Les artistes contemporains en lien avec Degas (suite). Claude Monet
Sommaire : Tina Barney, Roland Fischer, Pierre Bonnard, Claude Monet
Analyse de tableaux de C. Monet
Quelques artistes contemporains travaillant dans le même esprit que Degas
Tina Barney a réalisée une série de photographies sur les européens des classes aisées. Ils se faisaient photographier, dans un environnement de leur choix, dans une attitude choisie. Tous les personnages sont éclairés de spots lumineux et exprimant un souci si minutieux du détail qu’on se demande s’il s’agit d’une situation improvisée. Italie en 1996, père et fils, France 2002 filles, jeune homme avec son chien. Son travail a été présenté à Arles en 2003. A travers ces photographies, on constate que la notion de bon goût varie suivant les pays.
Roland Fischer Sa série « Los Angeles Portraits » (1991) s’attache à des femmes de la jet-set hollywoodienne. Chacune de ses modèles pose maquillée, souvent avec ses bijoux préférés, à moitié immergée dans sa piscine privée. Ses modèles présentent une expression neutre du visage, une certaine uniformité dans la façon d’être.
Ces deux artistes, comme Degas représentent des personnages la classe aisée.
Edgar Degas – Les repasseuses (vers 1884-1886) Musée d’Orsaydeg_repas1.jpg
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Le tableau de Degas, les repasseuses, avait été composé en atelier.
Pierre Huyghe adopte la même démarche lorsqu’il réalise le chantier à Barbes-Rochechouart. L’artiste s’interroge sur les rapports étroits et ambigus entre réel et fiction. Il analyse aussi sa relation au temps, au spectateur et à la mémoire collective. Son travail interroge la notion d’exposition. Il veut mettre à jour les dessous de la création et de la production, en jouant avec le temps et l’espace. Effet de mise en abyme, entre le réel et une photo du réel. C’est une façon de immortel des métiers qui peuvent être héroïsés. Finalement, tout peut être un jeu de rôle. L’analyse d’Isabelle Hersant.
Le thème du nu à la toilette de Degas, a été repris par Pierre Bonnard.
Son seul modèle est sa femme Marthe, (qui ne vieillit jamais entre 1920 et 1940), son visage est flouté. La baignoire est inclinée le carrelage est flouté et rythmé en bandes verticales et horizontales. Les couleurs sont réinventées.
Tableau réalisé deux ans avant la mort de Marthe. Ses recherches sont plus audacieuses que celles de Degas, il a une approche plus émotionnelle de son modèle.
Comme il le dit lui-même dans une note de 1942, ses tableaux sont « une suite de taches qui se lient entre elles et finissent par former l’objet, le morceau sur lequel l’œil se promène sans aucun accroc. »
Comme Degas, Bonnard s’est intéressé à la photographie.
Claude Monet (1840 – 1926)
Il a opté pour la peinture en plein air, sur le motif, mouvance fragmentaire, discontinue, il s’empare avec bonheur du changement de la lumière, du temps (atmosphère et durée). Il gère les états changeant de la lumière. Il a beaucoup voyagé. Il passe son enfance au Havre, près des stations à la mode Honfleur, Deauville. Jeune homme, il vent de caricatures, à 18 ans,
En 1857, sa mère décède et il abandonne ses études. Sa tante l’accueille et l’encourage à continuer le dessin. Il vend ses caricatures signées O. Monet chez un commerçant spécialisé dans le matériel pour peintres, où expose également Eugène Boudin, ancien associé du propriétaire, qui lui enseigne la technique avec des peintures en tube. « Si je suis devenu un peintre – dira-t-il plus tard – c’est à Eugène Boudin que je le dois« . celui-ci lui conseille de quitter Le Havre pour Paris dans le but d’y prendre des cours et d’y rencontrer d’autres artistes.
Il part à Paris à l’académie Suisse où il rencontre C. Pissarro. Il part faire son service militaire en Algérie, de retour à Paris il s’inscrit dans un nouvel atelier où il rencontre Pierre-Auguste Renoir avec qui il fonde un mouvement artistique qui s’appellera plus tard impressionniste. Ils ont peint ensemble et ont maintenu une amitié durant toute leur vie. Il se lie également avec le peintre Frédéric Bazille avec qui il entretient une importante correspondance et aussi avec Alfred Sisley et les peintres de l’école de Barbizon.
Claude Monet – Déjeuner sur l’herbe – esquisse (1865) The Pushkin Museum of Fine Arts, Moscou Russie
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Il fait son déjeuner sur l’herbe. L’œuvre mesurait plus de quatre mètre sur six et devait constituer un hommage mais aussi un défi à l’égard de Manet dont le tableau du même titre avait été l’objet des sarcasmes du public et des critiques lors de son exposition au Salon des Refusés en 1863. Mais le projet fut abandonné en 1866, juste avant l’inauguration du Salon auquel Monet le destinait. Bazille sert de modèle pour les hommes et Camille Doncieux – sa future femme – de modèle pour les femmes. Il laissa sa peinture en gage à un aubergiste auquel il devait de l’argent, qui l’a roulé dans sa cave, où elle s’est détériorée, seul deux morceaux ont pu être sauvés.
