8 – Tout ça pour ça !

L’humour naît ici du contraste entre les efforts déployés (considérables) et le résultat (facétieux).

Olaf Breuning (Suisse)
Lapin de Pâques (2004) : Sur l’île de Pâques, il a doté les célèbres moai (statues de 9 m de haut) de sourires béats et d’oreilles en métal, leur faisant perdre tout caractère d’autorité et de mystère.

Philippe Ramette (France) né en 1961.
Il joue avec les lois de la gravité et de la logique pour créer des situations impossibles, mais toujours réalisées sans trucage. Son humour naît de ce décalage. Tout ça pour ça !

Balcon numéro un, Château de Bionnay (1997).

Lévitation rationnelle (2002),
Voir également :
– Promenade irrationnelle 2003.
– Contemplation irrationnelle 2003.

Pierre Malphettes (France) :
Trajectoire de mouche (2004).

L’humour de « Trajectoire d’une mouche » (2004) réside dans le décalage entre la banalité du sujet — le vol erratique d’une mouche — et la solennité du dispositif artistique qui le fige en néon lumineux.

Wang Du (né en 1970 en Chine) :
Plasticien travaillant sur la consommation des informations et la critique des médias (vit en France depuis 1990).
Marché aux puces (2001) réalise en volume des personnages à partir d’images publiées dans Paris Match, en les privant des éléments cachés (par un premier plan ou les limites de la photo).

Il détourne les codes de la consommation et de l’information pour les transformer en une scène absurde et ironique.
Voir également :
– Image du temps positif négatif.

9 – L’Humour Noir : L’Art s’amuse de ce qui n’est pas drôle

Duane Hanson (États-Unis) :
Sculptures hyperréalistes de la classe moyenne américaine (fibre de verre et polyester).

La Supermarket Lady, avec ses bigoudis, ses chaussons et sa cigarette pendante, est une figure de la plus grande banalité et de la négligence quotidienne, qui fait soudain irruption dans le lieu sacré de l’art (le musée ou la galerie).

Ces figures banales, qui font la queue dans la vie réelle pour visiter un monument, se retrouvent elles-mêmes à être le monument à visiter dans un musée.

Matthieu Laurette (France) :
La vie remboursée (2000) : aboutissement d’un travail (1993-2001) consistant à se nourrir, se laver, se raser gratuitement.

Il s’agit moins d’une œuvre matérielle unique que d’une action / performance de longue durée et d’une critique systémique qui se déploie dans le monde réel et dans les médias de masse.

Tony Oursler (États-Unis) :
Vidéaste travaillant sur les angoisses existentielles de ses compatriotes.

Vidéo-projette des visages expressifs sur des objets inanimés, Untitle (1999) (25 têtes en forme de plaquettes de gélules).

Erwin Wurm (Autriche) :
Il s’est intéressé à l’obésité.

Fat House (2003) : filmée en vidéo, s’interroge : « Suis-je de l’art parce que je suis grosse ? »

Voir également le bus curry.

Franck Scurti (France) :
Lit en forme de boîte de sardines géante, soulevant burlesquement la question de la surface des logements.

Voir un commentaire.

Gilles Barbier (France) « enfin libres ».
Projection mentale (un clone de l’artiste qui a conçu un dispositif automatique pour se suicider).

Voir d’autres oeuvres de Gilles barbier.

Maurizio Cattelan (Italie)

Him (2001) : Un enfant agenouillé en costume, vu de dos en prière. Vu de face, c’est Hitler.

La nona ora (1999) : Jean-Paul II terrassé par la chute d’une météorite. Il dit que seul un événement venu du ciel (comme ce météorite) pouvait mettre à terre ce pape admiré de tous.

Yue Minjun (Chine) :
Peintre appartenant au groupe du « réalisme cynique » qui exprime le désenchantement.
Tous ses personnages rient, quelle que soit la situation (même face à un peloton d’exécution). L’artiste exprime que, la critique étant interdite, tous les Chinois doivent se dire satisfaits de leur sort.

Voir un commentaire.

Voir d’autres œuvres de Yue Minjun.

Michel Journiac (France) :
Marqué par le SIDA (après des études de lettres, philosophie et théologie).
Contrat pour un corps (1972) : Un contrat rédigé par l’artiste proposant à un tiers de céder son corps après sa mort pour une œuvre.

« Contrat pour un corps transformez votre corps en oeuvre d’art 1er contrat : vous pariez pour la peinture – votre squelette est laqué blanc 2ème contrat : vous pariez pour l’objet – votre squelette est revêtu de vos vêtements 3ème contrat : vous pariez pour le fait sociologique : l’étalon or – votre squelette est plaqué or conditions : 1 – céder votre corps à Journiac 2 – mourir »

10 – L’Art se moque de l’Art : Désacraliser les idoles

Martial Raysse (France) :
Le bain turc. Made in Japan, tableau turc et invraisemblable (1963).
une réinterprétation célèbre et radicale du tableau classique Le Bain turc de Jean-Auguste-Dominique Ingres (1862).

