Stéphane Pencréac’h
Sommaire : Les autoportraits, la peinture d’histoire, les sculptures…
Cours d’Agnès Ghenassia
est né en 1970 à Paris, il y a 48 ans, et il travaille à Montreuil. Peintre et sculpteur il a acquis ces dernières années une réputation de peintre d’histoire au sens où on l’entendait autrefois, c’est-à-dire la peinture qui rend compte des événements de l’actualité capables d’entrer dans l’histoire. (Comme le très de mayo, Le Radeau de la Méduse de Géricault où les journées de 1830 vues par Delacroix). Un genre qui avait disparu en partie au profit, bien sûr, de la photo de presse et du film.
Justement Stéphane Pencréac’h n’a pas fait d’étude d’art, mais des études d’histoire (à Paris VII). Auparavant il y avait grandi à Sète et avait beaucoup voyagé avec ses parents, notamment durant plusieurs années en Afrique.
En 1992 il a commencé à travailler le dessin, la peinture et la sculpture et pendant toutes les années 90 il a participé à des expositions collectives avec Marc Desgrandchamps et Vincent Corpet. Ces travaux sont particulièrement sombres et souvent autobiographiques.
Stéphane Pencréac’h – L’atelier noir (1994) huile sur toile 282 x 386 cm
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L’atelier noir 1994, il est assis sur un gros pot de peinture, le regard dans le vide en ce moment d’incertitude et d’isolement.
Stéphane Pencréac’h – La main noire (1995) huile sur toile 230 x 142 cm
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La main noire 1995. Autoportrait en fauteuil qui est de l’ordre du surnaturel tant l’apparence du visage se fait angoissante
D’autres autoportraits suivront (autoportrait 1, autoportrait 2), mais aussi peu réjouissants. Certaines de ces toiles des débuts sont franchement expressionnistes et frappent par leur violence.
Stéphane Pencréac’h – L’aigle (1994) huile sur toile 200 x 240 cm
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L’aigle qui emporte dans ses serres une jambe humaine sanguinolente, un thème cher à Baselitz.
En 2000, il a une première exposition personnelle à Paris à la galerie Hoffmann qui s’intitule « Le paradis est un endroit où il ne se passe jamais rien« .
Il a commencé à coller des photographies personnelles et à les intégrer à sa peinture.
Ici maman + Ane Louis c’est gouache, avec collage de photos, ou des matériaux collés.
Arabande c’est gouache et grillage.
Mais c’est en 2001 qu’il fait vraiment irruption sur la scène artistique avec une exposition intitulée « Arabitude » qui lui vaut par sa singularité 5 pages dans Art Press et un article de Richard Leydier. Il y montre plusieurs séries regroupées sous le titre inspiré par des Milles et une nuit. Le seul lien entre ces toiles et ce titre, c’est que dans ce conte, comme dans tous les récits mythologiques, se jouent les passions essentielles : amour, sexe, violence, et mort. Ce sont ces thèmes qui intéressent le jeune Pencréac’h, mais aussi la recherche d’innovations formelles.
Stéphane Pencréac’h – Femme 5, encore une fois je suis cassé (2001) cintre en acier, trous 162 x 130 cm
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Dans femme 5, encore une fois je suis cassé le cartel dit : « Fuite, voile oriental« . La toile est fixée de travers sur le châssis qui est mis à nu par endroit. Les coups de pinceau brosse verts forment une sorte de rideau, thème souvent associé à la peinture des nus. Un voile dissimule un visage, qui n’est pas dans l’axe du corps largement offert…
Enfin il y a de nombreux espaces vides, qui font une réserve très lumineuse.
Femme 3, derrière présente des trous. On a plus l’habitude des entrailles dans la peinture abstraite (Lucio Fontana), mais les fentes que fait Pencréac’h créent un effet illusionniste, parce qu’il applique une bande autocollante noire à l’arrière de la toile. Le regard s’écrase donc dans cette sorte de faux trompe-l’œil. Bien sûr on évoquera l’interprétation sexuelle, comme pour Fontana, et en parodiant Alberti, Pencréac’h dit : « La peinture et une femelle ouverte sur le monde » (donc il ouvre au cutter le sexe de la femme. On lui pardonne parce que là il a 30 ans).
Une autre série dans cette exposition « Arabitude » montre des Djinns.
