Cours du 14 janvier 2013

Il fait le même travail sur l’église de Dombourg, à partir d’un dessin rigoureux (forme des fenêtres) il en fait une schématisation (croix, fenêtres)

Il hésite entre un traitement par la couleur et un traitement plus graphique.

Alors le peintre prend ses distances, et fait le saut : dès 1919, la référence à la nature a définitivement disparu de ses toiles. Dans Composition A de 1920, des lignes horizontales et verticales qui se coupent à angle droit délimitent des surfaces aux trois couleurs primaires (rouge, bleu, jaune), auxquelles viendront s’ajouter les trois «non-couleurs», le blanc, le gris et le noir. Dès lors, Mondrian ne donnera plus de titres à ses tableaux : il va les intituler Composition et les numéroter. Et il met par écrit ses théories auxquelles il donne lui-même le nom de «néo-plasticisme». Mondrian a la conviction d’avoir approché d’aussi près qu’il se peut la vérité de la peinture.

Entre-temps, Mondrian est entré en contact avec Théo Van Doesburg, qui prépare la revue d’avant-garde De Stijl, dont le premier numéro paraît en octobre 1917. Les peintres Vilmos Huszar et Bart Van der Leck, les architectes Pieter Oud, Wils, Van’t Hoff et Rietveld ainsi que le sculpteur et peintre Vantongerloo se grouperont au sein de cette revue, dont les articles de Mondrian, publiés de 1917 à 1922, constitueront l’élément doctrinal essentiel.

La doctrine esthétique qu’il va fonder est le néo-plasticisme, qui a généré une avant garde hollandaise De Stijl.
De Stijl (Le Style), ce groupe fut actif de 1917 à 1931 il recherchait l’harmonie universelle. Peinture, sculpture, mobilier, graphisme, architecture, urbanisme : ses membres rêvaient de faire tomber les séparations entre les disciplines pour organiser un monde géométrique, où la couleur crée l’espace.
Ils travaillent les couleurs et les déposent dans un espace blanc.

Le premier manifeste explique les idées du groupe :
– Les individus doivent servir un principe général
– Une communauté spirituelle est nécessaire
– La beauté plastique doit se révéler dans tout
– Il faut promouvoir un art anti-national
– Réaliser une expression collective et non individualiste.

L’apport théorique de Mondrian est important, il veut élaborer un langage artistique universel pour construire le monde nouveau. La vie de l’homme cultivé devient une vie « abstraite» dit-il. Il souligne le rapport primordial avec l’angle droit. Pour lui, la métropole parle plus directement à l’artiste que la nature. « Pour approcher le spirituel en art, on fera usage aussi peu que possible de la réalité, parce que la réalité est opposée au spirituel. » (Piet Mondrian).


Vidéo de présentation de l’exposition Mondrian/De Stijl au centre Pompidou en 2010

En 1918, mise au point du langage néo-plastique, qui est voisin du suprématisme de Malévitch.


Piet Mondrian – Composition (1920)
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Composition
Il ne s’agit pas de grilles mais de lignes qui se coupent.


Piet Mondrian – Composition A (1927) MOMA New York
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)


Piet Mondrian – Composition avec rouge, jaune, bleu (1926)
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Les couleur vives sont reléguées à l’extérieur.

Il évite toute symétrie, les traces des verticales et des horizontales sont aléatoires, on peut les prolonger hors de la toile par imagination. Il crée un déséquilibre avec les lignes noires, il procède ensuite à un rééquilibrage par le poids des couleurs. On a une égalité de poids de toutes les surfaces. Il utilise des papiers caches, pour effacer toute trace de peinture, l’oeuvre devient impersonnelle.

Pourquoi utiliser le noir le blanc, les couleurs primaires et les horizontales et les verticales ? Le noir et le blanc sont des non-couleurs, les couleurs primaires contiennent toutes les autres couleurs et les verticales et horizontales contiennent toutes les directions. La peinture ne raconte pas d’histoire. Pour lui diviser l’infiniment blanc de la toile c’est faire ce qu’a fait Dieu lorsqu’il a créé le monde (division des êtres). Refaire en peinture le geste de fractionner l’infini. Le projet de Dieu, c’est pour lui l’angle droit.

Entre 1918 et 1944, il n’a fait que des compositions orthogonales c’est son unique projet. Le tableau est bien « une surface plane recouverte de couleurs dans un certain ordre assemblées » (M. Denis).

C’est un des artistes qui exprime le plus l’absolu. Il compte sur notre imagination pour passer outre. Le tableau est pour lui un fragment de l’ordre invisible du monde.
Voir son atelier à Paris il avait expérimenté sa théorie dans son espace quotidien.
Pour A. Loos architecte « l’ornement est un crime, décorer c’est empêcher de voir l’essentiel ».

Les toiles de Mondrian ont jaunies, doit-on les repeindre ? La peinture peut-elle être faite par quelqu’un d’autre que son créateur.

A partir de 1930, il modifie son style et multiplie les lignes noires.

Fra Angelico au XVéme siècle à une démarche comparable dans ses Annonciation. Il avait mis la perspective au service du message religieux. On supprime le message écrit et on se sert du point de fuite (entre les 2 arbres). Le point de fuite est dans le vide, Dieu est à l’infini. Voir l’analyse de Daniel Arasse sur la perspective à la Renaissance.


Piet Mondrian – Composition avec noir, blanc et jaune (1938)
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Horizontale qui traverse un aplat jaune.


Piet Mondrian – Brodway Boogie Woogie (1942)
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

A New York, dernière période, Brodway Boogie Woogie. Les lumières clignotantes lui ont donné l’idée de dynamiser sa toile. Suggérer l’idée, que l’on peut diviser à l’infini.

On peut rapprocher cette toile de la grande composition les abeilles musée Matisse de Nice. Le bourdonnement est exprimé d’une autre manière.


Piet Mondrian – Victory Boogie Woogie (1944) 127 x 127 cm Gemeentemuseum, La Haye
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Sa dernière toile (inachevée) Victory Boogie Woogie est une méditation à la fois sur l’art et sur l’ordre du monde. Il meurt des suite d’une pneumonie.

Voir l’article sur le livre de Pierre Schneider (les cahiers de l’art) Petite histoire de l’infini en peinture.

Voir peintures de Mondrian.


Présentation de l’oeuvre de Mondrian (ORTF 1968)

L’influence sur l’architecture et le design.

Gerrit Rietveld

Formation d’ébéniste, en 1917 il crée la chaise rouge et bleu. (Il précède les compositions de Mondrian). Il décompose les structures de la chaise et ne garde que les structures indispensables. Sections carrées, trois couleurs primaires. Ce fut un véritable manifeste pour les designers.


Gerrit Rietveld – Chaise rouge et bleu (1917)
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Il a réalisé l’aménagement de l’intérieur d’un cabinet médical, ce qui l’a fait connaître.

Il répond ensuite à la commande d’une maison à Utrech, maison Schröder (visite de la maison). Commandée par Mme Truus Schröder-Schräder, cette maison d’Utrecht fut construite en 1924. Cette petite demeure familiale, avec son intérieur, son organisation spatiale flexible et ses qualités visuelles et formelles, était un manifeste des idéaux des artistes et architectes néerlandais appartenant au groupe De Stijl.
C’est une maison mitoyenne. Fondation béton, poutrelles métalliques, suppression de l’idée de façade, l’architecte joue sur les avancés et les retraits, les pleins et les vides, avec quelques couleurs primaires. Suppression de la toiture au profit du toit terrasse. Ensemble très dynamique et très aéré. Caractère anti régionaliste. Grandes baies vitrées.