Beaucoup d’arbres, il se souvient du tableau de sa salle de classe,
Il ne retourne pas ses toiles, il les peint directement à l’envers.
puis des portraits de ses amis et de Elke.
Georg Baselitz, Fünfziger Jahre Porträt – M.W., 1969, 162 x 139 cm, peinture à l’eau sur toile. Musée Frieder Burda, Baden-Baden © Georg Baselitz, 2009
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Voir également :
– Portrait de Ralf W. Penck (tête peinte) 1969 huile sur toile 162 x 130 cm.
– Travailleur de Dresde 1969 huile sur toile
– Portrait de Franz Dahlem 1969 huile sur toile 110 x 100 cm. (C’est lui qui organise à Cologne en 1970 la première exposition des œuvres inversées créant l’événement bien sûr.)
Cette façon de procéder pour le peintre, évite l’excès de virtuosité au profit d’autres préoccupations en terme de composition, d’équilibre, de gestes, et pour le spectateur implique de renoncer à l’analyse figurative du sujet, pour se concentrer uniquement sur la peinture elle-même.
Voir la première installation des tableaux à l’envers.
Baselitz poursuit avec en 1972, une série de Fingermalerei, peintures aux doigts et à l’envers sur le thème des oiseaux.
Georg Baselitz, l’aigle, 1972, peinture au doigt 160 x 130 cm, Museum Frieder Burda, Baden-Baden
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Ses aigles méritent réflexion, s’envolent-ils ou sont-ils en train de tomber ? S’agit-il de l’aigle l’aigle symbole de l’Allemagne ou des souvenirs d’enfance de l’artiste qui a beaucoup observé les oiseaux ?
D’autres oiseaux au pinceau cette fois complètent cette série.
Voir d’autres oiseaux (traités au pinceau) :
– Oiseau 2
– Oiseau 3
– Oiseau 4
– Oiseau 5
Cette série s’accompagne aussi de gravures sur bois.
Georg Baselitz, aigle 1981 Gravure sur bois. Statens Museum for Kunst (Musée National d’Art), Copenhague, Danemark
Voir également :
– Aigle 1981 Gravure sur bois 65 x 50 cm Tate Londres
– Aigle 1981 gravure sur bois
Puis Baselitz interprète à l’envers des nus académiques, en prenant pour modèle son propre corps, puis celui de Elke, renversant les poses des modèles dans les écoles d’art (ce qu’il y a de plus académique).
Georg Baselitz, Fingermalerei – Akt (Pittura con le dita – Nudo), 1973. Huile sur toile. 251 x 180 cm
– Nu, peint au doigt huile sur toile 1972, 204 x 166,5 x 4 cm musée stedelijk museum, Amsterdam
– Nu, peint au doigt Huile sur toile 1972, 200 x 162 cm Mischa Nawrata, Vienne
Voir d’autres nus de Georg Baselitz
Là on ne les perçoit plus comme des quasi-abstractions, mais comme un pied de nez à tradition les portraits.
Georg Baselitz, Elke VI, 1976 – Étude à l’acrylique sur toile 200 x 160 cm, Musée d’art moderne de Saint-Étienne
Les portraits de Elke nue sont traités avec plus de liberté dans le geste et la couleur et sont chargés d’énergie malgré la pose statique.
Voir également :
– Elke-Akt 2, 1976 huile sur toile 200 x 161,9 cm Collection Albright-Knox Art Gallery
– Elke 1 huile sur toile
– Les portraits de Ekle.
Georg Baselitz, la chambre à coucher 1975, huile et charbon sur toile, 250 x 200 cm, collection particulière
Le plus célèbre est « la chambre à coucher« , montrant le couple assis dans un somptueux jeux de couleurs primaires et des gravures aussi sur le même thème.
En 1975, il s’installe, avec sa famille dans le Château de Derneburg en basse Saxe. Cette année-là, il a fait son premier voyage à New York et à Sao Paulo pour participer, avec Sigmar Polke à la Biennale d’Art Contemporain.
en 1976 il loue un atelier à Florence.
en 1978 il est nommé professeur à l’Académie des Beaux-Arts de Karlsruhe.
Il commence une collection de statuettes Batéké du Congo, aujourd’hui sa collection est l’une des plus importantes au monde, et lui-même est tenté par la sculpture.
La sculpture brutaliste et le scandale à Venise
En 1980, pour la Biennale de Venise Kiefer et Baselitz sont tous deux désignés pour occuper le pavillon allemand. Mais c’est un scandale, car tous deux ont choisi de briser le silence qui est de mise en Allemagne depuis la fin de la guerre, d’un côté, Kiefer expose ses “Besetzunger” (ses “occupations” en costume en faisant le salut nazi) et de l’autre Baselitz expose sa toute première sculpture « modèle pour une sculpture« .
