Cours du 16 avril 2018

Guillaume Bresson est né en 1982 à Toulouse. Sa peinture lui a valu le surnom de « Poussin des parkings ». Ses parents étaient divorcés le père était à la campagne, il devint graffeur. Il a grandi dans le quartier populaire du Rangueil, il a décroché son bac S, s’est inscrit à la faculté du Mirail en art plastique et abandonne au bout d’un semestre. Lui qui avait acquis une expérience de tagueur dans les quartiers, est admis aux Beaux-Arts de Paris. Il choisit de suivre des cours de modelage. Jusqu’au bout, pendant 6 ans, il a modelé à partir de modèles vivants et affirme que ce fut une bonne formation pour sa peinture. Pourquoi parce que dans tous les autres ateliers il s’agissait avant tout de conceptualiser.

Diplômé des Beaux-Arts en 2007 (avec les félicitations du jury) il explose dans l’école, et il est repéré par la galerie Lacen qui lui offre sa première exposition.


Guillaume Bresson – Sans titre, (2008) Huile sur toile, 170 x 300 cm
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Il évoque la peinture du XVIIe siècle celle du Caravage et de Nicolas Poussin.
Composition savante et ordonnée, rôle de l’architecture pour stabiliser l’ensemble, clair-obscur soulignant le caractère tragique des scènes, gestuelle très cadrée pour exprimer des passions violentes. Les corps font l’objet d’une véritable chorégraphie.

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Guillaume Bresson – Sans titre, (2008) Huile sur toile, 170 x 205 cm
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Le parking souterrain devient le lieu de la violence banale. Car le thème, à chaque fois, c’est la violence ce sont des scènes de guérilla urbaine.


Guillaume Bresson – Sans titre, (2007) Huile sur toile, 177 x 205 cm
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L’artiste affirme en effet que la peinture d’histoire le passionne mais que, contrairement aux apparences, il n’y a rien de militant ou de politique dans sa démarche. Je veux raconter une histoire sans affect ni sentiment. Comment procède-t-il ? D’abord un croquis au crayon ou à l’encre de Chine, à partir d’une idée de mouvement puis il fait poser des modèles, qu’il met en scène pour les photographier (souvent ses amis de Rangueil). A partir de ces tableaux vivants il recompose sur son ordinateur les images en combinant la tête de l’un, le corps de l’autre, un décor trouvée sur le web.


Guillaume Bresson : vues d’exposition (galerie Nathalie Obadia, Paris)


Guillaume Bresson – Sans titre, (2007) Huile sur toile, 169 x 205 cm
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C’est un travail long et lent. Pour l’exposition de 2007, dit-il, il lui est arrivé de peindre 22 heures par jour tant le galeriste lui mettait la pression.

L’exposition rencontre un vif succès, il est épuisé, il fuit à Berlin en 2008 là il sera exposé à la galerie Bourouina.

Pas de héros pas de scénario pas de repère ni de temporalité (pas de titre). « Beaux-arts de rue » dit un critique sur Mediapart « En peinture il est facile d’être sentimental je cherche au contraire un certain minimalisme. » Il se met à distance en scènes théâtralisées.


Guillaume Bresson – Sans titre, (2007) Huile sur toile, 169 x 205 cm
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Son œuvre assume pleinement son anachronisme avec la société contemporaine, comme si ce décalage s’imposait pour saisir pleinement l’essence de son époque.

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Guillaume Bresson – Sans titre, (2007) Huile sur toile, 169 x 205 cm
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Sous la bonne étoile du « M » de McDonald’s, un ballet de corps s’élance, s’emmêle et s’entrechoque, magnifié par la peinture à l’huile.


Guillaume Bresson – Sans titre, (2009) Huile sur toile, 177 x 205 cm
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Bagarre en 2008. La scène n’est pas la nuit de la Saint-Barthélemy,. Uais une émeute urbaine une cinquantaine de jeunes se battent à coup de poing et de bouteilles de verre.


Guillaume Bresson – Sans titre, (2007) Huile sur toile, 169 x 205 cm
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« C’est plus le mouvement que la violence qui m’intéresse. Et dans la violence ce qui m’intéresse, c’est la chorégraphie. »

En 2010 retour en France il trouve un atelier à la cité des Arts de la mairie de Paris et il commence une collaboration avec la galerie Nathalie Obadia.

Il a 28 ans, et à partir de 2011, il impose son rythme, il peint dans son atelier familial à Toulouse sans assistant affirmant : « Après les beaux-arts, j’ai dû apprendre à me plier à une date butoir pour exposer en galerie ça a changé mon rapport au temps dans mon travail, ce qui n’a pas forcément fait du bien à ma peinture. Maintenant je travaille sans me fixer de limite pour me remettre dans des conditions de liberté. »

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Guillaume Bresson – Sans titre, (2014), peinture à l’huile
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A partir de 2013 sa peinture devient plus épurée. A partir de 2014 c’est toute sa procédure de travail qui change. D’ailleurs il expose à côté de ses toiles, l’étape précédente en quelque sorte : il trace de façon aléatoire une série de grilles de perspectives en déplaçant la ligne d’horizon. Ces structures données servent de canevas pour la construction de ses tableaux où s’inscrivent des architectures et des personnages. Les sujets sont toujours empruntés au réel : enfants, femmes, hommes, gestes, objets… De plus il peint sur des panneaux de bois. On est maintenant dans une esthétique qui rappelle celle des jeux vidéo et des animations 3D, avec toujours quelque chose de l’ordre des mises en scène de l’art italien.
Il aime confronter des bribes de réalités hétérogènes.
Voir également sans titre (2014).


Guillaume Bresson – Sans titre, (2014) Huile sur toile, 169 x 205 cm
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« Je crois que l’on peut trouver des formes nouvelles de récit, autres qu’une simple « peinture d’histoire avec des sujets contemporains ». Désarticuler la forme « peinture d’histoire » et ne garder que ce qui nous concerne aujourd’hui, l’informer des évolutions formelles qui ont lieu dans les autres champs. Par exemple, j’essaie d’articuler «De pictura» de Leon Battista Alberti et sa grille de perspective, avec ce que Barthes nomme « activité structuraliste », décrivant cette pratique de décomposition / recomposition du réel permettant de reconstituer un autre objet qui lui ressemble, et d’en dégager des règles de fonctionnement. Réinterpréter la perspective d’Alberti, la dégager de son sens humaniste et réconciliant de la Renaissance, pour lui donner la lecture sociologique d’une structure invisible dans laquelle s’établit la discorde« .

Voir un commentaire (Guillame Bresson un poussin dans les banlieues).

En 2015 il expose à l’église des Célestins à Avignon il part en résidence à Brooklyn, et depuis 2016 il vit et travaille à New York.

En passant du graffiti à l’hyperréalisme Guillaume Bresson a séduit en donnant à la violence contemporaine la noblesse de bataille historique. Son fan-club de collectionneurs le suivra-t-il s’il change d’orientation à suivre…