Portrait atmosphérique de la plage aux environs du Havre où Monet a grandi. Ce tableau a été élaboré à partir d’études peintes en plein air. Il est exposé au Salon de 1865 où la similitude de leurs noms pousse Monet et Manet à faire connaissance
Femmes au jardin Camille sa maitresse pose pour les quatre femmes, tableau refusé au Salon (le jury déplore la touche apparente qu’il juge comme une marque de désinvolture et d’inachèvement). Ce tableau, où le plein soleil alterne avec l’ombre, est un hymne à la grâce féminine et à la douceur de vivre… A la même époque, Bazille peint réunion de famille avec moins d’émotion.
Claude Monet – St. Germain l’Auxerrois (1861) Alte Nationalgalerie Berlin
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Saint Germain d’Auxerrois. Pas de dessin la peinture est appliquée par touches, ce qui a beaucoup choqué à l’époque.
Période difficile de sa vie, son père ne lui envoie plus d’argent, il lui fait croire qu’il rompt avec Camille qui est enceinte, il rentre au Havre, et Bazille s’occupe de Camille.
Claude Monet – Terrasse à Sainte adresse (1867), Metropolitan Museum of Art, New York
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Retour au Havre, terrasse à Sainte adresse (père de Monet dans un fauteuil) assez figé.
Au bord de l’eau jeu des reflets intéressants.
« Sur les conseils d’Emile Zola, Monet s’installe à Gloton, hameau de Bennecourt, avec sa femme et son fils, en 1868.
Ce premier séjour manque de se terminer tragiquement. Mis à la porte de l’auberge « nu comme un ver », perclus de dettes, il se jette dans la Seine. Ce sera le seul acte de désespoir du peintre.
Des toiles créées à Bennecourt au printemps 1868, on ne connaît qu’un croquis et ce tableau longtemps appelé « La Rivière » faute de localisation précise. Il représente Camille, sa femme, assise dans une île, face à Gloton, et les maisons habitées par Zola et Monet en 1868 qui se reflètent dans l’eau. »
Claude Monet – La Grenouillère à Bougival (1869), Metropolitan Museum of Art, New York
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Il peint alors avec Renoir La Grenouillère à Bougival où ils s’exercent à traduire les effets fugitifs de l’eau et de la lumière. C’est le moment de la naissance de l’impressionnisme, les reflets d’eau sont intéressants. Voir la peinture de Renoir.
Durant la guerre de 1870, il se réfugie à Londres, Bazille est tué en 1870 à l’âge de 29 ans. A Londres, il découvre l’œuvre de Turner : chambre à Venise (1839), pluie vapeur vitesse, tempête de neige en mer. Monet va nier plus tard l’influence de Turner. Il fait la connaissance de Durant-Ruel.
Son père meurt en 1872, il lui laisse un héritage, il s’installe alors avec Camille et son fils à Argenteuil.
La période d’Argenteuil
Déjeuner et coin d’appartement. Cette scène représente Jean, le fils du peintre, ainsi que Camille Monet née Doncieux sa première femme.
Il aménage un bateau en atelier, il rencontre Gustave Caillebotte, peintre fortuné qui acheta beaucoup de toiles impressionnistes.
La Seine à Argenteuil. Le pont structure l’espace.
Claude Monet – Impression Soleil levant (1872), Musée Marmottan Paris
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Impression au soleil levant. Cette toile donne le nom impressionniste. Monet aime les effets atmosphériques et la lumière qui dissout les formes. Voir l’analyse de la toile.
Cette nouvelle vision de la peinture n’a pas été comprise à l’époque. Pas de savoir faire de dessin. Louis Leroy, critique du « Charivari » pour ridiculiser le tableau de Monet donne au groupe le surnom d’impressionnistes, il écrit :
« -Que représente cette toile ? Voyez au livret.
-Impression, soleil levant.
-Impression, j’en étais sûr ; puisque je suis impressionné, il doit y avoir de l’impression là dedans…Et quelle liberté, quelle aisance dans la facture ! Le papier peint à l’état embryonnaire est encore plus fait que cette marine là« .
Claude Monet – Boulevard des Capucines (1873), Museum of art Kansas City
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En 1876 Monet participe à une exposition organisée par Durant-Rueil et fait la connaissance Ernest Hoschedé qui lui commande des panneaux décoratifs (qui ne seront finalement pas réalisés).
La fête du 30 juin 1878 dans la rue Montorgueil (célébrant la fin de l’exposition universelle) ; tout est flou, mais il arrive à bien restituer une ambiance. Naissance de Michel son second fils.
