Gilbert & George

En 2003, les artistes ont abandonné leur méthode de travail, et ont commencé à concevoir leurs images en utilisant la technologie numérique. Plutôt que de projeter laborieusement chaque élément sur les panneaux individuels, ils ont disposé des images numérisées sur l’écran de l’ordinateur. Désormais, ils peuvent travailler plus rapidement et explorer une nouvelle gamme de possibilités techniques.

Série London pictures à partir de 2004
Ils utilisent beaucoup comme toile de fond l’East End de Londres, où ils vivent et travaillent depuis 40 ans. Selon George, « Nothing happens in the world that doesn’t happen in the East End.” [Rien n’arrive dans le monde qui n’arrive pas aussi dans le East End].


Gilbert et George – Fifty nine streets (2003) 426 x 1014 cm
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Fifty nine streets (cinquante neuf rues) 2003. Ils ont répertorié le nom des rues de leur quartier. Pour eux : « Il s’agit d’une petite représentation de la démocratie occidentale, car lorsque l’on lit bien le nom des rues tout y est : le catholicisme, le protestantisme, les écrivains, les voyageurs, l’histoire politique, l’histoire des mouvements ouvriers, les réformes sociales, et l’histoire des anciens commerces« .

Voir également d’autres lieux de Londres (site de Gilbert et George).

Voir d’autres oeuvres de cette série (site Gilbert et George).

Série Hooligans pictures
Ils ont manipulé leurs photos pour les rendre effrayantes.


Gilbert et George – Hooligans (2011) 254 x 453 cm
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La série des Hooligans pictures, est remplie d’énergie maligne. En créant des versions symétriques d’eux-mêmes en doublant une demi-image, à la manière d’un miroir, les artistes deviennent des présences inquiétantes, suggérant une vision schizophrénique du monde.
«Le groupe est lié à quelque chose qui ne fonctionne pas correctement, à un être humain brisé qui se comporte mal», ont-ils expliqué. « Il y a quelque chose d’incomplet, de déséquilibré dans la façon dont nous nous décrivons ici« .


Gilbert et George – Allah (2011) 190 x 226 cm
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Ils utilisent des graffitis islamistes, ou des mots imprimés sur des flyers trouvés dans leur quartier. Ils apparaissent, au milieu des graffitis, comme des personnages effrayants et effrayés.

Interview de Gilbert et George à propos de l’art, de l’islam et du vieillissement (Les Echos)
Voir d’autres hooligan pictures (site de Gilbert et George)

En 2005 ils représentent la Grande Bretagne à la biennale de Venise avec Ginkgo pictures, 25 grands formats, toutes les religions sont présentées.


Gilbert et George – Feat (2005) 54 grandes impressions numériques (chacune mesurant 710 x 845 mm) sur papier photographique encadrées en aluminium vitré noir
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Feat (Destin) 2005. L’œuvre assemblée représente les artistes en costumes Gilbert et George aux deux extrémités de la composition presque symétrique, arborant des signes insultants «V», en direction du spectateur. Deux jeunes hommes sont photographiés dans les deux coins inférieurs devant un environnement urbain noir et blanc. L’intérêt des artistes pour l’iconographie religieuse est évoqué par la composition de la grille et la coloration intense de l’œuvre, qui rappelle les vitraux. Fates fait partie d’une série de vingt-cinq œuvres, connues sous le nom de Ginkgo Pictures
Voir un commentaire (The Guardian)
Tout a été vendu à des collectionneurs lors de la biennale.

En 2005 après les attentats dans le métro de Londres, ils ont consacré une série aux affichettes placardées sur des kiosques à journaux.


Gilbert et George – Bomber (2006) 352 x 504 cm
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Bomber (Bombardier) 2006; Les mots bombe, victime, suspect, reviennent souvent.
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En 2008 ils sont exposés à la Tate modern de Londres c’est une reconnaissance qu’ils attendaient depuis longtemps. Ils réalisent une série, Freak Jack sur le drapeau britannique et les symboles nationalistes.


Gilbert et George – Cancan (2008) 226 x 190 cm
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Ils disent que politiquement ils sont plutôt conservateurs, et même royalistes, car ils aiment le prince Charles qu’ils trouvent très gentleman.

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En 2011 la série London picture expose les grands thèmes racoleurs de la presse people et dénoncent la soif de sensationnalisme.


