Cours du 6 février 2012

Après l’impressionnisme, la poursuite des recherches (suite)

Sommaire : Sam Francis, Joan Mitchell, Simon Hantai, Pierre Alechinsky, François Rouan, Andy Warhol, Kurt Schwitters, Jean Pierre Raynaud

Film sur S. Hantai et sur J.P. Raynaud

Comme Monet, J. Pollock peint à l’horizontale, il réalise de grands formats (sensation d’immersion dans la peinture).
Le mouvement « Action painting » privilégie l’action de peindre (Peindre apparait alors comme un moment d’existence irréfléchi et pulsionnel). L’œuvre est un témoignage du corps vivant, en action et en mouvement dans l’instant) ce point de vue est relayé par des théoriciens solides comme Harold Rosenberg.

Le principe du « All over » est le remplissage uniforme de la toile.

Sam Francis

Il est plus proche de Monet par sa sensibilité. Sur un support humidifié il essore des éponges remplies de peinture, il fait ensuite couler la peinture du la toile ; il mélangera également diverses techniques : dripping, all over, on le qualifie même de tachiste, nom qui fait référence au hasard de la création : la forme est tache, soumise au hasard, et surgie spontanément.

Sam Francis – Helio (1986) The Young Memorial Museum San Francisco

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On retrouve un état de tension entre la partie colorée et la partie vide, ce qui fait le charme de sa peinture (luminosité très forte).
Pour lui, la posture est prioritaire.

Avec son tableau « Big Red« , Francis renoue avec la tradition de la colourfield painting américaine, une peinture par aplats de couleur, tout en se rattachant aux représentants européens de la « couleur suggestive », un mouvement qui va de Monet à Gauguin et Matisse en passant par Bonnard. Les cycles des Nymphéas de Monet notamment l’ont profondément impressionné et lui ont apporté une inspiration essentielle concernant l’organisation de l’espace pictural à partir de taches colorées décousues, qui composent un tissu textuel disloqué ouvrant la profondeur anti-illusionniste du tableau. L’influence de Monet apparaît également dans l’introduction de valeurs chromatiques intenses, avec au premier plan la triade colorée du bleu, du jaune et du rouge, juxtaposées en contrastes accusés, mais qu’une application fluide de la peinture conduit également à se superposer et à dégouliner en formant des mèches colorées. Il aurait déclaré dès 1950 : « Je fais du Monet tardif sous une forme pure » [Sam Francis à une question sur son travail. Relaté dans une lettre de Bernard Schultze à Annelise Hoyer d’août 1967]

Voir d’autre œuvres de Sam Francis.

Lors de son expo à Huston en 1967, ce qu’un critique écrit sur Sam Francis ressemble aux mots prononcés par G. Clémenceau à propos des Nymphéas de C. Monet.

Joan Mitchell

Elle a vécu à Vétheuil dans la maison où habitait Monet.

Joan Mitchell – La grande vallée (1983)

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La peinture abstraite qu’elle met au point, immense, lumineuse, dynamique, fait profondément référence à la nature (comme en témoigne les séries de La Grande Vallée, Les Tournesols ou encore les Champs), nature qui entourait de toute part son atelier de Vétheuil, avec ses larges points de vue sur la Seine.

Bien que Joan Mitchell ait toujours refusé que l’on compare ses peintures avec l’œuvre tardive de Claude Monet à Giverny, les deux artistes ont en commun plusieurs préoccupations artistiques : l’ancrage de leur pratique dans une incessante observation de la nature, leur intérêt optique pour la couleur et la lumière, sans oublier la mise au point d’une surface picturale monumentale et sans point de fuite, à la fois frontale et transparente.
Voir le dossier pédagogique réalisé par le musée des impressionnistes de Giverny

Simon Hantaï

En pliant la toile, selon un schéma aléatoire ou au contraire soigneusement encadré, comme dans la série des « Tabulas », Hantaï peint les fragments visibles mais laisse en réserve les parties que le pliage a rendues inaccessibles. Technique de all over : froisser ou nouer son support, il peint à l’acrylique ou à l’huile.

Simon Hantaï – Mariale (1962) Galerie Jean Fournier
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Il renonce à la perspective, l’arrière plan est structuré par des effets de grille. Voir les « tabulas »


Portrait de Simon Hantai INA (1981)

Pierre Alechinsky

Pierre Alechinsky – Central parc (1965) Paris, collection privée

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Dans Central parc Alechinsky utilise des « remarques marginales » (bandes sombres autour du thème central). Il revendique la posture horizontale pour peindre, il aime la calligraphie et la peinture japonaise. Fluidité du geste. Voir la fiche du tableau.


Pierre Alechinsky – Boréalité IV (1971) lithographie

François Rouan

Il fait des tresses avec des bandes peintes, ce qui donne un effet patchwork et un effet de grille sous-jacente. Il peut travailler sur plusieurs supports, peindre sur chacun d’eux des motifs floraux, ou architecturaux, il découpe en lanière ces toiles, qui sont ensuite tressées. C’est un travail très minutieux. Il peint ensuite, papier très fin et très fragile. Le geste très fin qui n’apparaît pas au premier abord. Il a le souci de se soumettre à l’impératif de Greenberg – (notion d’espace « optique » c’est-à-dire indéterminé), pas de profondeur mais esayer de donner également une épaisseur.