Stéphane Pencréac’h – Djinn 7, on ne s’échappe pas (2000) huile sur toile, chaînette en laiton et trous 162 x 130 cm
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Djinn 7, on ne s’échappe pas (2000). Par nature le génie, qui est un personnage immatériel, permet toutes les innovations formelles et là indépendamment de l’ajout des chaînettes, il associe des types de peinture très différentes. Les fragments de corps écartelés s’opposent à la gestualité du reste.
La 3e série ce sont des squelettes et des crânes.
Stéphane Pencréac’h – Impressive Instant (2000) huile sur toile découpage 100 x 100 cm
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Impressive Instant huile sur toile et trous.
En 2002, publication d’une première monographie, et les Nahon lui organisent une exposition à la galerie Beaubourg à Vence, et il est aussi montré au musée d’Art moderne de la Ville de Paris.
En 2005 il a découvert une nouvelle façon d’associer peinture et photographie et de perturber encore plus de perception de l’espace. L’artiste part d’une œuvre sur papier, exploitant des images photo. Ce collage constitue une matrice qu’il photographie et numérise. Cette image numérique est ensuite imprimée dans n’importe quel grand format, par un procédé d’impression industriel appelé « sublimation« . Il peut ensuite peindre sur ce support et il choisit une toile à l’aspect très soyeuse. Il devient extrêmement difficile de distinguer ce qui a été imprimé et ce qui a été peint par-dessus.
Elle M’M’, … allégorie.
En 2005 à la galerie Anne de Villepoix son exposition est intitulé « sublimation, la vie pendant la guerre » et lui vaut un article élogieux de Philippe Dagen dans le Monde et un autre dans le Figaro.
Sublimation : action de purifier, de transformer en élément, en chimie passage de l’état solide à l’état gazeux sans passer par l’état liquide, en psychanalyse transformation des pulsions inacceptables occasionnant des conflits intérieurs en valeurs sociales reconnues.
Stéphane Pencréac’h – L’ascenseur (2005) Huile et sublimation sur toile Trévira (diptyque). 130 x 195 cm
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Toutes les œuvres de cette série présentent en arrière-plan le thème de la guerre, symbolisé par la présence d’avions de chasse. L’avion est à la fois une icône, évoquant de manière directe la guerre, telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui, mais aussi le symbole phallique qui permet à Pencréac’h de parler des thèmes qui lui sont chers, celui des passions humaines. La logique spatiale, aérienne, de certains tableaux bien que ne mettant pas en scène directement des avions, fait néanmoins toujours référence à cet esprit guerrier. S’attachant à représenter ses contemporains et le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui, Pencréac’h nous montre la guerre comme un élément sous-jacent et omniprésent.
Voir un commentaire.
Stéphane Pencréac’h – Bombardement (2005) huile sur sublimation, 200 x 200 cm
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Bombardement atomique le rêve. D’autres toiles s’intitulent ceux qui vont te tuer te saluent. Dans le catalogue qui est publié Dagen écris. « Pencréac’h exagère ? Il est tout juste au niveau du monde actuel. Vous ne voulez pas le savoir ? Vous préférez croire que tout pourrait encore s’arranger ou que du moins vous pourriez rester devant votre télé à observer les désastres, les guerres qui affectent les autres, vous vous imaginez à l’abri, c’est-à-dire au spectacle ? Trop tard. Le désastre a déjà commencé. Vous y êtes en plein. Nous y voilà.« .
Voir également :
– Le Rêve, (2005) Huile et photographie sur toile (diptyque) 160 x 130 cm.
– Atomique, (2005) Huile, sublimation et trou sur toile Trévira (diptyque). 195 x 130 cm.
Pencréac’h commence en 2007 à montrer des sculptures.
Stéphane Pencréac’h – La source (2007) bois, acier, plâtre, céramique, tissu 190 cm de haut
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La source est faite de bois, d’acier, de plâtre, de céramique et de tissus. L’artiste s’est représenté sur un amas figurant tout ce qui l’entoure dans l’atelier. De sa tête s’écoule une fontaine sur fond de céramique rouge (métaphore de l’inspiration de l’artiste).
Stéphane Pencréac’h – Femme invisible (2008) Bronze peint 122 x 90 x 44 cm
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Femme invisible en bronze peint. Femme invisible 2 figurant le corps déchiqueté d’une femme dont les chaussures à talon restent miraculeusement intactes! Le titre paraphrase celui d’un tableau célèbre de Francis Picabia: L’Homme invisible.
Voir d’autres sculptures.