Cours du 5 décembre 2011

Edgar Degas

Sommaire : Les portraits, les orchestres, les chevaux, les danseuses, les repasseuses, le cirque, les femmes


Au Salon de 1863 A. Cabanel expose la naissance de Vénus, (voir les critiques de l’époque) classicisme, très éloigné de ce que pouvait faire Manet à la même époque.

Alexandre Cabanel – La naissance de Vénus (1863) Musée d’Orsay
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Rapprochement avec le groupe Guerrilla Girls, ce groupe produit surtout des affiches afin de promouvoir la place des femmes et des personnes de couleur dans les arts. (opposition avec la Vénus idéalisée peinte par Cabanel).

Edgar Degas (1834 – 1917)

Les portraits

Edgar Degas – Autoportrait (1863) Musée d’Orsay
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Lorsqu’il peint cet autoportrait il a 29 ans, il est issu d’une famille aristocratique à l’abri du besoin. Père banquier, d’origine napolitaine. Sa mère issue d’une famille créole de la Nouvelle Orléans, est décédée jeune. La famille accepte la carrière artistique de Degas.
Contrairement à Manet, il est très attaché au dessin. Il était « difficile à vivre » (Caillebotte).

Edgar Degas – Hilaire De Gas (1863) Musée d’Orsay
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Portrait de son frère, portrait de René Hilaire de Gas l’autorité est visible, austérité.

Il se spécialise dans les portraits à, ses débuts. Il se rend en Italie durant trois ans. Il se lie d’amitié à Rome avec Bizet et G. Moreau, (nombreux croquis) se rend ensuite à Florence (admire les fresques de Giotto). Il est invité à Florence chez le baron Bellelli, il fait le portrait de la famille.

Edgar Degas – La famille Bellelli (1863) Musée d’Orsay
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Le baron est isolé, la baronne fait corps avec ses deux filles. C’est un mariage arrangé, qui engendre une frustration des époux. La baronne est enceinte, dans le petit cadre au dessus de sa tête on voit le portrait de son père qui vient de mourir. Gros travail de composition dans sa peinture. Ce voyage de trois ans lui a donné confiance en lui, de l’ambition, il se sent surtout doué pour le portrait.

Il rencontre Manet au Louvre, se lie d’amitier avec lui. Il se pose la question de comment actualiser les thèmes classiques, pour présenter ses toiles au Salon ?

Edgar Degas – Petites filles spraciates provoquant les garçons (1860) collection privée
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Petites filles spraciates provoquant les garçons. Degas fait déjà preuve d’originalité : il abandonne les fioritures « classiques » pour peindre de véritables adolescents, gauches, timides, et non des personnages idéalisés. Deux groupes d’adolescents, la main est dans le centre géométrique de la toile. N’a pas la noblesse d’un sujet antique, ce qui intéresse Degas, c’est le mouvement.

Edgar Degas – Portrait de Mr et Mme. Morbilli (1865) Boston, MA, Museum of Fine Arts
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Il va redoubler d’effort dans les portraits psychologiques. Portrait de couple de la haute société, l’épouse est plus discrète, distance entre les deux personnages, deux tons à l’arrière plan.
Il s’engage durant la guerre de 1870, quitte Paris durant la commune s’installe en Normandie. Portrait d’Hortence Valpincon cadrage curieux, composition non conforme à la tradition classique.

Il part pour Londres, puis New York chez son oncle qui possède un comptoire de coton. Portrait dans un comptoir. Les gens sont tous occupés. (v. commentaire)
Portrait de sa belle soeur René de Gas. Aveugle.

De retour à Paris Degas cherche un public en dehors du Salon.

Intérieur ou le viol. Rapport assez conflictuel d’un couple, ambiance sombre, cela peut annoncer un viol, atmosphère pesante, voir commentaires complémentaires. Ce thème avait déjà été traité au XVIIéme par Fragonard le verrou.

