Cours du 21 novembre 2011

Édouard Manet

Sommaire : Édouard Manet, Henri Cueco.

Édouard Manet (1832 – 1883)

Édouard Manet – Autoportrait à la Palette (1879) Coll. Part
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Manet réalise cet autoportrait à 47 ans après sa crise de l’hiver 1878 qui a révélé les premiers effets des complications de la syphilis que la médecine ne sait pas encore enrayer.
Au sein d’une tonalité presque incolore allant de l’ocre au noir à peine rehaussée de quelques pointes de vermillon, se détachent la lumière des yeux du peintre. La main qui tient le pinceau est laissée à l’état d’esquisse. Manet n’a pas rétabli le reflet qu’il voyait dans la glace si bien qu’il semble peindre de la main gauche.
les détails sont plus suggérés que représentés.

Il est issu d’une famille bourgeoise aisée. Refusant de suivre des études de droit et échouant à devenir officier de marine, le jeune Édouard Manet entre en 1850 à l’atelier de Thomas Couture où il commence sa formation de peintre, et dès 1860, il présente ses premières toiles parmi lesquelles : Portrait de M. et Mme Auguste Manet qui représente les parents de l’artiste, et a été présenté au Salon de Paris de 1861.
Il va entrer rapidement en conflit avec Thomas Couture qui représente l’académisme et avec qui il restera malgré tout six ans.

Manet est captivé par la vie moderne, et il veut abandonner les références au passé. Il va essayer cependant de se faire reconnaître au salon.

Édouard Manet – Le déjeuner sur l’herbe (1863) Musée d’Orsay
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Le déjeuner sur l’herbe est présenté au salon de 1863. Il a eu l’idée du thème en regardant les baigneurs dans la Seine.
Cette peinture peut être interprétée comme une version moderne du Concert pastoral (1508-1509) du peintre de la Renaissance Titien (œuvre précédemment attribuée à son maître Giorgione).

Dans cette allégorie de Poésie, on voit deux femmes nues (Calliope et Polymnie, Muses de la poésie épique et lyrique) en compagnie de deux jeunes hommes bien habillés, l’un d’eux jouant du luth. La scène se situe dans un paysage arcadien. Manet a repris ce thème avec des personnages modernes, présentant la scène comme un « pique-nique en forêt ». Le Déjeuner est en fait un manifeste d’une nouvelle façon de peindre et, en effet, d’une nouvelle conception de l’art et de la relation entre l’art et son public.
La composition, d’un autre côté, est dérivée d’une scène avec des dieux de la rivière dans une gravure (1514-1518) de Marcantonio Raimondi d’après un dessin de Raphaël, Le Jugement de Pâris. Toutefois, en ajoutant une femme (disproportionnée) qui se baigne à l’arrière-plan, Manet rompt l’harmonie de cet exemple.
Les femmes apparaissent comme des allégories pas comme réelles. Le Titien respecte les conventions illusionnistes (Léon Alberti qui a écrit « De pictura » (De la peinture) c’est en quelque sorte la bible de tous les peintres de la Renaissance). Dans cet ouvrage, il donne les règles de l’illusion de la réalité, la peinture doit se faire oublier (lisser les touches). Manet va rompre avec cet ordre. Le paysage est peint à la manière de Corot. Il donna aux modèles des poses de la Renaissance. Le premier plan est peint avec l’éclairage de l’atelier le second plan est en lumière naturelle. Effet de collage de styles et de lumières.

Ce tableau fit scandale au Salon et il fut refusé. Manet expose alors au salon des refusés avec Monet, gros succès, les gens viennent pour se moquer des toiles exposées. Manet n’avait pas cherché à faire scandale.

En 1963 Picasso a réinterprété à sa manière le déjeuner sur l’herbe. (voir également)

Édouard Manet – Olympia (1865) Musée d’Orsay
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Victorine Meurent modèle préférée et maitresse de Manet est représentée. La toile a été présentée au salon, elle fit scandale. Pas de profondeur de champ, peinture plate. Manet a joué avec les contrastes. Le chat inspiré de la Vénus du Titien, qui rendait lui même hommage au sommeil de Vénus de Giorgone. Série d’hommages en chaîne. Manet poursuit cette tradition. Ce n’est plus vénus, mais une femme réelle. Le Le chat de Manet comme les bijoux, est lié à Baudelaire, dans les fleurs du mal géante. Voir également les yeux de la servante.
Baudelaire était critique au salon, il a conscience que le dernier grand maître est Delacroix, héritier du passé, il sent que Manet est le premier qui renonce à une certaine tradition.

