Cours du 23 novembre 2012

4° Dada à Hanovre
Un seul artiste, mais très actif : Kurt Schwitters, typographe, éditeur, poète, peintre… Il est en relation avec tous les autres groupes dada, mais aussi avec Théo van Doesburg ( qui travaille avec Mondrian en Hollande), El Lissitsky ( russe) . Sa revue « Merz » sera l’organe de liaison international de dada.
Schwitters qualifie de « merz » toutes les formes de sa production. Le mot est un fragment extrait de Kommerzbank…

Plusieurs images de ses « Merzbilder », somptueux mélanges de matériaux collés et de peinture. Les dadaïstes de Berlin ne voulaient pas l’exposer parce qu’ils le trouvaient trop attaché à l’esthétique ! Schwitters a un incroyable talent pour créer de la beauté à partir de déchets urbains en tous genres. Son travail préfigure celui d’un Rauschenberg au début des années 60. Il disait «  je suis peintre, je cloue mes tableaux ».
L’une de ses créations les plus originales est le Merzbau qui envahissait de façon proliférante son appartement de Hanovre à partir de 1920, jusqu’à déborder à l’étage supérieur, puis sur le toit… »work in progress » devenu mythique, abandonné lorsque l’artiste dut fuir l’Allemagne pour la Norvège, puis l’Angleterre , où un nouveau Merzbau (cette fois subventionné par le MoMa) a été construit. Cette construction à l’esthétique à la fois constructiviste et baroque, dans laquelle on peut pénétrer, est considérée comme le premier « environnement ». de l’art du XX° siècle. Schwitters est le prototype de l’artiste « habité » par son œuvre. Il disait « tout ce qu’un artiste crache, c’est de l’art ».
Voir un article sur Schwitters.

5° Dada à Cologne
Dernier foyer important d’Allemagne, entre 1918 et 1922.
Jean Arp et Max Ernst publient des revues et organisent une expo bien vite interdite, dans laquelle on voyait un aquarium rempli d’eau rouge sur lequel flottait une perruque , et une jeune fille vêtue en communiante qui racontait des histoires porno…
Ensemble ils réalisent des collages intitulés «  fatagaga » ( pour fabrication de tableaux garantis gazométriques )
De Max Ernst : Dada Degas par Dada Max Ernst Tricoteur, 1919


Max Ernst – C’est le Chapeau qui fait l’Homme, (1920) MoMA
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Et C’est le Chapeau qui fait l’Homme 
A partir de 1921, il met au point un type de collage particulier, en utilisant des gravures du XIX° siècle pour créer des images oniriques, étranges, un peu inquiétantes. Il développera cette technique dans sa période surréaliste.
La préparation de la colle d’os, 1921
Arp se rend à Paris en 1920, Ernst en 1922 .

6° Dada à Paris
En 1919, après un passage à Barcelone, Francis Picabia est à Paris où il entretient un climat de provocation et de non-sens
Photo de son « œuvre » intitulée tabac rat ( = bar tabac) et photo montrant Picabia posant dans le vide de ce tableau. C’est dans ce contexte que Duchamp réalise L H OO Q et le readymade pourquoi ne pas éternuer…


Francis Picabia – l’œil cacodylate, (1921)
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De Picabia : l’œil cacodylate, 1921, rassemble 55 signatures de ses amis passés chez lui lors d’une soirée alors qu’il avait un zona à l’œil. Voir un commentaire.

