Cours du 23 janvier 2012

Après l’impressionnisme, la poursuite des recherches

Sommaire : Robert Delaunay, Marc Rothko, Jesús-Rafael Soto, James Turrell, Georges Seurat, Alain Jacquet, Roy Lichtenstein, Chuck Close, Jackson Pollock, Yayoi Kusama.

Film sur J. Pollock

Plusieurs artistes contemporains poursuivent, sous une autre forme les recherches de Monet.

1 – Une approche novatrice de la couleur, la notion de couleur lumière

Claude Monet – Impression Soleil levant (1872), Musée Marmottan Paris
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Continuité et évolution
Les couleurs ont au Moyen Âge, une valeur ; participant de la lumière elles sont aussi une émanation de Dieu. La couleur était symbolique (rouge bleu). Voir le couronnement de la vierge à Villeneuve-lés-Avignon, voir l’analyse du tableau.

Des peintres comme Véronèse savent admirablement harmoniser les couleurs : exemple, détail du repas chez Lévi, la couleur vient remplir un dessin, les couleurs sont complémentaires, le personnage debout en vert (qui est sans doute un autoportrait), le page en rose et un fou un rouge, ces couleurs s’exaltent mutuellement.

Le Caravage – La mort de la Vierge (1605) – Musée du Louvre

Au XVIIéme siècle, on ne conçoit pas la lumière sans ombre : exemple, la mort de la vierge. Le cheminement du regard se fait par la couleur.

Changement avec Monet, en 1839 Eugène CHEVREUL a publié son mémoire sur la loi du contraste simultané des couleurs. Il a mis en évidence les propriétés des couleurs complémentaires sur notre rétine, et que la perception d’une couleur dépend de son environnement coloré. La rétine associe la complémentaire à la couleur observée. Les peintres vont penser à jouer avec cet effet, l’époque impressionniste joue avec les ombres qui sont colorées. Delacroix dans ses notes au Maghreb a souligné l’importance de la couleur et l’influence qu’elles exercent les unes sur les autres.

Robert Delaunay va travailler sur ce concept. Il s’enferme dans son appartement parisien il a percé des petits trous dans les volets pour laisser passer des rayons lumineux, et il regarde les effets des rayons lumineux. C’est la période des fenêtres simultanées. Il se situe dans la mouvance du cubisme, rapprochement de couleurs.

Robert Delaunay – L’équipe de Cardiff (1912) – Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris

Le traitement de la couleur est original il cherche à générer des effets de mouvement par les complémentaires. Cette œuvre, qui marque un retour à la figuration, est construit à la manière d’un collage cubiste. Il présente plusieurs éléments juxtaposés : des joueurs de rugby d’après une photographie parue dans la presse, la grande roue, la tour Eiffel, un aéroplane, des affiches publicitaires, les noms des capitales artistiques de l’époque (Paris, New York, Berlin) … Apollinaire commentera ce tableau exposé au Salon des Indépendants de 1913 :
« La toile la plus moderne du Salon. Rien de successif dans cette peinture où ne vibre plus seulement le contraste des complémentaires découvert par Seurat, mais où chaque ton appelle et laisse s’illuminer toutes les autres couleurs du prisme. C’est la simultanéité. »

Robert Delaunay – Hommage à Blériot (1914) – Musée de Grenoble

Delaunay associe la tour Eiffel et de la Grande Roue qui s’élevait non loin d’elle, parce que l’une et l’autre sont à l’époque des prouesses techniques, l’hommage à Blériot célèbre l’aviation, autre sujet d’émerveillement.

Robert Delaunay, activement secondé par sa femme Sonia, venait justement de subir durant l’été une très profonde évolution esthétique, qui l’avait mené de ce qu’il devait appeler plus tard sa « période destructive » à une sorte de peinture reposant uniquement sur les possibilités constructives et spatio-temporelles des contrastes de couleurs. Apollinaire se trouva donc être le témoin privilégié de cette évolution et en discuta naturellement longuement avec ses hôtes. Convaincu du bien-fondé de leurs idées, ravi en outre d’être le premier à les présenter au public, il en entretint ses lecteurs dans un article du Temps (14 oct. 1912) et publia surtout un important texte de Delaunay, intitulé  » Réalité, peinture pure « , dans les Soirées de Paris (déc. 1912) et dans la revue allemande Der Sturm (déc. 1912). On remarquera qu’il n’est pas question d’Orphisme dans ces trois textes, mais plus simplement de  » peinture pure « , expression employée par Delaunay lui-même, qui, malgré son amitié pour Apollinaire, n’apprécia jamais ce terme, qui ne rendait évidemment aucun compte de ses véritables préoccupations.

