Courbet inspirateur de l’art moderne
Sommaire : Gustave COURBET
En complément :
Film : L’œuvre de G. Courbet
Gustave COURBET (1819 -1877)
Les débuts de la modernité commencent avec Courbet. Le XIXéme est un siècle très riche, avec plusieurs périodes (romantisme, réalisme, impressionnisme, post impressionnisme).
Courbet fut moins novateur que Delacroix dans sa manière de peindre, par contre, il fut un novateur surtout dans le choix des sujets.
Le mouvement réaliste commence en 1848, à la brasserie Andler (Courbet, Daumier, Champfleury, Jules Valès, Proudhon). Ce mouvement rêve de concevoir une société plus juste et plus sociale.
Gustave COURBET – Auto-portrait le désespéré 1845
Il va revisiter tous les thèmes de la peinture. Courbet au chien noir. Il revendique son ancrage rural, né à Ornans, origine sociale modeste. Il a appris l’art à Besançon, puis à Paris (influencé par Rembrandt et Vélasquès). Visage fier, se revendique comme un homme libre (« Courbet sans courbettes« ), anticlérical, il méprise le néoclassicisme. Il veut faire un art qui parle des problèmes sociaux de son temps.
Portrait de Proudhon intellectuel en tenue d’ouvrier à la campagne entouré de ses enfants.
Gustave COURBET – Portrait de Proudhon
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En 1849, il envoya au Salon « l’après diner à Ornans« . Médaillée au Salon. Son père est représenté avec quelques amis. Le Salon est le laisser passer incontournable à l’époque. Le jury est garant du respect de la tradition (dessin juste, perspective juste, modelé, clair obscure etc.) en présentant rien de choquant.
Courbet va essayer de déplacer les critères du Salon.
Un enterrement à Ornans. Œuvre présentée au Salon, les critiques le jugèrent comme « trivial » et laid. Les personnages ont été identifiés. Il a peint les personnages un par un Détail personnage du centre.
Courbet a fait défiler les habitants d’Ornans dans son atelier, comme David l’avait fait pour Le Sacre de Napoléon.
Gustave COUBET – Paysans de Flagey revenant de la foire Musée d’ Orsay
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En 1851, les paysans de Flagey revenant de la foire. Le père de Courbet est représenté. Critique très acerbe, voir la caricature. Le sujet n’est pas accepté par la critique, qui je juge trop trivial.
Les casseurs de pierre (tableau perdu).
En 1853 les baigneuses. Tableau pas conformes aux critères de beauté académique de l’époque. Pas d’alibi intellectuel, présentation simple, pauses théâtrales. C’est une parodie. A. BRUYAS achète cette peinture, il devient l’ami de Courbet et son mécène. IL passe 4 mois à Montpellier chez A. BRUYAS (découverte de la mer).
Rappel les tableaux de G. D. Friedrich
Bonjour M. Courbet ou la rencontre (pour le salon). Il rencontre A. BRUYAS qui le salue. Confrontation entre les deux hommes de conditions différentes, ils se regardent , alors que le domestique, le regard baissé, ne participe pas à la conversation. Réalité dans les rapports sociaux.
En 1855, sa toile est refusée l’atelier du peintre, ou allégorie réelle de sept années de ma vie affective et morale. Il se représente de profil devant sa toile derrière lui, un modèle d’atelier (femme peinte à partir d’une photographie). Un petit paysan regarde le peintre, à gauche, il a mélangé les catégories sociales (braconnier avec ses chiens, rabbin, peintre, marchand de tissu, fille publique, la pauvreté). A droite les personnages incarnant la pensée moderne, Baudelaire, Proudhon, Chamfleury, Bruyas (sa vie intellectuelle parisienne). Derrière sa toile un Christ caché. Inspiré des ménines de Vélasquèz. Il a suffisamment confiance en lui et il présente son travail en dehors du salon. Il installe un kiosque (pavillon du réalisme) dans lequel il expose ses toiles (40 toiles). Une partie de la jeune critique commence à apprécier son travail.
Courbet equipo cronica. La réalité est multiple. Mélange des genres (Kandinsky, Malévitch, Matisse).
Gustave COURBET – La toilette de la morte (vers 1850-1855), Northampton, College Museum of Art
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La toilette de la morte.
Les cribleuses de blé voir l’analyse du tableau , (voir également les fileuses de Vélasquès). Position des femmes au travail.
L. Nochlin voit d’ailleurs dans Les Cribleuses de blé une “ image du progrès dans le domaine des activités agricoles ” : “ A gauche, la séparation manuelle, inefficace, rétrograde du grain et de la menue paille ; au centre l’emploi plus progressiste et énergique du crible ; […] à droite, la mécanisation. ” Sans sacraliser comme Millet “ les travaux et les jours ” de ses concitoyens ornanais, refusant la misère et l’apitoiement dans sa représentation du travail, Courbet dépasse le réalisme pittoresque pour atteindre à la noblesse de “ l’allégorie réelle ”.