Le corps qui émerge en partie de son morceau de bois de tilleul brut, avec quelques réhauts de peinture, mesure 244 cm. Le geste de son poing levé a été aussitôt interprété comme une citation du salut nazi, d’autant plus que l’ensemble est traité avec brutalité. L’artiste a travaillé avec des outils habituellement destinés à détruire : tronçonneuse, hache. Baselitz affirme sa naïveté idéologique en disant s’être inspiré d’une sculpture Lobi du Burkina-Faso, qui tend la paume de la main vers le ciel pour dialoguer avec les esprits. Mélange entre sculpture tribale, Art Brut et culture médiévale allemande, il obtient alors une notoriété internationale.
Au cours des années 80, Baselitz prolonge cette expérience en concevant tout un ensemble de figures debout, et de têtes évoquant les totems primitifs, et toujours exhibant des cicatrices, des blessures dans le traitement du bois.
Voir également :
D’autres sculptures de Georg Baselitz
Fenêtres, cyclistes et mangeurs d’oranges 1981-1985
Parallèlement, sa peinture des années 80 est extrêmement libre, il a renoncé aux nus académiques pour s’inspirer de son quotidien et de scènes vues, familières, dans un style proche de celui des expressionnistes de Die Brücke.
Georg Baselitz, vent arrière, photo de plage 8, 1981, 250 x 200 cm, huile et tempera sur toile. Museum Frieder Burda, Baden-Baden
Le rectangle d’une fenêtre structure plusieurs de ses compositions
femme lisant
– Mon père regardant par la fenêtre I, 1981 huile et tempera sur toile,
– Vue par la fenêtre, 1982 huile et tempera sur toile,
– Franz au lit, 1982 huile sur toile 250 x 250 cm
regarde par la fenêtre
– Adler im Fenster, Aigle dans la fenêtre 1982, huile sur toile 250,2 × 250,2 cm The Metropolitan Museum of Art, New York.
Le thème est non violent, mais la façon de le traiter montre une violence picturale.
Il consacre une série de toiles très rouges en hommage à Edward Munch en particulier à son autoportrait en enfer de 1903.
Georg Baselitz, hommage à Munch, 1982, huile et tempera sur toile 250 x 200 cm, Museum Frieder Burda, Baden-Baden
Les toiles intitulées « Adieu » avec le damier jaune et blanc et le thème des cyclistes « les filles d’Olmo » sont inspirées de scènes vues sur la place d’un village italien.
Voir également :
– Cycliste
– Die Madchen von Olmo 1 (les femmes d’Olmo 1)huile sur toile 250 x 248 cm
Voir également gravures :
– gravure
– Italienicher Kopf 1985
La série des mangeurs d’oranges, qui a un côté un peu punk, relève de la même volonté de choisir un sujet anodin, non chargé affectivement.
Georg Baselitz, Orangenesser X, (les mangeurs d’oranges) 1981 huile sur toile 162 x 128 cm collection particulière
Voir également :
– Orangenesser, 1982 Öl auf Leinwand, 162 x 130 cm
– Orangenesser VIII, 1981 huile et tempera sur toile 200 x 162 cm.
Voir la série des mangeurs d’orange.
Comme les autres bien sûr, cette série est aussi travaillée en gravures
Voir d’autres oeuvres de Baselitz (partie 1, partie 2).
Les femmes de Dresde, 1983-1991
Dès 1983, Baselitz a consacré une grande peinture à la ville de Dresde, qu’il avait vue entièrement détruite par les bombardements, lorsqu’il avait 7 ans.
Cette année-là 1983 il quitte sa chaire de professeur à Karlsruhe pour celle de Berlin. En même temps, il s’est installé un atelier en Italie près d’Arezzo.
En 1986 il voyage en Norvège et en 1987, il installe un nouvel atelier et sa maison à Imperia sur la côte ligure.
Mais en 1989, à la chute du mur de Berlin, l’essentiel de son travail revient sur les années de guerre.
Il réalise tout d’abord 45, un ensemble monumental qui renvoie à l’Allemagne détruite et vaincue en 1945. Ce sont 20 panneaux de bois de 200 x 160 cm. Chacun présentant un seul motif et ses variations : une tête de femme apparaissant à une fenêtre.
Les lignes discontinues forment une sorte de grille orthogonale, elles ont été gravées dans le bois, puis enduits d’une couleur sombre pour créer un effet de profondeur.
