Pierre Bonnard – Le grand mimosa (1939) Huile sur toile 127,5 x 127,5 cm Centre Pompidou
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Voir également :
– Grande salle à manger dans le jardin (1934) huile sur toile 168 x 204 cm Minneapolis Institute of Art.
– Le jardin à Vaucresson (1920) huile sur toile 21 x 30 cm MoMA New York
Couleur, lumière intimité comme pour Monet, le jardin est un refuge et un lieu de beauté pure.
Un autre artiste indifférent aux modes est Jean Dubuffet, lui c’est d’abord la terre qui l’intéresse sans la séduction des couleurs et de la lumière.
Jean Dubuffet – Paysage vineux (1944) Huile sur toile 125 x 95 cm Centre Pompidou
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Voir également :
– Grand paysage noir (1946) huile sur toile 155 x 119 cm
Des surfaces sombres dans lesquelles il gratte, incise comme un graffiti.
– Levé de lune aux fantômes (1951) avec au contraire des reliefs, des épaisseurs.
– Messe de terre 1959-60. Papier mâché collé sur isorel 150 sur 95 cm. Une « matériologie » d’une incroyable radicalité, comme un morceau de terrain découpé … et pourtant fabriqué par les moyens artificiels.
Voir la mythologie du paysage selon Jean Dubuffet (Fondation Beyeler).
Nous avons vu des paysages idéalisés, symboliques, des paysages observés et sublimés, des paysages chargés d’émotion et de souvenirs, des paysages menaçants angoissants, nous avons vu le thème bien particulier du jardin, depuis le jardin d’Eden, jusqu’au jardin intime, et celui de la matérialité du sol de la terre.
En 1968, tout va changer, il ne s’agira plus de représenter la nature, ou un fragment de nature, mais d’utiliser la nature à la fois comme support et comme matériau de l’oeuvre. Les objectifs sont multiples :
– Sortir de l’atelier pour se confronter au réel.
– Rompre avec la notion de style avec tous les « ismes » de l’art moderne.
– Sortir du circuit des marchands et des galeries.
– Tourner le dos à la société de consommation.
Et ce sont d’abord de jeunes artistes américains, dont le contexte de cette fin des années 60 est le Pop art, l’art minimal et l’art conceptuel. Ils sont amis et parcourent ensemble et les déserts de l’Ouest américain, à la recherche de lieux vierges, sauvages, propices à leur intervention.
Robert Smithson (1938-1973) son oeuvre la plus célèbre est Spiral Jetty 1970. Les eaux du Grand Lac Salé, colorées par une bactérie fascinent l’artiste, qui est depuis l’enfance, passionné par la préhistoire et la paléontologie. Rouges, elles évoquent les temps primordiaux. En même temps on l’appelle la Mer Morte américaine suggérant que ce paysage est arrivé à la limite de son évolution.
En utilisant exclusivement des matériaux présents sur place, la vase, les rochers, les eaux rouges et les cristaux de sel qui s’accumulent sur les berges (cristaux qui se développent selon une spirale), il construit cette forme immémoriale de la spirale qui s’enroule sur 457 m de long et 4,50 m de large. Un monument primitif que la nature se charge de transformer sans cesse. Un film est pris par Smithson, depuis un hélicoptère, pendant tout le chantier. En 1972 l’oeuvre s’est engloutie sous les eaux du lac, elle a resurgi quelques mois plus tard, puis a disparu définitivement.
Avec Spiral hill (1971), Smithson a encore joué avec la polychromie du site de l’ancienne carrière d’Emmen en Hollande. Cette spirale de la colline de terre évoque, la tour de Babel de Bruegel. Et à côté Brocken circle, le cercle brisé est une digue ouverte (allusion à un paysage Hollandais) qui exploite les terres rougeâtres et les eaux vertes de ce site. Toute la réflexion de Smithson porte sur la notion d’entropie, l’inévitable dégradation progressive des sites.
Amarillo Ramp (1973) est rouge sur un sol rouge. C’est un cercle de remblais, ouvert, sur de l’argile craquelée, qu’il a construit dans un ranch privé près d’Amarillo au Texas. Elle a été achevée par ses amis parce que Smithson a trouvé la mort à 35 ans dans un accident d’avion alors qu’il survolait le chantier.
Smithson dans les galeries et les musées proposait des « non sites » ce sont des matériaux en provenance des carrières.
Il les expose dans des containers géométriques, des caisses trapézoïdales et qu’il met en relation avec une photo aérienne du site où les roches ont été prélevées. La photo est découpée, à la forme des caissons correspondants.