Robert Delaunay – Cercle de lumière (1912)

Dans les années 30 il se concentre sur les cercles de lumière – Guillaume Apollinaire parle de Cubisme orphique – il célèbre la vie en centrant ses recherches sur les manifestations de la lumière, qui est pensée comme un principe créateur originaire. Se diffractant en disques colorés, animés entre eux d’une tension perpétuelle grâce au principe des contrastes simultanés et à leur texture plus ou moins transparente, la lumière exprime à elle seule le dynamisme du tout. La couleur, libérée de la fidélité au réel par les Fauves et les Expressionnistes, est désormais parfaitement autonome, affranchie de la forme.

La peinture se suffit à elle-même
Déconstruire l’espace pictural traditionnel, donner à la couleur et à la ligne un rôle autonome est la première rupture. La surenchère est permanente, peindre devient une activité indépendante de tout critère où chacun définit son domaine et son mode de perception. Il est moins question de beauté que de fonctionnement de l’œuvre, moins question de création que d’invention. Chacun veut choisir sa propre démarche dans un grand foisonnement artistique que l’on qualifie d’un terme militaire: les Avant Gardes.

Mark Rothko

Mark Rothko Blue Dark Blue Yellow réalise des peintures de grands formats supérieures à la taille d’un homme, le spectateur doit être immergé dans la couleur. Non prise en compte des bords du tableau, en haut impression d’infini, en bas le bleu vient ourler le bas de la toile. C’est un peintre du color field, voir le théoricien (Clément Greenberg) , il ne faut garder que l’essence de la peinture (la texture, le pigment, la géométrie du châssis) le reste ne compte pas. La couleur seule permet d’éprouver des émotions quasi mystiques. Il veut que ses peintures soient disposées très près du sol, peinture très mate.

Mark Rothko – Rouge blanc brun (1957)

Rouge rectangle blanc, une luminosité très forte se dégage (voir l‘analyse de l’œuvre). La peinture est considérée comme des champs sans limite. C’est une immersion dans la couleur, déjà annoncée par les nymphéas de Monet. Idée de dématérialisation de la toile au profit de la couleur (Klein) la peinture et l’immatériel. Réalise une chapelle à Houston.

Jesús-Rafael Soto. Il a notamment exploré la question de l’implication du spectateur dans l’œuvre avec ses « Pénétrables » dans lesquels les spectateurs sont invités à rentrer dedans (soit dans un musée, soit à l’extérieur) expérience sensible de pénétrer dans un monochrome.

James Turrell biennale de Venise.

James Turrell – Installation 1 – Biennale de Venise (2011)

On entre dans un espace immergé dans la couleur, on est rapidement perdu, on ne comprend pas les limites de l’espace. C’est à la fois très beau et anxiogène, on perd ses repères. Il crée des environnements sensoriels, il organise la situation pour que le spectateur agisse en fonction de la lumière. Il change avec les jeux de lumière la géométrie de l’espace. Rêve d’immatérialité de la peinture abstraite.

2 – La fragmentation de la touche, le divisionnisme

Claude Monet – Jardin à Giverny (1919) Musée d’Orsay
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Jardin à Giverny. Le jardin est représenté sous la forme de touches de couleurs et l’œil recompose la peinture.
D’autres artistes ont repris cette technique comme Paul Signac. On retrouve ceci dans le port de Saint-Tropez

Georges Seurat voulait faire de la peinture un art scientifique.

Georges Seurat – Un dimanche après-midi sur l’île de la Grande Jatte (1885) Musée d’Orsay
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Peinture qui demanda 2 ans de travail, les personnages sont très stylisés, détail gauche (petits points) les personnages sont comme statufiés par la technique, Piero de la Franchesca voir tableau. Les poseuses, il reprend les thèmes impressionnistes, pixelisation détail.

