Cours du 22 octobre 2012

Le mouvement futuriste

Sommaire : Filippo Tommaso Marinetti, Giacomo Balla, Umberto Boccioni, Gino Severini, Luigi Russolo, Carlo Carrà, Fortunato Depero, Les artistes dans la mouvance du mouvement futuriste : Antonio Sant’Elia, Virgilio Marchi, František Kupka, Natalia Goncharova, Artistes contemporains influencés par le futurisme : Valdimir Velickovic, Jean Tinguely, Félix Stelarc.

Le futurisme

Il fut la toute première avant garde. L’avant garde est un groupe d’artistes qui se rassemblent autour d’un théoricien, avec une vision utopique. Ils pensent que l’art peut avoir une influence sur l’évolution de la société. Il faut avoir l’illusion d’agir en faisant table rase du passé (ne pas s’appuyer sur la tradition).


Le théoricien du groupe est Filippo Tommaso Marinetti. Il lance le manifeste du futurisme dans le Figaro.

Le manifeste a des accents misogyne, agressif,
Il voudrait que l’Italie soit un lieu de modernité.
Il prône le courage l’audace et la révolte, la gifle et le coup de poing, éloge de la guerre.
Voir les points du manifeste

Il a l’intuition que des émotions nouvelles naîtront de la mécanisation de la société.

Cinq peintres vont proposer à Marinetti de se lier à lui (1910). Ils ne partagent pas la violence de Marinetti. Ils mettent l’accent sur la figuration du mouvement l’effet de persistance rétinienne et de vibration dans l’espace.

Giacomo Balla


Giacomo Balla – Petite fille (1912)
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Jeune fille courant sur un balcon (1912). Tentative de pointillisme (qu’il ne poursuivra pas) mais avec toujours cette notion de mouvement et de vitesse, il est influencé par les recherches de Marey en chronophotographie. La même année, le peintre Marcel Duchamp réalisera ses deux versions du « Nu descendant un escalier », décomposant magistralement les étapes successives de la descente des marches d’un escalier.


Giacomo Balla – La main du violoniste (1912)
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Il s’agit dans l’œuvre de Balla de restituer un instant, ou quelque chose qui se déroule dans le temps, en une décomposition instantanée du mouvement. Le dynamisme de la main du violoniste, la répétition, le rythme, la façon très particulière de peindre en de longs traits fins, allant jusqu’à une disparition du sujet. Mais dans ce cas précis, il s’agit bien là d’une peinture. Cette œuvre correspond donc davantage à la représentation d’un savoir faire pictural au profit d’un procédé photographique, tel que la chronophotographie, et à l’expression pictural du mouvement.


Giacomo Balla – Dynamisme d’un chien en laisse (1912) New York, Albright Knox Art Gallery
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Dans ce tableau on voit un chien en laisse avec sa maitresse. L’objectif est la représentation du mouvement et de la vitesse. Le tableau est présenté comme une photographie: il a superposé un succession d’images des jambes du chien, de sa queue, de la laisse, des pieds de la maitresse pour donner l’impression de déplacement. Le chien et la maitresse sont représentés totalement en noir en contraste avec l’arrière-plan blanc. La laisse bouge et tourne.

Vol d’hirondelles (1913). Les hirondelles ne sont plus que des signes.

Il travaille avec Diaghilev sur la mise en scène de spectacles, pas de séparation entre scène et mur du fond.

Umberto Boccioni


Umberto Boccioni – Visions simultanées (1911) Wuppertal, Ven der Heydt Museum
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Cette peinture représente les caractéristiques fondamentales du futurisme : l’attention pour la ville, la décomposition dynamique des objets, le rapport entre l’architecture et les figures. La « simultanéité » de la vision et la présence simultanée des objets, figures et fonds, tous mis en mouvement, dans le sens d’un tourbillon circulaire. Il s’agit d’un espace psychologique, mélange de figuration et abstraction. Pas de hiérarchie dans la composition.


Umberto Boccioni – Les adieux (1912) New York, Museum of Modern Art
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Les adieux d’un couple enlacé dans une gare (volutes de fumées) le couple se rapproche du spectateur. Fluidité de l’image, au centre le triangle qui symbolise une locomotive et le départ.


Umberto Boccioni – Materia (1912) Collection Gianni Mattioli
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Boccioni était particulièrement sensible à la philosophie d’Henri Bergson, et ce titre rappelle celui de Bergson 1896, Matière et mémoire. Le sujet est un portrait en pied de la mère de l’artiste (mater » »). Elle est assise dans une pièce à son domicile de Via Adige 23, Milan, avec une fenêtre derrière elle. L’artiste a fusionné la vue frontale de sa mère avec ses propres impressions visuelles de l’extérieur réfléchis par les vitres. Les images du cheval et l’homme, ce qui représente incidents qui ont lieu sur la place en dessous de la maison.


Umberto Boccioni – Dynamisme d’un cycliste (1912)
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dynamisme d’un cycliste le mouvement modifie la perception de l’espace.

Forme unique de la continuité de l’espace. Effacement du corps, silhouette géométrisée.

A partir de 1911, il essaye de former le public. Les peintres expliquaient leurs toiles au public.

Dynamisme d’un cheval de course.

Gino Severini


Gino Severini – Danseuse bleue (1912)
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Dans le courant de 1912, Severini a l’idée d’animer ses compositions par le collage de paillettes, qui s’adaptent à son travail de divisionnisme chromatique ainsi qu’au sujet même qui lui tient à cœur : la danseuse de cabaret ou de café-concert. Ainsi, le dynamisme inhérent au sujet lui-même (la ballerine en mouvement) est accentué, selon les idées nouvelles qui circulent dans le groupe, par le dynamisme concret provenant des ruptures du matériau qui saute ainsi du plat au relief, du lisse au rugueux, du mat au brillant. La toile, fondée sur les bleus, les roses bistres et les noirs, représente une jeune femme vue de face, dont la silhouette et le visage sont rompus et syncopés par le rythme de la danse. La répétition des motifs suggère le mouvement et produit un rythme saccadé qui se déploie dans les deux dimensions.


Gino Severini – Nord sud wagon de 1ière classe (1913) Pinacothèque Brera, Turin
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Ce tableau illustre, de façon familière, à la fois ce que l’on peut entendre par « compénétrations d’espace » et par « simultanéisme ». L’expérience sensorielle – et sans doute psychologique – de l’utilisateur d’un moyen de transport en mouvement s’y trouve relatée avec la « touche » pittoresque apportée par le métro parisien, ses sièges, ses lumières réfractées, ses panneaux de signalisation… La vitesse à laquelle les voyageurs se trouvent entraînés produit cette contamination entre espace interne et externe. Les perceptions d’un spectateur situé sur le quai viennent s’enchevêtrer à ce méli-mélo d’objets que l’instantanéité des images perçues, jointe à leur persistance sur la rétine, laisse entrevoir de façon fugace. Au total, le tableau livre cette totalité tumultueuse.