Les artistes chinois
Sommaire : Chen Zhen, Huang Yong Ping, Ai Weiwei
Les artistes chinois tiennent actuellement le haut du marché. Ils ont été découverts en 1989 lors de l’exposition les magiciens de la terre. Jean-Hubert Martin, son commissaire, avait invité des artistes de tous les continents (plus d’une centaine), repérés un à un lors de longues missions de terrain accomplies durant des années et qui étaient confrontés à de grandes figures de l’art contemporain occidental. Voir le catalogue Centre Pompidou et hall de la Villette.
Depuis les années 90 ces artistes sont de tous les rendez-vous ou expositions. Tous ont en commun trois points :
– De mêler dans leurs œuvres, les apports de l’art occidental avec la culture chinoise.
– Tous s’expriment sur la situation actuelle de leur pays.
– Tous ont des préoccupations écologistes.
Chen Zhen (1955 – 2000)
Il a le premier attiré l’attention. Chen Zhen a grandi durant les années tumultueuses de la Révolution culturelle dans le quartier de l’ancienne concession française de Shanghai, dans une famille de médecins parlant anglais et français. Très jeune, il s’est intéressé aux liens existant entre la philosophie traditionnelle chinoise – interdite à l’époque – et la culture occidentale. Très jeune il s’est passionné pour les liens entre la culture occidentale et la philosophie traditionnelle chinoise. (les deux étant interdites à l’époque).
Atteint d’une maladie rare incurable, une anémie hémolytique auto-immunitaire, il eut le projet d’apprendre la médecine traditionnelle chinoise : « La médecine chinoise est, par sa façon de penser et de pratiquer, très proche de l’art ».
En 1986, après l’ouverture du pays sous Deng Xiaoping, il émigre à Paris, où il étudie à l’ENS des Beaux-Arts et à l’Institut des hautes études en arts plastiques. Au contact de cette culture nouvelle, il abandonne la peinture et adopte peu à peu l’installation. Anticipant un thème qui deviendra récurrent par la suite, la circulation multi-culturelle, il réalise des installations où la médecine chinoise et ses concepts cosmologiques sont mis en scène dans des perspectives nouvelles.
Chen Zhen – Table ronde (1995) 550 cm de diamètre x 180 cm de hauteur
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Table ronde 1995
Table de négociation conçue à l’occasion du 50e anniversaire de l’ONU. 29 chaises encastrées dans la table. Chaises en provenance des 5 continents. Au centre les droits de l’homme en chinois. Cette œuvre suggère le dialogue, la négociation ou des tractations qui sont au cœur de tous les grands moments de l’histoire collective ou individuelle.
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Berceau installation sonorisée, lit d’hôpital retourné, recouvert de lambeaux de vêtements. On entend des rires d’enfants et des voix d’adultes, il symbolise les joies et les peines de la vie.
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Chen Zhen – Daily incantation (1996) bois, métal, pôts de chambre chinois, fils électriques, résidus d’objets électriques et électroniques, système de son, 230 × 700 × 350 cm.
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Daily incantation 1996
A l’occasion d’un retour en Chine, il est frappé par la modernisation de Shanghai. Cependant, il a retrouvé un bruit familier de son enfance : celui de l’eau utilisée chaque matin pour le nettoyage des pots de chambre traditionnels, sortes de tonnelets de bois. Tel fut le point de départ de Daily Incantations (1996) : 101 pots de chambre suspendus à une structure de bois diffusent des sons qui mêlent bruits d’eau et bribes de discours politiques de l’époque du maoïsme. Au centre de la structure, une sphère avec des résidus de la technologie électronique.
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50 coups pour chacun (1998). Les visiteurs étaient invités à frapper sur les percussions. Fabrication d’une voix collective. Évocation des coups infligés aux condamnés durant la révolution culturelle.
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Chen Zhen – Autel de lumière (1999) Baignoire d’enfant, prie-Dieu, chariot, bougies 170 x 75 x 100 cm Collection particulière, Paris
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Autel de lumière prie-dieu, chariot et bougies blanches. Sorte d’autel petit mémorial.
Ce travail est né lors d’un séjour d’un mois de Chen Zhen au Brésil, parmi les enfants des favelas de Salvador de Bahia. A travers l’art, il a amené les enfants à la compréhension et à l’analyse de la ville, grâce à l’étude de six styles architecturaux différents, fruits de six milieux sociaux distincts. De cette façon, il a éveillé leur curiosité pour la vie, leur compréhension de la société et il a nourri leur rêve d’avoir leur propre « maison ». A la fin, tous les enfants ont créé plus de trente petites maisons faites de bougies. Chen Zhen a toujours eu une grande confiance en l’homme et dans les générations futures.
Dans l’œuvre de Chen Zhen les bougies deviennent le matériau de la construction et des éléments architecturaux. Caractéristique de la population très croyante de Salvador, à Bahia, la bougie appelle à la prière, l’espoir et au recueillement. Les bougies symbolisent également la fragilité d’un corps humain (en Chine elle symbolise la vie d’un homme).