Le titre complet, Made in Japan, tableau turc et invraisemblable. Tableau Turc parce que le Bain Turc donc oriental, et invraisemblable parce que Raysse pointe les incohérences d’échelle dans la composition d’Ingres, en détachant au premier plan les deux femmes trop grandes dans le tableau du Maître.

François Morellet (France) :

Le naufrage de Malevich incliné (1990) : une référence au Carré blanc sur fond blanc de Malevitch. L’installation joue sur l’échelle monumentale d’une figure (le carré de Malévitch) dont il ne montre que les parties émergées.

Vik Muniz (Brésil) :
Médusa marinara (1997) : Réinterprétation de la Méduse du Caravage. Composition éphémère réalisée avec de la sauce tomate (marinara), recréant la Tête de Méduse du Caravage

Bertrand Lavier (France)
En référence à l’oeuvre de Barnett Newman, Who’s Afraid of Red, Yellow and Blue III.

Il rejoue avec humour la perfection des aplats de Barnet Newman et la verticalité de son zip

Roy Lichtenstein (États-Unis) :

Voir également : Brushstrokes (Coups de pinceau), 1965, huile et Magma sur toile, 122,5 cm x 122,5 cm collection particulière
Cette série est une réponse directe et satirique au mouvement dominant de l’époque : l’Expressionnisme Abstrait américain (Jackson Pollock, Willem de Kooning), où la valeur de l’œuvre résidait dans le geste spontané, émotionnel et subjectif de l’artiste – l’« action painting ».

Robert Rauschenberg (États-Unis) :

De Kooning, effacé : Rauschenberg a emprunté un dessin au crayon de De Kooning (le grand maître de l’Action Painting), l’a soigneusement gommé puis exposé. Un geste signifiant que sa génération allait remplacer celle de De Kooning.

Claude Closky (France) :
Toutes les façons de fermer une boîte en carton (1989) : en référence aux blocs minimalistes de Carl André.

L’artiste s’est donné une règle simple et très précise : trouver et représenter toutes les combinaisons mathématiquement possibles pour fermer une boîte en carton standard à quatre rabats.

Joachim Mogarra (France) :
Travaux en référence à Spiral Jetty de Smithson et à la Sainte Victoire.

Il transforme une épluchure en un monument conceptuel, réaffirmant que l’art est avant tout une idée ingénieuse et drôle.

C’est un hommage malicieux à Cézanne. Mogarra s’inscrit dans une démarche d’« économie de l’image » : il utilise le moins de moyens possibles. Son travail est un jeu qui invite à l’imagination.

Equipo Cronica (Espagne) :
En référence à l’Hourloupe de Jean Dubuffet.

C’est une œuvre puissante et ironique qui utilise le langage populaire du Pop Art pour commenter la mort d’un style artistique et dénoncer la répression culturelle et politique qui sévissait en Espagne.

The Blue Noses (Russie)

Référence à l’exposition culte de Malevitch 0,10 à Petrograd (la même, mais avec pain noir, charcuterie et fromage).

Événements contemporains contre les institutions artistiques
Banksy (Royaume-Uni) La Fille au ballon (2018) :

Lors de sa mise en vente chez Sotheby’s, l’œuvre, équipée d’une broyeuse automatique au dos, s’autodétruit en direct devant le public (vente à 1,2 million d’euros). Banksy voulait dénoncer la marchandisation de l’art. (Revendue 3 ans après 21 millions d’euros).

Maurizio Cattelan (Italie) :
Comedian (2019) : Une banane scotchée au mur (avec le même scotch que celui utilisé pour scotcher son galeriste en 1999). Exposée pour la première fois à Art Basel Miami Beach.

Ce symbole insolent de l’art contemporain gouverné par la spéculation a été acheté 120 000 euros par un collectionneur français.
Dénoncée pour son coût à l’heure où des millions de gens souffrent de la faim.
Comedian s’inscrit dans la même histoire que la boîte de merde de Manzoni.
La banane a été mangée en 2019 par David Datuna (« Angry Artist »), puis en 2023 par un étudiant coréen.
Adjugée 6,2 millions de dollars chez Sotheby’s en novembre 2024 à un riche collectionneur chinois, qui a promis de la manger. Sans conséquence puisqu’il possède un protocole unique, le fruit doit être accroché à 175 cm du sol à un angle de 37° et doit être remplacé tous les 7 à 10 jours par un autre.