Cours du 30 novembre 2015

Anselm Kiefer

Sommaire : Anselm Kiefer

Anselm Kiefer né en 1945

Anselm Kiefer né en 1945

Astiste majeur né à à Donaueschingen près de la forêt noire. A travers son oeuvre, il pose la question : Comment faire oeuvre après Hitler ? répondant à la célèbre injonction de Theodor W. Adorno : «  Toute culture consécutive à Auschwitz y compris sa critique urgente n’est qu’un tas d’ordures. »

C’est un homme cultivé, il étudie tout d’abord le droit, la littérature et la linguistique, avant de s’orienter vers l’art étude d’art qu’il étudie à académie dirigée par Joseph Beuys. Il apprend avec lui l’usage symbolique de certains matériaux.

A partir de la fin des années 60 il exhibe les souvenirs du national socialisme. En 1969, à 24 ans, il se rend célèbre dans le milieu artistique en se prenant en photo, faisant le salut nazi dans de grandes villes d’Europe. Sa volonté est de réveiller les consciences en affirmant que le nazisme n’est pas mort.


Anselm Kiefer – Besetzungen (Occupations), (1969)
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Il réalise ces photographies en France, en Suisse, et en Italie. Il est photographié de dos avec la mer en arrière plan, un peu comme un vagabond romantique dans un tableau de Caspar David Friedrich.
Avec beaucoup d’humour il dit, au cours de l’été 1969, « j’ai occupé, la Suisse, La France et l’Italie« . Il se pose la question « Est-ce que je suis fasciste ? » C’est plus courageux qu’il n’y paraît, car il ne se contente pas d’une réponse superficielle. Il lui faut plus qu’une dénonciation, plus qu’un travail de mémoire, il lui faut une véritable théatralité du deuil. C’est la condition pour pouvoir être artiste aujourd’hui.

Il réalise, de la même manière, une série de peintures


Anselm Kiefer – Besetzungen (Occupations), (1969)
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Voir les symboles héroïques (Heroische Sinnbilder) en peinture.


Anselm Kiefer – Glace et sang (1977) Aquarelle
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

On retrouve l’idée de prendre en compte la tragédie de la guerre. « Je voulais me poser la question à moi même est-ce que je suis fasciste ? C’est une question grave, on ne peut pas y répondre rapidement ça serait trop facile. L’autorité, l’esprit de compétition, le sentiment de supériorité […], tout cela fait partie de ma personnalité comme de celle de n’importe qui. » (Anselm Kiefer interrogé par Steven Henry Madoff in Art News, Vol. 86 n°8 octobre 1987)

Il est mal reçu par la critique en Allemagne.
Il a beaucoup représenté le thème de la forêt dans les années 70, ainsi que des paysages désertiques.


Anselm Kiefer – Homme dans la forêt (Mann in den Wald) (1971) 174 x 189 cm
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Homme dans la forêt il se représente tenant à la main une branche enflammée. Le nom de Kiefer est aussi un nom d’arbre, en allemand, il incarne la forêt et il tient une branche enflammée qui est en même temps un arbre de vie.


Anselm Kiefer – Resurrexit (1973) 290 x 180 cm
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Il est également symboliste à cette époque. Resurrexit est une peinture qui l’a fait connaître. Elle a la forme d’un retable médiéval. Nous sommes dans une forêt, dans laquelle un serpent chemine. A la partie supérieure, on voit un escalier de bois qui débouche sur une porte fermée.

La première idée symboliste est que le serpent symbolise les forces du mal, et l’escalier représente l’impossible élévation. Il a peint l’image de l’escalier qui mène à son propre atelier qui était situé dans un grenier.
Voir un commentaire.


Anselm Kiefer – Seraphim (1983) Huile, paille, émulsion, et shellac sur toile 320.7 x 330.8 cm
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Seraphim fait partie de la série Angel Kiefer, qui traite le thème du salut spirituel par le feu, une ancienne croyance pervertie par les nazis dans leur quête d’une nation exclusivement aryenne. Dans ce tableau, une échelle relie un paysage vers le ciel. A sa base, un serpent, symbolisant un ange déchu, se réfère à la prévalence de mal sur la terre. Il associe feu avec les pouvoirs rédempteurs de l’art.
C’est la même idée que Resurrexit, mais avec une grande différence de technique. Peinture à l’huile pour Resurrexit et Huile, paille, émulsion, et shellac pour Seraphim. La représentation du paysage a été remplacée par la présentation du sol, du terrain, ce n’est plus la représentation traditionnelle.

Entre 74 et 81 il a traité le thème de la palette du peintre, associée à des paysages ou des architectures.


Anselm Kiefer – Néron peint (1974) 220 x 300 cm
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Les pinceaux de la palette mettent le feu à un village russe. Évocation de la politique de la terre brûlée des soldats nazis sur le front de l’est. Il a comme interrogation : Puis-je encore faire de la peinture ?


