Cours du 6 novembre 2017

Jan Fabre

Sommaire : Premières œuvres, le Bic art, les scarabées, la carapace l’armure, … Venise 2017

Jan Fabre est né à Anvers en 1958.
C’est un artiste à la foi célèbre et controversé. Il est connu également comme plasticien, c’est un peu un mille patte artistique, il se qualifie d’artiste multi-contemporain.
Son père d’origine modeste était jardinier et communiste, grâce a lui il découvre le jazz. Sa mère l’a incité à la poésie.
Un frère aîné est décédé à 5 ans. La question de la mort et du frère absent ont continué à le hanter.
Il y avait beaucoup d’animaux dans la famille (chat, chien, tortues, oiseaux). Très tôt adolescent, il est insomniaque, dort peu la nuit et fait ses premières expériences la nuit avec les insectes. Il passe des heures la nuit à dessiner dans ce qu’il appelle son « territoire nocturne ».
Quand il a dix-neuf ans, il change le nom de la rue qu’il habite, la Lange Beeldekensstraat, en « Jan Fabrestraat« , et fixe une plaque commémorative à la maison paternelle « Ici vit et travaille Jan Fabre », par analogie avec la plaque commémorative sur la maison, plus loin dans la rue, où Vincent van Gogh a résidé pendant trois mois.
Très sportif, il est très décomplexé vis à vis de son corps et de sa sexualité.


Jan Fabre – Mon corps mon sang mon paysage (1978)
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Mon corps mon sang mon paysage (1978), voir un autre dessin.
Il utilise un pinceau trempé dans son sang pour faire comme de l’aquarelle. Voir Jan Fabre en action.
Il dit : « J’ai commencé très tôt à dessiner avec mon sang. Adolescent, en voyant toutes ces peintures du Christ par des maîtres flamands avec les scènes de flagellation, c’était comme si j’assistais à des performances. Ces peintures très physiques m’ont profondément marqué. J’ai découvert plus tard que pour obtenir certaines nuances, les peintres flamands utilisaient du sang ou de la poudre d’os humains dans leurs tableaux. Il n’y a rien de choquant dans ce que je fais. Tout ça vient de la peinture classique
Il a retenu la dimension morbide du supplice.

Jan Fabre et son autoportrait en pendu, tout en punaises dorées, « Passions privées flamandes  »


Jan Fabre – Passions privées flamandes (1978)
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Très jeune il met un vêtement avec des punaises dorées comme une protection ou une armure.


Jan Fabre – Le petit bagarreur (1978 – 2006)
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Statue d’enfant recouverte de punaises : le petit bagarreur.


Jan Fabre – Moi rêvant (1978)
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Cette sculpture est un auto-portrait. L’artiste est en train de rêver. Après avoir regardé dans un microscope. Il est recouvert d’une nouvelle peau faite d’une cuirasse de punaises et de clous. Pour éloigner les éléments extérieurs de l’esprit et du corps ?
Il a repris une photographie de Nadar de Jean Henri Fabre, le biologiste qu’il considère comme son ancêtre.
Moi rêvant les jambes du personnages et les pieds de la chaise sont recouverts de tranches de jambon.
En référence à une performance qu’il a réalisé Doctor Fabre Will Cure You au début des années 80 où il s’abrase les jambes avec du papier de verre jusqu’à les faire saigner.
La sculpture exprime aussi un proverbe typiquement flamand qui dit : Il a du lard sur ses jambes. Signification : Il ne peut pas arrêter de faire ce qu’il a envie de faire. Il ne peut arrêter d’être un artiste. Il doit continuer à chercher.


Jan Fabre – Fantaisies-insectes-sculptures, (1976-1979), matériaux divers, 10 x 10 cm
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Fantaisies insectes sculpture. Voir d’autres fantaisies.

En 1979 on parle de lui grâce à ses monnaies performance. Il demande des billets de banque aux spectateurs, il les dispose sur le sol, et il les brûle ensuite et dessine dans la cendre


Jan Fabre au MAC de Lyon raconte ses débuts

Lors de multiples performances à la fin des années 70 et au début des années 80, Jan Fabre introduit le stylo à bille comme substitut à l’art des grands maîtres. Dans un premier temps, le choix du stylo à bille bleu est purement d’ordre pratique : « C’était bon marché et efficace, je pouvais les emporter partout et les voler partout. » Qui plus est, à cette époque Fabre ne connaît aucun autre artiste qui se serve du stylo à bille pour ses œuvres.


