Cours du 17 décembre 2012


Vassily Kandinsky – Peinture aux bords blancs (1913) 140,3 x 200,3 cm Guggenheim Museum New York
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

L’année 1913 est la période la plus féconde de Kandinsky des années d’avant-guerre. Il apporte lui même l’explication de cette œuvre.
« J’ai réalisé le premier croquis peu de temps après mon retour de Moscou en décembre 1912. C’était le résultat des dernières expériences, habituellement très fortes à Moscou… « de Moscou », même. Le premier croquis était très dépouillé, très concis. Dès le deuxième croquis, j’ai positionné la « décomposition » des expériences de la couleur et des formes dans l’angle inférieur droit. Le motif de la troïka que j’avais depuis longtemps en moi et que j’ai utilisé dans différents dessins, demeurait en haut à gauche. »
[…] « J’appelle ainsi les trois lignes conjointes aux variations diverses qui se recourbent vers le haut. Je suis arrivé à cette forme par les trois lignes dorsales des chevaux de la voiture russe à trois chevaux. »

« Après presque cinq mois, j’étais assis devant le deuxième croquis à la nuit tombante et je vis soudain tout à fait clairement ce qui manquait encore – c’était la bordure blanche… Cette bordure blanche, je l’ai faite d’une manière aussi capricieuse quelle me venait : en bas à gauche, abîme ; une vague blanche en surgit qui retombe brusquement, puis se repend sur le côté droit du tableau en une forme qui serpente paresseusement, forme un lac en haut à droite (où prend naissance le noir bouillonnement) et disparaît en direction du coin supérieur gauche, pour apparaître une dernière fois sur le tableau sous la forme définitive de blanches dentelures. Cette bordure blanche ayant été la clef du tableau, c’est le titre que j’ai donné à l’ensemble du tableau.»

Voir également la composition 6 Ermitage, version abstraite du déluge. Masses colorées avec mouvement très fort, ce tableau a été présenté au premier salon d’automne de Berlin. Delaunay avait été le plus remarqué au cours de cette exposition. Il va également influencer Paul Klee.


Vassily Kandinsky – Composition VII (1913) 200 x 300 cm Galerie Tretyakov, Moscou
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Composition VII. Cette composition lyrique est le summum des pouvoirs de Kandinsky. Bien qu’elle ait été peinte en seulement quatre jours, Kandinsky a dit que ce travail était « le tableau le plus complexe que j’ai jamais peint« . A propos de ses compositions, l’artiste a déclaré:  » Les expressions de sentiments qui se sont formés en moi (…), que, après les premières esquisses préliminaires, j’ai lentement et presque de manière pédante examiné et élaboré. C’est ce genre d’image que j’appelle une ‘Composition’ « . Cette oeuvre a été précédée de 15 ébauches, 30 esquisses et 10 toiles.

En 1914, Edwin Campbell, industriel américain lui commande quatre grandes toiles pour son appartement.


Vassily Kandinsky – Improvisation gorge (1914) 110 x 110 cm Stadtische Galerie in Lenbach, Munich
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

1914 improvisation à la gorge au milieu vers le bas, on voit un couple bavarois sur un embarcadère, avec des bateaux à rame amarrés. Tout s’est tourné vers la lumière et la couleur tourbillonnante.

Moscou. 1915-1921

En 1914, l’Allemagne déclare la guerre à la Russie, et Kandinsky est forcé de quitter Munich et de retourner à Moscou. Il déplore: «Sur les 16 années que j’ai vécu en Allemagne, je me suis donné tout entier au monde de l’art allemand. Comment suis-je censé tout à coup à me sentir un étranger « . À 50 ans, il commence une nouvelle vie.

Le passage à Moscou, a marqué une rupture profonde. L’année 1915 fut une période de dépression et de doute de soi, Il fait la connaissance en 1916 de Nina Andreievskaïa qui deviendra son épouse l’année suivante, et qui restera sa compagne jusqu’à sa mort.


Vassily Kandinsky – Moscou 1 (1916) 51,5 x 49,5 cm. La Galerie nationale Tretiakov, Moscou
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

1914 Moscou 1 au centre un couple entouré par le soleil couchant jaune, maisons clochers, bulbes.

Il occupa en Russie des fonction importantes, ateliers d’art nationaux, réforme des musées, en rivalité avec les constructivistes, sa production se réduit.


