Cours du 12 janvier 2015

Daniel Spoerri né en 1931
En 1942, son père est exécuté par les nazis, il se réfugie en Suisse avec sa famille et rencontre Tinguely en 1949.
De 1954 à 1957, il a été danseur à l’opéra de Berne, metteur en scène de théâtre, acteur, mime, décorateur … tout en composant de la poésie concrète.
En 1959, il s’installe à Paris où il commence ses premiers tableaux pièges, en collant sur des planches des objets ramassés das sa chambre d’hôtel, qu’il présentait à la verticale dans ses tableaux.


Daniel Spoerri – Le petit déjeuner de Kichka (1960)
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Le petit déjeuner de Kichka (1960), voir un commentaire.
Le changement d’orientation, de plan, rend le familier complètement insolite. Il participe à la fondation des nouveaux réalistes avec Klein et Arman. Pierre Restany écrit : « ce qui est proposé c’est la passionnante aventure du réel qui a commencé« .
Spoerri fixe à la colle des étalages du marché aux puces.


Daniel Spoerri – Le marché aux puces Aggloméré, tissu, matériaux divers 172 x 222 x 130 cm (1961)
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Le marché aux puces, voir un commentaire.
1962 Les détrompes l’œil : des objets du quotidien fixés sur des tableaux (des puces) détournent le sens de l’image à laquelle ils sont ajoutés.


Daniel Spoerri – La douche (1963) 70,2 x 96,8 x 18,5 cm Centre Pompidou Paris
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Voir également un article sur la démarche artistique de Daniel Spoerri.

Les pièges à mots, ce sont des montages visuels qui matérialisent des expressions familières toutes faites. Jeter l’enfant avec l’eau du bain, tondre un œuf, ça crève les yeux


Daniel Spoerri – Repas hongrois (1963)
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Repas hongrois, voir un commentaire.
Spoerri, qui s’est lié d’amitié avec Robert Filine n’a aucune prétention artistique. Il dit : « Je ne m’autorise aucune créativité, je me contente d’utiliser de la colle« .

En 1963 à la galerie J à Paris, il propose des repas et colle les tables (les plateaux de table des participants en les retournant à la verticale. Il a décoré les murs avec de vieux instruments de cuisine.
En 1968, il ouvre un restaurant à Dusseldorf, puis une eat art gallery, dans laquelle les chiens et les artistes sont invités à confectionner des œuvres comestibles. Richard Lindner fait un personnage en pain d’épice, César un sucre d’orge.
Le eat art est avant tout une posture artistique pour repenser le repas en créant des événements mémorables.


Daniel Spoerri – Tableaux-pièges astro-gastronomiques
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En 2002 le Jeu de Paume à Paris a repris les plus célèbres de ces dîners conçus par les artistes autour de Spoerri.

En 1970, Claude et François Xavier Lalanne ont imaginé un dîner cannibale au restaurant Spoerri. Il s’agissait de manger des simulacres de chaire humaine. François Xavier a été moulé de la tête aux pieds et avec ces moules, on a mangé des oreilles en beurre, des pieds de pain, des doigts de pâtes etc.
Il y eu aussi le dîner palindrome, visuellement renversé mais pas selon le goût.

Parallèlement, il publie un livre de recettes amusantes : J’aime les Keftédès.


Daniel Spoerri – Mr Bitos (1961)
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À partir de 1967, dans l’île grecque de Symi, il a inventé des objets rituels parodiques et crée, en 1970, une série de natures mortes, assemblages qui incluent des squelettes d’animaux et en 1980, des assemblages parodiques avec des formes à chapeaux, des hachoirs à viande, des instruments de orthopédiques, dont certains sont fondus en bronze. Il les appelle de objets ethnosynthétiques qui ressemblent parfois à des masques primitifs ou des objets rituels.

1983 le déjeuner sous l’herbe à Jouy-en-Josas. Il invite 120 personnalités connues de la scène artistique. On déjeune en plein air, su de longues tables posées sur des tréteaux. Pendant le repas, une tranchée de 60 m est creusée perpendiculairement aux convives. Puis, c’est l’enterrement du tableau piège. Les plateaux sont disposés au fond de la tranchée, qui est ensuite recouverte.
27 ans plus tard, sous la direction de l’artiste, les premières fouilles archéologiques de l’art contemporain sont réalisées par la société du déterrement du tableau piège, du 31 mai au 10 juin 2010. Pendant l’hiver 2011 – 2012, il y eu un ré-enfouissement des vestiges.


le Déjeuner sous l’herbe de Daniel Spoerri à Jouy-en-Josas
Spoerri bien qu’associé aux nouveaux réalistes, attachait peu de prix aux objets, il est plus proche de Fluxus (la vie avant l’œuvre d’art, la posture est une œuvre d’art). Faire rentrer le repas dans les pratiques artistiques (comme pour Arman faire rentrer la colère) c’est élargir une fois de plus le champ de la définition de l’artistique. C’est un artiste qui ne cherche pas forcément à créer une œuvre à la fin. Ce qu’il souhaite c’est faire réfléchir les spectateurs sur sa démarche. Pour l’artiste, tout est art. L’art se trouve partout. On peut faire de l’art avec tout ce que l’on trouve. Il sufit d’avoir un minimum de technique et tout est possible. Il «donne à la banalité un pouvoir de réflexion». L’artiste montre les objets du quotidien sous un angle différent.

Voir d’autres oeuvres de Daniel Spoerri.