Edgar Degas – La bouderie (1873) Metropolitan Museum of Art, New York
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Le peintre saisit le moment où la discussion est brusquement interrompue. Les deux personnages sont reliés par le tableau derrière (tableau de course de chevaux).

Il rejoint le café Guerbois et rencontre les impressionnistes. Il quitte le clair-obscur.

Edgar Degas – L’absinthe (1875) Musée d’Orsay
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L’absinthe. Les personnages représentés sont l’actrice Ellen Andrée et le peintre et graveur Marcellin Desboutin, tous deux également peints par Édouard Manet. Ce tableau illustre à la fois le développement des cafés parisiens dans la deuxième moitié du XIXe siècle en l’occurrence le café de la Nouvelle Athènes place Pigalle, alors lieu de réunion des Impressionnistes mais aussi celui de l’alcoolisme qui ravage les couches populaires. A l’origine intitulée Dans un café, cette toile fut présentée à la deuxième exposition des impressionnistes en 1876. C’est une peinture à l’huile sur toile de 92 x 68 cm peinte en 1876 conservée au Musée d’Orsay.

Du point de vue de la manière, Degas innove par son traitement atypique du cadrage dont la violente asymétrie souligne l’isolement des personnages Ellen Andrée et Marcellin Desboutin. Ce type de recherches sur le cadrage furent très probablement influencées par le développement de la photographie à la même époque et se retrouve dans de nombreux tableaux de l’artiste. Poses populaires avachies et alcooliques, impression de reportage sur le vif.

Thème des orchestres

Edgar Degas – L’orchestre de l’opéra (1869) Musée d’Orsay
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Avec « L’orchestre de l’Opéra », Degas signe encore une composition très novatrice, avec en plans superposés vus du premier rang, la fosse aux musiciens, et la scène avec les danseuses de ballet décapitées formant un tourbillon de jambes et de tutus. Ce cadrage particulier sera repris par T. Lautrec. Il fait le portrait d’un de ses amis basson qui est au centre, les autres musiciens ont été peints en atelier sur des modèles.

Musiciens à l’orchestre Pour Degas, « il faut traduire la perception sous forme de chocs« .

Portrait de mme Jeantaud au miroir habillée pour sortir, regarde dans un miroir, on la voit dans le miroir, de manière floue, composition novatrice. (v. commentaires)

Thème des chevaux

Il expose avec les impressionnistes, mais reste en dehors du mouvement (il présente également des dessins), il ne veut pas être qualifié d’impressionniste. Il préfére la ville à la nature. Il s’intérésse aux thèmes de la vie moderne.

Edgar Degas – Aux courses en province (1869) Museum of Fine Arts (Boston)
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Aux courses en province. La course se trouve à l’arrière plan, berceau au premier plan tous les regards sont tournés vers l’enfant. Scéne familiale dans un contexte de courses.

Le champ de course jockey amateur. Tous les éléments sont partiels et fragmentés, le seul cheval qui courre est concurrencé par le train (voir le détail). Peinture en atelier nombreux croquis pris sur place. Il est inspiré par les photos de Nadar. On ne donne l’idée du vrai que dans le faux.

Thème des danseuses (à partir de 1864)

Il a laissé 2 000 œuvres (peintures, pastels litho, dessins etc.) sur ce thème. Ce type de peinture se vend bien. A la suite d’un revers de fortune, il réalise ce type de production.

Edgar Degas – La classe de danse (1871) Musée d’Orsay
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Degas était un grand admirateur des spectacles de danse. Il se rendait très régulièrement à l’Opéra de Paris qui se trouvait à l’époque rue Le Peletier, avant la construction de l’Opéra Garnier. Grâce à un ami musicien de l’orchestre, Désiré Dehau, Degas fréquentait également les coulisses de l’établissement où il assistait aux répétitions des ballerines. Celles-ci devinrent son sujet de prédilection, étudiant ainsi leurs gestes et leurs différentes postures. Degas est cependant davantage intéressé au travail préparatoire plutôt qu’aux spectacles à proprement parler. Dans La classe de danse, la leçon s’achève. Les ballerines sont fatiguées, elles s’étirent, se grattent le dos, rajustent leur coiffure, elles ne sont pas vraiment attentives aux directives du professeur qui est représenté sous les traits de Jules Perrot, authentique maître de ballet.