Gilbert et George – London picture (2011) 16 panneaux, 302 x 254 cm
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Ils ont rassemblé de gros titres de journaux, écumant les kiosques de la capitale anglaise pour créer, au final, un ensemble de 292 collages à partir de 3 712 posters.
C’est le malaise social dans ce qu’il a de plus universel qui s’exprime ici en toutes lettres. Gilbert & George dramatisent ces mots vidés de leur sens en les élevant au statut d’œuvres d’art.

Dans cette série l’image de la reine d’Angleterre est de profil à côté de la signature des artistes.

Voir un commentaire sur London pictures.

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En 2011, il réalisent la série des scapegoats pictures (images de boucs émissaires). Ils représentent des petites cartouches de gaz hilarant. Ils trouvaient ces cartouches vides (utilisées comme une drogue) abandonnées dans leur quartier.


Gilbert et George – Airdrop (2013) 254 x 453 cm
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Airdrop (goutte d’air).

Le titre « bouc émissaire » renvoie également à la communauté islamiste qui cristallise toutes les angoisses.


Gilbert et George – Astro star (2013) 254 x 453 cm
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Ils sont frappés par le nombre grandissant de jeunes filles voilées dans les rues de Londres.
Ils déclarent : « Décidément, un monde sans religion serait bien meilleur. Les habitants de notre quartier ne disent plus je suis Pakistanais, ou je suis afghan, ils disent je suis musulman. Nous pensons que l’être humain a inventé Dieu pour se terroriser lui-même« .

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Depuis 2015 ils réalisent une série sur les barbes. Ils ont constaté la mode du port de la barbe, qui est aussi portée par beaucoup de personnalités religieuses.
L’écrivain et romancier britannique Michael Bracewell déclare à propos de cette série : «  The beard pictures sont violentes, étranges, grotesques, sinistres et folles. Elles illustrent un monde onirique de paranoïa, de destruction et de folie. Leurs étranges couleurs maladroites, en haut des paysages absurdes, confrontent le spectateur à une agression incessante, représentant un monde dépourvu de raison, dans lequel la négociation n’existe plus« .


Gilbert et George – Mint Beards (2015) 254 x 302 cm
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Mint beards (Barbes à la menthe)

Série joyeuse et délirante. Le mot barbe est voisin de barbelé.


Montrer le monde à travers la barbe Gilbert et George

Voir également :
Beard junction 2016 (Barbe jonction) 226 x 317 cm.
Beard gate 2016 (barbe grille) 190 x 226 cm. La barbe isole les individus lorsqu’elle est portée par des individus radicaux.

Voir un commentaire (Le Point)

Voir d’autres oeuvres de cette série (site Gilbert et George).

En 2017, ils sont élus membres de l’académie royale d’Angleterre. Ils reçoivent une médaille.

En 2018 exposition à Venise à la pointe de la douane.

Exposition Gilbert et George à Arles (2018)

Ils ont toujours refusé un commissaire pour leurs expositions. Ils viennent sur place et ils l’organisent eux-même en fonction de chaque lieu. Toute exposition d’eux est une œuvre d’art totale qu’ils maîtrisent du début à la fin.
La structure en grille est aussi très pratique pour le transport des oeuvres.

Toutes leurs réalisations sont pour eux des « sculptures » prenant leur source dans la vie – en trois dimensions –, la leur tout d’abord, mais aussi celle de tout un chacun.

Ils créent des tableaux massifs en assemblant les images comme des mosaïques, mettent leurs portraits photographiques au centre de leur travail et piochent dans l’actualité pour livrer une chronique grotesque et extravagante de leur époque, abordant aussi bien le sexe, la religion ou le nationalisme. On croise, au fil des œuvres, des Christs et des femmes voilées, le drapeau anglais et des commentaires sur le monde par le biais des petites annonces, des titres de la presse ou de mots.

Une des formes de leur travail est un contraste entre le fond et la forme. Sur le fond leur sujet est à la fois social, sexuel, et politique. Sur la forme l’esthétique pop art associée à la grille fait penser au vitrail, et donne à leur travail une dimension sacrée et une certaine élégance.
C’est une oeuvre combative, ancrée dans le réel, à la fois joyeuse et grave.

Ils disent : « Nous voulons frapper le spectateur avant qu’il ait le temps de réfléchir et nous aimons que le spectateur se demande : Putain mais qu’est ce qu’ils essayent de me dire ?« .