1935, jeu de six rotorelief, présenté au concours Lépine (sans succès).
Les Rotoreliefs sont à l’origine des disques de carton, imprimés de motifs en spirale, à utiliser sur des tourne-disques : ce sont « des jouets » à produire l’illusion du volume. Duchamp en a l’idée après la réalisation, en 1925, de son film Anemic cinema, fait d’illusion d’optique.
Mais, contrairement à ce film dont la diffusion est restée confidentielle, les disques sont confectionnés dans le but d’être commercialisés. Duchamp en dépose l’idée auprès du Tribunal de commerce de la Seine le 9 mai 1935 et les présente au public en août 1935 sur un stand du concours Lépine, dans des cartons ronds tirés à 500 exemplaires contenant plusieurs modèles.
Du point de vue commercial, l’entreprise est un échec tant en France qu’aux Etats-Unis, où il essaie aussi de les diffuser.
En revanche, en tant qu’œuvre d’art, les Rotoreliefs témoignent de la diversité des activités de Duchamp et font de lui à la fois un ingénieur, un entrepreneur, et l’un des premiers artistes à proposer des œuvres d’art multiples sous forme de boîtes. Quelques années plus tard, cette expérience le conduira à éditer une boîte contenant des objets renvoyant à ses œuvres complètes.
Quant aux exemplaires des Rotoreliefs des collections du Musée, ils ont été reconstitués suivant la version des dernières éditions où les disques sont installés sur des pieds, à la verticale, avec des moteurs pour provoquer le mouvement.
Film sur les rotoreliefs
En 1938, il mime le Adam et Ève.
La boîte-en-valise est conçue comme un musée portatif, autour de l’univers condensé de la boîte des surréalistes et du principe de cabinet de curiosité. L’œuvre est composée d’une valise contenant 69 reproductions des principales œuvres de Duchamp, dont de nombreuses photographies et les répliques miniatures des ready-made La Fontaine et Grand Verre.
Il réalise, en 1947, la couverture du catalogue pour l’exposition sur le surréalisme. « Prière de toucher » (sein sur du velours noir)
Cette œuvre est une invitation à dépasser le sens de la vue – sens traditionnellement privilégié dans les arts occidentaux – au profit du toucher, plus matérialiste. Elle propose une expérience tactile à rapprocher des nombreuses recherches des surréalistes pour sortir des pratiques académiques et des idées reçues.
Mais, au-delà de cette expérience et de la mise en valeur du toucher, cette œuvre, toujours dans un esprit surréaliste, laisse entrevoir la dimension érotique qui parcourt le travail de Marcel Duchamp. Depuis 1912 – avec les recherches pour La Mariée mise à nu… – jusqu’aux dernières œuvres – le thème de la sexualité, apparaît de manière récurrente, souvent traité en rapport avec celui du voyeurisme.
Couverture du magazine américain « Vogue », numéro de juillet 1945, photographie d’Erwin BLUMMENFELD prise au Museum of Modern Art où le Grand Verre de Marcel Duchamp a été exposé de 1943 à 1946.
1959 avec la ma langue dans ma joue (plâtre) voir un commentaire.
Torture morte
Marcel Duchamp parle des ready-made en 1967.
Feuille de vigne femelle, 1950, Plâtre galvanisé, moulé à partir d’un sexe féminin. C’est le contre pied de la feuille de vigne femelle, Duchamp insiste ainsi sur la réversibilité des organes femelles et mâles,
En 1968, après sa mort découverte d’une oeuvre posthume Etant donné 1. La chute d’eau, 2. Le gaz d’éclairage, Cette pièce est la conclusion de l’oeuvre de Marcel Duchamp.
Pendant vingt ans, Duchamp élabora secrètement Etant donnés…, alors que tout le monde, y compris ses proches, pensaient qu’il avait cessé de créer.
Il signa cet environnement complexe en 1966, spécifiant à sa femme et à Bill Copley qu’il ne devait être montré qu’à après sa mort. Le jour venu, Etant donné… fut donc démonté, transporté et remonté en trois mois à partir d’un manuel intitulé Approximation démontable, exécuté entre 1946 et 1966 à New-York (« par approximation, j’entends une marge ad libitum dans le démontage et le remontage »), et présenté au public.
Notre regard ne suffit pas pour appréhender la réalité de l’oeuvre. Voir un commentaire.
– Il a en effet ouvert sur de nouveaux moyens de créer (happening, travestissements, chronophotographie, films, machines, etc.), importance du titre qui apporte « une couleur à l’oeuvre« .
– La forme du « ready-made » est sans doute la plus complète de ses œuvres (objets manufacturés, pelles, porte-bouteilles, etc.), ces objets une fois signés, sont dupliqués en de nombreux exemplaires.
– Il accepte de « déléguer » tout ou un partie de son oeuvre à des professionnels, l’idée seule compte.
– Il développe un « anti-art » où la théorie l’emporte sur la pratique. Ainsi, il n’y a plus le souci du beau. Ce qui intéresse davantage Marcel Duchamp, c’est le fond, c’est-à-dire l’idée qui se cache derrière la forme. Des idées qui sont le reflet de sa vision de l’art. Il s’agit en quelque sorte d’une conversation de l’art sur l’art. Mais cette réflexion n’est pas du tout « traditionaliste ». Au contraire, il se sert de la provocation comme d’un outil de rhétorique à part entière. Cette provocation est destinée à interpeller le spectateur et même la société toute entière. Il nous présente une vision de la société vue à travers le prisme de l’art. Ainsi l’art joue un rôle majeur en cela qu’il produit un reflet parfois dérangeant de celle-ci. Le regardeur apporte avec lui le sens de l’œuvre, il fait l’œuvre au même titre que l’artiste.
La force de Marcel Duchamp est d’avoir inventé un nouveau mode d’expression esthétique où le jeu symbolique des représentations (évoquées par les objets sélectionnés) se passe de la présentation de ces objets.