La leçon de danse femme au centre qui lit le journal, on aperçoit J. Perrot. Miroir derriére qui reflète une fenêtre, regard décalé sur ce que l’on attend de la danse.

Il travaille souvent en atelier il va rarement sur place (assez furtivement). Ce qui l’intéresse c’est la mécanique du corps et les postures.

Les répétitions de ballets.

Edgar Degas – Répétition d’un ballet sur la scène (1874) Musée d’Orsay
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Il a peint les temps morts. De toutes les scènes de danse réalisées par Degas, la monochromie de cette toile diffère radicalement des véritables « orgies de couleurs » éclaboussant les oeuvres plus tardives. Elle s’explique sans doute par le fait que Répétition d’un ballet devait servir de modèle à un graveur. (Voir commentaire)

Ballet vu d’une loge. On ne perçoit que des fragments de la scène. Le ballet vu depuis la loge, est issu du courant impressionniste. Il représente une scène de ballet, se déroulant probablement dans une salle de spectacle, elle paraît petite et contient un décor sobre. Cette prestation a sûrement lieu en soirée, comme la plupart des ballets. De plus la femme à l’éventail du premier paraît vêtue d’une robe de soirée. Étant donné que nous sommes à l’intérieur, nous ne pouvons pas déterminer le temps qu’il fait.
Au premier plan de cette œuvre, on aperçoit une femme, d’une trentaine d’années, tenant un éventail en regardant le ballet. Elle paraît réellement concentrée sur ce qui se déroule devant ses yeux. Puis au second plan, on peut voir une jeune danseuse portant un tutu jaune orangé. Cette dernière est certainement la ballerine principale car elle se situe seule au centre de l’estrade et n’est pas vêtue de la même manière que les autres danseuses. Elle est en train d’effectuer soit un pas de danse, soit une révérence pour saluer le public. Au troisième et dernier plan, on distingue quatre ballerines portant des tutus bleus et rouges. Elles sont hors-champs et donnent l’impression qu’elles sont en train de sortir de scène. Ces ballerines forment deux paires qui effectuent chacune un mouvement différent.

Répétition de ballet

Les loges

La loge effet de strie (procédés inventés).

Les coulisses

Edgar Degas – Danseuses bleues au repos (1893) Musée d’Orsay
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Autres danseuses bleues

Croquis de Melida Darse

Danseuse assise (1881) Il montre tous les à côtés de la danse. Les douleurs les efforts, les petits gestes anodins ; c’est une observation objective et il porte une attention aigue à tous les à côtés du spectacle.

Les figurants

Edgar Degas – Les choristes (1877) dérobé au musée Cantini
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On est presque ici dans la caricature

La chanson du chien Il a observé minutieusement Emma Valladon (dite Thérésa), ses attitudes, il a restitué la gestuelle et l’ambiance de cet artiste au cabaret L’Alcazar.
C’est un monotype retravaillé à l’encre et au pastel. Premier tirage il mélange les techniques (il est le seul à son époque).

La chanteuse aux gants Il confronte le gant et la bouche, il a fait poser une pianiste dans son atelier. Pastel sur peinture à l’huile sur toile. La vivacité et l’expressivité du geste marquent le centre vertical du tableau et renvoient brutalement le regard dans la bande de nuit qui obture le champ de vision, de telle sorte que la chanteuse nous apparaît littéralement prise dans un espace contraint. Entre ces deux plans opaques, place est faite au chant qui s’élève avec force (plus de commentaires).