La nuit espagnole. En 1924, Picabia a mis en scène et fait le décor du ballet « Relâche» ( photos) avec une musique d’Eric Satie , et à l’entracte était projeté «entracte» de René Clair, dont Picabia avait écrit le scénario.
Picabia était un artiste incontrôlable que Serge Gainsbourg appréciait beaucoup, entre autres pour un de ses textes : «Jésus-Christ rastaquouère»
Il avait placardé dans l’une des expo ceci : «Pour que vous aimiez quelque chose, il faut que vous l’ayez vu et entendu depuis longtemps, tas d’idiots !»
A partir de 1921 Man Ray aussi est à Paris ; il réalise des œuvres variées, comme Dancer (ou Danger) peint à l’aérographe sur verre, et des objets paradoxaux comme Cadeau ou l’Objet indestructible : à l’origine, c’était «l’objet à détruire» et y était fixé la photo d’un œil Il s’accompagnait d’une notice disant «fixez une photo de l’œil de quelqu’un que vous n’aimez plus, mettez en marche le métronome jusqu’à l’exaspération, puis essayez de casser l’ensemble d’un seul geste.» Comme quelqu’un l’a pris au mot, l’original a été remplacé plus tard par un autre, avec l’oeil de Lee Miller (qui venait de quitter l’artiste), et est devenu «l’objet indestructible».
Man Ray invente les «  rayogrammes », en posant des objets directement sur le papier photographique, sans utiliser l’appareil photo.
Retour à la raison est un film expérimental de 3 mn fait de rayogrammes et de morceaux de pellicule sur lesquels Man Ray a mis du sel et du poivre, et dans la dernière partie on voit le buste nu de Kiki de Montparnasse , la maîtresse et la muse de l’artiste à l’époque.


Film retour à la raison 1923

Le « dadaïsme » parisien, c’est aussi Max Ernst, avec des collages comme la Chute d’un ange, 1922,


Max Ernst – la Chute d’un ange, (1922) Collection privée
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La chute d’un ange, voir un commentaire.

et des peintures à l’huile inspirées de l’esthétique hétérogène du collage, comme, « La bicyclette graminée garnie de grelots les grisons grivelés et les échinodermes courbants/échine pour quêter des caresses » 1920-21,


Max Ernst – La bicyclette graminée garnie de grelots…,, (1922) Collection privée
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Au premier mot limpide. Max Ernst l’avait peinte en 1923 sur les murs de la maison d’Eaubonne, dans la banlieue parisienne, qu’il partagea dans une aventure trioliste avec Paul et Gala Eluard. En 1968, on se préoccupa de retrouver la maison, appartenant alors à un boucher qui avait recouvert la peinture murale de papiers peints et badigeonné le reste. Elle fut retrouvée, dégagée, découpée en deux panneaux inégaux.
Oedipus Rex (1922). Voir un commentaire.


Max Ernst – Les hommes n’en sauront rien, (1923) Tate Collection
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Les hommes n’en sauront rien, voir un commentaire.


Max Ernst – La femme chancelante, (1923) Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen, Düsseldorf.
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La femme chancelante. Voir un commentaire.


Max Ernst – Ubu imperator, (1923) MNAM, Paris
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Ubu imperator. Voir un commentaire.
… et c’est bientôt le surréalisme qui prendra le relais, à partir de 1924.

Conclusion : en voulant faire du non-art, donc en refusant toutes les pratiques traditionnelles, les artistes dada ont ouvert quantité de voies nouvelles : le collage redéfini , le photomontage, les tableaux-reliefs, l’utilisation de la broderie, le recyclage des déchets, l’environnement, le happening, la performance etc…
Typiquement un art de jeunes en temps de crise de confiance dans une société elle-même fragile, dada s’est révélé fécond quant à la redéfinition de la place de l’artiste dans la société ; par sa propension à douter de tout et à vouloir agiter les consciences, il est précurseur du mouvement « fluxus » dans les années 1970 …et d’un certain nombre d’attitudes contemporaines.

Autre ressource sur dada


L’esprit dada

Emission sur le mouvement dada consacrée aux origines du mouvement, avant sa naissance à proprement parlé, au travers du récit de la vie d’artistes tels que Francis PICABIA, Marcel DUCHAMP, MAN RAY, Alfred STIEGLITZ où Marcel CRAVAN tous installés à NEW YORK. L’émission est construite sur une alternance d’interviews de différentes personnalités, artistes de l’époque ou les ayant côtoyés, ponctuées de nombreux bancs titres d’oeuvres et de documents d’époque.