Anselm Kiefer – Palette (1981)
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)


Anselm Kiefer – Icare cendre de la marche de Brandebourg (Ikarus märkischer Sand), 1981,
huile, émulsion, gomme-laque, sable et photographie sur toile, 290×360 cm

(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Icare cendre de la marche de Brandebourg,
Palette très stylisée qui porte des ailes et qui plane au dessus du paysage.
La marche de Brandebourg est un lieu qui a été ravagé durant la guerre. Parallèle avec Icare qui a brûlé ses ailes. Artiste anéanti par le poids de la guerre.


Anselm Kiefer – Arbre et palette (1978)
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Arbre et palette (1978). La palette est en plomb.

Il y a chez Kiefer un usage de la palette associée à des paysages à des lieux de mémoire, mais il y a aussi une interrogation chez les artistes allemands, par rapport à Hitler qui se disait peintre cherchait à valoriser les artistes classiques (en éliminant les artistes modernes dits « dégénérés »).


Anselm Kiefer – Au peintre inconnu – Dem unbekannten Maler (1982) peinture à l’huile, paille sur bois 341 x 132.7 cm
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Au peintre inconnu (sans doute il s’agit, ironiquement, de Hitler) 1982 paille sur du bois il se sert du décor du temple des héros nordiques qui servait à Munich sous Hitler de cadre à la commémoration du putsch de 1923.
La palette est au bout d’une tige. Monument érigé à la palette.


Anselm Kiefer – Intérieur (1981)
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Intérieur 1981. Il représente, comme une ruine pétrifiée, la maison de l’art allemand réalisé par l’architecte Paul Troost en 1937. Il fait un surinvestissement de l’imagerie nazie comme s’il en avait besoin pour en faire le deuil. Il accumule une documentation sur les années du nazisme qu’il, n’a pas vécu et il fait resurgir des choses étonnantes.


Anselm Kiefer – Opération loup de mer (1975)
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

1975 opération loup de mer préparatif de l’invasion de l’Angleterre par les généraux d’Hitler. Il représente une bataille navale dans une baignoire. La baignoire rappelle que le parti national socialiste avait attribué à chaque famille allemande une baignoire, Keifer a retrouvé celle de sa grand mère dans un grenier.

Série des héros spirituels de l’Allemagne. Ce sont des personnages dont le mérite a été contaminé par les célébrations nazies.


Anselm Kiefer – Les Chemins de la sagesse mondiale : la bataille de Hermann (Wege der Weltweisheit: die Hermannsschlacht), 1982–93
Xylographie, émulsion, huile et collage-papier sur toile
490 x 612 cm Musée Guggenheim Bilbao

(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Hermann était un chef de guerre de la tribu germanique des Chérusques, il est devenu le symbole de l’identité nationale, orchestré par le 3ème Reich en tant qu’instrument de la pédagogie hitlérienne.
Voir un commentaire (musée Guggenheim de Bilbao).
En 1933 à Berlin est paru un livre sur le destin du peuple allemand (de Hermann à Adolphe Hitler).
Kiefer va réaliser une série de tableaux sur ce thème.


Anselm Kiefer – Hermann (1978) gravure sur bois, émulsion, peinture de polymère synthétique et schella sur toile 290.0 x 200.0 cm
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Série sur le thème d’Hermann, un feu au centre du tableau avec de grandes figures historiques allemandes mêlées à des portraits de nazis.


Anselm Kiefer – Hermann (1978) gravure sur bois, émulsion, peinture de polymère synthétique et schella sur toile 290.0 x 200.0 cm
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Voir un commentaire (musée de Groningue).


Anselm Kiefer – Le Rhin (1982) Xylographie, émulsion, huile et collage sur toile 240 x 352 cm Musée Guggenheim de Bilbao
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Le Rhin gravure sur bois à l’arrière plan le hall du soldat imaginé en 1939.

Dans une série de toiles de 1973, il s’intéresse à Parsifal autre héros légendaire allemand. Triptyque reprenant les trois actes de l’opéra de Wagner.


Anselm Kiefer – Persifal III (1973) 300,7 x 434,5 cm
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

L’épée de Parsifal plantée dans le sol de son grenier atelier (il évoque la tradition allemande du bois). Il germaniste à outrance son sujet.
Voir également Persifal II

« Pour se connaître soi, il faut connaître son peuple, son histoire. J’ai donc plongé dans l’Histoire, réveillé la mémoire, non pour changer la politique, mais pour me changer moi, et puisé dans les mythes pour exprimer mon émotion. C’était une réalité trop lourde pour être réelle, il fallait passer par le mythe pour la restituer.« . (Anselm Kiefer)


Anselm Kiefer – Brünnhilde dormant (1980) acrylique et gouache sur photographie 58.4 x 83.5cm
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Personnage de Brünnhilde plongée dans un profond sommeil à la suite de sa désobéissance à Odin, Siegfried va la délivrer et tomber amoureux d’elle.
Il a utilisé une photographie de C. Deneuve dans le film la sirène du Mississipi.

Par l’effet d’un sortilège, Siegfried a oublié Brünnhilde et il a épousé une autre femme. Série intitulée : Siegfried oublie Brünnhilde


Anselm Kiefer – Siegfried oublie Brünnhilde (1975)
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Titre inscrit sur la toile. Bien sûr il ne s’agit ici pas seulement du mythe.