Larry Rivers a réinterprété Olympia.

En 1915 Malévitch à travers le suprématisme, réalise le carré noir sur fond blanc. Il a cherché la forme la plus simple et les couleurs les plus pures, la peinture est un jeu de contraires. La peinture renonce à tout référent culturel, fait plastique brut.

Édouard Manet – Le joueur de fifre (1866) Musée d’Orsay
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Le joueur de fifre. Pas de profondeur, traitement en aplat.
Célèbre en raison de ses couleurs vives et contrastées. Le thème de la toile, de même que la posture du personnage, s’inspirent explicitement des portraits de nains et de bouffons autrefois réalisés par Diego Vélasquez. Cette œuvre fut appelée La carte à jouer.

Le refus du Joueur de fifre au Salon de Paris de 1866 sera l’occasion pour le jeune écrivain Émile Zola de publier un article retentissant dans L’Événement, dans lequel il prenait la défense du tableau.

Édouard Manet – Le balcon (1866) Musée d’Orsay
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La toile, est inspirée des Majas au balcon de Francisco Goya, a été réalisée à la même époque et dans la même intention que le Déjeuner dans l’atelier. Les trois personnages, tous amis de Manet, semblent n’être reliés par rien : tandis que Berthe Morisot, à gauche, fait figure d’héroïne romantique et inaccessible, la jeune violoniste Fanny Claus et le peintre Antoine Guillemet paraissent habiter un autre monde. Le vertagressif et audacieux du balcon, par ailleurs, fit couler beaucoup d’encre
Berthe Morisot accoudée. Le fils naturel de Manet est aperçu à l’arrière plan. Peur du père, comme Cézanne. Manet était parisien bourgeois, à l’aise avec les femmes, un dandy, très différent de Cézanne.
Pas de psychologie dans la peinture de ses personnages, plus il aplatit la peinture, moins il introduit la psychologie.

Édouard Manet – Portrait de Berthe Morisot au bouquet de violettes (1872) Musée d’Orsay
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La toile représente la future belle-sœur de l’artiste, Berthe Morisot, qui épousera son frère Eugène Manet en 1874.
La jeune femme, qui arbore un bouquet de violettes, est représentée dans un habile mélange de clair et d’obscur donnant au tableau un esprit très particulier

Édouard Manet – Exécution de l’empereur Maximilien (1868) Mannheim, Städtische Kunsthalle
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Exécution de l’empereur Maximilien. Manet pense à Goya au tres de Mayo. Il installe un mur derrière, il ne parvient pas à faire quelque chose d’émouvant, l’arme du premier plan tire à côté. Manet impose à tous ses personnages la même lumière crue.

Édouard Manet – Le Portrait d’Émile Zola (1868) Musée d’Orsay
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Le Portrait d’Émile Zola est un tableau réalisé en 1868 par Édouard Manet, désireux de manifester sa reconnaissance à Émile Zola pour le soutien actif qu’il manifestait alors à son art.
La toile, acceptée au Salon de Paris de la même année, contient plusieurs éléments anecdotiques et discrets révélant l’amitié des deux hommes : outre la reproduction d’Olympia accrochée au mur, et dans laquelle le regard de Victorine Meurent a d’ailleurs été légèrement modifié par rapport à l’original afin de fixer Zola, on distingue sur le bureau le livre bleu-ciel que l’écrivain avait rédigé pour défendre Manet. L’entente entre les deux hommes, toutefois, ne dura pas : de plus en plus perplexe face à l’évolution impressionniste que connaissait le style de Manet, bien loin du réalisme qu’il prisait, Zola finit par rompre tout contact.
Sur le mur du fond, la reproduction de l’Olympia est associée à d’autres de Goya (d’après Vélasquez) et Utamaro. Le choix de ses reproductions est significatif des influences esthétiques de Manet. Le tableau, peint par de larges aplats, fortement contrasté, la gamme de couleur ocre évoquent d’avantage la tradition picturale allant de Velasquez à Goya que les maîtres italiens.