Avec beaucoup d’humour, l’artiste rassure les spectateurs en affirmant que, puisque le point de fuite a été tronqué, une photo aérienne de son emplacement a été déposée dans une banque, dont la clé du coffre est disponible dans la galerie !
Nancy Holt (1938-2014) était la compagne de Smithson. Elle est surtout connue pour ses Sun Tunnel (1973-1976) installés dans le désert, au sud-ouest de l’Utah.
Ce sont des tubes de béton, disposés en forme de X ouvert, le centre étant vide. Les tubes sont orientés de façon à cadrer les soleils levants et couchants pendant 20 jours autour de la date des solstices d’hiver et d’été. Dans la paroi supérieure (où les visiteurs peuvent se mettre à l’abri de la chaleur) des trous figurant les étoiles ont été percés et agencés comme des constellations, le diamètre des orifices étant proportionnel à la brillance de chaque étoile.
Les sun Tunnels sont à la fois observatoires et miroirs des ciels diurnes et nocturnes, et on notera bien sûr le paradoxe entre l’intention lyrique et romantique, et la matérialité brutale de ces tubes de béton qui mesurent chacun 5,48 m.
Voir un entretien avec Nancy Hold.
Michael Heizer (né en 1944), lui aussi à 25 ans parcourait le désert du Nevada à la recherche de terrains propices à ses interventions.
Michael Heizer – Double Négative,(1969-70) 457 x 15 x 9 m, 24 000 tonnes de terre déplacées, Nevada
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Double négative est une sorte de sculpture du vide, qui a nécessité 24 000 tonnes de terre pour créer un ravin de 457 mètres de long, 15 m de hauteur et 9 m de large (avec le soutien financier de Virginia Dawn). La tranchée creuse une ombre dans le désert, mais n’altère guère le paysage, puisqu’elle n’est visible que depuis un hélicoptère.
Heizer se disait « avant tout concerné par la propriété physique des volumes, la masse et espace« … (qui relèvent de l’histoire de la sculpture).
Ce chantier avec été précédé de quelque autres, comme Dissipate : Dans le désert du Nevada, des entailles, au nombre de 5, ont été aléatoirement disposées (comme des allumettes jetées sur une feuille de papier) creusées puis consolidées avec du bois. Malgré tout elles étaient destinées à s’éroder et à s’ensabler et Heizer a fait le constat photographique de cette dégradation.
Isolated mass / circumflux est aussi une tranchée mais celle-ci se referme en boucle. Oeuvre commandés par Robert Skull (un riche collectionneur). Même si ces oeuvres manifestent la volonté de sortir du circuit du marché on constate que leur réalisation bénéficiait d’un important soutient logistique. Elles nécessitaient une forme de mécénat. Et leur divulgation, de même, implique le retour à la galerie ou au musée.
Dennis Oppenheim (1938-2011) aimait dessiner à l’échelle monumentale sur des surfaces enneigées comme sur une feuille blanche.
Annual rings (1968) il avait fait creuser dans la neige de part et d’autre de la rivière qui délimite la frontière entre les États-Unis et le Canada le dessin agrandi des anneaux de croissance d’un arbre dont les deux moitiés se trouveraient de ce fait appartenir à deux territoires et à deux fuseau horaire différents donc à cheval sur le temps. Voir un commentaire.
Walter de Maria né en 1935 aimait lui aussi les grands espaces vierges et son oeuvre la plus célèbre est particulièrement théâtrale.
The Lightning field (1977) est situé au Nouveau-Mexique c’est une œuvre permanente (financée par la Dia art foundation), qui consiste en 400 mats d’acier inoxydable disposés selon grille de 16 rangées et en largeur et 25 en longueur sur une surface d’un mille sur 1 km. La hauteur de chaque poteau est calculée selon la dénivellation du terrain, de telle sorte que tout les pointes acérées délimitent une surface rigoureusement plane.
Les autorisations de visite sont obtenues par correspondance uniquement, les visiteurs doivent séjourner sur place au moins 24 heures. Le lieu a été choisi pour la fréquence des orages (environ 60 jours par an seulement). L’œuvre apparaît donc comme un gigantesque dispositif d’attente tournée vers les caprices du ciel … et vers le paysage désertique.
Walter de Maria est aussi intervenu en milieu urbain avec ses Earth rooms. À New York c’est un espace de 335 mètres carrés (une galerie et un bureau attenant) rempli jusqu’à une hauteur de 56 cm par 127 tonnes de terre sombre, qu’une vitre épaisse empêche de se déverser dans le hall d’entrée. Une forte odeur d’humus s’en dégage. Au cœur de l’espace urbain, dans un lieu dévolu au marché de l’art, l’oeuvre opère un déplacement (à la fois matériel et symbolique) d’une certaine intensité dramatique.