Javier Pérez
Sommaire : Les sculptures, les dessins, les performances …
Javier Pérez né en 1968 à Bilbao.
Son travail est celui d’un plasticien au sens élargi du terme, il se compose de sculptures, de dessins, et de performances filmées, d’installations vidéo incluant du son. Il jouit d’une notoriété européenne.
Il a fait ses études aux beaux arts de Bilbao, qu’il a complété par un troisième cycle aux beaux arts de Paris.
Son travail est lié au corps, et plus particulièrement au sien au début, mais aborde des questions plus ouvertes sur la condition humaine.
Une de ses premières oeuvre Autorrotiato (1993) est une sculpture en latex présentant deux mains liées, donc interdisant aux mains tout geste de préhension. Il y a l’objet, sculpture, et l’objet porté comme une prothèse (on avait vu cela chez Rebecca Horn).
Dialogue, la même année est une sculpture en cuir d’agneau qui relie ensemble deux bustes. Là encore, c’est l’artiste qui l’expérimente sur son propre corps, laissant penses que l’objet a été moulé sur lui à sa mesure.
Souffle (1994) est un parchemin en peau de chèvre dont l’extrémité porte la trace d’une empreinte. Là encore, une photo permet de comprendre que le tube a été mis en bouche et gonflé par le souffle de l’artiste… ce qui nous renvoie au Soffio de Penone et à son embouchure !
Chemise d’air (1994) est une chemise en soie blanche, dont les manches se terminent en ballons gonflés à l’hélium. Où qu’on l’installe, elle se colle au plafond, avec un geste imprécateur, alors qu’elle ne présente, bien sûr qu’un corps absent.
Javier Pérez – Sacs à dos anatomiques (1994) Sacs: cuir et métal
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)
Sacs à dos anatomiques (1994) en cuir d’agneau, moulés sur un corps d’homme et un corps de femme suggérant l’idée de porter sur son dos (probablement vêtu) l’image de son propre corps nu.
On voit jusqu’ici se dessiner quelques axes de réflexion qui s’énoncent par des réflexions : opposition matériel/immatériel, plein/vide, intérieur/extérieur, humain/animal.
Javier Pérez – Barroco (1995) Robe constituée d’intestins de vaches séchés et de lacets
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)
Barroco (1995) C’est un peu la robe des Ménines de Vélaquez en intestin de vache. Attraction (la matière et la forme sont belles) / répulsion.
Javier Pérez – Habits (1996) tissu, bois, vers à soie, papillons et projection vidéo
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)
Habits (1996) joue aussi avec l’animal, mais cette fois avec des insectes. C’est une robe réalisée avec des cocons de vers à soie. Une projection vidéo permet de voir l’éclosion des papillons en gros plan.
Humano (1998) reprend la notion d’immatérialité. C’est une forme vide habillée de vêtements réels contenant un dispositif à produire de la fumée (le corps et l’esprit).
Javier Pérez – La source (1996) Porcelaine, acier inox, eau, moteur
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)
La source (1996), c’est une tête en porcelaine percée de nombreux trous d’où jaillit de l’eau, formant une sorte de coiffe régulière autour du visage.
Justement à partir de 1995, la coiffe, le masque sont au cœur de ses préoccupations … et on retrouve l’animalité puisqu’il utilise le crin de cheval.
Javier Pérez – Rester à l’intérieur (1995) Crin de cheval, tissu
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)
Rester à l’intérieur (1995) est une coiffe de crin extrêmement travaillée qui s’enfile par devant de façon à inverser la règle habituelle qui consiste à dégager le visage et à couvrir la nuque. Là l’ouverture est dans la nuque, c’est un peu dérangeant d’imaginer le contact du crin à même le visage.
Javier Pérez – Mascara cérémonial (1998) Crin de cheval blanc, tissu, résine polyester 145 x 55 x 45 cm
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)
Mascara cérémonial (1998) est un crin de cheval blanc, raide cette fois et bien sûr on pense à des objets ethnographiques cultuels (d’où le titre). Là encore, on en a l’image en tant qu’objet sculpture, et l’image portée par l’artiste. Une petite vidéo montre un homme enfilant devant son visage un tel masque de crin noir, puis, pris de panique, s’agitant en tous sens pour tenter de s’en dégager. Les mouvements de tête du personnage ressemblent à ceux d’un animal sauvage pris au piège. Berlinde De Bruyckere (Belge) a au début des années 2000 réalisé des sculptures en cire affublées d’une crinière de cheval à la place de la tête. En 2008, il a repris cette idée avec ce masque de séduction réalisé en crin de cheval teint en rouge. Séduction/répulsion.
Voir un commentaire (Musée Guggenheim Bilbao).
Rebecca Horn en 1975 avait enfermé le corps dans une carapace de plumes noires (la veuve du paradis), matérialisant ce que Max Ernst avait imaginé dans la toilette de la mariée.
Javier Pérez – Masque de séduction II, (2008) Crin de cheval teint en rouge, coton, résine polyester
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)
On le voit avec la série des masques, l’artiste renverse la perception habituelle selon laquelle l’intérieur du corps humain a à voir avec l’animal (la chair, les humeurs) alors que sa peau est socialisée.
Javier Pérez – Masque en verre (1998) Masque en verre traité miroir
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)
En 1998 Javier Pérez a collaboré avec le C.I.R.V.A. de Marseille. Là par exemple, il a réalisé un masque de visage en verre traité façon miroir… et il s’est promené avec ce masque dans les rues de Prague, et sur le pont Charles, de telle sorte que les reflets des architectures et des lumières se déformaient en dessinant des motifs baroques sur son visage. Là il inverse la fonction de notre rétine, en dotant le visage entier de la capacité à refléter le monde réel. Bien sûr, il y a un précédent : Penone retourner ses propres yeux, (1970).
Une vidéo d’une dizaine minutes rend compte de cette déambulation nocturne.