Annie Thibault est née en 1966 au Québec, elle a, au départ une formation en science pure, puis en art visuel. Elle obtient la médaille d’or en sculpture aux JO de la francophonie en 2001.
Depuis les années 90, elle pratique ce qu’on pourrait appeler l’art vivant : elle a d’abord utilisé les micro-organismes et les moisissures comme des « pigments vivants » qu’elle incorporait à ses installations.
Annie Thibault – Des spores et des poussières d’étoiles (2005)
Les pastilles de verre, à la manière de gouttelettes d’eau, renvoient à une ancienne théorie, la panspermie, selon laquelle des spores et des poussières d’étoiles se sont déposées sur la rosée et seraient à l’origine de la vie sur terre. Chaque pastille est unique, faite d’émaux et de poudre d’oxyde colorée fondue dans du verre. Inspirées de vraies cultures, les pastilles dévoilent l’infiniment petit. La surface légèrement bombée rappelle d’ailleurs les boîtes de Pétri dans lesquelles les scientifiques « élèvent » les micro organismes.
Wolfgang Buttress né en 1965, artiste anglais. Il explore et interprète les découvertes scientifiques en collaborant avec des architectes, des architectes paysagistes, des scientifiques et des musiciens pour créer des expériences centrées sur l’homme.
Wolfgang Buttress – La ruche (2015) Exposition universelle de Milan
The Hive (La Ruche, en anglais) a été créée à l’origine pour représenter le Royaume-Uni à l’Exposition universelle de Milan en 2015. C’est une expérience multi-sensorielle conçue pour mettre en évidence la vie des abeilles. La structure mesure 17 mètres de haut et se trouve au cœur d’un jardin de fleurs sauvages. Composée de 170 000 pièces d’aluminium assemblées et de 1 000 LED, la structure est reliée à une véritable ruche et reproduit son activité en temps réel.
L’intensité des sons et des lumières change perpétuellement pour faire écho aux battements de leurs ailes dans la véritable ruche.
– The Hive à New Garden à Londres
Michael Hansmeyer né en 1973, architecte et programmeur informatique qui enseigne à l’université de Colombia. Il prend comme base des archétypes de l’architecture (comme la colonne dorique) et il utilise des logiciels qui simulent la division des cellules des organismes vivants. Des imprimantes 3D
permettent de concrétiser le projet.
Michael Hansmeyer, architecte de l’impossible
Sorte de grotte baroque, avec une forêt de colonnes de trois mètres de hauteur. Chaque colonne pèse 700 kg et est réalisée à partir de 20 000 feuilles de papier carton découpées au laser.
Entre science-fiction et architecture futuriste. Le décors est en même temps la structure (comme Gaudi) alors qu’habituellement le décors complète ou dissimule une structure.
Toma Saraceno né en 1973 en Argentine a étudié à Francfort, Venise, vit et travaille à Berlin. Il est passionné par les araignées, il pense que c’est un animal très sensible capable de détecter des ondes gravitationnelles.
C’est un artiste extrêmement étrange. Son univers vient de l’urbanisme, de l’attention à la nature, de l’attention aux insectes, de l’attention à tous les phénomènes invisibles du cosmos et au fond les systèmes qu’il nous propose sont des systèmes qui étendent notre perception du monde. Il s’inspire des araignées et de la beauté de leurs toiles de soie pour réinterpréter notre rapport au monde et proposer un futur « dans les airs ».
Il dit que « comme les araignées, pratiquent le balooning en se laissant transporter par le vent, il pense que l’on pourrait inventer des systèmes équivalents. »
Il a mis au point, avec des capteurs solaires ce qu’il appelle des aérocènes (objets volant de manière autonome).
Il rêve le monde plutôt qu’il ne le change réellement, mais il puise sa réflexion auprès des chercheurs.
Leonard s’intéressait à la botanique.
Art et botanique
Ernest Pignon Ernest
Il réalise en 1983 les abrorigènes (inspiré par les métamorphoses d’Ovide Daphné transformée en laurier). Se sont des végétaux en forme de femmes accrochées dans les arbres. Il moule le corps de ses modèles dans de la mousse de polyuréthane avec des micro algues. Collaboration avec le scientifique Claude Gudin.
Installés dans les Landes puis à Paris, se sont des plantes en forme de femmes. C’est une prouesse poétique et scientifique.
Hicham Berrada né en 1986 à Casablanca, formation scientifique en chimie et également aux beaux arts de Paris, lauréat du prix de Rome en 2013-2014, il vit et travaille à Paris.
Il se considère comme un artiste laborantin, qui met en scène les changements et les métamorphoses d’une « nature » activée, chimiquement ou mécaniquement.
Hicham Berrada Présage 1 (extrait) – Performance – Palais de Tokyo
Loin d’être un simple artifice formel, ce travail transporte le visiteur dans un ailleurs, un monde à la fois vivant et inerte, et propose de réfléchir et d’interroger les notions de création, nature et matière.
A la biennale de Lyon, il a présenté Mesk Ellil (parfums nocturnes). Parcours sensoriel. Dans un jardin plongé dans le clair obscure, des parfums sont exhalés par les fleurs. Le jardin était éclairé la nuit de manière à recréer un éclairage diurne (lorsque l’exposition était fermée) et les plantes exhalaient alors moins de parfum. L’idée était d’inverser le cycle des plantes entre le jour et la nuit.