Gustave COURBET – Les demoiselles au bord de la rivière (1857)
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Les demoiselles au bord de la rivière (Salon 1857), critique acerbe. (« Paquets d’étoffe d’où sortent des bras et des jambes« ).
Courbet ouvre un atelier rue ND des Champs. (Une vache servait de modèle aux étudiants). Il pense qu’il faut maîtriser des techniques, mais il faut surtout avoir des émotions qui produisent des sujets.
Visite de Khalil-Bey ancien diplomate turc, qui lui commande des peintures sensuelles.
Il a acheté le bain turc d’Ingres.
Courbet réalisa le sommeil de la jeune femme rousse. L’intention du peintre, dans son refus d’un érotisme facile, prend une allure clairement transgressive par rapport aux nus réalisés par ses contemporains. La femme rousse représentée est la maitresse de Whistler mise en scène de l’homosexualité féminine (inspiré par Baudelaire) –
Pour aller plus loin qu’Ingres, il réalisa « l’origine du monde« , cadrage très cru (volonté d’aller plus loin qu’Ingres).
C’est le tableau impossible, la peinture du centre secret de la femme, la source d’où vient le monde. Par cette toile, Courbet résume magistralement l’histoire de l’art et l’histoire de l’homme.
Le temps des Vénus est désormais compté. Vient celui de la femme humaine, concrète, commune – avec ses préoccupations esthétiques et son corps parfois de beauté médiocre que le désir pourtant ne déserte pas.
Courbet et la commune
Ses idées républicaines et socialistes lui font refuser la Légion d’honneur proposée par Napoléon III. Après la proclamation de la République le 4 septembre 1870, il est nommé président de la commission des musées et délégué aux Beaux-Arts ainsi que président de l’éphémère Fédération des Artistes.
Il propose au Gouvernement de la Défense nationale le déplacement de la Colonne Vendôme, qui évoque les guerres napoléoniennes, aux Invalides. Soutenant l’action de la Commune de Paris, il est élu au Conseil de la Commune par le VIe arrondissement aux élections complémentaires du 16 avril 1871 ; il siège à la commission de l’enseignement et vote contre la création du Comité de Salut public, il signe le manifeste de la minorité. La Commune décide, le 13 avril, d’abattre et non de déboulonner la colonne Vendôme. Courbet en réclame l’exécution, ce qui le désignera ensuite comme responsable de sa destruction. Il démissionne de ses fonctions en mai 1871, protestant contre l’exécution par les Communards de Gustave Chaudey, qui, en tant que maire-adjoint, avait fait tirer sur la foule le 22 janvier 1871. Après la Semaine sanglante il est arrêté le 7 juin 1871 et le 3e conseil de guerre le condamne à six mois de prison — qu’il purgera à Paris, à Versailles et à Neuilly — et à 500 francs d’amende.
Mais en mai 1873, le nouveau président de la République, le maréchal de Mac-Mahon, décide de faire reconstruire la colonne Vendôme aux frais de Courbet (soit plus de 323 000 francs selon le devis établi). Il est acculé à la ruine après la chute de la Commune, ses biens mis sous séquestre, ses toiles confisquées. Il s’exile en Suisse, à La Tour-de-Peilz, près de Vevey. (Il participe le 1er août 1875, à un congrès de la Fédération Jurassienne à Vevey.) Courbet obtient de payer près de 10 000 francs par an pendant 33 ans, mais meurt avant d’avoir payé la première traite.
Exhibé en Suisse, où il ne peint que des natures mortes La truite, les pommes véreuses.
Lien avec d’autres artistes
Marcel Duchamp a eu la même démarche. Les grandes passions de sa vie, étaient le jeu et les femmes. Il est mort en 1968, il avait tout préparé pour une installation posthume. Rêveries de Duchamp par rapport à la sexualité et du réalisme (musée de Philadelphie). Mur maçonné, avec une porte avec un trou à hauteur d’homme, on ne voit l’œuvre qu’à travers le trou. On voit une femme nue, un paysage à l’arrière plan, elle brandit une lampe à gaz, on entend une chute d’eau. Titre de l’œuvre : »Étant donné premièrement le gaz d’éclairage, deuxièmement la chute d’eau« . Impossibilité de donner une interprétation, interrogation que pose le réalisme dans l’art. Personnage en plâtre peint, moteur qui actionne le bruit de chute d’eau.
On retrouve ce type d’inspiration dans Le radeau de la Méduse de Géricault, un fait divers montré comme un fait historique. Caravage crucifixion de St Pierre, pieds sales, Caravage le souper d’Emmaus.
Marcel Duchamp La peinture, même
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