Reproductions au mur du cabinet de travail de Manet. Estampes japonaises, reproduction d’Olympia. Pas d’illusionnisme au Japon, tout est plan. Les impressionnistes vont être influencés par les estampes japonaises. Manet va être conforté dans l’absence de profondeur de champs.

Après 1870, il est considéré comme le chef de file de l’impressionnisme, mais il ne va jamais accepter d’exposer avec eux. Son rêve est d’être admis au salon.

Édouard Manet – Le chemin de fer (1872) National Gallery of Art, Washington
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Le chemin de fer. Portrait de Victorine Meurent avec une fillette. Le train est à peine représenté. La grille affirme la volonté de planéarité.
Peinture aux étranges contrastes: des couleurs exquises, une séduisante jeune femme en bleu avec son chien et un livre, une petite fille, joliment vêtue qui observe, et l’arrière-plan bruyant, enfumé et poussiéreux des locomotives et des wagons. La scène se passe juste au-dessus de la voie ferrée de la gare Saint-Lazare, proche de l’atelier de Manet et du quartier des Batignolles. Malgré son vif désir de devenir le « peintre de la vie moderne », les relations de Manet avec le monde contemporain n’étaient pas directes et passaient par l’art, ce n’est donc pas un hasard si, au lieu de la locomotive, on ne voit que de gros nuages de vapeur qui suggèrent la présence des machines. La femme est Victorine Meurent, le modèle du Déjeunersur l’herbe et d’Olympia.
Période des canotiers.

Édouard Manet – Monet sur son atelier (1874) Neue Pinakothek Munich
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Le titre de l’œuvre a une vocation ironique, et souligne l’importance donnée par les Impressionnistes au concept de peinture en plein air, si possible au plus près de la nature. Manet, dans cette toile, altère volontairement son style pour s’efforcer d’approcher celui de son ami Monet, d’un impressionnisme par nature plus tranché. L’exploitation du thème favori de Monet, à savoir l’eau, s’inscrit dans la même aspiration.

Édouard Manet – La prune (1878) National Gallery of Art, Washington
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La jeune femme est assise dans un café, une cigarette non encore allumée à la main. On lui a servi une gourmandise populaire, une prune à l’eau-de-vie. C’est à l’évidence une jeune ouvrière qui s’offre un instant de plaisir. Certains commentateurs l’ont identifiée comme une prostituée ou l’ont décrite une peu ivre. Mais il n’y a aucune preuve de ces deux hypothèses. La Prune est à peu près contemporain de Nana et, comme cette œuvre, peut se référer à L’Assommoir de Zola. Tout empreint de mélancolie, ce tableau pourrait rejoindre les conclusions de L’Assommoir. les pauvres auront beau travailler et épargner, ils n’échapperont jamais au caniveau.

Il s’est lié avec Degas.

Période le maladie, mal à un pied, dégénération du système nerveux due à la syphilis.
Vie débauchée. Amitié avec Mallarmé.

Édouard Manet – Un bar aux Folies bergères (1880) Institut Courtauld
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Un bar aux Folies bergères. Il a fait poser chez lui un modèle. Un miroir derrière le bar. Reflet de Suzon dans le miroir mal placé, reflet de l’homme à droite trop grand.
Au premier plan compotier, pivoines. Il a signé sur la bouteille de gauche.

Il réalisa des petits formas de pivoines.

En 1880, Ephrussi (un collectionneur) commande à Manet un tableau représentant une botte d’asperges. Il est si content du tableau qu’au lieu de verser les 800 francs convenus, il envoie 1.000 francs à l’artiste. Ce dernier, en remerciement, lui adresse un second tableau, représentant une seule asperge. Manet lui aurait dit que pour ce prix là, il devait manquer une asperge dans la botte.
Une botte d’asperges. Toile avec une seule asperge.

Henri Cueco (né en 1929)
Fait partie du groupe « Figuration Narrative« .
En 1988 série sur les pommes de terre.

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