Picasso, à peine arrivé à Paris, peint danseuse en bleu.

Pablo Picasso, danseuse en bleu, 1900 huile sur toile 38 x 46 cm
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Il s’agit de Pierrot et Colombine.
Jusqu’en 1920, il va assidûment fréquenter le Cirque Medrano et s’intéresser particulièrement au sort des saltimbanques, qui sont l’emblème de la vie de bohême, à laquelle il s’identifie dans cette période de forte instabilité financière au bateau lavoir : une vie de passions, de fantaisies et de plaisirs mais où la créativité est liée à la marginalité et à la misère. Solitude, tristesse, dénuement, précarité.
Les toiles de la période bleue sont chargées de mélancolie
Arlequin assis 1901

Pablo Picasso, Arlequin assis, 1901 huile sur toile 72 x 60 cm New York, The Metropolitan Museum of Art
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Arlequin et sa compagne 1901

Pablo Picasso Arlequin et sa compagne 1901 huile sur toile 73 x 60 cm Musée Pouchkine, Moscou
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Voir également :
– Au lapin Agile
Arlequin ouvert 1905

Pablo Picasso Arlequin au verre 1905 Huile sur toile, 99 x 100 cm, Metropolitan Museum, New-York
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… il va même jusqu’à imaginer la mort d’Arlequin.

Pablo Picasso la mort d’Arlequin 1906 Gouache, Crayon sur carton 68.5 × 96 cm Collection particulière
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On aperçoit un petit bout du costume d’Arlequin.
– Un modelage Le fou bronze 1905 (musée Picasso)
La période rose qui suit traite plus particulièrement des liens familiaux et de l’entraide :
Famille d’acrobates et singe 1905,

Pablo Picasso Famille d’acrobates et singe 1905 Gouache, aquarelle, pastel et encre de chine sur carton, 104 x 75 cm Göteborg, Musée des beaux-arts
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Acrobate à la boule 1905,

Pablo Picasso Acrobate à la boule 1905 Moscou, huile sur toile 147 х 95 cm Musée Pouchkine
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Une famille de saltimbanques 1905,

Pablo Picasso une famille de saltimbanques 1905, huile sur toile 212.8 × 229.6 cm National Gallery of Art, Washington, D.C.
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acrobate et jeune Arlequin 1905, clown et jeune acrobate,
L’omniprésence du personnage d’Arlequin chez Picasso, tantôt adulte tantôt jeune, révèle que Picasso en a fait son double, par une sorte d’identification intuitive,
ce que confirme la toile cubiste de 1915 intitulée Arlequin :

Pablo Picasso Arlequin 1915 Huile sur toile, 183.5 x 105.1 cm New York, MoMA
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Cet Arlequin n’a pas de visage, mais parmi les formes géométriques qui s’organisent autour de lui, la plus clairement mise en avant est un rectangle semblable à une palette, ou un bouclier, dans laquelle apparaît le profil de Picasso…
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En 1917, le grand rideau de scène du ballet parade 16 x 10 m est un concentré de scènes de cirque.
Plus tard, la reconnaissance et la richesse aidant, la mélancolie des premières toiles sur le cirque s’évanouit et laisse place à la fantaisie et au plaisir de l’invention. Dans les années 20, Picasso s’intéresse à une autre problématique récurrente des métiers du spectacle : celle des apparences et de la réalité. Il va explorer, le masque, le maquillage, l’idée que le saltimbanque devient un autre lorsqu’il endosse son costume.
Arlequin jouant de la guitare 1918,

Pablo Picasso Arlequin jouant de la guitare 1918, huile sur toile 98 × 77cm
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Pablo Picasso Arlequin au loup 1918 peinture sur bois 115,9 x 88,9 cm Madrid, Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía
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Arlequin au loup 1918 (revenant à un dessin plus classique), Picasso disent ses amis, est entré dans sa période “duchesse” (embourgeoisement avec Olga)
Pierrot 1918,

Pablo Picasso Pierrot 1918 huile sur toile 92.7 × 73 cm MoMA New York
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Voir également :
– Cirque forain 1922
– Arlequin les mains croisées 1923 (Ciné club de Caen)
Plusieurs dessins au trait continu en 1920

Pablo Picasso dessin 1920 mine de plomb 21 × 27,3 cm Musée Picasso Paris
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Voir également :
– L’acrobate bleue 1929 1929 (Centre Pompidou Paris)
– Femme acrobate 1930,
et même en 1961 un Pierrot assis en tôle découpée pliée et assemblée.
Picasso et le spectacle : le cirque
André Derain, fréquentait aussi le Cirque Medrano et il a réalisé :

André Derain Arlequin et Pierrot 1924 huile sur toile 175 x 175 cm musée de l’orangerie
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André Derain Arlequin à la guitare 1924 huile sur toile 90 x 97 cm musée de l’orangerie
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Fernand Léger, le cirque Medrano 1918 est évoqué dans une composition cubiste fragmentée, dans laquelle il reprend le mouvement circulaire de la piste.