Jan Fabre – The Bic art room (1981)
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The Bic art Room. Il reste enfermé dans une pièce durant 3 jours avec des stylos Bic.
Ilad anagramme de Dali il dessine au Bic du pseudo art.

En 1982 il a écrit et mis en scène sa première pièce performance qui durait 8 heures. Intitulée : « C’est du théâtre comme c’était à espérer et à prévoir ». jouée à Bruxelles en 1982 et à Lyon en 2014.
Spectacle sans drame sans narration, sans sentiments mais qui joue sur une succession d’émotions dans l’exubérance et dans l’excès. Avec une mise en scène « géniale par sa simplicité et sa beauté plastique ».


Voir un extrait de « C’est du théâtre comme c’était à espérer et à prévoir » (Lyon 2014)

Critique du Monde : « Jan Fabre fait valdinguer les limites du théâtre. Magnifique mais pire, excitant mais pas seulement, sidérant tout le temps, et encore ! Les mots manquent pour dire un chef d’oeuvre, le geste d’art, construction d’un monde et d’un homme emportés dans la même fureur. Il devient un des pionniers du théâtre, il incarne l’avant garde flamande.

En 1984 Il est invité à la biennale de Venise, où il présente un spectacle « Le pouvoir des folies théâtrales » qui dure 4 heures en séquences de 20 mn. Il a été rejoué à Avignon en 2013.

En 1986, il fonde sa compagnie Troubleyn les guerriers de la beauté. Troubleyn était le nom de jeune fille de sa mère, et signifie en flamand « rester fidèle ». Il dispose d’un local à Anvers Troubleyn laboratory. Voir le site de Troubleyn.

Le Bic Art devient important. Il a exposé en 1989 l’ensemble des travaux au Bic sous le titre de l’heure bleue. Pour lui « l’heure bleue », est le moment magique entre la fin de la nuit et le lever du jour, la fissure du temps, quand tout se métamorphose et que tout semble possible.


Jan Fabre – Bic art (1989)
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Jan Fabre – Bic art (1989)
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Forte présence de animaux. Voir également.


Jan Fabre – Danse de l’Heure Bleue, 1989. Stylo à bille Bic sur papier, insecte. 164,5 x 235 cm
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Insect doré

En 1988, il monte un spectacle Prometheus Landschaft avec des performers dans un environnement dessiné au Bic.


Prometheus lanschaft (1988)

En 1990, il habille les façades du château de Tivoli en Belgique. 3 000 m2 de murs furent recouverts de papiers colorés au Bic.

Le regard en dedans (2011-2012). Il décore les murs de l’escalier royal aux Musées Royaux des Beaux Arts à Bruxelles. L’oeuvre représente quatre paires d’yeux – une femme, un hibou un papillon et un scarabée – qui se font face.


Jan Fabre – Le regard en dedans (2011-2012)
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Voir d’autres photos.

En 2012 il expose au musée de St Et tienne avec un grand tableau Bic. Voir également un autoportrait au Bic.

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Les Scarabées

A partir des années 1988, il s’intéresse aux scarabées.
On trouve de nombreuses représentations de scarabées, qui était un animal sacré dans l’Egypte ancienne. Voir ceux retrouvés dans tombe de Toutankamon. Les hiéroglyphes en forme de scarabées signifient devenir ou se transformer. Henri Fabre avait également étudié les scarabées.


Jan Fabre – Mur de la montée des Anges – (1994) 140 x 60 x 60 cm
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Mur de la montée des Anges – (1994). Robe de soirée recouverte d’élytres de scarabées. Le titre met l’accent sur la dimension symbolique, invisible avec l’idée d’une renaissance.
Il déclare : « Le scarabée est la mémoire de la nature, le plus ancien ordinateur du monde en quelque sorte, un radar de l’existence humaine« .

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