Ils vivent ensuite à Vétheuil où Camille décède le 5 septembre 1879 à 32 ans ; il l’a peinte sur son lit de mort.
Aménagement à Vétheuil. Alice et les enfants Hochedé se réfugient chez Monet. Il vit grâce à l’aide de Caillebotte.
Église de Vétheuil 1879, voir les tableaux de Monet à Vétheuil.
En 1881 Durant-Ruel peut à nouveau acheter ses tableaux, ils s’installent à Poissy, les critiques sont bonnes mais Monet ne vent rien.
Il loue la maison de Giverny.
Cette œuvre est remarquable par l’importance que Monet donne aux modèles. La position du spectateur en contre plongée sur la scène, la clarté et la luminosité émanant du ciel et de l’arrière des modèles, la dimension de ceux-ci, l’application dans la reproduction des visages font presque de cette toile un portrait bien que Monet ne soit pas portraitiste. Pourtant, au premier plan, chaque note de lumière est figurée sur chaque fleur, sur chaque brin d’herbe. La végétation est reproduite de façon à ce que l’observateur attentif puisse sentir vibrer chaque touche de lumière dans l’atmosphère. La sensation de réalité que nous éprouvons en contemplant la toile vient exactement de là… Ainsi que de l’emploi judicieux de certains contrastes de couleurs. Analyse plus complète du tableau.
Monet voyage beaucoup, ce qui lui permet de s’isoler un peu de sa nombreuse famille.
A partir de cette époque il peint des séries qui, se différenciant des compositions identiques par la seule variation de l’éclairage. Ce qui contraste d’ailleurs avec l’apparente improvisation dont on gratifie volontiers l’Impressionnisme.
La série des gares
Série des gares de Saint Lazare (Orsay et Harvard). Voir la série des gares St Lazare. Monet est inspiré par les estampes japonaises. Camille habillée avec un kimono.
Série des meules dans les champs. Avec tous les éclairages, les meules constituent un motif privilégié pour l’étude des formes dans la lumière, celle-ci déterminant l’apparence des choses. Rendu célèbre par Kandinsky.
Série des peupliers sur les bords de l’Ecte. Cadrage inspiré par les estampes japonaises.
En 1890 il achète la maison de Giverny, il a détourné un petit cours d’eau pour créer un bassin. Le jardin est une palette. Construction d’un pont sur le modèle japonais. Il se concentre ensuite sur les nénuphars du bassin.
Monet et Alice se marient en 1892.
Série de la cathédrale de Rouen (1892 – 1894). Il loue une chambre qui donne sur la cathédrale, il peint 30 toiles. Sujet statique très dessiné, rien n’est objectif sans la lumière. la lumière va et évolue au cours de la journée. La peinture évoque un crépi, retravaillé en atelier. Il insiste sur la durée du travail les heures sont indiquées. Série immédiatement très appréciée.
Cette Série des Cathédrales de Rouen, achevée en atelier en 1894, constitue, selon le titre de l’article que lui consacre son ami Georges Clemenceau en 1895 à l’occasion de l’exposition à la galerie Durand-Ruel de vingt de ces vues, une véritable révolution en peinture. Clémenceau a cherché à faire acquérir cette série par l’État qui a refusé.
Claude Monet – Parlement de Londres au crépuscule (1904), Musée d’Orsay
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Le parlement de Londres au crépuscule vers 1904. Silhouette irréelle et fantomatique, le Parlement surgit comme une apparition. L’architecture de pierre semble avoir perdu toute consistance. Ciel et eau sont peints avec les mêmes tonalités, dominées par le mauve et l’orangé. La touche est systématiquement fragmentée en multiples taches colorées, pour rendre la densité de l’atmosphère et de la brume. Paradoxalement, ces éléments impalpables sont d’autant plus tangibles que le bâtiment est évanescent, comme dissout dans l’ombre.
Claude Monet – Crépuscule à Venise (1908) National Museum of Wales Cardiff
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Crépuscule à Venise. Selon Monet lui-même, le peintre n’a fait que « des essais et les esquisses » à Venise. Bien que les toiles aient été finis plus tard en ateliers, elles n’ont pas le même empâtement que d’autres œuvres, comme la série des cathédrales de Rouen. Une fois avoir vu la ville, il a été « saisi par Venise ».
Reflet des nuages sur le plan d’eau. Perte des repères pour le spectateur.
L’État accepte de financer des grandes peintures (20m) au musée de l’orangerie. Dans une salle ronde, l’immersion est totale dans la peinture.
Renoncement aux détails changement radical de la perception immersion dans la couleur avec les grands formats, on suggère quelque chose de fluide et de mouvant. (All over des américains), pas de composition centrée.
Site sur l’analyse des œuvres de Monet