Fernand Léger le cirque Médrano 1918 huile sur toile 58 x 94,5 cm Centre Pompidou Paris
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mais plus tard, dans les années 40, Léger revient sur le thème du cirque avec un style personnel plus affirmé : le jongleur et les acrobates

Fernand Léger le jongleur et les acrobates 1943 huile sur toile 111,7 x 127,3 cm Centre Pompidou Paris
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L’acrobate et sa partenaire 1948.

Fernand Léger l’acrobate et sa partenaire 1948 huile sur toile 130,2 × 162,6 cm Tate modern Londres
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Réfugié aux États-Unis pendant l’Occupation, il est fasciné par les acrobates du cirque Barnum qui évoluent à 40 m de haut au Madison Square Garden de New York.
Il écrivait : « Allez au cirque. Rien n’est aussi rond que le cirque. C’est une énorme cuvette dans laquelle se développe des formes circulaires. Ca ne s’arrête pas, tout s’enchaîne. La piste domine, commande, absorbe tout« .
Fernand Léger ne voit pas le cirque comme la mise en scène dramatique d’une humanité condamnée à la mascarade, mais comme un spectacle de la vie moderne, lieu d’un contact direct entre l’art et le public populaire.
De retour en France en 1945, le cirque reste pour lui un sujet dominant,
La grande parade sur fond rouge 1953

Fernand Léger la grande parade sur fond rouge 1953 huile sur toile 114,5 x 156,2 cm Musée Fernand Léger Biot
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Les personnages ont tous des formes arrondies et sont solidairement liés les uns aux autres. Ils nous font face, comme pour une photo souvenir d’une troupe de cirque.
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La grande parade 1954 dégage une force monumentale de joie populaire.

Fernand Léger la grande parade 1954 huile sur toile 299.1 x 400.1 cm Musée Guggenheim New York
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Léger a dit que les couleurs dissociées du dessin lui ont été suggérées par les lumières de New York la nuit.
Ainsi qu’une série de lithographies sur le même thème jusqu’à son décès en 1955.
Voir également :
– Cirque 1950 lithographie 36,3 x 28,2 cm
– La parade equestre 1950 lithographie 43,8 x 33,8 cm
– Les acrobates 1952 gouache sur papier 43,8 x 26,8 cm
Marc Chagall était lui aussi un passionné de cirque depuis qu’enfant il avait vu à Vitebsk une famille d’acrobates errants.
À Paris, il fréquente lui aussi le Cirque Medrano. Il disait : « Mon cirque se joue dans le ciel, il se joue dans les nuages parmi les chaises, il se joue par la fenêtre où se reflète la lumière« .

Marc Chagall le cirque 1922 Huile sur toile de lin 37,3 x 57,7 cm Centre Pompidou Paris
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Marc Chagall le cirque bleu 1950 huile sur toile 232,5 cm x 175,8 cm Musée national Marc Chagall
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Marc Chagall Le grand cirque, 1956 huile sur toile 159.5 cm × 308.5 cm Collection particulière
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Voir le cirque dans l’oeuvre de Marc Chagall.
Chagall et le cirque
Par ailleurs, il était invité au Cirque d’hiver dans la loge d’Amboise Vollard.
Une importante série de lithographies montre que le cirque est pour lui un espace de rêve où cohabitent hommes et animaux en toute légèreté, un monde enchanté.
– Le clown 1967 lithogaphie 41,9 x 30,5 cm
– Le cirque, 1961, Gouache et pastel sur papier, 57,5 x 51 cm ; Pola Museum of Art
Georges Rouault pour lui, au contraire, le cirque est la métaphore de la souffrance de la condition humaine.
Ses portraits de clowns sont tragiques et sont à l’image même de l’artiste : ”J’ai vu clairement que le pitre c’était moi, c’était nous, presque nous tous.” Ce qu’il veut montrer c’est le paradoxe qui est au cœur de leur existence nomade : être obligé de se représenter en amuseurs publics malgré leurs douleurs intérieures.
Tête de clown 1907,

Georges Rouault Tête de clown 1907 huile sur papier 61.6 cm x 48.9 cm
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Georges Rouault le clown 1907 huile sur papier 61.6 cm x 48.9 cm
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Voir également :
– Tête de clown 1907 (musée de Grenoble)
– Tête de clown sur fond rouge (Centre Pompidou Paris)
– Le clown blessé 1932 (Centre Pompidou Paris)
La parade 1907,

Georges Rouault la parade 1907 Aquarelle, huile, encre et pastel sur papier marouflé sur toile 65 x 100 cm Centre Pompidou Paris
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Ambroise Vollard lui commande ensuite des livres illustrés en 1938 et en 1943. Il a alors beaucoup stylisé sa technique.
Voir également :
– La petite écuyère (cirque de l’étoile filante)
– Auguste (cirque de l’étoile filante)
– Le jongleur (cirque de l’étoile filante)
Kees Van Dongen avait travaillé à Paris (pour survivre) comme monteur de baraques foraines. Par la suite, il s’est rendu au Cirque Medrano avec Picasso.