Dans Un village sans frontières (2000), l’artiste utilise des bougies pour bâtir un «village universel» composé de -chiffre symbolique- 99 chaises pour enfants collectées dans différentes parties du monde. «Le fait d’utiliser des bougies (en Chine, la bougie est le symbole de la vie d’un homme)– écrira Chen Zhen –a une signification particulière: bâtir un village sans frontières que nous avons la charge d’initier, mais avec un espoir toujours tourné vers la génération future.
Voir les mots clé de Chen Zhen
Cocon du vide ressemblant à un grand chrysalide incurvé reposant sur une chaise de laque de Chine richement sculptée. La forme de chrysalide est faite à partir de boulier chinois en bois et de perles de chapelet bouddhistes qui ont été enfilés sur un cadre en acier. Mélange de spiritualité et de science (chapelet et boulier).
Chen Zhen – Balai-Serpillière » (1999) tubes de caoutchouc, aiguille de seringue et bois, 390 x 50 cm diamètre. Collection Christophe Durand-Ruel, Paris.
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1999 tubes de caoutchouc avec aiguilles de seringues.
Voir l’exposition les pas silencieux galerie Continua San Giminiano.
Pièces de purification. Il réalise plusieurs « pièces de purification ». Les objets sont recouverts de boue argileuse, qui se transforme en craquelure. Cette œuvre met de temps en perspective, elle recentre notre perception de la durée de vie des personnes, des objets et des environnements.
Paysage de cristal sur une table en cristal des objets qui cassés qui évoquent des organes du corps. Il évoque également des différences entre la médecine occidentale et la médecine chinoise.
Chen Zhen – Jardin zen (2000) Albâtre, métal, plantes artificielles, bois, sable, petites pierres, ampoules électriques 175 x 340 x 300 cm
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Jardin zen dernière œuvre, albâtre, posé dans un caisson. Les formes sont traversées par des outils chirurgicaux.
Voir d’autres œuvres de Chen Zhen.
La Danse de la fontaine émergente est une création postume qui se situe à Paris (13ème). Il s’agit d’une fontaine dont l’eau est éclairée la nuit.
La danse de la fontaine émergente commentée par son épouse
Huang Yong Ping né en 1954 en Chine vit en France
Il fait la correspondance entre l’art, la vie et la politique. Il est issu d’une famille cultivée qui a souffert de la révolution culturelle.
Il a fondé un mouvement de révolte XIAMEN DADA après avoir découvert Duchamp. L’idée est que l’art est surtout une attitude. Il a organisé en public un autodafé de ses peintures. Il est surveillé par la police.
Mona-Vinci brouillage entre Mona Lisa et le portrait de Léonard. Il reprend l’idée de Duchamp dans, L.H.O.O.Q. (1919).
Voir un commentaire (centre Pompidou).
Huang Yong Ping – Le sage suivant l’exemple de l’araignée qui tisse sa toile (1994)
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Le sage suivant l’exemple de l’araignée qui tisse sa toile. L’araignée est vivante. Sur la table figurent des traductions chinoises de Duchamp. Le titre fait référence à un ouvrage taoïste de Ge Hong qui considérait l’araignée comme un animal mystérieux et sage. L’araignée, sous la lampe, domine les textes posés sur la table.
Huang Yong Ping – Reptiles (1989) Papier mâché et machines à laver 700 x 400 x 300 cm Vue de l’exposition «Magiciens de la terre», Grande Halle de la Villette, Paris, 1989
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Reptiles (1989), 3 machines à laver entourées de pâte à papier. Des journaux chinois ont été lavés dans les machines et ils forment une sorte de bouillie. Les tas de papier lavé sont arrangés en forme d’énormes tortues. A l’époque des Ming, il y avait une tradition d’associer au tombeau des empereurs des tortues (symbole de longévité). Idée que toutes les cultures meurent mais se recyclent dans un renouvellement perpétuel.
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Huang Yong Ping – Théâtre du monde (1993) métal, bois, insectes, lézards, scorpions, serpents, 66 x 295 x 175 cm
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Dans « théâtre du monde » il expose sauterelles, cafards, tarentules, mille-pattes, lézards, scinques et scorpions, sous un dôme en forme de carapace de tortue. Ces animaux se dévorent entre eux. Il s’agit pour lui de créer un « microcosme des conflits mondiaux destinés à faire réfléchir les gens aux dynamiques du pouvoir dans les sociétés contemporaines« .
Il a également réalisé Théâtre du monde et Pont.
Il réagit également à des faits d’actualités.
Huang Yong Ping – Péril de mouton (1996) Fondation Cartier Poteaux en bambou, peaux de mouton, peau de vache Fondation Cartier
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Péril de mouton (1996) Fondation Cartier. Évoque la crise de la vache folle.
Installation de Cinquante bras de Bouddha
Cinquante bras de Bouddha (1997), réalisation en grand format du porte bouteille de Duchamp. Il y a accroché des bras moulés ou sculptés (en résine ou en terre). Ils sont associés à des objets appartenant à l’iconographie chinoise (chapelet de méditation, arc pour l’intuition, cloche pour la sagesse, une roue pour le cycle de réincarnation, etc…) auxquels il a ajouté des éléments domestiques (balai, pelle etc..). L’œuvre est une synthèse entre orient et occident entre le passé (M. Duchamp) et le monde d’aujourd’hui.