Georges Seurat – Le cirque (1891) Musée d’Orsay
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Le procédé fige le mouvement et crée un voile immatériel, le travail est très important (voir le détail du clown).

Seurat a voulu représenter une foule qui retient son souffle et la performance dangereuse une acrobate aérienne, il traita ce thème en utilisant l’image pour explorer ses théories sur la couleur. Le résultat est abstrait et décoratif, et Le cirque a été laissé inachevé à sa mort.

Étude préparatoire pour le cirque.
Voir d’autres exemples du divisionnisme à la fin du XIXéme siècle.

Alain Jacquet il travaille dans le contexte du Mec-Art, dont il est un des représentants majeur. Il s’approprie des images de façon ludique en réalisant des peintures mécaniques qui laissent apparaitre la trame de la sérigraphie. Des œuvres classiques, comme le Déjeuner sur l’herbe, en 1964, sont maquillées pour leur donner l’apparence d’images de publicités et de magazines. Il utilise peu de couleurs et pour créer des ambiguïtés avec une pixellisation de l’image.

En savoir plus sur Alain Jacquet.

Roy Lichtenstein, (1923 – 1997) était un artiste américain du Pop art ayant été fortement influencé par la publicité populaire et le modèle de la bande dessinée. Il a décrit lui-même le Pop art comme « n’étant pas une peinture américaine, mais une peinture industrielle ». Il peint ses tableau à la manière de vignette de BD mais garde le statut de tableau par le format et la technique. Tableau quelques couleurs par tableau, des petits points il peignait à travers une grille, pour faire oublier le travail à la main. En savoir plus.

Roy Lichtenstein – Whaam ! (1963) Tate Modern, Londres
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Il réinterprète les toiles des autres.

De picasso, la femme au chapeau, et aussi les femmes d’Alger

La nature morte de Matisse (danse)

La cathédrale de Rouen

En savoir plus sur Roy Lichtenstein.

Chuck Close a peint des grands portraits hyper réalistes Phil très grand tableau 2m.

Chuck Close – Phil (1969)
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Chuck Close est l’un des principaux représentants du courant hyperréaliste. Son thème de prédilection est le portrait. S’il a d’abord visé à la reproduction photoréaliste des visages, il expérimente depuis un certain temps la pixellisation.
En savoir plus sur Chuck Close.

Yayoi Kusama elle crible l’espace de points rouges et blancs.

Voir ses réalisations.

3 – All over

Claude Monet – Nymphéas (1903), Musée de l’orangerie Paris
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Chaque coup de pinceau annule le précédent et le rapport de celui-ci avec la surface du fond. Cette technique a été inventée par Janet Sobel (1894–1968), peintre américaine d’origine ukrainienne. Jackson Pollock a vu son travail en 1944 à la galerie Art of This Century et s’en est inspiré pour créer ses drippings en 19451. Comme sa manière est de peindre une toile étendue sur le sol, il ne pouvait jamais voir la composition de façon globale. Par conséquent, la seule façon pour lui de rendre cette dernière de façon unitaire est de répandre de la peinture partout de manière égale. Dans son cas, il utilisait des bâtonnets et de la peinture industrielle. Il la répartissait par des gestes amples, mais contrôlés. Le résultat est une pure abstraction dans l’espace pictural.

Jackson Pollock est l’artiste de l’action painting. Il a subit de nombreuses influences. Il a participé au chantier du new deal murs peints (grand formats) en relation avec les surréalistes français, procédé du dripping (inventé par M. Ernst). Il a observé des rituels des indiens qui réalisent les peintures de sables qu’ils font couler. IL va se lancer dans des grands tableaux. Le pinceau ne touche jamais la toile. Effet posture de l’artiste en acte. Passages multiples, épaisseur.
Photo la toile n’est plus considérée comme un support mais comme une arène où je joue un acte.

Serge Guilbaut dans une thèse de 1998, (« Comment New-York vola l’idée d’art moderne« ) explique que l’Amérique profite de cette période pour façonner une identité américaine. Voir note de lecture.