Kees Van Dongen écuyère au Cirque Medrano 1905, huile, encre et pastel sur papier marouflé sur toile 65 x 100 cm Centre Pompidou Paris
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– L’écuyère et le clown au cirque Médrano 1905

Kees Van Dongen le clown qui se croit être le président de la République 1906/1907, huile, encre et pastel sur papier marouflé sur toile 65 x 100 cm Centre Pompidou Paris
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Le clown qui se croit être le président de la République 1906/1907 dans son style fauviste,
Le vieux clown 1906 dans la pose du Gilles de Watteau, avec les bras le long du corps.
Plus tard, grâce à son mariage, il va rentrer dans une période très mondaine avec un style très différent.

Kees Van Dongen le cirque 1950, huile et gouache sur toile 49.8 x 61 cm.
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Raoul Dufy, de même qu’il excellait dans la représentation des salles de concert, il a consacré quelques toiles en 1934 au cirque :

Raoul Dufy acrobate sur un cheval de cirque 1934 huile sur toile 65,5 x 81 cm Centre Pompidou Paris
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Mais c’est surtout son frère Jean Dufy qui a peint ce sujet longuement entre 1920 et 1950.

Jean Dufy le Cirque Medrano 1927 1927 Huile sur toile 97 x 130 cm
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– L’écuyère à panneau au Cirque Medrano

Jean Dufy Trio de clowns musiciens 1929 Huile sur toile, 60 x 73 cm
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Jean Dufy, Haute École,1928, huile sur toile, 65 x 54 cm
Voir d’autres oeuvres de Jean Dufy.
Alexander Calder, ingénieur mécanicien de formation a étudié la peinture à New York, en 1925, il a exécuté plusieurs esquisses sur le vif au cirque Barnum. Cette année-là, il peint deux tableaux : le trapèze volant 1925 et le cirque 1925, dans le style très figuratif de l’époque.

Alexander Calder le trapèze volant 1926 Huile sur toile 91,4 x 106,7 cm
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Alexander Calder le cirque 1926 gouache sur toile, Calder Foundation New York
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Installé à Paris en 1926, il fréquente assidument le Cirque Medrano et commence à fabriquer des sculptures en fil de fer.
Il réalise par ailleurs un cirque miniature pouvant tenir dans une valise à l’aide de matériaux hétéroclites, qu’il ne cessera d’agrandir jusqu’en 1932.
Le cirque d’Alexander Calder
Achevé, il comprenait 70 figures humaines et animales d’environ 15 cm de haut, fabriquées avec du fil de fer, du bois, des bouchons de liège et des bouts de tissus. Le cirque Calder a une renommée internationale et l’artiste dès 1926 dans son atelier de la rue Daguerre à Montparnasse présentait des petites représentations inspirées par les numéros du Cirque Medrano.
Henri Matisse en 1946 dans sa série des papiers découpés rassemblés sous le nom de jazz a consacré plusieurs collages au cirque.

Henri Matisse le cirque 1946 Papiers gouachés, découpés et collés sur papier marouflé sur toile 45,2 x 67,1 cm Centre Pompidou Paris
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Immersion dans… « Le cheval, l’écuyère et le clown » de Henri Matisse, au Cateau-Cambrésis
En dehors de nos frontières Paul Klee a été fasciné en 1906 par des funambules dans le cadre d’un spectacle à Berne, puis lors d’un séjour à Paris en 1912, il se rend au Cirque Medrano. Plusieurs travaux témoignent de ce qu’il retient : la prise de risque, la précarité, l’instabilité qui sont aussi une allégorie de la situation de l’artiste.

Paul Klee, les acrobates 1914 aquarelle 22,5 x 27 cm musée Solomon R. Guggenheim New York
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Le funanbule a été réalisé lorsque Klee enseignait au Bauhaus de Weimar. L’échelle à gauche a permis au funambule d’accéder au fil, qui est soutenu par un échafaudage. Situation symbolique d’une recherche d’équilibre. Durant la période de Dessau, apparaît la figure du clown de façon très variée :
– Masque hivernal 1925