Cours du 23 janvier 2016

Série des Adler (les aigles) bien germanique. Certaines de ses peintures sont des « fingermalerei » (peintures au doigt).


Georg Baselitz – Fingermalerei III – Adler, (1972), 160 x 130 cm Musée Frieder Burda Baden-Baden
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Voir également Ciao America (1988)

A la même époque en 1975, il exécute des portraits de Elke nue des « fingermalerei », des nus académiques retrouvés et peintes au doigt, et des portraits d’amis.


Georg Baselitz – Elke 1 (1976), Collection privée Hambourg
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En 1972, il participe à la documenta 5 de Cassel.

Voir d’autres œuvres de G. Baselitz.

En 1975, il s’installe au château de Derneburg il effectue son premier voyage à New York et participe à la biennale de Sao Paulo.

En 1976, il loue un atelier à Florence et en 1978, il est nommé professeur à l’académie des beaux arts de Karlsruhe. Il commence une collection de statuettes Bateke du Congo.

En 1980 pour la biennale de Venise, Kiefer et Baselitz ont été désignés pour occuper le pavillon allemand, et c’est un scandale ! car tous deux, d’un commun accord ont choisi de briser le silence qui est de mise en Allemagne depuis la fin de la guerre, Kiefer expose ses « occupations » (en costume en faisant le salut nazi) et l’autre Baselitz expose sa première sculpture.


Georg Baselitz – Modèle pour une sculpture (1979-1980), Tilleul et tempera, 178 x 147 x 244 cm, Musée Ludwig, Cologne
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Le corps qui émerge en partie de son morceau de bois brut (c’est du tilleul) avec des rehauts de peinture. Le geste du poing levé est interprété comme une citation du nazisme. Le bois a été travaillé avec des outils habituellement destinés à détruire : la tronçonneuse. Brutalité du geste qui entraîne la brutalité du résultat.
L’œuvre est à contre courant de tous les mouvements artistiques de l’époque. Baselitz affirme sa totale naïveté idéologique en disant s’être inspiré de la sculpture Lobi du Burkina Fasso.

Au cours des années 80, il prolonge cette expérience en concevant tout un ensemble de figures debout et des têtes évoquant des totems primitifs, et toujours exhibant les entrailles, les cicatrices, les blessures.

Voir d’autres sculptures de G. Baselitz

Sa peinture est de plus en plus libre.

Adieu (1982) 250 x 300.5 cm Tate museum Londres


Georg Baselitz – Dreieck Zwischen Arm Und Rumpf Entre le bras et le tronc (1977) 250 x 200 cm
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Voir également Tête et bouteille (1981)

Voir d’autres œuvres (galerie Saatchi Londres)

A partir de 1981, il a réalisé une série les mangeurs d’oranges. On y devine le plaisir de la composition et de la couleur.


Georg Baselitz – Les mangeurs d’oranges
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Voir d’autres tableaux les mangeurs d’oranges.

Il quitte en 1983 sa chaire de professeur à Karlsruhe pour celle de Berlin. Il s’est installé un atelier à Castiglion Fiorentino près d’Arezzo.

En 1986, il se rend en Norvège et en 1987 il installe son atelier et sa maison à Imperia sur la côte Ligure.

« Le fait de renverser le motif me prouve que la réalité, c’est l’image. Ainsi j’ai pu me tourner vers la peinture en soi. Je peins directement à l’envers. Il suffit d’inverser le sens d’une de mes œuvres, de la remettre à l’endroit pour voir qu’elle ne fonctionne pas« . (G. Baselitz)

En 1989, année de la chute du mur de Berlin, l’essentiel de son travail est consacré aux années de guerre.


Georg Baselitz – 45 (1989)
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Il réalise d’abord « 45 », un ensemble monmental qui renvoie à l’Allemagne détruite et vaincue en 1945. Ce sont vingt panneaux de bois de 200 x 162 cm chacun. Un seul motif et ses variations, un tête de femme apparaissant à une fenêtre. Des lignes discontinues formant une sorte de de grille orthogonale, ont été gravées dans le bois d’abord enduit d’une couleur sombre pour créer un effet de profondeur.
Le motif de la tête est suggéré par quelques traces, taches de couleurs (à la main et au pinceau), ce qui leur donne un aspect fantomatique.
Il s’agit de la situation de l’Allemagne à la fin de la guerre (cf les têtes peintes de Giacometti entre 45 et 50). C’est à la fois gravure et peinture.


Georg Baselitz – Les femmes de Dresde (1989)
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L’année suivante en 1990, il achève les sculptures monumentales intitulées les femmes de Dresde, taillées, dans un seul bloc, à la hache et à la tronçonneuse. Elles ont une forme primitive.
Elles renvoient aux terribles bombardements de 1945 et évoquent les victimes meurtries, mais dignes. La peinture jaune soufre leur ajoute de la présence. Surprise : de dos, elles sont comme criblées de balles.
Toutes ces sculptures des années 1990 ont ce caractère d’idoles brutales.