Edmond Couchot et Michel Bret Tout deux mathématiciens, informaticiens et artistes ont réalisé ces dispositifs cybernétiques interactifs qui réagissent au souffle du spectateur. En 1988 ils ont réalisé conjointement La Plume, puis Pissenlit en 1990.
Edmond Couchot et Michel Bret – Pissenlit (1988)
Machine programmée pour être sensible au souffle. Comment apporter à l’art numérique le sens de la poésie.
Se situe à la fois dans la tradition de Manzoni, mais aussi de dénoncer avec humour la malbouffe Mac Do, et aussi évoquer l’idée qu’un jour des machines pourrons remplacer nos organes défaillants.
Voir un commentaire.
D’une manière générale, concernant le corps humain, les artistes expriment les inquiétudes collectives liées aux évolutions de la société et aux avancés de la science.
Patricia Piccinini est une artiste australienne née à Freetown, Sierra Leone, en 1965. Elle travaille sur les rapports entre la nature, les sciences et les biotechnologies.
Patricia Piccinini – The young family (2002) Silicone, fibre de verre, cuir, cheveux et contreplaqué 85,1 × 149,9 × 120 cm
Orlan née en 1947. A impliqué » des équipes de chirurgiens pour transformer son visage et son corps.
Elle a réalisé des « self hybridations » où elle combine sont visage avec des sculptures ou différents motifs.
En 2007 elle retravaille la question du métissage en utilisant des technologies très récentes. Elle a cultivé au sein d’un laboratoire une hybridation d’un fragment de cellules de sa peau avec celles de femmes noires et de marsupiaux.
Orlan – Le manteau d’Arlequin (2007) Performance
Elle a confectionné le manteau d’Arlequin en référence au livre de Michel Serre le tiers instruit. Elle lit le livre lorsqu’on lui prélève ses cellules.
Le manteau, métaphore du corps mutant, s’apparente à un patchwork organique composé de fragments de peaux en croissance issus d’une hybridation de cellules cultivées in vitro.
En 2018 au Grand Palais à Paris, elle a présenté ORLANoid, un robot, qui parle et qui chante qui est son avatar.
Stelarc né en 1946 à Limasol est un artiste australien. Il est connu pour ses performances d’Art corporel dans lesquelles il mêle le corps biologique à des composants électroniques ou robotiques, suivant le principe selon lequel le corps humain est obsolète.
Stelarc – Troisième main (1982) Performance
Troisième main fabriquée sur mesure, il peut écrire avec trois mains.
Voir également :
– Split body (1996) des personnes peuvent piloter, à distance la moitié supérieure de son corps, connectée à une interface qui, en lui envoyant du courant électrique, contracte ses muscles supérieurs.
– Protetic head (Tête de son avatar) en 2003. C’est une numérisation en 3D de sa tête, qui est programmée de façon suffisamment fine, pour pouvoir entretenir une conversation dans un jeu de questions-réponses. Ses yeux sa bouche s’animent mais aussi les expressions de son visage.
Amy Karle née en 1980, ses parents sont pharmaciens et bio chimistes, elle a obtenu des diplômes en art, design et philosophie. Elle se passionne pour la biologie humaine.
Elle a présenté en 2016 :
Amy Karle – Regenerative Reliquary (2016)
Regenerative Reliquary (Le reliquaire qui s’auto-génère) en collaboration avec un groupe de recherche de San Francisco.
Cette sculpture, en forme de main, fabrique de l’os.
Voir un commentaire (site d’Amy Karle).
Patrick Tresset né en 1967, il vit et travaille à Londres.
Illustrateur et peintre au départ, et aussi intéressé par l’informatique. Diagnostiqué bi-polaire grave, il a perdu sa créativité à la suite d’un traitement.
Il s’est formé au processus de la vision par informatique et il a alors réalisé un robot qui décrypte le processus de création d’un dessin et qu’il appelle Paul. Human study # 2 La grande vanité au corbeau et au renard.
Patrick Tresset – Human study #2: La Vanité
Voir également :
– Portrait portrait de la princesse Mette-Marit de Norvège à Davos en 2017.
– Autres portraits avec signature du robot en bas à gauche.
Même si les robots sont de plus en plus intelligents, en art, comme en science la conception est essentielle.
Ben – Est-ce bien de l’art ?
On assiste à l’heure actuelle à un engouement des collaborations entre artistes et scientifiques. Depuis le 27 septembre 2017, une chaire arts et sciences a été inaugurée sous la double présidence de l’école nationale supérieure des arts décoratifs et de l’école polytechnique. Partout en France et à l’étranger des initiatives se multiplient pour favoriser les liens entre ces deux domaines de recherche. Le moteur commun des scientifiques et des artistes est la curiosité envers le monde (nos origines et notre destin). C’est aussi de donner à percevoir ce qui est souvent invisible. Ce qui les rapproche également c’est que les artistes comme les scientifiques, sont confrontés à l’incertitude, au succès imprévisible, et au doute permanent.
Voir un commentaire sur les relations entre arts et sciences.