François Rouan – Sans titre (1971)

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Voir un film sur François Rouan à l’exposition « Un corps inattendu » au FRAC Auvergne

4 – La série

D’autres artistes contemporains poursuivent, sous une autre forme par les recherches de Monet sur les séries.

Monet est le premier artiste où l’on parle de série. Pour lui, les séries doivent être vues ensemble pour comprendre la démarche de l’artiste. Plus la peinture se dirige vers un instant, de lumière : plus il faut multiplier ces « instants » pour donner à voir un tout..

Andy Warhol

Il appartient au mouvement artistique : Pop Art, dont il est l’un des innovateurs. Warhol est connu dans le monde entier par son travail de peintre, de producteur musical, d’auteur, par ses films d’avant-garde, et par ses liens avec les intellectuels, les célébrités de Hollywood ou les riches aristocrates.
Warhol a donné un sens différent à la notion de série.

Andy Warhol – Green Coca Cola bottles (1963)

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Cocas, statues de la liberté. Il veut que ses œuvres miment la production industrielle en série (comme dans les rayonnages des supermarchés). La production artistique doit se claquer sur la production industrielle.

Effigie des stars Marilyne série lancée quelques jours après la mort de Marilyne.

Andy Warhol – Liz Taylor (1962)

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Liz Taylor : Il réalise ce travail lorsqu’elle a du arrêter le tournage d’un film pour des raisons de santé. Il choisi ce moment pour faire paraître la série.

Il a réalisé également le portrait de Jackie Kennedy

5 – La relation intime entre l’œuvre et le lieu de l’artiste (comme le jardin de Giverny pour Monet)le lieu de vie de l’artiste ressemble a son œuvre.

Kurt Schwitters

Il a fait beaucoup de collages.

Kurt Schwitters – Peinture Merz 32A – Peinture à la cerise (1921)

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Grand ami de Raoul Hausmann et de Hans Arp, refusé par le Club Dada de Berlin c’est-à-dire par Richard Huelsenbeck, Schwitters réagit en fondant un mouvement parallèle qu’il nomme « Merz », d’après son tableau Merzbild I (1919) dans lequel le mot « Merz » est ironiquement tiré de la partie centrale du mot « Kommerzbank » découpé dans une annonce imprimée. Le mouvement Merz cherche en effet à s’approprier les rebuts de la société industrielle et urbaine, faisant entrer la réalité quotidienne dans l’art, sans idée de message politique ou d’esthétique d’opposition, mais avec la volonté, à partir de 1920, de fonder un « art total Merz », embrassant l’architecture, le théâtre et la poésie.

La récupération de déchets – fragments de réels – qui peuvent jouer un rôle en tant que couleur, la peinture joue un rôle de lien. « Merz c’est mon travail« .

Voir une photo chez lui en 1933. Le merzbau. Il a percé la plafond et a continué à l’étage au dessus, il continua sur le toit de l’immeuble. Il émigra en Norvège durant la guerre et il continua un merzbau en Norvège, il s’est ensuite réfugié en Angleterre où il construisit un nouveau merzbau. Reconstitution à Beaubourg.

Voir d’autres œuvres de Kurt Schwitters

Jean Pierre Raynaud

Sa relation avec sa maison.

En 1969, il commence à construire sa propre maison à La Celle Saint-Cloud, qui est sa principale œuvre d’art. Les travaux de construction débutent en 1969. Il s’agit au départ d’un pavillon ordinaire de banlieue parisienne. Prélude au caractère introspectif de son œuvre plastique, la maison va devenir pour Jean-Pierre Raynaud le champ d’expérimentation de ses désirs les plus intimes : ordre, propreté, solitude. Les métamorphoses se succèdent : intérieur entièrement recouvert de carreaux de céramique blanche et fenêtres obturées qui évoquent l’hôpital ou la morgue. Plus tard, miradors et barbelés lui donnent l’aspect d’un blockhaus. En 1988, la maison est fermée, puis bientôt démolie. Les fragments de carrelage, placés dans mille seaux métalliques, sont installés en 1993 sur le sol du CAPC de Bordeaux. A l’issue de l’exposition, les carreaux sont dispersés : la maison est devenue une œuvre publique. «C’est une légende. Elle n’a plus besoin d’être montrée pour exister, explique l’artiste. Je m’étais construit une citadelle pour me protéger du monde extérieur, pour échapper à mes peurs. Quand j’ai senti que je ne risquais plus rien, j’ai détruit cet univers de céramique blanche avant de filer de l’autre côté. Il me fallait me libérer de cet enchaînement diabolique. A cinquante-cinq ans, j’avais encore le temps d’entamer une seconde vie.»
Visite virtuelle de sa maison

Vidéo de présentation de la maison musée de Jean Pierre Raynaud, le Mastaba 1, à la Garenne-Colombes.