Vassily Kandinsky – Dans le gris (1919) 176 x 129 cm. Centre Pompidou Paris
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Dans le gris 1919. Voir un commentaire.


Vassily Kandinsky – Taches rouges II (1921) 137 x 181 cm Städtische Galerie im Lenbachhaus, Munich
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Taches rouges II -1921
Il subit sans doute une contamination (voir El Lissitzky, frappe). Il est bridé dans son travail par les théories. Il va élaborer une réflexion sur les couleurs et les formes, le rouge couleur autoritaire convient pour des formes simples, jaune couleur aiguë, correspond au son des instruments aigus, les formes triangulaires et pointues conviennent au jaune. Il subit une attaque des autres artistes. Démission et départ pour Berlin.

Berlin (1921 – 1934)

Il est tout d’abord isolé à Berlin, où l’influence de l’expressionnisme et du dadaisme étaient grandissantes à cette époque. Il réalise 4 peintures mural pour une exposition d’art sans jury. En mars 1922,Walter Gropius l’invite officiellement à enseigner à l’école du Bauhaus à Weimar.


Vassily Kandinsky – Projet pour peinture murale (1922) 34,7 х 60 cm Centre Pompidou Paris
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Projet pour peinture murale. 1922
Affrontement de deux blocs, parties statiques d’autres dynamiques.

Il a la conviction qu’il y a une base commune a tous les arts.
Kandinsky est recruté au Bauhaus, pour l’atelier de peinture murale et pour un cours avec Klee sur les formes.


Vassily Kandinsky – Petits mondes (1922) lithographie
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Petits mondes 1922 lithographie
Ses recherches en peinture, le conduisent à la publication de son second grand ouvrage théorique Point, ligne, plan en 1926. Il introduit un vocabulaire méthodique des éléments plastiques, ainsi qu’une grammaire fournissant des règles de composition. Il justifie ses principes par des exemples choisis dans des livres de science naturelle et technique. Dans les années 20, enseignant au Bauhaus, son travail devient de plus en plus géométrique, les couleurs de plus en plus vives et primaires, comme l’illustre Trame noire, peint en 1922. Il établit également des relations entre le son et l’épaisseur de la ligne.


Vassily Kandinsky – Trames noires (1922) 60 x 80 cm lithographie
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Trames noires (plan d’eau à gauche)


Vassily Kandinsky – Dans le carré noir (1923) 60 x 80 cm lithographie
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Dans le carré noir 1923. Le carré noir est une fenêtre sur un monde géométrique qui paraît désorganisé. Le tableau est, en fait, organisé autour de cette grande pointe montagneuse à droite et la ligne courbe venant de la droite qui porte le rond jaune comme un soleil en mouvement de fin du jour, les demi-cercles en haut à droite peuvent d’ailleurs très bien représenter des nuages.
La chromatique du tableau n’est pas non plus aléatoire, les tons noir et blanc font le contraste. Le blanc permet de faire ressortir les éléments du tableau.


Vassily Kandinsky – Composition VIII (1923) 140 x 201 cm Solomon R. Guggenheim Museum, New York
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Composition 8 1923. Voir un commentaire.
Dans cette œuvre, Kandinsky applique systématiquement sa conception des correspondances des couleurs et des formes. Le jaune chaud et le bleu froid fonctionnent comme deux polarités fondamentales, telles qu’il les décrira dans son traité Point et ligne sur plan. La forme circulaire dans le coin gauche, noire et silencieuse (selon Kandinsky, le noir est égal au silence), est réchauffée par le rouge qui l’entoure.
Les formes géométriques contrastées, les triangles qui expriment le mouvement et les cercles bien stables qui dominent, impriment à cette œuvre un effet statique ; tous les éléments s’en trouvent comme suspendus dans l’espace du tableau.
« La composition n’est donc qu’une organisation précise et logique des forces vives contenues dans des éléments sous forme de tension », écrira-t-il plus tard.

A Weimar fermeture du Bauhaus en 1925 un nouveau Bauhaus est fondée ensuite à Dessau.