Georg Baselitz – Torse masculin (1993) 155 cm
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Torse masculin 1993 est en bois de tilleul peint en rouge.
« Ce sont des sculptures qui évitent toute forme d’adresse, toute élégance artistique manuelle. Elles peuvent coucher dehors sous la pluie. » C’est donc un torse non dégrossi, à peine surgi du tronc. Découpé à la scie à ruban, avec des entailles pratiquées au ciseau à contre sens des veines du bois. Le rouge souligne les parties sexuées et donne à l’ensemble la puissance magique d’une Vénus archaïque de la fécondité.


Georg Baselitz – Frau Paganismus Madame paganisme (1994) 215 x 132 x 68 cm, Hess Art Collection, Suisse
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Madame paganisme, c’est Baselitz lui-même, un artiste refusant de se soumettre à un seul Dieu et revendiquant sa liberté absolu de vivre son art. Difficile de dire s’il s’agit d’un homme, d’une femme, d’un estropié ou d’un arbre, face à cette forme à laquelle il manque le bras gauche et le bas du corps, dont la poitrine porte deux traces rouges au niveau des seins, et qui montre un visage dont n’est souligné que le nez, les yeux et la bouche.

En 1995 il commence une série de peintures qui sont des portraits de famille réalisés à partir d’anciennes photographies.


Georg Baselitz – Autoportrait (1995)
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Les formats sont très grands mais la matière est allégée, l’ensemble est plus fluide.


Georg Baselitz – Meine gelbe Periode III Ma période jaune III, 1997. Huile sur toile. 200 x 162 cm
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Voir un commentaire.


Georg Baselitz – Meine Mutter Madame Cézanne, (1996), musée d’Art moderne de la Ville de Paris
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Meine Mutter 1996 est presque aquarellée, rose sur fond vert. Dans un entretien avec Laure Adler, il raconte qu’il est parti d’une photo d’elle assise derrière une table voir l’entretien.


Georg Baselitz met en relation son travail et les portraits de Cézanne (1996)

Voir d’autres œuvres de G. Baselitz (Getty images).


Georg Baselitz – Lesende Mutter, 29. und 30. Mai Mère lisant (1998) 202 x 162 cm. Musée Frieder Burda, Baden-Baden
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Voir également Le chapeau de Gertrude 1996


Georg Baselitz – Wir besuchen den Rhein I Nous visitons le Rhin I, (1996). 300 x 415 cm
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A partir de 1998, il a glissé ses souvenirs d’enfance dans ce qu’il appelle les « Russenbilder » (les peintures russes), qui l’occuperont jusqu’en 2006. Ses années de jeunesse se sont déroulées dans un pays sous occupation des troupes soviétiques.
Baselitz va s’emparer des tableaux de propagande réalisés par les représentants du réalisme socialiste, qui étaient très largement diffusés dans l’Europe de l’est entre 1934 et 1989. Il les transpose, leur donne une autre forme « toujours pour les vider de leur contenu » et en donne une version apaisée, fluide.

Ainsi Lénine à l’institution Smolny est une reprise d’un tableau de 1930 réalisé par Isaac brodsky représentant Lénine au travail à l’institution Smolny, dans une atmosphère de concentration.


Georg Baselitz – Lénine à l’institution de Smolny, (1998) 300 x 415 cm
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Baselitz fait du corps de Lénine, badigeonné de rouge magenta, un corps blessé, presque tragi-comique. Il a recadré l’espace de la pièce et fait disparaître une partie du mobilier.


Georg Baselitz – Lénine à la tribune (1999) 250 x 200 cm

Lénine à la tribune (1999) est la version pointilliste d’une peinture de Gerasimov, de même titre.


Georg Baselitz – Lettre du front (1998) 250 x 200 cm

Lettre du front (1998) reprend un tableau de Laktionov de 1947 : tableau patriotique optimiste. La famille reçoit sans aucune inquiétude des nouvelles de leur sildat au front. Baselitz isole deux personnages : la femme (qu’il dénude) et l’enfant lecteur.


Georg Baselitz – Le portrait d’Ivan Pavlov (1998) 250 x 200 cm

Le portrait d’Ivan Pavlov (pointilliste) c’est une reprise d’un portrait de Mikhail Nesterov (1935).
Pavlov était le scientifique le plus célébré en union soviétique et une référence incontournable pour Staline (avec la mécanisation de la machine humaine par le réflexe conditionné). Chez Nesterov, le savant âgé a les poings crispés sur une feuille vierge et semble absorbé dans la contemplation d’un bouquet de fleurs blanches. Chez Baselitz, le tiers inférieur du tableau est vide, le personnage retourné à 45° semble frappé par ce vide blanc.


Georg Baselitz – A ta santé (2001) 153 x 114 cm

A ta santé (2001). C’est Staline, c’est un peu comme s’il tentait de ranimer par l’acte de peindre des souvenirs promis à l’oubli.

Voir dossier pédagogique sur les tableaux russes de Baselitz (musée de St Étienne).

Entre 1999 et 2005, là encore il opère des glissements entre ses souvenirs personnels et des images de l’histoire de l’art.


Georg Baselitz – Meine Eltern (Mes parents) 2005 – 300 x 250 cm

Mes parents est une reprise de Portrait de mes parents d’Otto Dix (1924).