Théme du cirque

Edgar Degas – Mlle Lala au cirque Fernando (1879) Musée d’Orsay
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Mlle Lala au cirque Fernando. Cirque important pour les artistes de Montmartre. Ce cirque deviendra le cirque Médrano. Cette oeuvre est intéressante parce que sa composition est audacieuse. L’image est en effet peinte en contre-plongée. Le peintre, comme le spectateur se situent en dessous du sujet -ici, une artiste de cirque-.
Degas innovait là par rapport aux habitudes – les canons – de peinture de l’époque. Sensation d’à pesanteur et de légèreté.

Thème des repasseuses

Edgar Degas – Les repasseuses (vers 1884-1886) Musée d’Orsay
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Degas fit 14 tableaux sur le thème des repasseuses. Ici on note un contraste entre les deux postures (fatigue et épuisement de ces femmes). Représentation de l’aliénation au travail. Le sujet comme son traitement marqueront le jeune Picasso de la période bleue, qui reprendra ce thème sur un mode souvent pathétique en 1904.

Edgar Degas – Chez la modiste (1886) Chicago, The Art Institute
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Portrait d’Hélène Rouart, le personnage est décalé sur la droite, artifice de l’éclairage.

Femmes à leur toilette

Les tableaux et les pastels sur ce sujet représentent environ 1/3 de sa production. « Ces femmes-là; sont, comme il le soulignait lui-même, de simples et braves personnes qui ne s’occupent que de leur condition physiques« . De plus, devançant les photographes, qui recréent la réalité en studio, Degas ne peignait pas les baigneuses dans l’intimité de leur boudoir, mais dans son atelier même, où il avait installé une baignoire (elle y resta jusqu’à sa mort). Ces oeuvres vont au-delà de la simple représentation, à; la fin du XIXème siècle, la baignoire était l’apanage de deux classes sociales : La bourgeoisie aisée, dont les demeures comportaient même une salle de bain, et les prostituées. A l’ époque, cette ambiguité n’échappait à personne !

Edgar Degas – Femme a sa toilette (1886) Musée d’Orsay
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C’est dans les années 1880 que Degas réorientera son art pour se concentrer sur un seul personnage. Dans cette optique, une situation on ne peut plus quotidienne occupa toute une série de travaux : celle du tub.
Le thème de la toilette est une réactualisation de Vénus à sa toilette de Titien. On observe les femmes qui se lavent à la dérobée. Vue du dessus, à droite sur une table de toilette, les instruments de la toilette et la femme accroupie qui se lave. (v. commentaire)

Edgar Degas – Le tub (1885) Hill-Stead Museum, Farmington
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Femme assise sur le bord d’une baignoire et s’épongeant le cou entre 1880 et 1895

Edgar Degas – Après le bain (1896) Philadelphia Museum of Art (Pennsylvania)
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Edgar Degas – Femme nue étendue
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Le personnage vu par derrière est ignorant du spectateur et absorbé dans sa toilette souvent présenté dans une situation instable au milieu d’un mouvement

Edgar Degas – Femme nue s’essuyant le pied (1886) National Gallery Londres
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Degas affectionne de représenter le corps en mouvement à un instant donné, Il ne cherche pas les poses gracieuses, il recherche le vrai. Il modifie la tradition du nu.

Edgar Degas – Femme qui se coiffe (1886) L’hermitage Saint-Pétersbourg
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Les maisons closes

La fête de la patronne. Il resta célibataire

Monotype le client

Monotype l’attente du client

Picasso en 1970 Degas au bordel, il rend hommage à Degas, Il retravaille le peintre et son modèle (Degas est dessiné à droite).

Degas a réalisé officiellement une seule sculpture la petite danseuse. La critique à l’époque est choquée par le tutu et le bandeau dans les cheveux. Après sa mort On a trouvé à sa mort, 150 sculptures dans son atelier.
Chevaux et danseuses en déséquilibre. Rodin fait également des modèles de ce type à cette époque.

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