Vassily Kandinsky – Jaune rouge bleu (1925) 202 x 128 cm Musée National d’Art Moderne, Centre Georges Pompidou, Paris
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

On voit la dualité entre la géométrie pure (partie gauche), et des formes plus libres, en particulier les courbes (partie droite). Voir une fiche de l’oeuvre.
Chaque couleur appelle une dimension spirituelle. L’art est un acte qui agit dans le monde. Son but est d’atteindre le bonheur sous forme d’illumination. La peinture offre un itinéraire de couleurs, de sentiments, que l’œil suit jusqu’à l’euphorie. Dans cette extase, la forme se dilue en une évanescence de lumière. L’espace d’une couleur crée l’illusion d’une forme. Un ensemble de tensions entre des couleurs aboutit à une densité. « La couleur est la touche, l’œil est le marteau, l’âme est le piano avec ses multiples cordes, l’artiste est la main qui fait vibrer l’âme de l’homme. » Le peintre manie la peinture comme une musique.


Vassily Kandinsky – Étages (1929) 56 x 41 cm Solomon R. Guggenheim Museum, New York
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

1929 étages peinture sur le bâtiment du Bauhaus. Démission de Walter Gropious. Klee et Kandinsky sont attaqués, Mies Van der Rohe transforme le Bauhaus en école d’architecture. Kandinsky renonce à l’enseignement. Les enseignants du Bauhaus partent aux états Unis.

Kandinsky et sa femme s’installent alors à Paris à Neuilly, son œuvre va devenir plus ludique et plus légère à partir de cette époque.

Paris 1934 – 1944

Accueil très réservé à l’époque, il se lie avec R. Delaunay, J. Miro, A. Breton (qui lui achète des tableaux) et Jean Arp.


Vassily Kandinsky – Montée gracieuse (1934) 80 x 80 cm Solomon R. Guggenheim Museum, New York
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Montée gracieuse 1934 Guggenheim. Impression de musique qui s’en dégage,


Vassily Kandinsky – Mouvement 1 (1935) 116 x 89 cm Galerie Tretyakov, Moscou
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Mouvement 1 – 1935 Les formes semblent issues des manuels de biologie.


Vassily Kandinsky – Courbes dominantes (1936) 129 x 194 cm Solomon R. Guggenheim Museum, New York
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Courbes dominantes. Voir un commentaire.
Inspiration formes de Miro et Arp, ils prennent la nationalité française.

Durant la guerre son oeuvre est qualifiée d’art dégénéré par les nazis.

Photo 1939 devant sa toile courbes dominantes.


Vassily Kandinsky – Ensemble multicolore (1938), 116 x 89 cm Solomon R. Guggenheim Museum, New York
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Ensemble multicolore 1938


Vassily Kandinsky – Complexité simple (1939), 100 x 81 cm Centre Pompidou Paris
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Complexité simple 1939. Les mots qui constituent le titre du tableau sont : complexité et simple, qui sont deux mots de sens contraire. Cette figure de style est un Oxymore. Le titre du tableau est aussi un peu «abstrait» car il n’explique pas le tableau.


Vassily Kandinsky – Bleu ciel (1940), 100 x 73 cm Centre Pompidou Paris
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Bleu ciel 1940 ressemble à Miro. Voir une fiche de l’oeuvre.


Vassily Kandinsky – Elan tempéré (1944), 42 х 58 cm Centre Pompidou Paris
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Elan tempéré 1944 huile sur carton dernière œuvre.

Jusqu’à la fin Kandinsky a été convaincu de l’importance de son monde intérieur. Pour Kandinsky, les improvisations sont des traductions picturales d’événements profondément spirituels. Il est le père de l’abstraction lyrique et l’héritier moderne d’une conception très romantique de la création (impulsion, résonance avec le passé).
En 1992 une exposition à Washington a démontré l’influence que les oeuvres de Kandinsky avait exercée sur les peintres de l’abstraction américaine de l’après-guerre , notamment sur Jackson Pollock à ses débuts.
C’est un peintre très important, les oeuvres de 1913 sont sans doute les plus fortes et les plus riches.

Sur Kandinsky voir l’exposition de 2009 au Centre Pompidou.