Le motif de la tête est suggérée par quelques traces, taches de couleurs apposées à la main et au pinceau, ce qui leur donne un aspect fantomatique. C’est à la fois gravure et peinture. C’est un peu la même idée que pour les têtes peintes de Giacometti entre 45 et 50. Il s’agit de la situation de l’Allemagne à la fin de la guerre
L’année suivante, en 1990, il achève les sculptures monumentales intitulées Les femmes de Dresde.
Il y en a treize, taillées à la hache et à la tronçonneuse dans un seul bloc, elles ont une force et une forme primitives. Elles sont un hommage dit-il au “Trümmerfrauen” ces femmes qui ont, après le bombardement, déblayé la ville pierre par pierre, et activement participé à sa reconstruction. La peinture jaune soufre contribue à renforcer leur présence et, surprise ! de dos elles sont comme criblées de balles.
Toutes ces sculptures des années 90 gardent ce même caractère d’idoles brutales.
Torse 1993, est un bois de tilleul peint en rouge et mesure 155 cm de haut, il est à peine dégrossi, découpé à la scie à ruban, avec des entailles pratiquées au ciseau à contresens des veines du bois. Le rouge souligne les parties sexuées, comme pour les Venus archaïques de la fécondité.
Voir également :
– Madame paganisme 1994, 215 x 132 x 68 cm Hess art collection Suisse
– Sonderling (excentrique) 1997 tilleul et tempera 134 x 62.5 x 52 cm Collection Stroher Darmstadt
Voir d’autres oeuvres de Georg Baselitz (Galerie Thaddaheus Ropac).
Les portraits de famille, souvenirs d’enfance 1995–1997
En 1995 il revient à ses souvenirs d’enfance, en réalisant une série de grandes toiles, à partir de photographies de son album familial.
D’abord des autoportraits de lui enfant.
Georg Baselitz – Autoportrait (1995) huile sur toile 180 x 120 cm
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Georg Baselitz, meine gelbe period 3 (ma période jaune 3) 1996 huile sur toile 200 x 162 cm Wurth museum
– Selbstporträt mit blauen Fleck (Autoportrait à la tache bleue) 1996 huile sur toile
Les formats sont très grand, mais la matière picturale est plus fluide.
Georg Baselitz – Lesende Mutter, 29. und 30. Mai Mère lisant (1998) 202 x 162 cm. Musée Frieder Burda, Baden-Baden
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Voir également Le chapeau de Gertrude 1996
Meine Mutter 1996 est presque aquarellée rose sur fond vert. Durant un entretien avec Laure Adler, il raconte qu’il est parti d’une photo de sa mère assise derrière une table, donc on ne voyait que son buste. « Je voulais que ma mère soit en train de broder, de broder un motif allemand, des cerfs. J’ai pensé il faut que j’invente le bas. J’ai eu sous les yeux le portrait de madame Cézanne fait par son mari et j’ai réfléchi à ce portrait pour peindre ma mère. Je n’ai pas un lien très intense avec la peinture de Cézanne, mais je trouvais cela intéressant que Madame Cézanne soit devenue ma mère. »
Georg Baselitz met en relation son travail et les portraits de Cézanne
Georg Baselitz – wir besuchen den Rhein I Nous visitons le Rhin I, (1996). 300 x 415 cm
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Wir besuchen den Rhein I, nous visitons le Rhin 1-1996 est une scène de groupe fantasmée, puisqu’en famille, ils ne sont jamais allés à l’ouest. Tableau très grand.
Les « Russenbilder », 1998-2008
A partir de 1998 il a glissé, de ses souvenirs d’enfance personnels, à ce qu’il appelle les “Russenbilder”, les peintures russes, qui l’ont occupé jusqu’en 2006. Souvenons nous que ses années de jeunesse se sont déroulées dans un pays sous l’occupation des troupes soviétiques.
Baselitz s’empare des tableaux de propagande réalisés par les représentants du réalisme socialiste, tableaux très populaires et largement diffusés dans l’Europe de l’Est entre 1934 et 1989. Il les transpose pour, dit-il, “toujours les vider de leur contenu » et il en donne une version apaisée, fluide, et fantaisiste.
Lénine à l’institut Smolny 1998 reprend un tableau de 1930 réalisé par Isaac Brodsky représentant Lénine au travail.
Georg Baselitz – Lénine à l’institution de Smolny, (1998) 300 x 415 cm
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L’institut Smolny construit par Catherine II, avait été réquisitionné par les bolcheviques et c’est là que Lénine prépara la Révolution d’Octobre. Baselitz fait du corps de Lénine, badigeonné de rose magenta, un corps blessé, mais presque comique. Il a recadré l’espace de la pièce et fait disparaître une partie du mobilier.
Lénine à la tribune 1999 est la version pointilliste d’une peinture de Guerassimov du même titre.