient les plus forts). Notre situation morale, éthique n’est pas brillante au point de désirer en écraser les autres cultures. En tant que nation et en tant qu’individus, peut-être devrions-nous nous situer nous-mêmes et situer notre influence à un niveau plus élevé. »
Il épouse Nancy Reddin, qui cosignera avec lui toutes ses œuvres. Il vit entre Berlin et les USA. À partir de 1972, les tableaux-assemblages d’Edward Kienholz et de Nancy Reddin sa femme, constitués d’objets, de peintures et de photographies, parlent de la vie et de la mort, de la peur de la mort, de la guerre, de l’exclusion sociale ou raciale, de la solitude.
Au début des années 1970, Edward Kienholz reçoit une bourse qui lui permet de s’établir à Berlin pour y travailler avec son épouse — et collaboratrice — Nancy Reddin. Ensemble, ils réalisent notamment les Volksempfängers (radios de l’Allemagne nazie)
Edward Kienholz – Volksempfange (1980)
1980 Volksempfange. Poste de radio diffusant propagande 3eme riech.
E. Kienholz The Hoerengracht à la national gallery de Londres.
The Hoerengracht scène de rue imaginaire d’Amsterdam. Six salles avec des mannequins de femmes au visage dans un cadre qui peut se refermer.
Edward Kienholz – The oxymandias parade (1985)
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C’est une critique virulente de l’abus du pouvoir politique, traitée à la manière d’une parade de cirque. 687 ampoules clignotantes. Le personnage central est un homme politique, sur les épaules d’un autre, il montre la fragilité du pouvoir. Les personnages jouent de la trompette.
Edward Kienholz – The pool hall (1993) installé au Schirn Kusthalle à Francfort en 2011
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The pool hall, la salle de billard. Ce travail dépeint en détail la brutalité et le fantasme masculin vis à vis de la femme. Elle est décapité. Les hommes sont en noir et blanc et ont des bois comme s’ils étaient des cerfs.
Edward Kienholz – The portable war memorial monument (1968) Musée Ludwig Cologne
Sinned 1992 le pécher.
Reconnu et apprécié en Europe dès des années 70, il fut apprécié aux Etats-Unis une vingtaine d’années plus tard.
On peut considérer Edward Kienholz comme un brillant satiriste américain et un moraliste qui perçoit l’absurdité de l’état humain. Il a toujours gardé une sympathie pour les moins chanceux, pour les plus démunis. Mais il s’est montré sans pitié pour ceux qui usent de leur puissance aussi bien dans les rapports humains que dans l’arène politique.
C’est un des premiers artistes qui se soit exprimé de façon aussi violente.
Alors que les autres artistes pop utilisaient des objets neufs, Kienholz a toujours utilisé dans ses installations, des photographies, des vêtements, et des meubles d’occasion qu’il rassemblait dans ses sculptures, ses tableaux et ses environnements comme pour garder la mémoire humaine.
Contrairement au pop art, il ne se préoccupe pas de l’esthétisme alors que les oeuvres pop sont distrayantes et séduisantes.